Cette page vous aidera à comprendre les conséquences du confinement secondaire à la pandémie de coronavirus (covid-19). Vous pouvez consulter ces pages pour découvrir les moyens de surmonter au mieux le confinement, expliquer le coronavirus à un enfant, ou faire face aux violences.
Entre fin septembre et début novembre 2020, la fréquence des épisodes dépressifs caractérisés est passée de 10,9% à 20,9% dans la population générale ( bulletin Santé publique France). Un sondage IFOP a montré une augmentation des troubles anxieux par rapport au printemps dernier (+27%, soit une hausse de 7 points ), et des troubles du sommeil (+38%).
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L’essentiel:
- Une étude a pu objectiver les conséquences psychiques lors des pandémies et une autre a été faite lors de l’épidémie de covid-19 en Chine.
- Les conséquences du confinement sont multiples et potentiellement graves (dépression, troubles anxieux…).
- La privation de liberté, la promiscuité sont des exemples de stress difficiles à gérer pour l’esprit humain.
- Le confinement a été décidé pour enrayer la pandémie malgré les conséquences. Mais pour que la population le respecte il faut le rendre supportable.
Le confinement est obligatoire. Mais mal le vivre ne l’est pas!
Avec quelques conseils simples, vous parviendrez à passer cette période difficile du mieux possible.
Si c’est trop compliqué, nous vous recommandons de consulter un psychiatre (voici d’ailleurs quelques conseils pour bien choisir son psy).
Introduction sur les conséquences du confinement
Le confinement est une mesure très stressante pour le psychisme parce qu’il va en contradiction avec nos besoins et nos instincts. Il s’agit donc d’un stress important à prendre au sérieux. Il faut bien comprendre que le stress lié au confinement en temps que tel s’ajoute au stress lié à l’épidémie. Les conséquences psychiques de la pandémie à coronavirus ne sont pas développées sur cette page mais sont détaillées dans cet autre article.
Si vous avez des questionnements plus précis vous pouvez consulter ces pages :
Les facteurs de risque de problèmes psychiques liés à une quarantaine sont connus:
- absence de règles claires sur les modalités du confinement
- pédagogie insuffisante sur les raisons du confinement. Ce point est d’autant plus problématique qu’il génère de la colère, mais aussi un manque d’adhésion entraînant un risque de transgression.
- peur d’être contaminé ou de contaminer les autres
- si la mesure est prorogée au-delà de la date annoncée par les décideurs. En effet, ce point entraîne une imprévisibilité insecurisant les individus. De plus, cela entame la crédibilité des décideurs et donne l’impression qu’ils ne maîtrisent pas la situation. Par conséquent, la confiance des citoyens peut être attaquée.
I/ Confinement lié au coronavirus : quels facteurs de stress ?
A/ Angoisse de mort
Bien évidemment, la première peur porte sur la crainte de la maladie et de la mortalité élevée qui y est associée.
Cette peur se décline sur plusieurs plans:
- peur pour soi
- peur pour ses proches
- anxiété face à la possibilité d’avoir contaminé ses proches
Indépendamment de la peur de la maladie, le confinement nous interdit d’agir. On nous demande de NE PAS AGIR. Or cette attitude n’est pas familière aux cultures occidentales qui sont dans un paradigme interventionniste. Du coup, chacun se retrouve dans l’impossibilité d’agir pour se protéger et l’anxiété qu’un proche soit malade. On a peur, et on ne peut pas aider ses proches.
Naturellement, l’omniprésence des articles portant sur la situation en Italie ne fait que renforcer cette angoisse.
B/ Angoisse par rapport au futur
En plus de l’angoisse de mort, la crainte du futur apparaît. Elle est liée à l’incertitude sur la durée du confinement, et bien entendu sur les conséquences sociales et à long terme de la pandémie.
Beaucoup de personnes mentionnent qu’elles n’ont pas de difficulté à supporter le confinement, mais que l’absence de certitude sur sa durée est le plus dur à supporter. C’est parfaitement compréhensible car cette incertitude entraîne une impossibilité de se projeter. Chacun se retrouve comme face à un mur sans pouvoir voir derrière. Or ce type de stress est compliqué à vivre dans la mesure où l’échéance est une façon de tolérer le présent. En effet, on accepte plus facilement un présent insatisfaisant dès l’instant qu’on sait qu’il est de courte durée.
