Honte: reconnaître et gérer cette émotion

Vous voulez en savoir plus sur la honte? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face à la honte.

Rédacteur: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com

Sources: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.

L’essentiel:

  • Peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…)
  • Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge
  • La TCC est le traitement indiqué en première intention

Qu’est-ce que la honte ? Définition et mécanismes psychologiques

La honte est une émotion complexe, universelle et profondément ancrée dans l’expérience humaine. Contrairement à la culpabilité, qui porte sur une faute commise, la honte touche à l’image de soi-même, à la perception de sa propre valeur ou de son intégrité aux yeux des autres et de soi. Selon la psychanalyste Helen Block Lewis, la honte est « une émotion négative relative à soi, qui survient lorsque l’individu perçoit une menace pour son image sociale ou son estime personnelle ». La honte peut être déclenchée par une multitude de situations : un échec, une humiliation publique, une transgression de normes sociales, ou même l’anticipation d’un jugement négatif. Elle se manifeste par des réactions physiques (rougissement, baisse du regard, posture recroquevillée) et psychologiques (envie de disparaître, sentiment d’indignité, rumination). Exemple clinique : Sophie, 32 ans, consulte pour des crises d’angoisse. Elle décrit une honte intense chaque fois qu’elle doit parler en réunion, craignant que ses collègues ne la jugent incompétente. Cette peur, bien qu’irrationnelle, la paralyse et l’empêche de progresser professionnellement. Son cas illustre comment la honte, lorsqu’elle devient chronique, peut se transformer en un véritable handicap social.

Les différents visages de la honte : de la petite honte à la grande honte

Les spécialistes distinguent généralement deux formes de honte : la « petite honte » et la « grande honte ». – La petite honte est passagère, souvent liée à une situation précise (une bourde, un oubli). Elle joue un rôle socialisant, incitant l’individu à respecter les normes du groupe. Elle est généralement bien tolérée et ne laisse pas de traces durables.
– La grande honte, en revanche, est disruptive, anéantissante. Elle peut persister bien après l’événement déclencheur, s’installant comme un sentiment d’indignité intériorisé. Cette forme de honte est souvent associée à des traumatismes, des abus, ou des situations d’humiliation répétées. Exemple clinique : Marc, 45 ans, a été victime de harcèlement scolaire dans son enfance. Aujourd’hui, il évite tout contact social, persuadé que les autres perçoivent en lui une faiblesse ou une infériorité. Sa honte, devenue chronique, a évolué vers un trouble de la personnalité évitante, nécessitant une prise en charge spécialisée.

Mécanismes psychologiques et neurosciences de la honte

Les neurosciences ont montré que la honte active des zones cérébrales similaires à celles impliquées dans la douleur physique, notamment le cortex cingulaire antérieur et l’insula. Ces régions sont associées à la perception de la souffrance, qu’elle soit physique ou émotionnelle. Ainsi, la honte « fait mal » au sens littéral, ce qui explique son caractère souvent insupportable. Sur le plan psychologique, la honte peut déclencher des mécanismes de défense variés :
– Le déni : refuser de reconnaître la réalité honteuse.
– La projection : attribuer à autrui ses propres sentiments de honte.
– L’isolement : fuir les situations sociales pour éviter tout risque d’humiliation. Exemple clinique : Après un échec professionnel, Thomas a développé une dépendance à l’alcool pour « anesthésier » sa honte. Son cas montre comment une émotion non traitée peut conduire à des comportements d’évitement ou d’autodestruction.

Conséquences psychologiques et physiques de la honte

La honte chronique a des répercussions majeures sur la santé mentale et physique :
– Troubles anxieux (phobie sociale, TOC)
– Dépression (sentiment d’indignité, rumination, idées suicidaires)
– Troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie)
– Somatisations (douleurs chroniques, troubles digestifs, insomnies)
– Troubles de la personnalité (état limite, personnalité évitante) Exemple clinique : Claire, 28 ans, souffre de troubles alimentaires depuis l’adolescence. Elle explique que sa honte de ne pas correspondre aux standards de beauté l’a poussée à se « punir » en contrôlant strictement son alimentation, puis à développer des crises de boulimie. La prise en charge a révélé un lien direct entre sa honte et ses symptômes.

