La dépendance affective est extrêmement fréquente. Cette page vous permettra de savoir comment la reconnaître et la guérir. Elle se soigne par une psychothérapie TCC ou TIP.
Rédacteur: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), Membre du Collège National Professionnel de Psychiatrie, mail: dr.neveux@gmail.com
Sources: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP) , Dunod; Manuel de thérapie comportementale et cognitive, Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.

L’essentiel

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La situation de dépendance, le plus souvent de dépendance affective, est un trait de personnalité fréquemment rencontré. Il touche préférentiellement les femmes mais il existe aussi chez les hommes.

 

Dépendance affective : comment se manifeste-t-elle ?

Dans la dépendance affective, le patient ignore certains de ses propres besoins pour obtenir de la réassurance, à court terme, auprès d’un tiers. Malheureusement, cette quête de réassurance affective peut mettre en péril la relation sur le moyen ou court terme.

Signes de la dépendance affective dans la relation

  • Tendance à solliciter en permanence l’avis de l’autre
  • Difficulté à se séparer
  • Difficulté à prendre une décision, seul
  • Recherche d’approbation en permanence
  • Demande permanente à l’autre de réassurance affective
  • Tolérance à des choses intolérables de la part de la personne dont on est dépendant (brimades, humiliations, voire violence etc…)
  • Relation de type fusionnel
  • Exigences de proximité, refus que l’autre s’éloigne
  • Suspicion
  • Tendance à hyper solliciter le partenaire
  • Difficulté à percevoir les signes rassurants envoyés par l’autre
  • Refus de tenir compte du non de l’interlocuteur. La personne dépendante affective a du mal à accepter l’indisponibilité de l’autre
  • Chantage affectif (le subit mais aussi le provoque)
  • Tendance à négliger les autres relations
  • Faible affirmation de soi
  • Refus d’imaginer une vie sans le partenaire actuel
  • Préoccupations exagérées au sujet de la relation

dependance affective : comment aider une personne dépendante émotionnelle à reconnaitre les signes et à guérir

Signes psychiques de la dépendance affective

  • Crainte du célibat, de la solitude
  • Quête affective
  • Incapacité à se rassurer par soi-même
  • Doute permanent sur l’affection de l’autre. Ce doute peut constituer des idées obsédantes
  • Faible estime de soi
  • Incapacité à faire des choix
  • Tendance à prioriser les émotions à court terme au détriment des conséquences à long terme
  • Préoccupation exagérée pour la relation, tendance à la décortiquer et lui consacrer trop d’attention
  • impulsivité
  • perfectionnisme de peur de déplaire

 Complications pour une personne dépendante émotionnellement

Le principal danger est le risque d’accepter l’inacceptable: la violence physique.

dependance affective : danger de violence contre les personnes dépendantes émotionnelles

Les personnes dépendantes acceptent même la violence pour éviter de risquer de perdre le lien. Pour elles, la violence subie est moins grave que la perte de la personne dont elles sont dépendantes.

Le message est très clair: toute violence doit faire s’arrêter la relation immédiatement. Il n’y a pas de petite violence ou de bonne raison. La moindre gifle doit faire rompre la relation. En cas de violence majeure, il faut aller immédiatement aux urgences médico-judiciaires.

Généralement, la violence physique est longtemps précédée de violence verbale (insultes etc…). C’est dès cet instant que les règles doivent être posées sans la moindre concession. Si le conjoint n’arrive pas à se tenir à un respect strict de l’autre, la relation doit s’interrompre.

 

Dépendance affective ou émotionnelle : quels sont les mécanismes ?

L’anxiété, sous tendue par des schémas dysfonctionnels, peut être à l’origine de dépendance affective.

Ainsi, quelqu’un qui a le schéma « en cas de rupture je ne trouverai personne d’autre » sera accroché à son conjoint actuel de façon possiblement dépendante.

La personne dépendante affective a tendance à privilégier son émotion à court terme au détriment des éléments rationnels qui montrent que la relation ne lui convient pas.

