Bore-out: de quoi s’agit-il? Comment réagir?
Vous voulez en savoir plus sur bore-out? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face au bore-out.
Rédacteur: Dr Nicolas Neveux,
Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com
Sources:
Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod;
Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- Le bore-out est un syndrome d’épuisement professionnel lié à l’ennui chronique au travail
- Il peut être un symptôme de pathologies associées (troubles anxieux, dépression, troubles de l’adaptation)
- Un médecin ou un psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge
- La Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) est le traitement indiqué en première intention
Le bore-out, ou syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui, désigne un état de souffrance psychique lié à un manque chronique de stimulation, de sens et de défis dans le cadre professionnel. Contrairement au burn-out, qui résulte d’un excès de travail et de stress, le bore-out survient lorsque l’individu se sent sous-employé, inutile, ou confronté à des tâches répétitives et dénuées de sens.
Origine du concept
Le terme « bore-out » a été popularisé en 2007 par deux consultants suisses, Peter Werder et Philippe Rothlin, dans leur ouvrage Diagnose Boreout. Ils y décrivent un phénomène souvent tabou : l’ennui au travail, ses conséquences sur la santé mentale, et son impact sur la productivité. Selon eux, le bore-out est une forme de « stress négatif », où l’absence de stimulation engendre une détresse psychologique comparable à celle du surmenage.
Mécanismes psychologiques
Le bore-out s’inscrit dans le cadre des troubles de l’adaptation (CIM-11, OMS) et peut évoluer vers des syndromes dépressifs ou anxieux. Plusieurs mécanismes expliquent son émergence :
• Désengagement progressif : l’absence de défis conduit à une perte de motivation et d’intérêt pour le travail.
• Sentiment d’inutilité : l’individu doute de sa valeur professionnelle, ce qui peut altérer son estime de soi.
• Rumination mentale : l’ennui favorise les pensées négatives répétitives, augmentant le risque de dépression.
Exemple clinique
Mme L., 42 ans, cadre dans une grande entreprise, consulte pour un état dépressif. Elle décrit son poste comme « vide de sens » depuis une réorganisation : ses missions ont été réduites à des tâches administratives répétitives. Elle passe ses journées à « regarder l’horloge », se sent « inutile », et a développé des insomnies et une irritabilité marquée. Le diagnostic de bore-out est posé, associé à un épisode dépressif léger.
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Symptômes du bore-out : comment le reconnaître ?
style= »color: blue; »>Le bore-out se manifeste par des signes physiques, émotionnels et comportementaux, souvent insidieux. Une prise de conscience précoce permet d’éviter une aggravation vers la dépression ou l’anxiété généralisée.
Symptômes émotionnels et cognitifs
• Sentiment de vide : impression de « tourner en rond », absence de satisfaction professionnelle.
• Démotivation : perte d’intérêt pour les projets, procrastination.
• Anxiété : peur de l’échec, rumination sur l’inutilité de son travail.
• Irritabilité : frustration, colère envers soi-même ou l’environnement professionnel.
Symptômes physiques
• Fatigue chronique : même après une nuit de sommeil, la personne se réveille épuisée.
• Troubles du sommeil : insomnies, réveils nocturnes.
• Douleurs somatiques : maux de tête, tensions musculaires, troubles digestifs.
Symptômes comportementaux
• Absentéisme : arrêts maladie répétés, retards.
• Désinvestissement : réduction des interactions sociales au travail.
• Addictions : augmentation de la consommation de café, tabac, alcool, ou écrans.
Exemple clinique
M. T., 35 ans, informaticien, consulte pour des crises d’angoisse. Il explique que son poste, autrefois stimulant, est devenu « une routine sans fin » depuis que son entreprise a externalisé les projets innovants. Il passe ses journées à corriger des bugs mineurs, se sent « comme un robot », et a commencé à boire deux verres de vin chaque soir pour « décompresser ». L’évaluation révèle un bore-out avec des traits anxieux.
Causes et facteurs de risque du bore-out
Le bore-out ne survient pas par hasard. Plusieurs facteurs organisationnels et individuels favorisent son apparition.
Facteurs organisationnels
• Sous-emploi : réduction des missions, manque de diversité des tâches.
• Manque de reconnaissance : absence de feedback, sentiment d’être invisible.
• Environnement rigide : hiérarchie figée, peu d’autonomie.
• Travail répétitif : tâches monotones, absence de défis intellectuels.
Facteurs individuels
• Besoin de stimulation : les personnes à haut potentiel ou créatives sont plus vulnérables.
• Attentes professionnelles élevées : déception face à la réalité du poste.
• Difficulté à exprimer ses besoins : peur de passer pour « capricieux » ou « peu impliqué ».
Exemple clinique
Mme R., 28 ans, jeune diplômée en marketing, a accepté un poste dans une PME en espérant y développer des stratégies innovantes. Elle se retrouve à gérer des bases de données et à classer des dossiers. Après six mois, elle présente des symptômes de bore-out : perte de confiance en elle, pleurs fréquents, et une envie de démissionner. L’analyse révèle un décalage entre ses attentes et la réalité du poste.
Conséquences du bore-out sur la santé
Ignorer un bore-out peut avoir des répercussions graves sur la santé mentale et physique.
Impact psychologique
• Dépression : le bore-out est un facteur de risque d’épisodes dépressifs majeurs.
• Anxiété généralisée : peur constante de l’échec, anticipation négative.