Honte et pathologies psychiatriques

La honte est un symptôme central dans de nombreuses pathologies :
– Phobie sociale : peur intense du jugement, évitement des interactions.
– Trouble de stress post-traumatique (TSPT) : honte liée à l’impuissance ressentie lors du trauma.
– Trouble bipolaire : honte des épisodes maniaques ou dépressifs, culpabilité vis-à-vis de l’entourage.
– Dépression : la honte y est souvent associée à un sentiment d’échec global. Exemple clinique : Après un viol, Élodie a développé un TSPT. Sa honte de ne pas avoir « su se défendre » l’a plongée dans une dépression sévère, nécessitant une hospitalisation et une thérapie spécialisée.

Prise en charge thérapeutique de la honte

La honte, surtout lorsqu’elle est pathologique, nécessite une prise en charge adaptée. Plusieurs approches sont efficaces : 1. Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) : travail sur les pensées automatiques (« Je suis nul »), exposition progressive aux situations redoutées, restructuration cognitive.
2. Thérapie Interpersonnelle (TIP) : exploration des relations passées et présentes, identification des schémas relationnels source de honte.
3. Thérapies centrées sur la compassion : développement de l’autocompassion pour contrer l’autocritique.
4. Approches groupales : partage d’expériences pour briser l’isolement et normaliser l’émotion. Exemple clinique : Après un burn-out, Julien a suivi une TCC. Le travail sur ses croyances (« Je ne mérite pas mon poste ») et l’exposition progressive aux situations professionnelles ont permis une réduction significative de sa honte et une reprise du travail.

Comment aider un proche qui souffre de honte ?

– Écouter sans juger : la honte se nourrit du silence. Offrir un espace d’expression bienveillant est crucial.
– Normaliser l’émotion : rappeler que la honte est une réaction humaine, pas une faiblesse.
– Encourager la consultation : orienter vers un professionnel (psychiatre, psychologue) si la honte persiste ou handicape le quotidien.
– Éviter les minimisations : des phrases comme « Ce n’est rien » peuvent renforcer le sentiment d’incompréhension.

Épidémiologie chez l’enfant et l’adolescent

Chez l’enfant, la honte peut survenir dès le plus jeune âge, souvent liée à des attentes parentales ou scolaires trop élevées. Les adolescents sont particulièrement vulnérables, la honte étant un moteur puissant de conformisme ou, à l’inverse, de rébellion. Exemple clinique : Lucas, 14 ans, a développé une phobie scolaire après avoir été humilié par un professeur. Sa honte de « ne pas être à la hauteur » a conduit à un décrochage, nécessitant un accompagnement psychologique et scolaire.

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« ` Références et sources scientifiques :
– Gaulejac, V. (1996). La grande honte en abyme. Annales Médico-psychologiques.
– Lewis, H. B. (1971). Shame and Guilt in Neurosis.
– Cyrulnik, B. (2010). Mourir de dire : La honte. Odile Jacob.
– Dearing, R. L., & Tangney, J. P. (2011). Shame and Psychopathology. Guilford Press.
– Quirion, R. (2025). La honte comme régulateur social. Québec Science.
– Tisseron, S. (1992). Les cliniques transindividuelles et la honte. Annales Médico-psychologiques. —
Pour aller plus loin :
– [Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP)](https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/pratiquer-tip-therapie-interpersonnelle-0)
– [Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle](https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/prendre-en-charge-depression-avec-therapie-interpersonnelle-8-cas) —
Vous reconnaissez-vous dans ces descriptions ? Souhaitez-vous en parler avec un professionnel ? La honte, bien que douloureuse, peut être surmontée avec un accompagnement adapté. N’hésitez pas à prendre rendez-vous pour en discuter.


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