Troubles anxieux et dépression de l’enfant et l’adolescent

Cette page vous exposera les généralités sur les troubles anxieux et dépressifs de l’enfant et de l’adolescent.

Rédacteur « Troubles anxieux et dépression de l’enfant et l’adolescent »: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), Membre du Collège National Professionnel de Psychiatrie, mail: dr.neveux@gmail.com
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Sources: Manuel de thérapie comportementale et cognitive; Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP) , Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.

 

L’essentiel

  • Dans l’idéal, le psychiatre ou le pédopsychiatre posent le diagnostic afin d’organiser la stratégie thérapeutique.
  • La Thérapie Interpersonnelle (TIP) et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) sont des psychothérapies qui ont prouvé leur efficacité et recommandée dans cette tranche d’âge.
  • Le recours au médicaments est beaucoup plus modéré que chez l’adulte .En effet, beaucoup de molécules n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché chez l’enfant et l’adolescent.
  • Les signes d’une dépression ou d’un trouble anxieux ne sont pas exactement que chez l’adulte. Par conséquent, les manifestations peuvent être trompeuses.
  • Notamment, les troubles du comportement et la baisse des résultats scolaires doivent alerter l’entourage.

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Fréquence des troubles anxieux et dépressifs chez l’enfant et l’adolescent

Les troubles anxieux et dépressifs représentent les troubles mentaux les plus fréquents chez les jeunes (1,2). En effet, on les estime de 0,6 à 8,5% (2,4,8,10,11) avec une augmentation marquée lors du passage de l’enfance à l’adolescence. La prévalence s’établit alors dans une fourchette comprise entre 3,1% et 7,2% ) en particulier chez les filles (1). Les filles seraient deux fois plus fréquemment touchées que les garçons. Toutefois, Les études épidémiologiques de la dépression à l’adolescence révèlent des résultats variant selon les critères diagnostiques.

Par ailleurs, on observe une hausse des passages à l’acte suicidaire chez les adolescents depuis la crise du Covid. Cependant, cette augmentation touche plus particulièrement les filles que les garçons: plus de 40 % en 2021 par rapport aux trois années précédentes. Les hospitalisations des garçons sont stables. Par contre, les garçons « réussissent » davantage leur tentative de suicide.

En 2014, on estimait que près de 8% des 12-18 ans souffraient de dépression. Le suicide est la deuxième cause de mortalité des 15-24 ans. En 2014, en France, on estimait entre 800 et 1000 décès annuels par suicide chez les 15-24 ans.

 

Facteurs de risque et protecteurs des troubles dépressifs chez l’enfant et l’adolescent

Les troubles dépressifs occasionnent des difficultés de fonctionnement, dont les plus fréquentes sont: absentéisme scolaire, décrochage scolaire (3) et idées suicidaires (4).

Ainsi, une comorbidité est un facteur pronostique défavorable augmentant la durée d’évolution, le retentissement psychosocial et scolaire ainsi que le risque de suicide (8). En effet, on les retrouve dans 50 à 70% des cas de dépression à l’adolescence. De multiples pathologies somatiques, notamment chroniques, augmentent le risque de dépression à l’adolescence.

Facteurs de risque personnels (9)

  • Ÿ  Antécédents de souffrance néonatale, de pathologie somatique de la naissance et de la petite enfance
  • Ÿ  Antécédents ou existence d’une maladie chronique ou handicapante
  • Ÿ  Antécédents de trouble psychiatrique
  • Ÿ  Antécédent traumatique
  • Ÿ  Orientation sexuelle non hétérosexuelle (dans certains contextes comme la discrimination)
  • Ÿ  Puberté précoce
  • Ÿ  Sexualité à risque et grossesse à l’adolescence

Éléments environnementaux

  • Ÿ Mauvaises relations familiales (séparation répétée, placements itératifs, négligence, maltraitance, rejet, manque de soutien, indisponibilité) et conflit intra familial
  • Ÿ  Mauvaises relations sociales (victime ou acteur de harcèlement, …)
  • Ÿ  Événement négatif: agression, mort d’un proche, perte interpersonnelle, conflit, séparation parentale, déménagement
  • Ÿ  Toute psychopathologie parentale

Facteurs protecteurs

  • Ÿ Une bonne estime de soi
  • Ÿ Des styles cognitifs positif (confiance dans ses capacités d’adaptation, optimisme, activités créatives, perception des situations comme résolubles, …)
  • Ÿ  La qualité du soutien familial
  • Ÿ  La capacité à utiliser le soutien amical et les adultes ressources
  • Ÿ  La pratique sportive récréative

 

Spécificités des troubles anxieux et dépressifs chez l’enfant et l’adolescent

Les troubles anxieux et dépressifs de l’enfant et l’adolescent ne s’expriment pas toujours comme chez l’adulte.

