Découvrez les signes et les traitements de la phobie sociale et de la glossophobie. Elles font partie des phobies, qui appartiennent aux troubles anxieux. Ce dossier détaillé vous fera découvrir les signes, les mécanismes et les traitements possibles. Cliquez sur les pages dédiées si vous voulez approfondir les symptômes de la phobie, les phobies spécifiques ou le traitement TCC des phobies.
Rédacteur « phobie sociale »: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC), Membre du Collège National Professionnel de Psychiatrie, mail: dr.neveux@gmail.com
Sources: Dr Jean Cottraux, Les thérapies comportementales et cognitives; Dr Christophe André, Les thérapies cognitives

On en parle: Interview par Léa Iribarnegaray pour Le Monde, sujet sur la prise de parole en public .

L’essentiel:

 

L’anxiété ou phobie sociale est un trouble anxieux parmi les plus fréquents, se traduisant le plus souvent par une glossophobie.

phobie sociale

I/ Phobie sociale : définition

La personne phobique sociale présente des symptômes d’anxiété ou d’angoisse dès lors qu’elle est mise en situation sociale. L’anxiété ou l’angoisse n’apparaissent que si la personne est confrontée à cette situation, ou par anticipation, et l’anxiété disparaît une fois que la personne est soustraite à cette situation sociale.

Elle est répandue à la fois chez les hommes et les femmes. La phobie sociale touche 5% de la population vie entière. Elle débute généralement à l’adolescence.

 

II/ Phobie sociale : manifestations qui doivent alerter

Le problème central dont se plaignent les phobiques sociaux est la crainte du regard de l’autre. On observe ainsi une préoccupation anormalement élevée de l’anxieux social pour ce que les gens vont penser de lui.

phobie anxiété sociale spécialiste

Cette préoccupation devient handicapante, au point de capter toute l’attention de la personne phobique sociale.

Le diagnostic d’anxiété sociale sera posé par un médecin / psychiatre, sur la base des manifestations suivantes

– Difficulté à parler en public (définition de glossophobie): signe extrêmement fréquent

La glossophobie augmente classiquement dans les situations suivantes

  • grand nombre de personnes dans le public
  • public hostile
  • enjeu important (angoisse de performance)
  • implication émotionnelle
  • orateur seul

glossophobie sociale

Cette glossophobie peut avoir des répercussion sur la vie professionnelle ou scolaire de l’individu parce qu’elle va l’empêcher de faire des présentations en public ou de s’affirmer dans les réunions, limitant ainsi son avancement. La personne peut même être amenée à refuser des promotions qui risqueraient de l’exposer à une augmentations des occasions de parler en public. Chez l’enfant, la glossophobie est habituelle en bas âge. Elle se manifeste par une peur de parler devant la classe.

– Difficulté à parler, même en tête à tête dans des situations particulières

  • face à détenteur de l’autorité, ou inversement, face à un subordonné!
  • effectuer une demande
  • refuser une demande
  • faire un compliment
  • recevoir un compliment
  • faire une critique
  • recevoir une critique
  • faire valoir son bon droit
  • parler de ses émotions
  • reconnaître un défaut
  • parler d’amour
  • faire face à une situation émotionnellement chargée (souvent corrélée à l’hypersensibilité)
  • difficulté à aborder une personne attirante

Il s’agit généralement de situations qui nécessiteraient une bonne affirmation de soi, très souvent défectueuse.

– Autre signes

  • Difficulté et tendance à éviter les situations où il y a beaucoup de monde, même sans risque de parler: soirées, restaurants, concerts…
  • Difficulté et tendance à éviter les situations où il faut parler à des inconnus
  • Peur et évitement du conflit
  • Difficulté à ressentir et analyser ce qui se joue dans la relation à l’autre (difficulté de mentalisation)
  • Incapacité à s’affirmer
  • Hypervigilance
  • Timidité invalidante
  • Pensées obsédantes, centrées sur la crainte du regard de l’autre: le patient est hypervigilant, scrutant les réactions du public, à un point qui finit par entacher sa prestation (cercle vicieux)
  • Attention principalement focalisée sur ce que pense l’autre
  • Autodépréciation, dévalorisation de sa performance
  • Angoisse de performance: le sujet est préoccupé par la qualité de sa prestation, à un point qui finit par entacher sa prestation (cercle vicieux). Il s’auto-observe de façon obsessionnelle.
  • Le phobique social va clairement exprimer que ce qu’il craint le plus c’est le regard des autres, la peur d’être ridicule. La phobie / anxiété sociale est très souvent corrélée à un manque d’estime ou de confiance en soi.

