Troubles du sommeil
Les troubles du sommeil sont très fréquents. Non seulement ils peuvent prendre de nombreuses formes, mais ils peuvent révéler de nombreuses pathologies. Enfin, ils peuvent entrainer des conséquences regrettables. En conséquence, il est essentiel de les prendre au sérieux. Cette page vise à expliquer la conduite à tenir face à ces troubles. Vous pouvez aussi consulter ici le dossier traitant des généralités sur le sommeil et les règles de base d’un bon sommeil.
L’essentiel:
- Chercher un diagnostic global derrière les troubles du sommeil.
- Le diagnostic doit être posé par un médecin/psychiatre afin d’organiser la stratégie thérapeutique.
- Ils peuvent révéler une maladie physique.
- La Thérapie Interpersonnelle (TIP) notamment la TIPARS et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) sont à privilégier dans les troubles du sommeil.
Insomnie
L’insomnie se caractérise par la sensation de ne pas avoir bien dormi, due à :
- des difficultés pour s’endormir ;
- et/ou un ou plusieurs réveils durant la nuit ;
- et/ou un lever trop matinal le matin.
Ces perturbations nocturnes donnent l’impression d’un sommeil peu réparateur et fatigant, impactant ainsi la qualité de la journée suivante, entraînant fatigue, somnolence diurne, nervosité, ainsi que des problèmes de concentration et de mémoire. . . L’insomnie affecte donc non seulement la nuit, mais également les journées.
Temporalité
Elle peut être momentanée et sporadique, provoquée par un événement stressant (décès, contrariété, maladie passagère, bruit ambiant. . . ) ou parfois être plus persistante.
On évoque l’insomnie chronique lorsque les symptômes surviennent plus de trois fois par semaine, pendant plus de trois mois.
Terrain
L’insomnie est un souci fréquent chez les adultes, bien que des problèmes de sommeil puissent également être observés chez les enfants.
Plus de la moitié des cas d’insomnie sont causés par le stress, l’anxiété et la dépression.
Des événements de vie, qu’ils soient positifs ou négatifs, recherchés ou subis (mariage, divorce, changement d’emploi, perte d’emploi, etc. ) peuvent être à l’origine d’insomnies. Dans ces situations, l’insomnie est souvent temporaire.
Cependant, après des périodes difficiles, il arrive que le retour à un sommeil normal ne se fasse pas, même lorsque la cause a disparu ou s’est éloignée. L’insomnie peut devenir chronique et être considérée comme un trouble à part entière.
Les troubles du sommeil les plus fréquents
Les éléments ci-dessous ne sont pas des diagnostics médicaux. Derrière ces troubles, il faut poser un diagnostic médical.
Insomnie d’endormissement
Il s’agit d’une difficulté à s’endormir le soir. C’est l’un des problèmes dont nous nous plaignons le plus souvent. Toutefois, on ne parlera d’insomnie d’endormissement que si le temps mis pour trouver le sommeil excède 30 minutes à compter du moment où nous sommes en position adéquate pour dormir (pas de bruit, au calme, lumière éteinte). Cela arrive ponctuellement à tout le monde. On commencera à inquiéter si elle survient régulièrement sur de longues périodes de plusieurs mois, constituant progressivement une gêne pour la personne.
Réveils nocturnes multiples
C’est le fait de se réveiller dans la nuit après s’être endormi et de rester éveillé avant de se rendormir. Problème très courant, il n’est généralement pas pathologique. Il faut s’en préoccuper lorsqu’ils surviennent fréquemment sur une période de plusieurs mois.
Réveils précoces
On parle de réveils précoces quand on se réveille bien avant l’heure escomptée sans parvenir à se rendormir. De même, ce phénomène très courant existe chez tout un chacun, et ne constitue un problème que s’ils se répètent souvent pendant plusieurs mois ou commence à être mal vécus.
Hypersomnie
Tendance à dormir davantage qu’à l’accoutumé.
Fatigue au réveil
Somnolence diurne
Il s’agit d’une somnolence survenant de jour. Anodine en soi, elle peut avoir des complications graves. Ainsi, on citera: accidents de la route, accidents du travail… On peut évaluer la somnolence diurne grâce au test d’Epworth.
Anxiété nocturne
Angoisse survenant la nuit, réveillant parfois la personne.
A noter
Il est important de bien comprendre que ces troubles très fréquents apparaissent chez tout le monde en fonction du contexte. Ainsi, qui n’a pas connu une insomnie la veille d’un événement important comme le baccalauréat par exemple? Le sommeil est un paramètre très influençable en fonction des circonstances de vie. Généralement, on y prête peu attention, car on s’intéresse avant tout à ce que l’on fait en état d’éveil. C’est oublier qu’une bonne qualité d’éveil n’est possible que par une bonne qualité de sommeil. La plupart du temps aucune maladie n’est responsable des troubles, qui ne tiennent qu’à une mauvaise hygiène de vie, des croyances inappropriées sur le sommeil, facilement améliorables. Toutefois, dans une minorité des cas, ces troubles peuvent être l’indice d’une pathologie dont les répercussions sur le sommeil ne sont qu’une manifestations parmi d’autres.
