Hypochondrie

Vous voulez en savoir plus sur l’hypochondrie? Vous êtes sur la bonne page. Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires savoir comment la reconnaître et la traiter.

 

Rédacteur « hypochondrie »: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), mail: dr.neveux@gmail.com

L’essentiel:

  • L’hypochondrie existe notamment dans les troubles anxieux
  • Le médecin, idéalement psychiatre, pose le diagnostic afin d’organiser la stratégie thérapeutique.
  • Le traitement peut être psychothérapique, médicamenteux (antidépresseurs) ou inclure d’autres abords, selon le diagnostic sous-jacent.
  • La Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) est à privilégier.

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Généralités sur l’hypochondrie

L’hypochondrie, également appelée « peur maladive des maladies », se caractérise par une inquiétude excessive persistante quant à la possibilité d’être atteint d’une maladie grave, sans preuves médicales justifiant ces peurs. Il ne s’agit pas de simples précautions, mais d’une fixation souvent envahissante sur des sensations corporelles interprétées à tort comme la manifestation de pathologies sévères.On comprend cette anxiété comme la conséquence d’un filtre attentionnel focalisé sur les moindres sensations, d’une amplification des perceptions et d’une interprétation catastrophique. Ainsi, le patient peut consulter plusieurs spécialistes, multiplier les examens, consulter compulsivement sur internet, échapper à toute forme de tranquillité psychique ou médicale.

Épidémiologie et facteurs de risque

Selon les estimations, l’hypochondrie (ou trouble à symptomatologie somatique et apparentés dans le DSM‑5) affecte 1 à 5 % de la population générale, et jusqu’à 2 à 7 % des patients en consultation de médecine générale. Les données sont concordantes sur l’absence de différence sexe : hommes et femmes sont touchés de manière égale.

Plus globalement, très nombreux sont les patients présentant des craintes excessives liées à la santé : environ 20 % souffrent d’anxiété liée à la santé, et plus de 50 % consultent pour des symptômes médicaux non expliqués.

Facteurs de risque identifiés :

  • antécédents de maladie grave infantile ou familiale ;
  • stress psychosocial (ex. décès d’un proche) ;
  • exposition à des maladies graves dans l’enfance ;
  • éducation anxiogène et modèles familiaux d’hyperprotection.

Symptomatologie clinique

1. Interprétation erronée des sensations corporelles

Le patient s’inquiète à partir d’une sensation banale (toux, palpitations, fatigue) qu’il juge pathologique. Exemples : « Mon cœur fatigue » à la suite de battements cardiaques renforcés ; « veines douloureuses » interprétées comme symptôme vasculaire.

2. Anxiété liée à la santé

Cette anxiété s’inscrit sur un continuum : de la prudence normale à une obsession rigidifiée qui altère la vie quotidienne. On parle de health anxiety ou anxiété pathologique de la santé. Des pensées obsédantes accompagnent le patient soit constamment, soit dès qu’il détecte ce qu’il croit être le symptôme d’une maladie.

Malgré toutes ses tentatives de réassurance, aucune ne parvient à le rassurer d’une façon satisfaisante.

3. Comportements associés

  • recherches d’informations médicales ou internet (cybercondrie) ;
  • quête excessive de réassurance (consultations répétées, examens) ;
  • évitement de situations perçues comme dangereuses ;
  • attitudes d’évitement social ou professionnel.

Pendant la pandémie de Covid-19, certains sujets présentant de la cybercondrie associaient chaque toux ou souffle court à une contamination, bien que non pathologique.

Les personnes hypochondriaques présentent souvent une errance sur internet, où, sous couvert de chercher de l’information, elles vont ignorer les informations rassurantes et ne retenir que ce qui confirme leur scénario catastrophe: les éléments les plus inquiétants.

Psychopathologie et nosographie

Historiquement, l’hypochondrie remonte à Hippocrate, signifiant « sous les côtes », et a longtemps intégré la mélancolie. Le terme a évolué : le DSM‑5 de 2013 l’a exclu comme diagnostic autonome mais l’a remplacé par deux catégories :

  • trouble à symptomatologie somatique, si des symptômes sont présents ;
  • crainte excessive d’avoir une maladie, si les symptômes sont mineurs ou absents.

Ces diagnostics figurent sous la rubrique « troubles à symptomatologie somatique et apparentés ». Certains cliniciens considèrent néanmoins l’hypochondrie plus proche des troubles anxieux. C’est notamment un thème courant des troubles anxieux, ou des TOCs.

