Gérer la séparation avec son conjoint
Vous voulez en savoir comment mieux vivre la séparation avec son conjoint? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour rendre cette épreuve moins pénible.
Rédacteur: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com
Sources: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- La séparation peut être un facteur de stress majeur, parfois associé à des pathologies (troubles anxieux, dépression…)
- Un médecin/psychiatre doit évaluer la situation et proposer une prise en charge adaptée
- La TCC et la thérapie interpersonnelle sont des approches validées
Gérer la séparation avec son conjoint : comprendre les enjeux psychologiques
La séparation amoureuse est l’une des épreuves les plus difficiles à traverser dans une vie. Qu’elle soit choisie ou subie, elle s’accompagne souvent d’un bouleversement émotionnel, social et parfois identitaire. En tant que psychiatre et thérapeute, j’accompagne régulièrement des patients en pleine rupture, et je constate à quel point cette expérience peut être déstabilisante, voire pathogène si elle n’est pas bien gérée.
Pourquoi la séparation est-elle si douloureuse ?
D’un point de vue psychologique, la séparation active plusieurs mécanismes cérébraux et émotionnels. Le cerveau interprète la rupture comme une perte, ce qui active les mêmes zones que la douleur physique (cortex cingulaire antérieur). Cette réaction est amplifiée si la relation était longue, fusionnelle, ou si la séparation est perçue comme injuste. Exemple clinique :
Sophie, 38 ans, consulte après 15 ans de mariage. Son mari a décidé de la quitter pour une autre femme. Elle décrit une « douleur au ventre permanente », des insomnies et une incapacité à se concentrer au travail. Lors des séances, elle exprime une colère intense, mais aussi une peur panique de ne « plus savoir qui elle est » sans lui. Son cas illustre la double souffrance : perte de l’autre et perte de soi.
Les étapes du deuil amoureux
Comme pour tout deuil, la séparation suit généralement plusieurs phases, décrites par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross :
1. Le déni : « Ce n’est pas possible, il/elle va revenir. »
2. La colère : « Comment a-t-il/elle pu me faire ça ? »
3. Le marchandage : « Si je change, peut-être qu’il/elle reviendra. »
4. La dépression : « Je n’y arriverai jamais seul(e). »
5. L’acceptation : « Je vais reconstruire ma vie. » Ces étapes ne sont pas linéaires et peuvent se chevaucher. Certaines personnes restent bloquées à une phase, notamment la colère ou la dépression, ce qui peut nécessiter un accompagnement thérapeutique.
La thérapie interpersonnelle précise également qu’une étape fondamentale est la reconnaissance de la rupture. Cette étape correspond au fait non seulement d’accepter la séparation, mais aussi de refuser de faire le moindre effort pour reconquérir son ex-conjoint.
Les impacts de la séparation sur la santé mentale
Troubles anxieux et dépressifs
Les études montrent que les personnes en situation de séparation ont un risque accru de développer des troubles anxieux ou dépressifs. Une méta-analyse publiée dans le Journal of Affective Disorders (2023) révèle que 40% des personnes divorcées présentent des symptômes dépressifs dans l’année qui suit la rupture. Exemple clinique :
Marc, 42 ans, père de deux enfants, consulte pour des crises d’angoisse après le départ de sa femme. Il décrit des palpitations, une peur de mourir, et une incapacité à prendre des décisions. L’évaluation révèle un trouble panique, directement lié à la peur de l’abandon et à la culpabilité de ne pas « avoir su garder sa famille unie ».
Troubles du sommeil et somatisation
L’insomnie, les cauchemars, les maux de tête ou les troubles digestifs sont fréquents après une séparation. Le stress chronique perturbe le système nerveux autonome, ce qui peut entraîner des symptômes physiques persistants.
Risque de conduites addictives
Certains patients utilisent l’alcool, les drogues ou les comportements à risque (jeu, achats compulsifs) pour « anesthésier » leur souffrance. Une étude de l’INSERM (2024) souligne que les hommes divorcés ont 2 fois plus de risques de développer une addiction que les hommes en couple.