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Rôle de l’émotion dans la dépendance affective

L’émotion pèse plus lourd dans le balance. De ce fait, la personne va tenter d’ignorer les éléments objectifs qui révèlent que la relation est dans l’impasse. L’argument le plus habituel est: « oui mais je l’aime! »

Tout d’abord, le trait de personnalité insecure (théorie de l’attachement) selon Bowlby, peut également entraîner une dépendance affective. La personne n’a pas bénéficié, pendant sa petite enfance, d’une réassurance en profondeur sur l’affection que lui portaient ses parents. De ce fait, elle a développé une faille. A l’âge adulte, la personne a demande à l’entourage de combler cette faille en demandant incessamment de la rassurer sur un plan affectif.

Ensuite, le manque d’estime de soi ou de confiance en soi peuvent également être en cause. En effet, cela pousse la personne dépendante à accepter tout et n’importe quoi de la part de son conjoint parce qu’elle ne se sent pas digne d’affection. De plus, elle s’estime incapable de retrouver quelqu’un si elle est quittée. Les schémas de dévalorisation l’empêche d’avoir une vision équitable de sa faculté à réagir. Du coup, elle éprouve le besoin de compenser en acceptant plus que ce qu’elle devrait.

Par ailleurs, l’hypersensibilité émotionnelle entraîne une charge émotionnelle telle que lorsque la personne dépendante est soumise à la tristesse ou à la crainte de perdre l’affection de l’autre. Par conséquent, elle accepte tout pour échapper à ce trop-plein émotionnel.

Enfin, un deuil mal digéré d’une relation précédente peut aussi être à l’origine de la dépendance émotionnelle. C’est un phénomène proche d’une situation post-traumatique: la personne veut tout faire pour éviter la souffrance qu’elle a connue par le passé.

Priorisation des besoins

Les personnes présentant une dépendance affective ont tendance à prioriser avant tout un seul et unique besoin: la réassurance affective à court terme. Ce besoin est prioritaire à ses yeux, obérant ses propres autres besoins mais aussi ceux de l’interlocuteur. De plus, la réassurance est à court terme, mais met souvent en péril la relation sur le moyen ou le court terme.

Une justification qu’on entend souvent est la suivante: « Parce que j’étais anxieux ».

– Je lui ai envoyé 5 SMS. Il n’a pas répondu du coup j’ai appelé pour l’engueuler.

– Mais pourquoi avez-vous fait ça?

– Parce que j’étais anxieux.

La personne dépendante affective priorise donc ce besoin de réassurance au détriment de ses autres besoins. De plus, elle ne tient pas en considération les besoins et la disponibilité de l’interlocuteur. Ces personnes ont en effet tendance à considérer que la charge émotionnelle est un cas de force majeure, justifiant qu’on réponde urgemment à sa demande. Mais ce n’est pas le cas: ressentir de l’émotion ne peut en aucun cas être une justification pour exiger quelque chose de la part d’autrui. C’est un dysfonctionnement interpersonnel qui est en effet très répandu.

Gentil et méchant

Une erreur très fréquente est de considérer la personne dépendante affective comme « gentille » et l’interlocuteur comme « méchant ». Cela est dû au fait qu’instinctivement, on a tendance à prendre le parti de la personne qui souffre.

Pourtant, en psychothérapie, il n’y a pas de gentil et de méchant d’une façon aussi tranchée.

On voit effectivement des personnes dépendantes affectives dont l’interlocuteur abuse. Cela existe. Mais dans ce cas, le travail sera d’aider la personne à comprendre pourquoi elle ne s’en va pas et de l’aider à trouver les ressources pour s’échapper.

Cette démarche est très importante parce qu’elle leur permet de prendre conscience qu’elles ont la possibilité d’agir concrètement pour changer leur vie. Elles ne sont tributaires de personne.

A l’inverse, on voit également des personnes dépendantes affectives dont le comportement tend au harcèlement de l’interlocuteur. Notamment, leur anxiété devient quérulente: elles considèrent que l’autre leur doit de répondre à leur souffrance. A leurs yeux cela devient une règle, c’est pourquoi ils ne se mettent peu de limites à leurs sollicitations. De plus, ils ont souvent une forte exigence de résultat de la part d’autrui. Le travail sera alors de prendre conscience que l’autre n’a aucune obligation de répondre ni systématiquement ni comme elles le voudraient. Il faut bien comprendre que le comportement d’une personne présentant une dépendance affective peut être insupportable pour l’interlocuteur. On voit souvent des gens qui vont envoyer à leur partenaire 50 SMS en une heure!