Déjà, du fait d’une moindre mentalisation, l’adolescent n’exprime pas directement et spontanément ses ressentis. Au contraire, il a tendance à les exprimer à travers ses comportements ou des somatisations. On relève ainsi des troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie), des plaintes de fatigue et des douleurs inexpliquées (Weersing & Brent, 2010). Cette prévalence des symptômes physiques peut compliquer le diagnostic, car ils sont parfois interprétés à tort comme des troubles somatiques.

Cela tient notamment au fait que les enfants ou les adolescents en souffrance ont souvent une confiance modérée envers l’adulte. En revanche, il les reconnaît plus facilement si un adulte médiateur s’intéresse à lui (14). Ce point revêt un caractère primordial dans la mesure où l’adolescent en dépression est rarement à l’initiative de ses soins (5). Il y a donc un défaut de conscience de l’adolescent, et un défaut d’écoute de l’interlocuteur global.

A cause de ces particularités, la dépression à l’adolescence reste très nettement sous-diagnostiquée donc sous-traitée. Ainsi, deux tiers des adolescents (5,6) qui présentent un état dépressif majeur n’ont pas eu accès aux soins. Il en va de même pour près de 80% de ceux présentant une dysthymie.

Les enjeux que l’on retrouve peuvent se résumer ainsi

  • stigmatisation des troubles mentaux,
  • manque de confiance envers les professionnels,
  • ignorance des interlocuteurs possibles,
  • peur du défaut de confidentialité, notamment envers les parents,
  • mauvaises expériences passées avec les soins,
  • méconnaissance des systèmes de soins existants,
  • problématique de l’accompagnement de l’adolescent et de ses parents vers l’acceptation des soins psychiatriques (7).

 

Spécificités des troubles dépressifs chez l’enfant et l’adolescent

Le trouble dépressif chez l’adolescent se distingue souvent par des symptômes atypiques par rapport à ceux observés chez les adultes. Chez l’enfant et l’adolescent, l’irritabilité remplace souvent la tristesse. En effet, selon Lewinsohn et al. (1993), les adolescents expriment fréquemment leur détresse par de l’irritabilité, de l’agressivité ou un comportement provocateur plutôt que par une tristesse visible. Les répercussions physiques incluent un arrêt de croissance, et pas forcément un amaigrissement. De plus, le ralentissement psychomoteur est souvent absent. De même l’adolescent se plaint rarement de tristesse mais plutôt d’ennui ou d’exaspération. Par conséquent, il est souvent difficile de faire la part entre les symptômes imputables à la dépression et ceux liés à l’adolescence.

D’autre part, chez les enfants, on observe souvent des hallucinations et des plaintes somatiques.

La TIP a un intérêt, particulièrement marqué dans le cadre d’un style d’attachement évitant chez les adolescents (12).

La dépression à l’adolescence est souvent accompagnée d’autres troubles psychiatriques, comme les troubles anxieux et les troubles de l’alimentation (Axelson & Birmaher, 2001). Les adolescents souffrant de dépression présentent un risque accru de comportements autodestructeurs, tels que l’automutilation et les tentatives de suicide. Ainsi, environ 30% d’entre eux manifestent des pensées suicidaires (Kessler et al., 2001).

 

Problématiques affectant l’humeur des adolescents

Les jeunes ont une image très sombre de leur avenir. En effet, les informations (sur la santé, l’économie, le climat, le terrorisme…) sont très inquiétantes. Par ailleurs, les relations sociales passant par les réseaux sociaux ne sont guère robustes. En conséquence, elles cessent dès que tous les écrans sont éteints, les plongeant dans l’isolement.

En outre, lors des confinements, une augmentation de la maltraitance intrafamiliale s’est développée.