Stratégies pour gérer la séparation avec son conjoint
1. Accepter ses émotions sans jugement
La première étape est de reconnaître et d’accueillir ses émotions, qu’elles soient de tristesse, de colère ou de soulagement. Les refouler ne fait qu’amplifier la souffrance à long terme. Exercice pratique :
– Tenir un journal émotionnel : noter chaque jour ce que l’on ressent, sans filtre.
– Utiliser des techniques de pleine conscience (méditation, respiration) pour observer ses émotions sans s’y identifier.
2. Rompre le contact si nécessaire
Maintenir un contact régulier avec son ex-conjoint, surtout si la relation était toxique, retarde la guérison. Les réseaux sociaux sont particulièrement néfastes : une étude de l’Université de Stanford (2023) montre que 70% des personnes qui « stalkent » leur ex sur les réseaux voient leur état dépressif s’aggraver.
Exemple clinique :
Claire, 32 ans, ne parvient pas à tourner la page. Elle avoue consulter le profil Instagram de son ex plusieurs fois par jour. Après avoir supprimé ses comptes sociaux pendant un mois, elle rapporte une diminution significative de son anxiété.
3. Reconstruire son identité
La séparation est une opportunité de se redéfinir en dehors du couple. Cela passe par :
– La redécouverte de ses passions et projets personnels.
– Le renforcement de son réseau social (amis, famille, groupes de parole).
– Une thérapie individuelle si nécessaire, pour travailler sur l’estime de soi.
4. Gérer la co-parentalité
Pour les couples avec enfants, la séparation ne signifie pas la fin de la relation parentale. Il est crucial d’établir des règles claires et respectueuses pour éviter les conflits devant les enfants. Une étude de l’Université de Harvard (2024) montre que les enfants de parents divorcés qui maintiennent une communication apaisée ont moins de risques de développer des troubles du comportement.
Quand consulter un professionnel ?
Signes d’alerte
Il est recommandé de consulter un psychiatre ou un psychologue si :
– Les symptômes dépressifs ou anxieux persistent plus de 2 mois.
– Il y a des idées noires ou des pensées suicidaires.
– La consommation d’alcool ou de drogues augmente.
– La séparation impacte gravement la vie professionnelle ou familiale.
Les approches thérapeutiques validées
– Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) : pour travailler sur les pensées automatiques négatives et les comportements dysfonctionnels.
– Thérapie Interpersonnelle (TIP) : pour améliorer la communication et gérer les conflits relationnels.
– EMDR : si la séparation réactive des traumatismes antérieurs. Exemple clinique :
Thomas, 50 ans, consulte pour une dépression sévère après son divorce. En TCC, il identifie sa croyance « Je suis un échec » et apprend à la remplacer par « Je traverse une épreuve, mais je peux rebondir ». Après 12 séances, son score de dépression (échelle HAD) passe de 22 à 8.
Témoignages et conseils de patients
« J’ai appris à me faire confiance » – Léa, 40 ans
« Après 10 ans de mariage, mon mari m’a quittée pour une collègue. J’ai cru que je n’en sortirais jamais. Grâce à la thérapie, j’ai compris que je m’étais perdue dans notre couple. Aujourd’hui, je vis seule, je voyage, et j’ai même monté mon entreprise. La séparation a été mon déclic. »
« La co-parentalité, c’est possible » – David, 35 ans
« On s’est séparés il y a 2 ans, mais on a suivi une médiation familiale. Aujourd’hui, on s’organise pour nos enfants sans conflit. Ce n’est pas facile tous les jours, mais c’est mieux que de les exposer à nos disputes. »
Conclusion : la séparation, une épreuve mais aussi une chance
Gérer la séparation avec son conjoint est un processus long et complexe, mais c’est aussi une opportunité de se reconstruire. En acceptant ses émotions, en s’entourant de soutien, et en consultant si nécessaire, il est possible de transformer cette épreuve en un nouveau départ. Rappel : Si vous traversez une séparation difficile, n’hésitez pas à consulter un professionnel. Vous n’êtes pas seul(e).
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