Ceci est la page d’accueil du grand dossier consacré aux différents types de TCA: anorexie, boulimie, binge-eating… Vous y découvrirez les grandes lignes des TCA. Ensuite, vous pourrez parcourir les pages dédiées à chaque TCA. (anorexie mentale, etc…)

Rédacteur « TCA »: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), Membre du Collège National Professionnel de Psychiatrie, mail: dr.neveux@gmail.com
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Sources: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP) , Dunod; Manuel de thérapie comportementale et cognitive, Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod. HAS: Anorexie mentale : prise en charge

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L’essentiel

  • Le psychiatre doit poser le diagnostic de TCA et le type précis de TCA, afin d’organiser la stratégie thérapeutique
  • La prise en charge comprend un volet physique (médecin généraliste) et psychiatrique (psychiatre) du fait des intrications.
  • La Thérapie Interpersonnelle (TIP)  et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) sont à privilégier dans cette situation. En effet, elles sont recommandées par la Haute Autorité de Santé, contrairement à d’autres psychothérapies n’ayant pas établi leur efficacité.
  • Enfin, toujours, rechercher l’existence de troubles associés (dépression, troubles anxieux…)

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Les problèmes alimentaires sont parmi les plus durs à détecter. Généralement, la personne qui en souffre cache ses troubles, dont elle a honte. Parfois même, elle n’en est pas même consciente. C’est dans ce cas typique que ce site prend tout son intérêt: le rôle de la famille est capital, car c’est elle qui sera la mieux placée pour détecter que quelque chose ne tourne pas rond et aider la personne en difficulté à consulter. Les hommes peuvent aussi être atteints d’anorexie.

Un podcast de l’interview du Dr Neveux Nicolas sur les TCA par Sarah Polak et William Aguado.

Cette page a pour but de vous aider à repérer les signes de l’anorexie et de la boulimie chez un proche (généralement sa fille, cas le plus fréquent) afin de l’aider au mieux.

La fréquence des TCA est la importante. 6 à 8 % de la population féminine de 15 à 40 ans est atteinte d’anorexie mentale, de boulimie (compulsion et vomissements provoqués) ou de compulsion alimentaire (binge-eating). Par ailleurs, on peut observer l’orthorexie, qui est une obsession de manger des aliments sains. De plus, ces grands types de pathologies ne décrivent pas l’ensemble des TCA existant. Il est en effet admis qu’ils ne regroupent que 60 % des malades. Cela voudrait donc dire qu’il pourrait y avoir un million de personnes présentant un TCA.

 

I/ TCA : Quels sont les signes qui doivent alerter ?

1/ Anorexie mentale

L’anorexie mentale est un TCA dans lequel le patient(e) se livre à une restriction volontaire de nourriture. Dans ce cadre, l’ingestion est réduite en dépit des besoins physiologiques. Cette anorexie survient en dehors de toute maladie somatique causale ou de tout contexte extérieur (famine).

La triade caractéristique est la suivante:

  1. anorexie
  2. amaigrissement
  3. aménorrhée, c’est à dire absence de règles

Comme toutes les triades de symptômes, tous les items ne sont pas toujours présents. De plus, ils peuvent être difficiles à détecter.

Un autre signe s’y associe très souvent: le déni des troubles.

Il y a bien d’autres symptômes qui peuvent la révéler. Consultez cette page pour plus de détails sur les signes de l’anorexie mentale.

2/ La boulimie

Première idée reçue: une personne souffrant de boulimie est forcément en surpoids. Rien de plus faux. Généralement, les boulimiques ont un poids parfaitement normal. C’est justement ce qui fait que la boulimie est une maladie difficile à détecter.

La caractéristique la plus typique est la crise boulimique avec ingestion massive d’aliments, suivie de vomissements. Elle s’accompagne d’une honte importante, qui conduit la personne à effectuer les crises en cachette de l’entourage. Comment s’alerter?

– L’ingestion est souvent typique: généralement il s’agit d’aliments très caloriques (biscuits, chocolat…) ou d’un même type (que des légumes par exemple), nécessitant peu de préparation. Il est donc possible de s’en apercevoir à des signes indirects: diminution des stocks de nourriture, abondance d’emballages alimentaires dans les poubelles.

