TDAH de l’enfant: quels sont ses signes ?

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Rédacteur: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), Membre du Collège National Professionnel de Psychiatrie, mail: dr.neveux@gmail.com
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Sources: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP) , Dunod; Manuel de thérapie comportementale et cognitive, Dunod, L’hypersensibilité chez l’adulte, Mardaga.

L’essentiel:

 

Introduction

Les données disponibles sur le TDAH (Trouble déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) ont beaucoup évolué ces dernières années.

Avant toute chose, il faut retenir que le seul signe constant est le déficit attentionnel. Par corolaire, cela signifie que l’hyperactivité ne se retrouve pas systématiquement. En effet, le déficit attentionnel entraîne une tendance de l’enfant à sauter d’un sujet à l’autre. Ce sujet peut être psychique ou moteur. Dans le cas où le sujet est principalement moteur, on va effectivement observer de façon claire une hyperactivité motrice. Ce cas se voit très souvent chez les garçons. A l’inverse, si les sujets sont majoritairement psychiques, l’hyperactivité motrice sera absente. Mais ne vous y trompez pas! En fait, derrière ce calme apparent, il existe une hyperactivité psychique qui amène votre enfant à passer d’une idée à l’autre sans arrêt. Ce cas se voit très souvent chez les filles.

On peut donc distinguer plusieurs formes cliniques: avec ou sans hyperactivité.

trouble déficit attention signes

 

Signes du TDAH chez l’enfant

Les signes du TDAH sont de plusieurs catégories. Généralement, ce sont les parents qui vont les repérer. Du reste, plus le repérage est précoce, plus il est facile de traiter l’enfant et d’éviter les complications du TDAH.

Signes comportementaux

  • soliloquie, l’enfant parle tout seul, de façon inadaptée
  • tendance à faire le clown
  • borborygmes, bruits de bouche
  • chutes, hématomes par maladresse. L’enfant présente de grandes difficultés à faire attention à son corps dans l’espace. Il se blesse donc facilement
  • le vélo, ou simplement traverser la route peut être très compliqué pendant très longtemps, du fait de la mise en danger
  • procrastination majeure. L’enfant paraît alors provocant ou paresseux. Cette impression est aggravée par le fait que cette procrastination concerne principalement les tâches rébarbatives
  • impulsivité. L’impulsivité s’explique par le fait que le patient TDAH voit ses actions principalement guidées par ses émotions. Il ne parvient pas à réguler ses actions en fonction de la raison
  • Comportements malveillants. Cet item est souvent dur à comprendre et à appréhender pour l’entourage. Pour comprendre, il faut déjà percevoir que n’importe qui peut avoir des pensées agressives envers son entourage, surtout sous le coup de la colère. Mais si on est adulte, notre morale et notre contrôle de soi nous permettra de ne pas agir sous le coup de ces pensées. Par contre, un enfant qui par essence est immature, aura du mal à maîtriser son comportement. Alors, quand en plus, on y additionne l’impulsivité qui empêche toute inhibition au passage à l’acte, on comprend comment un enfant TDAH peut avoir des attitudes malveillantes. De plus, les difficultés de concentration l’empêche de mesurer sur le long terme les conséquences de ses actes. Du reste, il en éprouve de la culpabilité après coup. Ce qu’il faut retenir: les intentions malveillantes chez l’enfant TDAH ne sont pas plus fréquentes que chez n’importe qui. Par contre, alors que les actions soient inhibées comme chez la plupart des gens, l’impulsivité entraîne des passages à acte bien plus fréquents. Ce n’est ni un « mauvais fond » ni de la méchanceté.

