La culpabilité est un ressenti extrêmement fréquent. Comment apprendre à la gérer? Comment ne pas culpabiliser exagérément? Toutes les infos sont ici.
Rédacteur « culpabilité »: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), mail: dr.neveux@gmail.com

L’essentiel:

La culpabilité est un ressenti émotionnel, très fréquent, qui survient lorsque l’on se juge soi-même responsable d’une entorse à nos propres valeurs. C’est un mélange de honte, de tristesse, de mépris et de colère, où le regard de l’autre et le regard qu’on porte sur soi jouent pour beaucoup.

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Culpabilité : quel mécanisme ?

Ce qui compte, ce n’est pas la réalité de la faute, mais l’impression qu’a la personne d’avoir enfreint les règles auxquelles elle adhère. Ces principes peuvent être communément admis… ou pas. Ainsi, certaines personnes peuvent ressentir une culpabilité pour un acte accepté par la société, et à l’inverse, ne ressentir aucune culpabilité pour un acte condamné par la société.
Pour analyser la culpabilité, il est essentiel d’avoir une bon niveau d’introspection et une bonne connaissance de son système de valeurs personnel.

La culpabilité est une émotion composée incluant de la colère et de la honte.

Exemples

La société pose comme principe [louable] que blesser un citoyen est un acte parmi les plus graves.
Cependant, un individu donné peut très bien reconnaître d’autres actes comme plus graves dans son système de valeurs. Ainsi, il peut mettre l’honneur au-dessus de cela, ou ériger pour principe de ne jamais se comporter comme un lâche.
Nous citons ici des exemples somme toute triviaux. Mais il apparaît qu’en réalité les systèmes de valeur d’un individu donné peuvent être extrêmement variés, et placer à leur sommet des objectifs parfois peu intuitifs, qui souvent n’apparaissent à la conscience que dans le cadre d’une psychothérapie.

Le point important est que l’individu qui se sent coupable a toujours l’impression, à tort ou à raison, que cette culpabilité est fondée.

 

Culpabilité : quelle est son rôle ?

La culpabilité existe parce qu’elle a une fonction phylogénétique, liée à la fonction des règles que nous nous édictons.
Lorsque nous décidons en conscience de respecter une règle, c’est dans le but d’obtenir un bénéfice :
– Sécurité
– Anticipation
– Faciliter les interactions sociales
– Eviter de nuire à autrui et d’en subir les mesures de rétorsion
– Intérêts personnels

Fonction de la culpabilité

Ressentir de la culpabilité a alors une fonction informative, qui nous indique que nous avons transgressé une règle. Le fait que ce message soit généralement ressenti de façon désagréable va nous pousser à tenir compte de ce message. Si ce message était neutre voire agréable, il est probable que nous ne nous mobiliserions pas pour en tenir compte.

La culpabilité nous amène alors à nous interroger :
– La règle est-elle toujours licite ou est-elle obsolète ?
– Si elle est licite, et que j’ai donc eu tort de la transgresser, que faire pour rattraper mon erreur et éviter une nouvelle transgression ?

La culpabilité est donc porteuse de progrès. En effet, elle révèle que notre comportement a pu poser problème et nous amène à déterminer de nouvelles résolutions pour y faire face. La fonction de la culpabilité est de nous amener à réfléchir sur une situation problème pour aboutir à des comportements concrets de meilleure qualité. Le but de la culpabilité est toujours de déboucher sur des comportements concrets.

L’un des problèmes les plus courants dans les cas où la culpabilisation est trop fréquente, c’est que peu de personnes ont le réflexe de réévaluer le bien-fondé de la règle enfreinte et de juger si la règle est toujours adaptée aux circonstances actuelles.

Il faut donc distinguer la culpabilité « émotion » qui correspond au ressenti de culpabilité, et la culpabilité « jugement » qui établit le statut de culpabilité de façon rationnelle. Ainsi, la culpabilité « émotion » a pour seule fonction d’informer la personne que peut-être une faute a été commise. Par contre, la culpabilité « jugement » correspond à la démonstration de l’existence d’une faute.

 

Culpabilité : quand culpabiliser devient un problème

Trois types de problématiques liées à la culpabilité peuvent s’observer.

  • tendance trop fréquente à culpabiliser, un excès de culpabilisation, (auto-culpabilisation ou grande sensibilité à la culpabilisation induite par l’entourage)
  • difficulté à ressentir la culpabilité, entraînant des difficultés à s’intégrer dans un groupe social
  • culpabilité se déclenchant dans des situations inappropriées. Ce dernier cas de figure s’observe quand, pour des raisons différentes, le système de valeurs de l’individu diffère trop des règles sociétales. Cela débouche sur des difficultés dans les relations sociales.
  • si la culpabilité est suffisamment forte pour créer de la souffrance mais pas assez pour amener le sujet à changer d’attitude. Dans ce cas se sentir coupable sert de prix à payer pour maintenir le comportement problème. Elle est donc dans ce cas un facteur de maintien du comportement problème.

La culpabilité peut également être une autoculpabilisation qui peut être le symptôme d’une pathologie psychiatrique. Les problèmes psy entraînant une culpabilité fréquente sont les troubles de l’humeur (dépression, trouble bipolaire) et les troubles anxieux (TOCs, Trouble anxiété généralisée (TAG), trouble panique). Par ailleurs, les personnes ayant subi un traumatisme ou un abus sexuel ont fréquemment un ressenti de culpabilité, (infondée).

Elle se voit souvent chez les personnes présentant une hypersensibilité.

 

Comment traite-t-on la culpabilité ?

Le traitement sera très différent selon le cas dans lequel on se trouve (cf § ci-dessus).

Avant tout, l’avis d’un psychiatre est nécessaire. En effet, la culpabilité en elle-même n’est pas dangereuse, mais elle est généralement le symptôme d’une pathologie psy dont seul un psychiatre peut poser le diagnostic.

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Dans le cas le plus fréquent où la culpabilité est trop fréquente ou trop intense, un travail en psychothérapie est nécessaire.

Dans ce cas, les psychothérapies à privilégier sont

TCC: thérapie cognitive et comportementale. La TCC aide le patient à remettre en cause ses schémas dysfonctionnels de culpabilité. De plus, elleaide à  restaurer son estime de lui-même. Ainsi, il récupère confiance en son jugement. Ainsi, il sera en mesure de juger équitablement sa responsabilité, sans exagérer ni dans un sens ni dans l’autre. La technique centrale de la TCC de la culpabilité repose sur la restructuration cognitive, qui consiste à aider le patient à remettre en cause ses raisonnements culpabilisants. La cible du psy TCC sera notamment les pensées automatiques culpabilisantes.

Pour plus de détails sur la TCC, vous pouvez consulter la page traitant des principes de la TCC.

TIP: thérapie interpersonnelle. La TIP permet au patient de traiter la culpabilité qu’il vit en rapport avec des situations interpersonnelles. Ainsi, une grande part de la culpabilité est liée à des situations où le patient s’en veut par rapport à des choses qui se sont jouées sur le plan relationnel. Par exemple, ils se sentent tenus par des règles vis à vis des autres ou se culpabilisent de ne pas avoir répondu à l’attente de l’autre. L’analyse du lien sera alors la technique centrale, permettant de mentaliser ce qui se joue dans le lien, notamment en s’assurant des règles et des attentes régissant la relation.

Pour plus de détails sur la TCC, vous pouvez consulter la page traitant des principes de la TIP.

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Fait à Paris par un psychiatre et un psychologue.

photo par Gerd Altmann