Le message est donc le suivant: il n’y a pas de gentil et de méchant systématiques. Il n’y a que des cas particuliers à recontextualiser.

 

Troubles psychiques associés à la dépendance affective

Certains troubles se voient plus souvent dans la dépendance affective. On peut citer notamment la dépression, la bipolarité, les troubles anxieux (trouble panique, trouble anxiété généralisée, phobie, phobie ou anxiété sociale), les TOCs et les troubles de personnalité.

Le diagnostic est fait par un médecin, de préférence psychiatre. C’est en effet essentiel parce que:

  • s’il existe un diagnostic sous-jacent, il faudra le traiter.
  • les mécanismes de la dépendance affective varient selon le type de diagnostic.

Le traitement est donc différent.

La dépendance affective peut également induire certaines complications. Il y a d’abord les addictions notamment à l’alcool, pour gérer le stress de l’abandon mais à d’autres substances, pour se faire accepter d’un groupe social. D’autres complications surviennent, comme l’isolement, lorsque l’entourage est épuisé des sollicitations de la personne dépendance.

 

Comment soigner une personne dépendante affective ?

La grande majorité des personnes ayant des traits de dépendance affective trouvent un équilibre dans leur vie quotidienne. Par exemple, elles choisissent un métier avec peu de responsabilités, où l’ambiance avec les collègues est bonne et aidante, un conjoint disposé à les soutenir et à répondre à leurs besoins de réassurance.

Bien évidemment, tout se complique lorsque les personnes dépendantes ne parviennent pas à trouver cet équilibre dans leur entourage. Lorsque par dépendance, la personne dépendante renonce à des choses positives (refus de promotion…), ou accepte une souffrance ou un comportement inacceptable de la part d’autrui (cas d’une femme battue ne parvenant pourtant pas à rompre avec son conjoint), ou inversement, commet des actes répréhensibles ou exagérés par dépendance, (exiger par exemple 50 SMS par jour de son conjoint) là, un suivi psy s’avère nécessaire. Dès que la souffrance apparaît, il est nécessaire de prendre un avis psy.

Le psychiatre a le droit poser de diagnostic psychiatrique. C’est une de ses prérogatives, contrairement à un psychologue. De plus, il recherchera également un trouble associé. En fonction de la stratégie thérapeutique, un psychiatre ou un psychologue pourront réaliser la psychothérapie.

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Traitement

A ce titre, le travail en thérapies cognitivo-comportementales (TCC), ou thérapie interpersonnelle (TIP) est à utiliser en première intention, après avoir vérifié que cette dépendance ne fait pas partie d’un tout plus global. Dans cette démarche, le psychiatre posera le diagnostic et organisera la prise en charge. Il proposera une psychothérapie, éventuellement déléguée à un confrère psychiatre ou à un psychologue.

L’objectif sera toujours d’aider la personne à accorder du poids tant aux aspects émotionnels qu’aux aspects rationnels.

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En première intention, un traitement psychothérapique et non pas médicamenteux est recommandé.

Thérapie interpersonnelle

La thérapie interpersonnelle (TIP) paraît particulièrement utile dans cette indication de par sa modélisation du problème interpersonnel en conflit fermé.

Modélisation

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En effet la vie de couple implique de répondre aux besoins mutuels. La dépendance affective apparaît dans le modèle TIP lorsque les besoins mis en jeu par l’un des partenaires ne trouvent pas d’écho suffisant chez l’autre. C’est vrai notamment en cas de besoins inadaptés ou d’attentes trop élevées.

Malgré ces problèmes interpersonnels, la personne dépendante cherche à maintenir la relation à tout prix. Pour cela, elle sacrifie ses besoins personnels et au contraire, s’astreint à répondre aux besoin de son conjoint. A court terme, le bénéfice est là: l’émotion diminue. Mais à long terme, cela entraîne deux effets délétères:

  • le conjoint augmente ses attentes à des niveaux trop exigeants, puisqu’on ne lui impose pas de limite.
  • la personne dépendante voit ses besoins non comblés et en souffre.
  • la personne dépendante accepte que les règles relationnelles ne soient plus respectées par le conjoint.