Les facteurs biologiques, notamment les changements hormonaux liés à la puberté, augmentent la vulnérabilité à la dépression. Cela se vérifie en particulier chez les filles (Angold et al., 1998). Les facteurs environnementaux, tels que le stress lié à l’école, les conflits familiaux et les pressions sociales, jouent également un rôle significatif (Johnson et al., 2002). Un réseau social soutenant peut atténuer les symptômes dépressifs, tandis que l’isolement social et les conflits interpersonnels les exacerbent(La Greca & Harrison, 2005).

 

Comment réagir?

Pour les parents, il est difficile de faire la part entre les affres habituels de l’adolescence et une éventuelles dépression. Comme il s’agit d’un diagnostic compliqué à poser, il est préférable de consulter un psychiatre ou un pédopsychiatre au moindre doute. Le pédopsychiatre ne s’impose pas pour un adolescent. Par contre, il est nécessaire de consulter un médecin et non un psychologue. En effet, ce dernier n’a pas la prérogative de poser des diagnostics.

Chez l’enfant, Mufson a montré l’efficacité de la thérapie interpersonnelle sur la dépression de l’adolescent (Mufson & al, 2004). En 2020, Liang a effectué une méta-analyse sur les traitements efficaces contre la dépression de l’enfant et de l’adolescent. Il suggère que la T.I.P pourrait être la meilleure approche pour améliorer l’état dépressif chez les enfants et adolescents.

 

Venir au cabinet à Paris

Dr Neveux Nicolas , 9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094

  • Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
  • RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
  • Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).

Fait à Paris 16 par un psychiatre et un pédopsychiatre.

 

BIBLIOGRAPHIE

(1) Costello E. J., Copeland W. Et Angold A. Trend in psychopathology across the adolescent years: what changes when children become adolescents, and when adolescents become adults? Journal of child psychology and psychiatry, 2011; 52 (10): 1015-1025

(2) Merikangas K. R., Nakamura E. F. Et Kessler R. C. Epidemiology of mental disorders in children and adolescents. Dialogue win clinical neuroscience, 2009; 11 (1): 7-20

(3) Gagné M.-E. Et Marcotte D. Effet médiateur de l’expérience scolaire sur la relation entre la dépression et le risque de décrochage scolaire chez les adolescents vivant la transition entre l’école et l’école secondaire. Revue de psychoéducation, 2010; 39: 27-44

(4) Piché G., Cournoyer M., Bergeron L. Et al Epidémiologie des troubles dépressifs et anxieux chez les enfants et les adolescents québécois. Santé mentale au Québec 2017; 42 (1): 19-42

(5) Sibeoni J., Moro M.-R. Première évaluation diagnostique et engagement dans le soin in dépression de l’adolescent. Le concours médical, 2014; 136 (1): 4-7

(6) Flament M. F., Cohen D., Choquet M. Et al Phenomelogy psychosocial correlates and treatment seeking in major depression and dysthymia of adolescence Journal of the American academy of child and adolescent psychiatry, 2001; 40, (9): 1070-78

Autres articles

(7) Hofmann M., Corcos M. Le diagnostic relève déjà de l’interdisciplinarité in dépression de l’adolescent. Le concours médical 2014; 136 (1): 16-19

(8) Bonnot O. Etats dépressifs à l’adolescence EMC (Elsevier Masson SAS, Paris) Traité de Médecine, Akos, 7-0354, 2009

(9) HAS Recommandation de bonne pratique Manifestations dépressives à l’adolescence. Repérage, diagnostic et prise en charge en soins de premier recours. 2014: 1-38

(10) Reem M., Ghandour L., Sherman J. et al. Prevalence and treatment of depression, anxiety and conduct problems in US children J Pediatr 2019; 206: 256-267

(11) Thérapie Interpersonnelle (TIP) chez l’adolescent: A.-H. Boudoukha , Y. L’Hégaret : Psychiatre, N. Neveux : Psychiatre; https://www.em-consulte.com/article/1638495/therapie-interpersonnelle-tip-chez-l-adolescent

(12) The role of attachment style in interpersonal psychotherapy for depressed adolescents; Gunlicks-Stoessel M, Westervelt A, Reigstad K, Mufson L, Lee S. The role of attachment style in interpersonal psychotherapy for depressed adolescents. Psychother Res. 2019 Jan;29(1):78-85. doi: 10.1080/10503307.2017.1315465. Epub 2017 Apr 24. PMID: 28436756; PMCID: PMC6092252.