Signes cognitifs

  • l’enfant dit régulièrement: « c’est plus fort que moi ». En fait, c’est vrai (même si c’est très énervant!).
  • incapacité à prioriser les tâches.
  • négociation permanente.
  • difficulté à faire une double tâche.
  • incapacité à aller jusqu’au bout d’une tâche. L’enfant interrompt sa tâche, sans raison apparente, alors même qu’il aurait voulu la terminer.
  • impatience.
  • intolérance à la frustration ou à l’inverse, apparente indifférence.
  • tendance apparente à la rêverie.
  • passivité.
  • diminution de l’efficience dans un contexte bruyant.
  • difficulté à passer d’une tâche à une autre
  • à l’inverse, l’enfant peut manifester une hyperattention pour certains sujets ou certains détails. Ceci explique pourquoi il existe souvent des comorbidités TOC-TDAH.
  • capacité d’attention préservée, dans une certaine mesure, si l’enfant a de l’intérêt pour un sujet.
  • baisse d’estime de soi, dévalorisation.
  • oublis réguliers.
  • réticence à s’auto-discipliner.
  • incapacité à se motiver.
  • faible estime de soi.
  • la relation au temps est difficile: l’enfant confond les notions de passé, présent et futur.

Manifestations scolaires

tdah enfant signes

C’est très souvent à l’école que l’on repère les premiers signes du TDAH. Elles sont les conséquences des signes cognitifs.

On observe un fléchissement voire des difficultés scolaires qui peuvent s’avérer très importantes. Ces difficultés se révèlent particulièrement à des moments clés du parcours scolaire:

  1. Passage de la petite section de maternelle au CP. En effet, la maternelle est une période de découverte, respectant le rythme de l’enfant. De plus, elle ne lui demande qu’une faible quantité de contrainte. A l’inverse, à partir du CP, le cadre devient plus rigide, avec une obligation de respecter des règles, notamment dans l’apprentissage. Cela est dû à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du dénombrement.
  2. Arrivée en sixième. Cette étape s’avère complexe parce que c’est le début de l’apprentissage des concepts abstraits. De plus, c’est le début de l’adolescence. L’enfant devenant adolescent voit son attention déjà faible se disperser dans d’autres sujets jusque-là peu importants à ses yeux. En effet, c’est l’essor des besoins de liberté, d’identité, d’appartenance groupale. Et bien sûr, c’est la période des premiers émois amoureux et des questionnements sur la sexualité.
  3. Lycée. Le lycée est très compliqué parce qu’outre les problématiques adolescentes, on demande aux enfants de faire des choix. Qui dit choix, dit nécessiter de se projeter dans l’avenir.
  4. Les études supérieures sont très complexes du fait de la pression de performance et de la compétition.

On voit que toutes les périodes de transition sont des moments de vulnérabilité. En effet, toute situation nouvelle nécessite un surcroît d’attention afin de s’adapter. Or c’est justement ce qui fait défaut aux enfants présentant un TDAH.

On observe à tout âge

  • négligence, oubli des détails, manque de précision ou de rigueur.
  • l’enfant ne lit pas les consignes.
  • il a du mal à rester concentré durant un cours, la lecture d’un texte long.
  • souvent, l’enfant réussit les tâches bien mieux à la maison ou en petits groupes, qu’à l’école. En effet, l’adulte l’aide à se canaliser.
  • difficulté à lire, écrire.
  • lecture lente et laborieuse, sauts de lignes erronés.
  • écrire indéchiffrable.
  • incapacité aux tâches multiples.
  • Apprentissage laborieux: l’enfant peut apprendre et tout oublier quelques instants après.
  • performance fluctuante.

Signes émotionnels

Le manque d’attention crée chez l’enfant une tension interne importante. Cette dernière s’exprime ainsi de façon inadaptée, ou l’enfant peut adopter des comportements exutoires. On observe ainsi avant une importante dysrégulation émotionnelle, qui peut se traduire par:

  • Intolérance à la contrainte.
  • Difficulté à accepter les activités peu motivantes.
  • Hypersensibilité.
  • Tendance à privilégier le plaisir immédiat.
  • Intolérance à l’ennui.
  • Pleurs montant très vite, traduisant la tension interne.
  • culpabilité
  • sentiment d’injustice: le TDAH est vécu comme une injustice et un handicap.
  • Difficulté à gérer le stress.

