Les idées suicidaires se présentent très souvent dans de nombreux tableaux cliniques. Il s’agit d’une symptomatologie grave. De plus, il s’agit d’une situation à laquelle nombre de personnes se confronteront au cours de leur vie. CEla peut arriver soit pour soi-même, soit concerner un proche. Il s’agit d’une urgence, au sujet de laquelle il convient de délivrer des messages simples.

Rédacteur: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), Membre du Collège National Professionnel de Psychiatrie, mail: dr.neveux@gmail.com
Sources: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP) , Dunod; Manuel de thérapie comportementale et cognitive, Dunod

L’essentiel:

  • C’est une urgence majeure, nécessitant l’appel au samu (15) ou d’aller aux urgences les plus proches.
  • Chercher un diagnostic global derrière les idées suicidaires.
  • Le diagnostic doit être posé par un psychiatre afin d’organiser la stratégie thérapeutique.
  • La Thérapie Interpersonnelle (TIP)  et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) sont à privilégier dans cette situation.
  • Le risque de récidive de passage à l’acte suicidaire est de 40% selon le baromètre 2017 de santé publique France et la moitié de ces récidives surviennent dans l’année.

C’est une urgence majeure.

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Plan de la page (cliquez pour aller au paragraphe)

I/ A savoir sur les idées suicidaires

II/ Situations à risque suicidaire

III/ Ce qu’il faut faire

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I/ A savoir sur les idées suicidaires

Il faut savoir que ça n’arrive pas qu’aux autres:

70 000 personnes sont hospitalisées chaque année pour tentative de suicide en France! et dans le monde, 800.000 personnes décèdent par suicide. (source OMS)

Et il y a bien plus de personnes qui ont fait une tentative de suicide, même si elle n’a pas été suivie d’hospitalisation.

Moyens

La tentative de suicide elle-même est dangereuse du fait des conséquences physiques que ce soit suite à:

– une intoxication médicamenteuse volontaire (IMV)

– une pendaison

– une phlébotomie (s’ouvrir les veines)

Il est donc toujours préférable d’intervenir au stade d’idée suicidaire, avant la tentative de suicide (TS), afin d’éviter les conséquences physiques de la TS.

Le mode opératoire le plus fréquent chez l’adolescent est l’intoxication médicamenteuse volontaire. Chez l’enfant, il s’agit de la défenestration ou la pendaison.

Les idées suicidaires et les tentatives de suicide sont plus fréquentes chez les femmes, alors que les suicides aboutis sont plus fréquents chez les hommes.

Statistiques

  • Au cours des 12 derniers mois, environ 4.7% des 18-75 ans de la population française ont présenté des idées suicidaires (2) et 7,2% déclarent avoir tenté de se suicider au cours de leur vie. Parmi ceux-ci on relève proportionnellement plus de femmes.
  • La majorité des TS ont lieu avant 25 ans et notamment entre 15 et 19 ans.
  • Le risque de récidive est de 40%, dont la moitié dans l’année qui suit.
  • Entre 2000 et 2014, le suicide est la cause de 1,94% des décès.
  • Parmi les suicides « réussis » on relève 3 hommes pour 1 femme.
  • Le suicide est la quatrième cause de décès chez les 15-29 ans (3).
  • Plus de 700 000 personnes se suicident chaque année dans le monde.

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II/ Situations à risque suicidaire

Pathologies

Certaines pathologies sont plus à risque de tentative de suicide et d’idée suicidaire

  • dépression, épisode dépressif, en particulier dans le cadre d’un trouble bipolaire (bipolarité). (risque  multiplié par 40,6 pour les troubles dépressifs par rapport à la population générale)
  • la dépression chez le sujet âgé est à haut risque suicidaire. (HAS, Épisode dépressif caractérisé de l’adulte 2017)
  • idées délirantes
  • éléments maniaques
  • troubles anxieux, au pic de l’anxiété, (PTSD par exemple). On parle alors de raptus anxieux. La tentative de suicide a alors pour fonction d’aider le patient à se soustraire à l’anxiété qui lui est insupportable.
  • deuils pathologiques
  • syndrome de fatigue chronique (1)

Par ailleurs, il convient de ne jamais oublier que de nombreuses pathologies physiques augmentent le risque d’idées suicidaires. Citons, par exemple, et de manière non-exhaustive:

  • pathologies douloureuses
  • handicaps
  • maladies mortelles ou vécues comme telles (cancers etc…)
  • maladies vécues comme honteuses (historiquement, il y avait par exemple la tuberculose, la syphilis… et plus récemment, le VIH)

Éléments psychologiques

La présence d’idées d’incurabilité, qu’on est incurable, qu’on ne peut plus rien faire pour soi, ou de culpabilité exagérée sont des facteurs de risque.

Une perte parentale précoce (au cours de l’enfance) est un facteur de risque suicidaire.