– Les vomissements: comme pour l’anorexie, ils ont lieu en cachette. On les détectera donc de façon indirecte: traces dans les toilettes, odeur de bile.

3/ Binge-eating

Il s’agit de crise d’hyperphagie au cours de laquelle il existe un besoin impérieux de consommer des quantités massives de nourritures. La quantité prime. On décrit comme facteurs déclenchant les plus courants: l’ennui, les frustrations, les états émotionnels désagréables.

Plus ou moins consciemment, le patient trompe cet inconfort par l’ingestion de nourriture.

Il n’existe pas de vomissements associés, par contre une prise de poids est fréquemment observée.

4/ Orthorexie

Il s’agit d’un trouble alimentaire obsessionnel, où le patient est obnubilé par l’idée de manger sainement. On observe une attention démesurée accordée à l’alimentation, à la nature des aliments. Ici, la qualité des aliments prime.

 

II/ Troubles psychiques associés

De nombreuses pathologies psychiatriques sont associés aux TCA.

TOCs (Troubles obsessionnels compulsifs)

Anxiété sociale

Addictions (cocaïne, tabac…)

Dépression

Trouble panique

– Trouble bipolaire

Hypersensibilité

Trouble déficit de l’attention (TDAH) avec ou sans hyperactivité

 

III/ TCA : que faire ?

Les troubles du comportement alimentaire sont une maladie grave, où parfois la vie peut être mise en jeu.

Quand la personne accepte une aide, il est indispensable qu’elle consulte des médecins, avant toute autre prise en charge. C’est pourquoi, il est essentiel qu’elle soit examinée par:

  • Un médecin généraliste, qui fera un bilan de son état physique.
  • Un psychiatre, qui pourra s’occuper des causes psychiques de la restriction alimentaire volontaire.

 

IV/ Pourquoi les TCA sont-ils aussi durs à détecter?

Le principal problème est que les personnes souffrant de troubles alimentaires généralement en ont honte, ou alors dénient le problème. Dans les deux cas, elles tendent à refuser les soins.

Par ailleurs, il est parfois difficile de s’apercevoir de l’amaigrissement, valorisé dans les sociétés occidentales. Et même dans ce cas, il n’est pas toujours simple de distinguer ce qui est de l’ordre de la maigreur, et ce qui est de l’ordre de la minceur ou de la constitution naturelle.

 

V/ Quels mécanismes pour les troubles du comportement alimentaire (TCA) ?

Même si on retrouve souvent comme facteur déclenchant une remarque relative au poids, il est faux de penser qu’une telle remarque, seule suffit à déclencher une anorexie mentale. C’est un facteur déclenchant d’un processus pré existant.

Nous allons citer ci-dessous quelques enjeux classiques, qui peuvent se combiner entre eux.

  • Le contrôle

L’anorexie mentale est souvent une maladie du contrôle. Le poids est en effet l’une des rares choses que l’on peut contrôler quasiment à 100%. La personne anorexique tire une grande satisfaction de pouvoir exercer ce contrôle. Très souvent corrélé à un trouble anxieux.

  • Le plaisir

La personne souffrant d’anorexie a du mal à accéder au plaisir, et ne se l’autorise que si elle a d’abord souffert et consenti des efforts coûteux.

La personne anorexique se punit par sa restriction alimentaire. Il y a  des idées d’indignité. Il y a souvent une association avec l’épisode dépressif majeur.

Dans ce cas de figure l’anorexie mentale est un moyen d’éviter une chose encore plus crainte (souvent inconsciemment) comme la sexualité, par exemple.

  • La rédemption

Dans ce cas de figure l’anorexie mentale est un moyen de se purifier, ou de rétablir quelque chose qui a été perturbé. Un cas typique est l’anorexie mentale consécutive à un abus sexuel, qui dans  l’économie psychique de la personne, permet de tenter d’effacer l’abus.

  • La liberté dans les TCA

Un indice de ce mécanisme est la présence d’une appétence pour la nourriture. Le principe est simple: en se restreignant par périodes, la personne anorexique se ménage des périodes de liberté absolue où elle mange ce qu’elle veut. Les personnes anorexiques avec ce mécanisme ont du mal à accepter une liberté seulement partielle.

La personne anorexique veut être parfaite, réussir, réussir, réussir. Elle est souvent par ailleurs brillante à l’école et en sport. L’anorexie mentale est un moyen d’être parfaite y compris sur le plan du corps. Ce mécanisme est très lié au mécanisme de contrôle.