Manifestations interpersonnelles

On ne s’en rend pas compte spontanément, mais l’interaction avec l’autre est une opération cognitive complexe. En effet, pour communiquer correctement, il faut faire attention à ce qu’on veut dire, à la forme qu’on emploie, au ton, à ses propres émotions, à ce que dit, l’autre, aux émotions de l’autre, aux émotions. En d’autres termes, cette avalanche de paramètres simultanés nécessite énormément d’attention. Par conséquent, le patient TDAH est naturellement mis en difficulté par les contraintes inhérentes à la relation à l’autre. On observe de ce fait de multiples perturbations.

  • Opposition, conflits.
  • Isolement.
  • Incapacité à entrer en contact avec l’autre.
  • timidité systématique, voire phobie sociale.
  • fait rire de lui, au lieu de rire avec les autres
  • communication perturbée: voix trop forte ou trop faible. Tendance à rebondir sur les mots prononcés sans que cela ait forcément du sens
  • le débit de parole est souvent très rapide, ou à l’inverse très lent
  • articulation souvent difficile (un bilan orthophoniste est à proposer quasi-systématiquement)
  • l’enfant coupe la parole sans arrêt.
  • difficulté à suivre une conversation.
  • réponses à côté du sujet abordé.
  • crainte de la réaction ou du jugement d’autrui
  • tendance à occuper trop de place, à se mettre en avant de manière inappropriée

 

Pourquoi est-ce si dur de travailler pour un enfant présentant un TDAH?

Dans le TDAH, l’enfant se laisse guidé par le plaisir immédiat. Ce phénomène existe bien sûr chez n’importe quel enfant, toutefois il est il est encore plus présent en cas de TDAH. De plus, les efforts à consentir pour un enfant avec un TDAH sont plus lourds que pour un enfant sans TDAH. Si on veut une comparaison concrète de course à pied, on peut comparer un enfant présentant un TDAH comme portant un sac de 20 kg sur le dos. Il doit courir 100m, comme l’enfant sans TDAH, mais avec son sac de 20 kg, ce qui requiert davantage d’efforts.

Donc, face à un travail, l’endant TDAH doit:

  1. frustrer son appétence pour le plaisir immédiat.
  2. fournir davantage d’efforts que les autres enfants.
  3. affronter sa mauvaise estime de soi. Malheureusement, son vécu passé l’amène à avoir des pensées dysfonctionnelles du style: « je n’y arriverai jamais ».
  4. affronter la réprobation de l’adulte. En effet, si on reprend l’analogie avec la course à pied, l’adulte ne perçoit généralement pas que l’enfant a un sac de 20kg sur le dos. Et même une fois que le psychiatre a révélé le diagnostic de TDAH, cette distance de 100m paraît bien peu aux yeux du parent… même avec un sac sur le dos. Du reste, le parent a souvent du mal à distinguer ce qui est de l’ordre de la mauvaise volonté (qui existe aussi, bien sûr, mais qu’on doit envisager avec prudence) et les manifestations du TDAH.

 

Signes du TDAH selon le DSM V

Critères A

Un mode persistent d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité qui interfère avec les fonctionnement ou le développement, et caractérisé par (1) et/ou (2) :

A1. Inattention

Six (ou plus) des symptômes suivants ont persisté pendant au moins 6 mois, à un degré qui ne correspond pas au niveau de développement et qui a directement des conséquences négatives sur les activités sociales et académiques/professionnelles :
Remarque : les symptômes ne sont pas seulement la manifestation d’un comportement d’opposition, d’une déficience, hostilité, ou de l’incompréhension de tâches ou d’instructions. Pour les grands adolescents et les adultes (âgés de 17 ans et plus), au moins 5 symptômes sont exigés.