  • Les raisons déclarées sont :
    • Familiales : 49,2% (proportionnellement plus de femmes; surreprésentation chez les 35-44 ans),
    • Sentimentales : 40,8% (proportionnellement plus d’hommes),
    • Professionnelles : 10,3% (proportionnellement plus d’hommes),
    • Liées à l’état de santé : 10,3%.

Le vécu d’impuissance entraîne un fort risque d’idées suicidaires. En effet, en cas de vécu d’impuissance, le sujet se trouve dans une situation où il ne voit pas d’autre porte de sortie que le suicide.

Par ailleurs, l’impulsivité est un facteur favorisant du passage à l’acte suicidaire.

Éléments pharmacologiques

La phase initiale de l’introduction d’un traitement antidépresseur est aussi une période de vulnérabilité au risque suicidaire. En effet, la dépression se caractérise classiquement par:

  • une inhibition, un apragmatisme restreignant l’action
  • une tristesse de l’humeur

Or, lors de l’introduction d’un antidépresseur, il arrive qu’apparaisse un décalage entre l’effet sur inhibition psychomotrice et l’effet sur la tristesse.  Dans ce cas, l’antidépresseur montre bien une efficacité: il commence à soigner les symptômes, mais dans un ordre qui n’est pas optimal. Alors, le risque est que la personne déprimée soit encore triste au point de vouloir mourir, mais ne soit plus inhibé par la dépression. De ce fait, le danger est qu’il passe à l’acte suicidaire. Cela ne remet pas en cause le bénéfice de l’antidépresseur. Par contre, cela explique pourquoi c’est un spécialiste qui doit procéder à l’introduction d’un antidépresseur et pourquoi la surveillance s’avère crucial au début du traitement. Cela explique aussi pourquoi l’hospitalisation est souvent nécessaire, dans un but préventif.

Mais il convient également de penser à des médicaments dont l’effet psychique est moins évident. On peut citer, par exemple, le finastéride, comme le mentionne l’ANSM (6).

Causes toxiques

De nombreux toxiques et drogues peuvent induire des idées suicidaires. on peut citer notamment le cannabis, l’alcool, le crack, la cocaïne, les hallucinogènes, le LSD…

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III/ Ce qu’il faut faire

Message n°1

Il ne faut jamais banaliser les idées suicidaires!

Message n°2

Les idées suicidaires se traitent très bien. Il est donc particulièrement dommage de rester sans traitement!

Message n°3

Intervenir! Si vous éprouvez des idées suicidaires ou des idées de mort, ou si quelqu’un de votre entourage vous confie de telles idées: une seule chose à faire, consulter un psychiatre, soit en consultation, soit en passant par un service d’urgence (Service d’accueil des urgences d’un hôpital, SOS psychiatrie, le SAMU…)

S’il s’agit d’un proche, s’il refuse ou s’oppose à ce qu’on l’aide, il faut passer outre son avis. Les idées suicidaires sont souvent banalisées par les personnes qui les ont. Les idées suicidaires exprimées ne disparaissent pas toujours toutes seules, et il ne faut courir aucun risque.

En cas de tentative de suicide, il est indispensable de faire appel aux urgences, aux pompiers ou au Samu. Quel que soit le geste (ingestion de médicaments, pendaison etc…), il existe des risques physiques graves.

Même si la personne qui a fait une tentative de suicide dit que c’est seulement pour « s’évader », il faut appeler des secours: Samu, ou service d’urgences.

Formes de tentative de suicide parfois plus ou moins masquée, qu’il faut pourtant savoir reconnaître:

  • tentatives de s’évader en s’endormant longtemps. Consommation de médicaments et souvent associée à l »alcool.
  • scarifications, voire phlébotomie, souvent accomplies sous le coup d’émotions très fortes (très fréquent chez les adolescent(e)s).
  • refus de s’alimenter
  • arrêt de traitements nécessaires. par exemple, un patient qui arrête sont insuline alors qu’il est diabétique. Même si l’arrêt de l’insuline ne le tuera pas immédiatement, un tel acte signe le désir d’en finir et l’absence de projection dans une vie future.

Cette section est courte car dans cette situation, il n’y a pas de questions complexes à se poser: il faut intervenir.

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9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094

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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.

 

Références

(1) Roberts E, Wessely S, Chalder T, Chang CK, Hotopf M. Mortality of people with chronic fatigue syndrome: a retrospective cohort study in England and Wales from the South London and Maudsley NHS Foundation Trust Biomedical Research Centre (SLaM BRC) Clinical Record Interactive Search (CRIS) Register.
Lancet. 2016 Apr 16;387(10028):1638-43.

(2) Santé Publique France, 2019, BEH

(3) Organisation Mondiale de la Santé. La dépression : aide mémoire n°369 [Internet]. 2021 sept. Disponible sur: https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/depression

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