Charge mentale ou cognitive: de quoi s’agit-il?

La charge mentale attire l’attention des psys depuis quelques années. On peut aussi la désigner sous le terme de charge cognitive.

Rédacteur « charge mentale »: Dr Nicolas Neveux,Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), Membre du Collège National Professionnel de Psychiatrie, mail: dr.neveux@gmail.com
 .

.

L’essentiel:

charge mentale

 

Résumé audio sur la charge mentale

Podcast sur la charge mentale, réalisé par l’Amicale du Corps des Mines

Concept de charge mentale

La charge mentale correspond est un principe de sociologie correspondant à la charge cognitive pesant sur un individu. Historiquement, elle a été identifiée en premier pour les femmes afin de décrire la double contrainte pesant sur elle : tâches ménagères et vie professionnelle. Pour ce cas particulier de charge cognitive, on parle de charge mentale ménagère ou domestique.

Cette notion peut être élargie en fait à n’importe quel individu afin de décrire la charge cognitive auquel ce dernier est soumis. Elle est très proche du modèle du stress engendré par les contraintes auxquelles un individu est soumis.

Historiquement, cette notion a le mérite d’attirer l’attention sur le fait que les femmes exerçant une activité professionnelle ne sont pas déchargées des contraintes une fois rentrées chez elles. En effet, elles s’occupent de l’intendance et des soins aux enfants, en plus de leur journée de travail.

Le concept de charge mentale s’applique même lorsque les tâches ménagères sont équitablement réparties sur un plan opérationnel. La charge mentale étant de nature cognitive, celui qui endosse la responsabilité de penser aux tâches à faire, de les organiser, est celui qui la supporte. Cela est vrai même s’il ne les accomplit pas lui-même. Par exemple, un individu A qui demande à son conjoint B : « Que puis-je faire pour t’aider ? » ne supporte pas la charge cognitive, même si A et B effectuent au final la même quantité de tâches.

 

Modélisation interpersonnelle de la charge mentale

En Thérapie interpersonnelle (TIP), la charge mentale sera corrélée à la façon dont le patient hiérarchise ses besoins. Plus un patient priorise un besoin, plus il va se préoccuper de la satisfaction de ce besoin. Par conséquent, il sera plus attentif à la réalisation de ses attentes, aux règles et à la disponibilité de l’environnement. La réalisation de ses attentes captera l’essentiel de sa vigilance. Ce surcroit de vigilance occasionne de la charge cognitive. En d’autres termes, la charge cognitive se corrèle à l’importance que l’on va accorder à un besoin.

Cette personne vivra comme une frustration, des attentes déçues ou l’absence de disponibilité de l’entourage. Cette frustration sera proportionnelle à l’importance que la personne accorde à ce besoin et créera de la charge mentale.

Il est donc fondamental d’aider les patients à:

  • identifier quels sont les besoins qui sont réellement importants pour eux, afin de « choisir leurs combats »
  • formuler les attentes réalistes
  • mettre des limites à leurs attentes
  • prendre en considération la disponibilité de l’interlocuteur.

 

Modélisation cognitivo-comportementale de la charge cognitive

En amont de la réalisation de la tâche, apparaît la charge mentale.

Exemple : acheter du lait pour les enfants

  • Surveiller la situation (se préoccuper du stock de lait)
  • La responsabilité d’analyser la situation pour identifier quelle tâche est nécessaire (quel lait faut-il acheter ? sans lactose ? épaissi ? anti-reflux ? bio etc…)
  • Le maintien de la vigilance afin de ne pas oublier la tâche à faire (toute la journée, penser à ne pas oublier d’aller acheter du lait le soir)

Au final, même si finalement, c’est B qui va chercher le lait, et non pas A, c’est A qui a supporté la charge mentale.

Cette charge mentale est assimilable à une forme de stress puisque A assume la responsabilité de surveiller, collecter l’information pour prendre la décision, rester en état de vigilance, supporter l’angoisse de performance qui y est associée.

L’effecteur (« Tu me dis, je fais ») , est en fait épargné d’une grande partie du stress.

La charge cognitive est élargie aujourd’hui à d’autres situations, notamment celles des professionnels en situation de décision. On citera par exemple: médecins, avocats, chefs d’entreprise… Ils partagent la particularité de devoir assumer la responsabilité d’analyser des situations et d’en endosser les conséquences. Globalement, leur charge mentale est généralement sous-estimée.

Le bashing est également un moyen de pression psychologique, proche de la manipulation de masse, qui induit une augmentation de la charge mentale.

 

Comment la charge mentale devient-elle un problème?

charge mentale ou cognitive

La charge cognitive est une chose normale, inhérente à la vie.

Cependant elle devient un problème psychique

  • lorsque le stress qui l’occasionne est trop intense.
  • quand la personne ne parvient pas à faire face à la situation.
  • si la personne est prise dans des schémas psychiques dysfonctionnels qui l’amènent à s’exagérer le poids qui lui incombe.

Ce dernier cas se voit notamment dans le cadre des troubles anxieux (trouble anxiété généralisée (TAG)) ou des TOCs. Dans ce cas il existe de nombreuses idées obsédantes, et souvent du perfectionnisme.

La charge mentale devient aussi un problème quand la personne a un terrain préalablement fragilisé qui diminue sa tolérance au stress intercurrent. A ce sujet, on peut citer le cas du TDAH, de l’état dépressif, du brouillard cérébral (brain fog) ou du burnout

 

Venir au cabinet à Paris

Dr Neveux Nicolas, 9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094

  • RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).

Image par Pexels