  • a) Souvent ne parvient pas à prêter attention aux détails ou fait des fautes d’étourderie dans les devoirs scolaires, le travail ou d’autres activités.
  • b) A souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux.
  • c) Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle personnellement.
  • d) Souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs scolaires, ses tâches domestiques ou ses obligations professionnelles.
  • e) A souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités (ex : difficultés à gérer des tâches séquentielles ; difficultés à conserver ses outils et ses affaires personnelles en ordre ; complique et désorganise le travail ; gère mal le temps ; ne respecte pas les délais fixés).
  • f) Souvent évite, a en aversion, ou fait à contre-coeur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu (ex : le travail scolaire ou les devoirs à la maison ; pour les adolescents et les adultes, préparation de rapports, formulaires à remplir, revoir un long article).
  • g) Perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités (matériel scolaire, crayons, livres, outils, portefeuille, clés, papiers, lunettes, téléphone mobile).
  • h) Souvent se laisse facilement distraire par des stimuli externes (pour les adolescents et les adultes, cela peut inclure passer du « coq à l’âne ».
  • i) A des oublis fréquents dans la vie quotidienne (ex : faire les corvées, les courses ; pour les adolescents et les adultes, répondre à ses appels, payer ses factures, respecter ses rendez-vous).

A2. Hyperactivité et impulsivité

Six (ou plus) des symptômes suivants ont persisté pendant au moins 6 mois, à un degré qui ne correspond pas au niveau de développement et qui a un retentissement négatif directe sur les activités sociales et académiques/professionnelles :
Remarque : les symptômes ne sont pas seulement la manifestation d’un comportement d’opposition, d’une déficience, hostilité, ou de l’incompréhension de tâches ou d’instructions. Pour les grands adolescents et les adultes (âgés de 17 ans et plus), au moins 5 symptômes sont exigés.

  • a) Remue souvent les mains ou les pieds ou se tortille sur son siège.
  • b) Se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il est supposé rester assis (ex : se lève de sa place en classe, au bureau ou à son travail, ou dans d’autres situation qui nécessitent de rester assis).
  • c) Souvent, court ou grimpe partout, dans les situations où cela est inapproprié (remarque : chez les adolescents ou les adultes, cela peut se limiter à un sentiment d’agitation).
  • d) A souvent du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisir.
  • e) Est souvent « sur la brèche » ou agit souvent comme s’il était « monté sur ressorts » (ex : incapable ou inconfortable de se tenir immobile pendant un long moment, comme dans les restaurants, les réunions ; peut être perçu par les autres comme agité, ou comme difficile à suivre).
  • f) Souvent, parle trop.
  • g) Laisse souvent échapper la réponse à une question qui n’est pas encore entièrement posée (ex : termine la phrase de leur interlocuteurs ; ne peut attendre son tour dans une conversation).
  • h) A souvent du mal à attendre son tour (ex : lorsque l’on fait la queue)
  • i) Interrompt souvent les autres ou impose sa présence (ex : fait irruption dans les conversations, les jeux ou les activités ; peut commencer à utiliser les biens d’autrui, sans demander ou recevoir leur autorisation ; pour les adolescents et les adultes, peut s’immiscer ou s’imposer et reprendre ce que d’autres font).

Critères B

Certains des symptômes d’hyperactivité/impulsivité ou d’inattention étaient présents avant l’âge de 12 ans.

Critères C

Certains des symptômes d’inattention ou d’hyperactivité/impulsivité sont présents dans deux ou plus de deux types d’environnement différents (ex : à la maison, l’école, ou le travail ; avec des amis ou des relations ; dans d’autres activités).

Critères D

On doit clairement mettre en évidence une altération cliniquement significative du fonctionnement social, scolaire ou professionnel et de la qualité de vie

Critères E

Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au cours d’une schizophrénie, ou d’un autre trouble psychotique, et ils ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (trouble thymique, trouble anxieux, trouble dissociatif, trouble de la personnalité, intoxication par une prise de substance ou son arrêt).

Formes cliniques

  • Forme Mixte ou combinée  : les critères A1 et A2 sont satisfaits pour les 6 derniers mois.
  • Forme Inattention prédominante : le critère A1 est satisfait pour les 6 derniers mois mais pas le critère A2.
  • Forme hyperactivité/impulsivité prédominante : le critère A2 est satisfait pour les 6 derniers mois mais pas le critère A1.

 

Liens recommandés

En France, l’Association Hypersupers TDAH France cherche à diffuser les connaissances sur le TDAH au grand public.

 

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Dr Neveux Nicolas, 9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094

Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre)

Fait à Paris 16 par un psychiatre

Photo de Daiga Ellaby