Harcèlement scolaire: comment réagir?

Vous êtes trouverez sur cette page toutes les informations nécessaires pour déceler et combattre le harcèlement scolaire.

Rédacteur: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), Membre du Collège National Professionnel de Psychiatrie, mail: dr.neveux@gmail.com
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Sources: Manuel de thérapie comportementale et cognitive; Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP) , Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.

L’essentiel:

 

loi 2 mars 2022 harcelement scolaire

I/ Généralités sur le harcèlement scolaire

A/ Premier principe: NE JAMAIS RESTER SEUL face au harcèlement scolaire

Il faut systématiquement chercher de l’aide. Quelles que soient les menaces qu’on ait pu vous faire, il faut appeler à l’aide.

  • Si vous êtes un enfant ou un adolescent victime de harcèlement scolaire: la première chose à faire est de contacter un adulte de confiance. En premier lieu, pensez à vos parents, même s’ils vous paraissent être des vieux cons par ailleurs. Là, c’est sérieux, aussi quels que soient les problèmes qui existent avec eux, leur rôle est de vous aider. Si vraiment vous ne sentez pas de vous confier à vos parents, un autre membre de la famille, un enseignant, les parents d’un ami, serons votre interlocuteur. Mais IL FAUT EN PARLER.
  • Si vous êtes un parent ou un adulte ayant connaissance d’un harcèlement scolaire: vous aussi, DEMANDEZ DE L’AIDE.

B/ Deuxième principe: la réponse au harcèlement scolaire est multidisciplinaire

La réponse devra être socio-éducative, psychiatrique et judiciaire si besoin.

Tout dépendra de la nature des faits.

harcèlement scolaire

C/ Troisième principe: intervenir le plus tôt possible

Il ne faut pas compter que le harcèlement scolaire s’interrompe de lui-même, ni que l’enfant ou l’adolescent victime parvienne à s’en sortir seul. Quand cela arrive, c’est par chance, du fait des changements d’établissements, ou par une rébellion parfois violente de la victime. Aucune de ces issues n’est satisfaisantes.

De plus, plus on tarde à intervenir, plus les conséquences psychiques sont compliquées à gérer.

D/ Quatrième principe: on ne cède pas au chantage

Beaucoup de jeunes n’osent pas appeler à l’aide parce que l’agresseur les menace ou exerce un chantage. Ces menaces peuvent prendre plusieurs formes:

  • Représailles physiques ou psychiques
  • Diffuser des vidéos ou des photos compromettantes
  • Menaces de mort
  • Menaces contre les parents / frères / soeurs

Le harcèlement n’est possible que parce que la victime va se laisser isoler, ne sachant pas comment réagir. Par conséquent, la solution est simple: APPELER A L’AIDE QUELLES QUE SOIENT LES MENACES PROFEREES.

harcèlement scolaire spécialiste

En effet, si la victime cède au chantage, elle envoie à son agresseur un message d’impuissance. Tandis que si elle réagit en bravant les menaces, elle montre qu’elle va se défendre.

Bien souvent, l’agresseur étant par définition lâche, le comportement de rebuffade de la victime suffit parfois à effrayer l’agresseur. C’est tellement moins drôle de torturer quelqu’un qui ne se laisse pas faire!

Mais quelle que soit la réaction de l’agresseur face à une victime qui se rebelle, il faut comprendre que seul un appel à l’aide permet de casser le cercle vicieux. Du reste, le danger est que l’agresseur voyant une absence de réaction de sa victime, s’enhardit davantage et augmente sa maltraitance.

 

II/ Que dit la loi sur le harcèlement scolaire?

Depuis mars 2022, la loi Balanant (1) a créé un nouveau délit pénal, celui de harcèlement scolaire. Désormais, les faits de harcèlement moral commis à l’encontre d’un élève constituent un harcèlement scolaire.

loi 2 mars 2022

Le délit de harcèlement scolaire concerne les élèves, les étudiants ou les personnels des établissements scolaires et universitaires.

Le harcèlement scolaire est puni de :

  • 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende lorsqu’il a causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à 8 jours ou n’a entraîné aucune incapacité de travail ;
  • 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende lorsque les faits ont causé une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours ;
  • 10 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende lorsque les faits ont conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider.

Il ne faut pas hésiter à porter plainte si la situation le justifie. Notons qu’un mineur ne peut pas porter plainte personnellement. C’est le représentant légal qui doit le faire.