Ensuite, le confinement va de toute évidence entraîner de graves répercussion sociales et financières. Les angoisses concernent alors le futur. Vais-je garder mon emploi? Mon entreprise va-t-elle tenir le coup? Comment gérer le manque à gagner en tant qu’indépendant ?
Le désoeuvrement est un terrain propice aux pensées automatiques et aux ruminations.
Il est donc essentiel que, pris dans ces pensées, chacun cherche à:
– refuser toute catastrophisation. Pour cela, il convient d’évaluer la situation de manière rationnelle et non pas émotionnelle.
– prendre les mesures proactives permettant de limiter les conséquences.
C/ Privation de liberté
La liberté est un besoin fondamental de chaque individu. D’ailleurs, on peut donner sa vie pour elle! C’est une des valeurs clés de la devise française, c’est dire. Cette restriction à ce besoin fondamental va nous heurter même si nous en comprenons le bien-fondé. Bien sûr, nous ne sommes pas tous aussi sensibles à cette valeur. Aussi, nous ne réagirons pas avec la même charge émotionnelle. C’est pourquoi, les personnes les plus attachées à la liberté vont être les premières à souffrir de cette situation. L’enfermement est, en effet, une punition: c’est le principe de la prison. Le danger est que certaines personnes ne supportant plus cette privation, « explosent » littéralement sur le plan émotionnel. Cela concerne naturellement aussi les enfants ou les adolescents.
D/ Promiscuité
Le confinement oblige à une très grande promiscuité. Les couples, les familles sont obligées de vivre 24h/24 en vase clos, parfois dans des surfaces étriquées. Cette situation va inéluctablement user les nerfs et la patience des protagonistes. Impulsivité, nervosité, vont forcément augmenter au cours du temps.
Il va donc être capital de poser des règles susceptibles de protéger les besoins vitaux de chacun.
E/ Vécu d’impuissance
La perception de l’impuissance est l’un des mécanismes susceptibles d’amener la dépression. Ce ressenti est particulièrement difficile à vivre. C’est particulièrement le cas dans les pays riches, qui entretiennent la croyance qu’ils sont capables de faire face à toute situation.
Pourtant, la pandémie montre les limites à nos facultés à agir. Le confinement aggrave cette situation. En définitive, nous prenons conscience que nous sommes impuissants à:
- nous protéger sur un plan préventif et curatif du coronavirus
- protéger nos proches
- agir sur la durée du confinement
- éviter les conséquences sociales et financières qui vont advenir suite à cette crise
Bref, nous subissons. C’est pourquoi, pour supporter le confinement, il est capital de chercher à agir au maximum sur le peu que nous contrôlons encore.
F/ Incertitude quant au bien-fondé du confinement
Un autre point important est le caractère coercitif du confinement.
Pour ceux qui adhèrent pleinement à cette mesure, la situation sera un peu plus facile à gérer. Mais pour ceux qui sont encore dans le déni, voire sont dubitatifs sur l’utilité de la mesure, le confinement sera très compliqué. En effet, l’esprit humain tolère très mal les mesures qu’il juge iniques. Le confinement risque en effet de générer beaucoup de colère voire l’envie de défier l’autorité.
A ceux-là, nous conseillons d’aborder les choses sous un angle le plus rationnel possible. Ils existent des arguments rationnels en faveur du confinement comme des arguments en défaveur. Le plus important, si vous êtes opposé à cette mesure, consistera non pas à vous faire changer d’avis, mais à ce que vous preniez le temps de considérer les arguments qui plaident pour le confinement. En effet, il est plus facile d’accepter une mesure, même avec laquelle on est en désaccord, si on réalise qu’elle est cohérente et a du sens.
G/ Impossibilité de répondre à nos besoins
La peur du virus, tout autant que le respect des règles de confinement, nous amènent à réduire nos déplacements. L’un des dangers est la perte de chances médicales en cas de maladie. En effet, beaucoup de gens tendent à différer la consultation chez leur médecin. Il existe donc un danger de retard au diagnostic et à la prise en charge.
II/ Conséquences du confinement
A/ Données scientifiques
Ces facteurs de stress vont entraîner une souffrance psychique qui peut se traduire par des symptômes psychiatriques.
Ainsi, une étude s’est intéressée aux conséquences psychiques du covid-19: A nationwide survey of psychological distress among Chinese people in the COVID-19 epidemic: implications and policy recommendations de Jianyin Qiu.