La typologie des troubles varie aussi en fonction du type de cause. Ainsi, dans le TSPT le sommeil est perturbé par les phénomènes intrusifs tels que les cauchemars, avec des réveils secondaires et une diminution du temps de sommeil. Il peut aussi exister une anticipation anxieuse, la peur d’un sommeil intrusé, entrapinant un évitement du sommeil conduisant à une réduction du temps de sommeil.
A contrario, dans la dépression, le temps de sommeil global peut être réduit ou allongé. Des phénomènes de ruminations anxieuses parasitent la qualité et la quantité de sommeil.
Liens vers des articles grand public
- Interview par Alexandra Tizio, sujet sur l’anxiété nocturne.
Autres troubles du sommeil
Outre ces perturbations du sommeil qui sont fréquentes et généralement anodines, il existe des troubles qui doivent faire consulter un spécialiste beaucoup plus rapidement. Il s’agit par exemple de:
– l’insomnie sans fatigue: si le temps de sommeil se réduit beaucoup par exemple à d’habitude, par exemple à 4 heures par nuit pendant plusieurs jours sans ressenti de fatigue, voire un sentiment d’aisance inhabituel.
– l’endormissement brusque et spontané, imprévisible
– l’existence d’hallucinations à l’endormissement ou au réveil
– l’inversion du cycle veille-sommeil: le fait de dormir la journée et vivre éveillé et actif la nuit (hors causes professionnelles ou raisonnables)
D’autres troubles peuvent se manifester pendant le sommeil et peuvent coexister avec l’insomnie :
- troubles respiratoires durant le sommeil (syndrome d’apnées obstructives, problèmes de ventilation…) ;
- troubles moteurs pendant le sommeil (syndrome des jambes sans repos, mouvements périodiques des jambes…) ;
- maladies du sommeil causant une somnolence excessive durant la journée (hypersomnie, narcolepsie) ;
- perturbations du cycle veille/sommeil ;
- parasomnies (somnambulisme, cauchemars, terreurs nocturnes, bruxisme. . . ) qui sont plus communs chez les enfants.
Dans ces cas-là, il est souhaitable de consulter un médecin. Les Thérapies interpersonnelles (TIP) s’intéressent particulièrement au sommeil avec l’aménagement des rythmes sociaux.
Causes
Les troubles du sommeil sont en général un symptôme d’une pathologie. Il convient donc de rechercher un diagnostic sous-jacent. Évidemment, chaque cause ne peut pas forcément entraîner tous les types de troubles du sommeil.
Substances
L’alcool (1) et les drogues (cocaïne…) entraînent très facilement des perturbations du sommeil
Mode de vie
Sans même entrer dans la pathologie, les mauvaises règles ou habitudes hygiéno-diététiques sont des causes très fréquentes de troubles du sommeil. La dépendance aux écrans, au téléphone, et les pollutions sonore et visuelle peuvent également en être responsables. Une forte ingestion de substances stimulantes (comme le thé et les boissons contenant de la caféine. . . ) ou un dîner trop consistant le soir nuisent à l’endormissement.
Pathologies psychiatriques
Mais un grand nombre de pathologies peuvent aussi les entraîner . Ci-dessous, quelques exemples non exhaustifs:
Les troubles anxieux, la tristesse, la dépression sont des causes psychiques fréquentes. Le burn-out également. Il faut aussi penser au TDAH (Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité).
Les causes physiques doivent cependant systématiquement être recherchée, d’où la nécessité de consulter un psychiatre, qui est médecin, avant toute prise en charge des troubles du sommeil. En effet, seul un médecin est habilité à poser un diagnostic.
Maladies physiques
Citons par exemple les troubles endocriniens (hypothyroïdie, syndrome de Cushing…), les infections, les maladies inflammatoires, les douleurs chroniques…
Enfin, il peut exister des pathologies du sommeil, dont la plus fréquente est bien sûr le syndrome d’apnées du sommeil.
Covid et sommeil
Une étude publiée dans « The Lancet Public Health ». (2) montre que:
- chez les patients non hospitalisés, la prévalence à 16 mois des troubles du sommeil (29,4 % contre 23,8 %) était plus élevée chez les patients Covid+ que chez les témoins.
- à 16 mois, le surcroît de prévalence s’élève à 26 % pour les troubles du sommeil.
Pathologies du sommeil
La liste est longue. Nous ne citerons que quelques-unes des maladies les plus connues.
- Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), anciennement connu sous le nom de Syndrome d’apnées du sommeil. Il est tellement sous-diagnostiqué que 7 patients sur 10 ignorent qu’ils en sont atteints. On estime qu’il toucherait 3 millions de personnes, en France dont plus de 2 millions ne le sauraient donc pas. Il se manifeste notamment par des somnolences diurnes. Le traitement est la pression positive continue. Les personnes souffrant d’apnées du sommeil, présentent un risque d’accident de la route 5 fois plus élevé que la population générale.
- Narcolepsie
Complications des troubles du sommeil
Les études montrent qu’il existent une surreprésentation des pathologies suivantes : (liste non exhaustive)
Troubles physiques
- obésité
- diabète
- pathologies cardio-vasculaires…
Troubles psychiques
- troubles anxieux (qui peuvent donc être cause et conséquence des troubles du sommeil)
- impulsivité, irritabilité
- dépression…
Sommeil du bébé et du nouveau-né
Avant la naissance
Dans la journée, la maman bouge ce qui entraîne des stimulations incompréhensibles pour le fœtus, qui réagit par l’évitement. A cet âge, l’évitement, cela veut dire le sommeil. Le soir, quand la femme enceinte se détend, les stimulations diminuent, et l’enfant peut se permettre de se réveiller et se mouvoir. Son rythme jour-nuit se cale donc pendant 9 mois sur dormir le jour et se réveiller la nuit.
Mais après la naissance
Tout est chamboulé: multiples stimulations, on le passe de bras en bras, on l’examine, les bruits, les odeurs et la lumière l’assaillent, et pire que tout il connaît la faim, le froid, et il faut même respirer! A nouveau, le bébé réagit par son mécanisme de défense préféré: l’évitement… il dort donc quand il y a de l’activité. Et comme les adultes sont actifs le jour, le nouveau-né dort le jour.
Bien sûr, il va peu à peu réguler son rythme veille-sommeil… Cela prend 3 mois au maximum après la naissance. Ce qui ne veut pas dire que le sommeil ne peut pas être perturbé après… Cela veut dire que des troubles après 3 mois de vie ne peuvent qu’exceptionnellement être attribués à une atteinte des mécanismes fondamentaux du sommeil. Si trouble il y a après 3 mois, ce ne sont pas ces mécanismes qui dysfonctionnaient, mais autre chose.
Traitement
En effet, la prise en charge des troubles du sommeil va d’abord être celle de la pathologie causale. Le préalable est donc de poser le diagnostic, ce qui est le travail du médecin, notamment psychiatre.
Une fois ce diagnostic posé, ou si les troubles du sommeil sont isolés, il convient de les traiter. Toutefois, leur traitement diffère selon leur type. Ainsi, on ne traite pas de la même façon une insomnie d’endormissement ou un réveil précoce.
La traitement est avant tout psychothérapique, et éventuellement médicamenteux.
Psychothérapies sur le sommeil
La TCC et la TIP sont à privilégier.
Ainsi, le thérapeute mènera un travail d’éducation thérapeutique portant sur les règles hygiéno-diététiques favorisant un bon sommeil. Elles s’inspirent des travaux sur la chronobiologie.
Notamment le thérapeute s’intéressera aux zeitgebers, c’est à dire tous les indices émanant de l’environnement qui permettent au corps de se repérer dans le temps et par conséquent de poser le rythme nycthéméral.
Il conviendra aussi de s’assurer que le patient respecte les règles de base d’un bon sommeil.
Médicaments
En fonction des cas, on utilisera plus volontiers les inducteurs de sommeil, ou ceux qui permettre de recalibrer le cycle, comme la mélatonine.
Tout dépendra du trouble du sommeil et du terrain présent chez le patient.
D’autres traitements existent. Bien entendu, ils varient en fonction du diagnostic présent. On confiera leur prescription à des psychiatres spécialistes des troubles du sommeil. Ils sont nombreux et nous ne les développerons pas ici.
Autres investigations
Selon le diagnostic envisagé, d’autres explorations peuvent s’avérer indispensables.
Par exemple, dans le cas d’un syndrome d’apnées du sommeil, on prescrira une polysomnographie.
Venir au cabinet
9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094
- Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
- RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
- Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).
Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
Bibliographie
(1) Ebrahim IO, Shapiro CM, Williams AJ, Fenwick PB. Alcohol and sleep I: effects on normal sleep. Alcohol Clin Exp Res. avr 2013;37(4):539‑49.
(2) Acute COVID-19 severity and mental health morbidity trajectories in patient populations of six nations: an observational study, March 14, 2022DOI:https://doi.org/10.1016/S2468-2667(22)00042-1
Auteur
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Au cabinet: 9 rue Troyon 75017 Paris
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