 

III/ Conduite à tenir sur le plan socio-éducatif

A/ Avertir l’établissement scolaire du harcèlement

Il faut immédiatement intervenir auprès des enseignants et du chef d’établissement. La plupart des établissements, désormais très attentifs au harcèlement scolaire, seront très réactifs. Toutefois, dans certains cas, vous pourrez tomber sur du déni. En cas de réticence, ne pas hésiter à remonter jusqu’au rectorat ou à porter plainte. N’oubliez pas que vous êtes dans votre droit. Mais inutile de commencer par cela: la plupart du temps vous trouverez des interlocuteurs de confiance dans l’établissement de votre enfant.

B/ Points importants

1/ Présomption d’innocence

Rappelez-vous que la présomption d’innocence s’applique aussi en cas de harcèlement scolaire. En conséquence, même si en tant que parents ou victime vous êtes convaincu de la véracité de ce qui s’est passé, vous devez accepter que vos interlocuteurs ne partageront votre conviction qu’une fois que la chose aura été prouvée. C’est à l’accusation, donc à la victime de prouver les faits. Prenez le temps d’expliquer ce qui s’est passé et d’amener les preuves.

Même si c’est difficile, gardez votre calme face au doute de votre interlocuteur. En effet, ce dernier ne peut pas être sûr de ce que vous dites, car il ne l’a pas vu ou vécu. On voit très souvent des victimes ou des parents se mettre en colère quand on met en doute leur parole. Cette attitude décrédibilise le discours et braque l’interlocuteur. Au contraire, la transparence est votre meilleure arme. Aussi, produisez les preuves dont vous disposez, les certificats médicaux, les traces physiques éventuelles, les témoignages.

2/ Une fois les faits avérés

Il arrive parfois qu’une fois les faits avérés, on propose que ce soit la victime qui quitte l’établissement scolaire. Sauf situation particulière, cette solution doit être repoussée. En effet, quels messages cette proposition envoie-t-elle?

  • A la victime: tu es victime et en plus c’est toi qui dois dégager.
  • A l’agresseur: tu agresses et en plus c’est ta victime qui es punie, qui doit être coupée de son cercle social, qui doit tout reconstruire ailleurs.

Cette démarche est donc fondamentalement injuste. Par conséquent, c’est l’agresseur qui doit supporter la charge mentale de devoir bouleverser sa vie.

3/ La paix sociale

Il arrive que dans certains cas, le harcèlement scolaire soit banalisé. Cela peut être le fait des parents, des parents des autres élèves, des agresseurs (bien sûr), des établissements scolaires et parfois de la victime elle-même.

Les causes en sont différentes. En effet, si la victime va banaliser les faits souvent parce qu’elle se sent coupable, a honte ou craint les représailles, les autres intervenants ont tendance à banaliser parce que cela ne les arrangent pas de voir le harcèlement scolaire. Cela trouble la quiétude la classe. Cela complique les relations avec l’école.

C’est vrai, entamer une action pour défendre un enfant harcelé ça complique la vie. Mais ça vaut le coup. Donc surtout, faites-le et tant pis pour la paix sociale.

C/ Associations

De nombreuses associations existent et peuvent prodiguer de précieux conseils à la victime ou à l’entourage.

Voyez en bas de page pour les coordonnées.

 

IV/ Prise en charge psychiatrique du harcèlement scolaire

Il est recommandé de consulter systématiquement un médecin / psychiatre. (Un pédopsychiatre n’est pas forcément indispensable). En effet, c’est lui qui s’assurera d’un éventuel diagnostic psychiatrique compliquant le harcèlement. Notons que ce n’est pas le rôle du psychologue de poser un diagnostic. Ensuite, le psychiatre organisera la prise en charge.

harcèlement scolaire réagir

A/ Les complications psy les plus communément retrouvées regroupent

B/ Des complications sociales sont également très fréquentes

  • isolement social.
  • désinvestissement scolaire.
  • troubles des conduites et du comportement

C/ Traitement du harcèlement scolaire

Tout d’abord il conviendra de traiter les complications du harcèlement scolaire. Le traitement sera celui de ces complications.

Par ailleurs, le psychiatre cherchera à aider l’enfant ou l’adolescent, ainsi que ses parents à comprendre:

  • Comment le harcèlement scolaire a pu se développer.
  • Comment se protéger.
  • Quelles aides mobiliser.

La prise en charge psychothérapique TCC ou TIP est à privilégier.