Généralement, le phobique social ou l’anxieux social vont éviter les situations qu’ils craignent, ce qui lui permet de ne pas se confronter à la phobie. A court terme, cela entraîne un bénéfice: un diminution immédiate de l’angoisse, mais à long terme, cela entraîne une aggravation de l’angoisse.

 

III/ Diagnostic différentiel de la phobie sociale

Ils seront écartés par le médecin / psychiatre:

  1. troubles envahissant du développement
  2. personnalité schizoïde
  3. schizophrénie
  4. intoxication par des toxiques

 

IV/ Modélisations de l’anxiété sociale

Modélisation TCC de la phobie sociale et de son cercle vicieux

TCC anxiété sociale

Modélisation TIP de la phobie sociale et de son cercle vicieux

TIP guérir anxiété sociale

La phobie est donc un trouble anxieux qui a tendance à s’aggraver avec le temps en s’auto-entretenant.

 

V/ Anxiété sociale : troubles anxieux associés et complications possibles

Les listes suivantes ne sont pas exhaustives.

L’anxiété / phobie sociale est souvent associée à d’autres troubles

L’anxiété / phobie sociale peut se compliquer de

  • addictions, à l’alcool ou aux benzodiazépines, notamment. En effet, le phobique social peut être tenté de se détendre avant une situation de parole en public et, pour atténuer l’anxiété liée à sa glossophobie, de consommer préventivement de l’alcool ou des anxiolytiques.
  • addiction au portable / nomophobie. L’anxieux social ayant réussi à intégrer un groupe voudra rester disponible pour les membres de ce groupe en permanence, craignant l’ostracisation s’il n’est pas en mesure de répondre immédiatement notamment par le biais des réseaux sociaux (Whatsapp, Facebook, etc…)

 

VI/ Comment soigner / traiter l’anxiété sociale ou la phobie sociale ?

Le traitement est principalement psychothérapique. Les médicaments sont réservés aux formes sévères .

Deux psychothérapies ont fait la preuve de leur efficacité dans cette indication (sources 1-4):

  • Les TCC (thérapies cognitivo-comportementales)
  • Les TIP (thérapies interpersonnelles)

Au mieux on commencera par évaluer l’anxiété sociales grâce à l’échelle d’anxiété sociale de Leibowitz.

Prise en charge TCC

La TCC va aborder les choses sur 2 plan:

– abord cognitif: le psychologue ou le psychiatre TCC va travailler sur les pensées anxieuses qui conduisent le patient à craindre la situation.

– abord comportemental: une fois le volet cognitif suffisamment avancé, le psychologue ou le psychiatre TCC propose au patient de se confronter peu à peu aux situations phobogènes, afin de briser le cercle vicieux de l’évitement.

psychothérapie TCC phobie sociale

Pour plus d’information sur la prise en charge des phobies en TCC, dont la phobie sociale, consultez cette page.

Prise en charge TIP

La thérapie interpersonnelle identifie les dysfonctions interpersonnelles liées à un défaut de mentalisation du patient. Le patient a en effet une difficulté à percevoir ce que ressent l’interlocuteur, ses attentes, ses besoins et ses intentions. le psychologue ou le psychiatre TIP cherche à identifier ces dysfonctionnements afin d’aider le patient à les surmonter.

psychothérapie TIP glossophobie

Traitement médicamenteux

Un traitement médicamenteux, d’appoint est possible, en fonction de la situation particulière de chacun.

Les IRS/IRSNA sont réservés aux formes sévères. L’escitalopram, la paroxétine, la sertraline et venlafaxine ont l’AMM.

 

  • Début d’amélioration: 3 à 4 semaines
  • Réponse pleine: 8 à 12 semaines
  • Durée du traitement : > 6 à 12 mois après la rémission des symptomes.

Venir au cabinet à Paris

9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094

Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).

RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).

Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).

Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.

Sources

1.Gil PJM, Carrillo FXM, Meca JS. Effectiveness of cognitive-behavioural treatment in social phobia: A meta-analytic review. Psychology in Spain. 2001;5:17–25.

2.Ruhmland M, Margraf J. Effektivität psychologischer Therapien von spezifischer Phobie und Zwangsstörung: Meta-Analysen auf Störungsebene / Efficacy of psychological

3.Cognitive therapy vs interpersonal psychotherapy in social anxiety disorder: a randomized controlled trial. Stangier, 2011.

4.Interpersonal psychotherapy for mental health problems : a comprehensive meta-analysis. Cuijpers 2016

 

Photo by Teemu Paananen et JJ Jordan et Gerd Altmann