  • Style d’attachement

Munch (1) signale une corrélation entre le style d’attachement insécure évitant et l’anorexie mentale.

 

VI/ Comment aider la personne avec des TCA ?

Les troubles alimentaires ne peuvent pas se régler sans l’aide de professionnels. Il est indispensable de consulter un médecin généraliste et un médecin psychiatre. Le suivi sur le plan psychique et sur le plan physique est nécessaire, par des médecins, qui pourront tenir compte du risque de survenue éventuelle de pathologies somatiques.

Il est inutile de négocier, de culpabiliser, voire de forcer la personne ayant des troubles alimentaires à manger. La seule chose à faire, c’est de l’amener à consulter des professionnels, au mieux, en maintenant un climat de confiance.

Pièges classiques dans l’anorexie mentale, pour la famille:

  1. Il est ainsi classique est de se focaliser sur les quantités mangées à chaque repas, ou la volonté de la personne anorexique de refuser de manger. On rentre alors dans un piège où l’anorexie est le point qui préoccupe l’entourage, alors que le problème est avant tout l’amaigrissement, avec les risques physiques qu’il entraîne. C’est ainsi qu’on voit parfois des situations où les familles ont remarqué l’anorexie, qui a parfois débouché sur un long forcing alimentaire, tout en étant peu conscientes de l’amaigrissement. Ce n’est de la faute à personne: le déni fait partie intégrante de la maladie, et cela diffuse parfois à l’entourage.
  2. Forcer la personne anorexique à manger. L’alimentation devient alors non seulement un moyen de régler les problèmes internes, mais aussi un moyen de peser sur l’entourage. En alternant savamment les moments où elle mange et les moments où elle ne mange pas, la personne anorexique va exercer un contrôle sur son entourage, en distillant alternativement espoir et déception. Ce bénéfice secondaire doit absolument être désactivé en renonçant au forcing alimentaire.
  3. L’enjeu de l’alimentation entraîne une culpabilité, doublée d’une impuissance, insupportable pour l’entourage. Il est capital que l’entourage se rappelle que l’anorexie mentale est une affaire de professionnels, et qu’il n’a pas les moyen d’agir dessus.
  4. Argumenter sans fin pour convaincre. Les personnes anorexiques connaissent par cœur le sujet et trouvent toujours des arguments pour contrer les vôtres.

 

VII/ Traitement des TCA

Il faut toujours une prise en charge somatique des troubles du comportement alimentaires du fait des risques physiques. Il convient également de prendre en charge un éventuel autre trouble psychique sous-jacent. DE plus, le thérapeute cherchera systématiquement des abus sexuels.

Le traitement des TCA reposent sur les psychothérapies, notamment thérapie cognitive et comportementale (TCC) et thérapie Interpersonnelle.

On notera que le traitement est très différent selon le type de trouble alimentaire.

Un article de Miniati (2) de 2018 concluait à leur sujet:

1) La TIP et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ne présente aucune différence significative en monothérapie chez des patients souffrant d’anorexie mentale.

2) En monothérapie dans la boulimie, la TIP avait des résultats inférieurs à ceux de la TCC.

3) Mais chez les patients boulimiques en rémission avec une TIP, la rémission est plus longue.

4) la TIP et la TCC, montrent toutes deux une efficacité à moyen / long terme chez les patients atteints de boulimie.

5) La TCC a entraîné des changements rapides dans la phase aiguë. La TIP conduit à des améliorations plus tardives, mais se maintenant davantage à long terme.

6) L’abstinence de l’hyperphagie avec la TIP est stable et maintenue (ou encore améliorée) à long terme.

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Bibliographie

(1) Munch AL, Hunger C, Schweitzer J. An investigation of the mediating role of personality and family functioning in the association betweenattachment styles and eating disorder status. BMC Psychol. 2016 Jul 12;4(1):36.

(2) Interpersonal psychotherapy for eating disorders: current perspectives. Miniati M, Callari A, Maglio A, Calugi S. Psychol Res Behav Manag. 2018 Sep 5;11:353-369. doi: 10.2147/PRBM.S120584. eCollection 2018. Review.

Fait à Paris par un psychiatre avec le concours d’un psychologue

Image parTumisu