  • La Thérapie Interpersonnelle (TIP) modélise le lien entre la victime et l’agresseur. C’est une excellente approche pour identifier comment le lien toxique a pu se développer et pour apprendre à se protéger des harceleurs.
  • La Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) permettra de lever toutes les fausses croyances qui amènent la victime de harcèlement à se sentir coupable ou incapable de se défendre.

D/ Diagnostics associés au harcèlement scolaire

Certaines pathologies pré-existaient plus fréquemment chez les personnes victimes de harcèlement scolaire. Ces pathologies entraînent une vulnérabilité parce qu’elles limitent la faculté de la personne à se défendre, ou la désigne comme victime.

Troubles psychiques

Troubles physiques

Une disparité physique, quelle qu’elle soit, expose davantage au harcèlement scolaire.

 

V/ Les différentes formes de harcèlement scolaire

Il peut s’agir de violences physiques

– Les violences physiques telles que coups de poing, coups de pieds, passages à tabac

– Les abus sexuels: au pire viols, fellations forcées mais aussi attouchements, caresses, non consentis.

ou de violences psychiques

– humiliations telles que: être déshabillé en public, être obligé de faire des actes dégradants (boire de l’urine, marcher à quatre pattes etc…).

– une dimension récente et humiliante avec connotation de chantage existe lorsque les scènes sont filmées ou photographiées, avec la menace des les publier sur internet.

– violences verbales répétées visant à exclure l’adolescent, de par sa non-appartenance à un groupe: par exemple: racisme, (dont racisme anti-blanc), antisémitisme homophobie, enfant « trop » ou « pas assez »: trop gros, trop petit, trop timide, trop riche, trop pauvre, exclus de part son statut social ou ses centres d’intérêt qui diffèrent, ou parce que bon en classe.

– répétitions sans fin des mêmes remarques ou des mêmes surnoms désobligeants qui acquièrent, à la longue, un caractère de harcèlement.

– violences psychologiques parfois aussi discrètes que la mise à l’écart systématique d’un adolescent, même sans raison particulière. Apparemment anodine, cette exclusion répétée peut entraîner des conséquences dramatiques sur le long terme.

– harcèlement par les réseaux sociaux: cette nouvelle forme d’humiliation peut prendre deux formes: menace de publier des images dégradantes de la victime, ou bien violences psychiques. La particularité de ces formes de harcèlement est de traquer la victime jusque chez elle, lui supprimant le dernier havre de paix. Ce genre de harcèlement est extrêmement pernicieux car les moyens de lutter contre eux sont encore balbutiants.

 

VI/ Reconnaître le harcèlement scolaire

Ce n’est pas chose aisée, même pour les professionnels. Donc un message pour les parents qui n’ont pas vu tout de suite que leur enfant se faisait harceler: vous n’êtes pas coupables. Seul l’agresseur est coupable.

Signes d’alerte

  • tristesse.
  • survenue des complications (voir plus haut).
  • évitement voire refus de l’école.
  • troubles du comportement.
  • impulsivité, irritabilité.
  • chute des résultats scolaires.
  • épuisement.
  • troubles du sommeil, notamment hypersomnie, qui est une fuite.
  • scarifications.
  • isolement social, absence d’amis.
  • attitude posturale de victime: épaules voûtées, tête basse, refus de regarder les gens dans les yeux…

 

Venir au cabinet à Paris

9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094

  • Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
  • RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
  • Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).

Fait à Paris 16 par un psychiatre et un pédopsychiatre.

Références

(1) https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045287658

Numéros utiles et associations

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F31985

La victime, les parents ou les professionnels peuvent prendre contact avec les organismes suivants :

Où s’adresser ?
  • Non au harcèlement

    Accueil des jeunes ou des parents, victimes ou témoins de harcèlement à l’école

    Par téléphone

    3020

    Service ouvert tout au long de l’année du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h, sauf les jours fériés

    Numéro vert : appel et service gratuit, depuis un téléphone fixe ou mobile

  • Numéro national pour les victimes de violences numériques

    Pour poser vos questions de façon anonyme et confidentielle sur le harcèlement en ligne (cyber-harcèlement).

    Par téléphone

    3018

    Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h

    Appel gratuit et anonyme

    Site internet

    e-enfance.org

  • 116 006 – Numéro d’aide aux victimes

    Écoute, informe et conseille les victimes d’infractions ainsi que leurs proches.

    Par téléphone

    116 006

    Appel gratuit

    Ouvert 7 jours sur 7 de 9h à 19h

    Le service est également accessible en composant le +33 (0)1 80 52 33 76 (numéro à tarification normale).

    Par courriel

    victimes@france-victimes.fr