Diagnostics différentiels et comorbidités

A. Affections médicales : Il faut systématiquement éliminer toute maladie organique, neurologique ou endocrinienne pouvant expliquer les symptômes.

B. Troubles psychiatriques associés :

  • Dépression majeure : l’hypocondrie peut ponctuer un épisode dépressif, surtout chez les personnes âgées.
  • Trouble anxieux généralisé : l’angoisse n’est pas limitée à la santé.
  • Trouble obsessionnel compulsif : présence d’obsessions ou de rituels spécifiques (ex. lavage, vérification médicale).
  • Troubles psychosomatiques : syndrome de conversion, somatisation.
  • Troubles psychotiques : délire somatique (ex. syndrome de Cotard).
  • Troubles de la personnalité : paranoïaque, narcissique, etc.

Le diagnostic fiable s’appuie sur l’usage d’échelles comme l’Index de Whiteley, SHAI ou H‑YBOCS.

Complications et retentissements

  • Surmédicalisation : examens inutiles, hospitalisations, iatrogénie.
  • Perte de productivité : absentéisme, difficulté au travail.
  • Isolement social : peur de sortir, évitement de contacts perçus à risque.
  • Altération de la qualité de vie : anxiété chronique, trouble du sommeil, irritabilité.
  • Comorbidités psychiatriques : dépression, troubles anxieux, même somatiques.

Gestion et traitements

1. Relation thérapeutique & psychoéducation

Créer une relation empathique, fondée sur la confiance, avec objectifs réalistes (réduction de la souffrance, non guérison absolue). Reconnaître la légitimité de l’inquiétude, tout en explicitant l’absence de maladie organique. Encourager une tolérance accrue à l’incertitude.

2. Psychothérapie (TCC)

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) vise à déconstruire les biais cognitifs (surinterprétation, catastrophisation), réduire les comportements liés à la santé, renforcer les stratégies d’adaptation face à l’incertitude. Les résultats sont robustes et durables. Elle a prouvé son efficacité dans cette indication.

Le travail fondamental consiste à

  • amener le patient à accepter un risque et non pas s’enfermer dans la quête désespérée du risque 0.
  • évaluer correctement le risque et les conséquences, en démontant les biais cognitifs.
  • refuser les comportements qui ne sont pas sous-tendus par une démarche rationnelle.

3. Approches pharmacologiques

ISRS (ex. sertraline, fluoxétine) : utiles en cas de comorbidité anxieuse ou dépressive. Tricycliques (ex. clomipramine) aussi parfois employés. Toujours en complément d’une approche psychothérapeutique.

4. Gestion de la cybercondrie

Limiter l’accès à internet médical, éduquer aux biais de confirmation, encadrer les recherches symptomatiques en ligne. Prendre en compte les angoisses post-Covid liées à la santé.

Exemples cliniques

1. Mme D., 45 ans

Se plaint de douleurs thoraciques intermittentes. Examens normaux. Elle consulte plusieurs médecins, puis plonge dans la peur d’avoir un cancer. En TCC, elle apprend à repérer ses pensées catastrophiques et à vérifier les données médicales. Après 12 séances, elle retrouve plus d’autonomie.

2. M. L., 60 ans

Morosité chronique. Chaque symptôme (ex. fatigue) réactivait la peur d’un Parkinson. Examens négatifs. Diagnostic : dépression avec hypocondrie secondaire. Traitement par ISRS, suivi en TCC. Retour progressif à une vie sociale normale.

3. Adolescente, 12 ans

Symptômes de santé anxieuse dès 5 ans, renforcés par une mère très inquiète. Les troubles s’installent durablement. Un suivi familial permet de désamorcer les craintes dès l’enfance.

Conclusion

L’hypochondrie est un trouble d’anxiété complexe, potentiellement invalidant. Sa prise en charge repose sur : 1) une relation empathique et une psychoéducation, 2) une thérapie TCC, 3) un traitement pharmacologique éventuel, 4) une attention particulière à la cybercondrie. Détecté tôt, ce trouble peut faire l’objet d’une amélioration nette de la qualité de vie.

 

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Dr Neveux Nicolas, 9 rue Troyon, Paris; tél:  0609727094

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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.

 

 

Image par Mojca-Peter


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