Elles objectivent notamment une aggravation de:
- trouble panique
- dépression
- anxiété
- phobies spécifiques
- évitement
- compulsions
- dysfonctionnement interpersonnel
- détresse psychologique
- troubles du sommeil
- TOCs
Entre fin septembre et début novembre 2020, la fréquence des épisodes dépressifs caractérisés est passée de 10,9% à 20,9% dans la population générale ( bulletin Santé publique France). Un sondage IFOP a montré une augmentation des troubles anxieux par rapport au printemps dernier (+27%, soit une hausse de 7 points ), et des troubles du sommeil (+38%).
B/ Conséquences du confinement
En plus de ces conséquences liées aux facteurs de stress, d’autres répercussions, liées au confinement, peuvent être évoquées.
1/ Conséquences fréquentes du confinement: agressivité et impulsivité
La difficulté à pouvoir décharger le trop-plein émotionnel risque d’entraîner un regain d’agressivité et d’impulsivité.
En Chine, les centres d’appels ont observé une augmentation des violences conjugales (1). Cette observation était prévisible car la violence et l’impulsivité sont des mécanismes de défense contre l’impuissance. La violence sert en effet souvent de soupape face aux émotions.
L’obligation de cohabiter 24h/24 risque d’augmenter la fréquence des conflits interpersonnels.
Pour permettre un recours aux personnes victimes de violences, voici un article sur les violences intrafamiliales. Il inclut notamment une FICHE pour les VICTIMES DE VIOLENCES FAMILIALES.
2/ Baisse d’estime de soi
Une perte d’estime de soi peut apparaître du fait de l’impuissance, de l’imprévisibilité de la situation, et de l’incapacité à protéger ses proches ou soi-même (voir ci-dessus). Ainsi, il réalise qu’il ne parvient pas à assumer des rôles habituellement faciles à remplir. Ce manque de compétence conduit l’individu à se déprécier. En effet, même si rationnellement, ce n’est pas sa faute, l’individu a toujours du mal à identifier ce sur quoi il a le contrôle et dont il est responsable. Il a toujours le doute: « Quelqu’un de meilleur que moi ferait peut-être mieux! ».
La perte de la liberté est également un facteur-clé de la perte d’estime de soi. Cette valeur étant fondamentale, l’individu qui en est privée se sent dévalorisé.
Enfin, un facteur de baisse d’estime de soi capital est la diminution du sentiment d’auto-utilité. L’absence d’activité efficiente et productive est évidemment un facteur clé de ce phénomène. Il est donc capital d’appliquer des conseils simples pour gérer le confinement.
3/ Résignation
Le confinement amenant les gens à subir la situation, si celle-ci se prolonge, on peut assister à l’apparition de la résignation, de fatalisme face à la pandémie.
4/ Ruminations
Le temps dégagé par le désoeuvrement est propice aux ruminations souvent sur un mode anxieux.
5/ Affaiblissement des fonctions intellectuelles
Rassurez-vous c’est temporaire. Mais effectivement, la sous-stimulation peut entraîner un empâtement de notre vivacité d’esprit. Ce sera réversible au retour à la vie normale. Pendant le confinement, nous vous recommandons de pratiquer des activités qui vous stimuleront un peu sur ce plan.
6/ Prise de poids
La sédentarité imposée risque d’entraîner une prise de poids. Maintenez par conséquent une alimentation équilibrée. Gardez une activité physique minimale: pompes, abdos, sorties dans le respect des préconisations de confinement… Empruntez les escaliers plutôt que l’ascenseur etc…
7/ Ennui
Pour beaucoup, même en cas de télé-travail, l’ennui est un danger. Rien pour rythmer la semaine, la journée, les heures. L’esprit humain déteste l’ennui. C’est d’ailleurs un motif de risque psycho-social au travail: ne donner aucune tâche à un salarié peut être requalifié de harcèlement.
L’ennui va être un ennemi récurrent pendant le confinement. Découvrez ici comment le combattre.
IV/ Quoi faire en cas de souffrance liée aux conséquences du confinement ?
Si vous sentez des conséquences psychiques du confinement, il faut qu’un diagnostic soit posé par un médecin / psychiatre. Si vous souhaitez savoir comment en trouver un, voici nos conseils pour trouver un bon psy.
Un conseil important: n’attendez pas pour demander de l’aide. Une telle crise peut entraîner des effets post-traumatiques, des troubles anxieux ou une dépression.
Venir au cabinet à Paris
9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094
- Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
- RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
- Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).
Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
(1) Domestic Violence Cases Surge During COVID-19 Epidemic