• Troubles de l’adaptation : difficulté à s’adapter à d’autres sphères de la vie.
Impact physique
• Troubles musculo-squelettiques : liés à la sédentarité et au stress chronique.
• Maladies cardiovasculaires : l’ennui prolongé augmente le risque d’hypertension.
• Troubles immunitaires : baisse des défenses immunitaires, infections fréquentes.
Impact professionnel et social
• Baisse de productivité : erreurs, retard dans les livrables.
• Conflits relationnels : irritabilité envers les collègues ou la famille.
• Démission ou licenciement : le bore-out peut conduire à une rupture professionnelle.
Exemple clinique
M. D., 50 ans, comptable, consulte pour un syndrome dépressif sévère. Il travaille depuis 20 ans dans la même entreprise, où ses tâches n’ont jamais évolué. Il décrit un « épuisement moral », des douleurs dorsales chroniques, et une incapacité à se projeter dans l’avenir. Le bore-out, non traité, a conduit à une dépression nécessitant un arrêt maladie de plusieurs mois.
Diagnostic du bore-out : comment le distinguer du burn-out ou de la dépression ?
Le bore-out partage des symptômes avec d’autres troubles, ce qui rend son diagnostic parfois complexe. Une évaluation par un professionnel de santé est essentielle.
Différences avec le burn-out
Critère
Bore-out
Burn-out
Cause
Sous-stimulation, ennui
Surmenage, stress excessif
Symptômes
Démotivation, sentiment d’inutilité
Épuisement, cynisme, inefficacité
Comportement
Désinvestissement, absentéisme
Hyperactivité initiale, puis effondrement
Différences avec la dépression
Le bore-out peut précéder ou accompagner un épisode dépressif, mais il est souvent réversible si la situation professionnelle change. La dépression, elle, persiste même en dehors du contexte professionnel.
Exemple clinique
Mme S., 38 ans, enseignante, consulte pour une fatigue intense et une perte de plaisir. Elle explique que depuis que son établissement a supprimé les projets pédagogiques innovants, elle se sent « comme un robot ». L’évaluation révèle un bore-out avec des traits dépressifs légers. Une réorientation vers un poste plus stimulant permet une amélioration rapide, confirmant le diagnostic.
Prise en charge du bore-out : solutions et traitements
La prise en charge du bore-out repose sur une approche multidimensionnelle : modification de l’environnement professionnel, thérapie, et parfois traitement médicamenteux.
Stratégies individuelles
• Auto-évaluation : identifier les sources d’ennui et les besoins non comblés.
• Recherche de sens : se former, proposer de nouvelles missions, changer de poste.
• Gestion du stress : techniques de relaxation, méditation, activité physique.
Thérapies recommandées
• Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) : pour modifier les schémas de pensée négatifs et restaurer l’estime de soi.
• Thérapie Interpersonnelle (TIP) : pour améliorer les relations professionnelles et personnelles.
• Thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) : pour clarifier ses valeurs et s’engager dans des actions alignées.
Interventions organisationnelles
• Dialogue avec la hiérarchie : exprimer ses besoins, négocier des missions plus stimulantes.
• Réorganisation du travail : diversification des tâches, participation à des projets transversaux.
• Formation et évolution : se former pour accéder à des postes plus enrichissants.
Exemple clinique
M. P., 45 ans, cadre dans une administration, souffre de bore-out depuis deux ans. Après une évaluation, il entame une TCC pour travailler sur son sentiment d’inutilité. En parallèle, il négocie avec sa hiérarchie pour intégrer une cellule d’innovation. Six mois plus tard, ses symptômes ont disparu, et il a retrouvé un équilibre professionnel.
Prévention du bore-out : conseils pour les salariés et les entreprises
La prévention du bore-out passe par une vigilance individuelle et collective.
Pour les salariés
• Écouter ses besoins : ne pas minimiser les signes d’ennui ou de démotivation.
• Communiquer : exprimer ses attentes à sa hiérarchie ou aux RH.
• Se former : développer de nouvelles compétences pour évoluer.
Pour les entreprises
• Évaluer la charge de travail : éviter la sous-utilisation des compétences.
• Favoriser l’autonomie : donner plus de responsabilités et de variété dans les tâches.
• Reconnaître les contributions : feedback régulier, valorisation des réussites.
Exemple clinique
Une entreprise de conseil a mis en place des « ateliers d’innovation » où les salariés peuvent proposer des projets. Résultat : une baisse de 30% des arrêts maladie liés au bore-out, et une augmentation de la satisfaction au travail.
Conclusion : le bore-out, un enjeu de santé publique
Le bore-out est une réalité souvent méconnue, mais ses conséquences sur la santé mentale et la productivité sont majeures. Reconnaître ses symptômes, en comprendre les causes, et agir précocement permet d’éviter une spirale de souffrance. Salariés et entreprises ont un rôle à jouer pour créer des environnements de travail stimulants et épanouissants.
Vous pensez souffrir de bore-out ? N’hésitez pas à consulter un professionnel de santé pour une évaluation personnalisée.
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Références scientifiques supplémentaires :
• Rothlin, P., & Werder, P. (2007). Diagnose Boreout. Rüegger.
• OMS (2022). Classification internationale des maladies (CIM-11).
• Seligman, M. E. P. (2011). Flourish: A Visionary New Understanding of Happiness and Well-being. Free Press.
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