Du reste, les personnes dépendantes sont généralement conscientes de leur dépendance. Du coup, elles se dévalorisent encore plus ce qui contribue à aggraver leur dépendance. Dans ce modèle, la personne dépendante affective s’acharne à garder le lien malgré le fait que ses besoins soient mal satisfaits dans le lien. Elle laisse l’émotionnel décider de sa conduite à tenir au détriment des considérations rationnelles sur la qualité du lien. Enfin, elle présente des difficultés à mentaliser la situation, c’est à dire à comprendre que l’intention de l’autre n’est pas forcément de prendre en compte ses besoins. Du reste, la personne dépendante affective a également des difficultés à identifier son intention avant d’agir elle-même.

Méthodes d’action

Le psy TIP aide le patient à identifier ses besoins, ses attentes et à les verbaliser correctement à l’interlocuteur. Il s’assure aussi que le patient a pu poser et faire respecter les règles de la relation. De plus, il aide le patient à s’assurer que l’interlocuteur est disponible à répondre à ses besoins. Dans ce cas de figure, les analyses du lien et de la communication sont les techniques les plus utiles.

Pour plus d’information, nous vous conseillons de vous reporter au site très complet de l’IFTIP (Institut de Formation en Thérapies Interpersonnelles), association loi 1901 : https://www.iftip.fr qui fait référence dans le domaine.

Thérapie cognitivo-comportementale

La  thérapie cognitive et comportementale (TCC) est également très pertinente dans cette indication. En effet, elle cible les croyances erronées que la personne dépendante a sur la vie de couple et chercher à les modifier.

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Un exemple de schéma dysfonctionnel est le suivant. La personne dépendante se persuade qu’elle ne pourra pas retrouver un autre conjoint. Du coup, mieux vaut tout accepter que de se retrouver seule. A court terme, la stratégie paye, puisque la crainte de la solitude ou de la rupture s’apaise. Mais à long terme, cette attitude conforte la personne dépendante dans l’idée que la seule façon de rester en couple est de tout accepter.

Par conséquent, le travail en TCC consiste à mettre en évidence ces schémas afin de les retravailler. Le psy TCC utilisent habituellement la restructuration cognitive et le questionnement socratique, ainsi que l’affirmation de soi.

Bibliothérapie

Nous vous proposons quelques références « grand public » pour approfondir vos connaissances sur la dépendance affective.

  1. Dépendance amoureuse – Éditions Odile Jacob
  2. interview par  Estelle Hersaint,  sujet sur : « La dépendance affective ». https://www.parents.fr/etre-parent/couple/psycho-couple/dependance-affective-comment-la-reconnaitre-et-sen-defaire-945467 *

Définition du trouble de personnalité dépendante selon le DSM V

Il s’agit d’un besoin général et excessif d’être pris en charge qui conduit à un comportement soumis et « collant » et à une peur de la séparation, qui est présent au début de l’âge adulte et dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes:

(1) la personne a du mal à prendre des décisions dans la vie courante sans être rassurée ou conseillée de manière excessive par autrui;

(2) a besoin que d’autres assument les responsabilités dans la plupart des domaines importants de sa vie;

(3) a du mal à exprimer un désaccord avec autrui de peur de perdre son soutien ou son approbation. (Ne pas tenir compte d’une crainte réaliste de sanctions);

(4) a du mal à initier des projets ou à faire des choses seul (par manque de confiance en son propre jugement ou en ses propres capacités plutôt que par manque de motivation ou d’énergie);

(5) cherche à outrance à obtenir le soutien et l’appui d’autrui, au point de faire volontairement des choses désagréables;

(6) se sent mal à l’aise ou impuissante quand elle est seule par crainte exagérée d’être incapable de se débrouiller;

(7) lorsqu’une relation proche se termine, cherche de manière urgente une autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont elle a besoin;

(8) est préoccupée de manière irréaliste par la crainte d’être laissée à se débrouiller seule.

La personnalité dépendante coexiste souvent avec d’autres problèmes de personnalité et de l’humeur difficiles à distinguer. Le degré selon lequel on considère des comportements comme dépendants varie selon l’âge et le groupe socioculturel. »

 

Venir au cabinet à Paris

9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094

  • Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
  • RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
  • Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).

Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.

 

 

Image parGerd Altmann, Alexas_Fotos, geralt