Le syndrome d’Asperger: reconnaître et gérer
Vous voulez en savoir plus sur le syndrome d’Asperger? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face au syndrome d’Asperger.
Rédacteur: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com
Sources: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- Peut s’accompagner de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…)
- Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge
- La TCC et la TIP sont très utile dans cette indication.
Qu’est-ce que le syndrome d’Asperger ? Définition et évolution des critères diagnostiques
Le syndrome d’Asperger est un trouble neurodéveloppemental faisant partie des troubles du spectre de l’autisme (TSA). Il se caractérise par des difficultés majeures dans les interactions sociales et la communication non verbale, associées à des intérêts restreints et des comportements répétitifs, mais sans retard de langage ni déficience intellectuelle. Historiquement, le syndrome d’Asperger a été décrit pour la première fois par le pédiatre autrichien Hans Asperger en 1944, puis intégré dans les classifications internationales (CIM-10 et DSM-IV) dans les années 1990. Cependant, depuis la publication du DSM-5 en 2013 et de la CIM-11 en 2018, le syndrome d’Asperger n’est plus considéré comme une entité distincte, mais comme une forme de TSA sans déficience intellectuelle associée. Exemple clinique :
Lucas, 12 ans, présente un langage très développé pour son âge, mais il a du mal à comprendre les blagues de ses camarades et à maintenir un échange réciproque. Il passe des heures à mémoriser les caractéristiques techniques des avions, sujet qui le passionne au point d’en parler de manière monotone et sans tenir compte de l’intérêt de son interlocuteur. Malgré ses excellentes notes en mathématiques, il est souvent isolé dans la cour de récréation. —
Causes et facteurs de risque du syndrome d’Asperger
Les causes exactes du syndrome d’Asperger restent partiellement élucidées, mais les recherches récentes s’accordent sur une origine multifactorielle, combinant des facteurs génétiques et environnementaux.
Facteurs génétiques
Les études familiales et sur les jumeaux montrent une forte héritabilité : le risque de développer un TSA est multiplié par 10 à 20 chez les frères et sœurs d’une personne déjà diagnostiquée. Plusieurs gènes, impliqués dans le développement des circuits neuronaux, ont été identifiés, bien qu’aucun gène unique ne soit responsable à lui seul du syndrome.
Facteurs environnementaux
Certains facteurs prénataux ou périnataux sont suspectés d’influencer l’apparition du syndrome, comme :
– La prise de certains médicaments pendant la grossesse
– La prématurité ou le manque d’oxygène à la naissance
– L’exposition à des perturbateurs endocriniens ou à la pollution (bien que les preuves restent limitées). Exemple clinique :
Dans une famille où le père présente des traits autistiques (difficultés sociales, intérêts très spécifiques), le fils aîné est diagnostiqué syndrome d’Asperger à 8 ans. Les parents rapportent une grossesse sans complication, mais une naissance par césarienne en urgence pour souffrance fœtale. —
Symptômes et signes cliniques du syndrome d’Asperger
Les manifestations du syndrome d’Asperger varient selon l’âge, mais certaines caractéristiques persistent tout au long de la vie.
Chez l’enfant
– Difficultés sociales : incapacité à initier ou maintenir des conversations, à comprendre les émotions d’autrui, à jouer à des jeux imaginatifs avec les pairs.
– Langage particulier : vocabulaire riche mais utilisé de manière rigide, monotone, ou hors contexte.
– Intérêts restreints : fascination pour un sujet précis (dinosaures, horaires de train, etc.), avec accumulation de connaissances encyclopédiques.
– Comportements répétitifs : routines immuables, tics, mouvements stéréotypés (battements de mains, balancements).
– Hypersensibilités sensorielles : intolérance aux bruits forts, aux textures de certains vêtements, ou aux lumières vives. Exemple clinique :
Emma, 9 ans, refuse de porter des vêtements avec des étiquettes, hurle quand la cloche de l’école sonne, et passe ses récréations à aligner des cailloux par taille. Elle parle peu, mais quand elle aborde son sujet préféré (les planètes), elle le fait avec un niveau de détail impressionnant pour son âge.
Chez l’adolescent et l’adulte
– Difficultés d’adaptation sociale : malentendus fréquents, interprétation littérale du langage, difficulté à décoder les codes sociaux implicites.
– Rigidité cognitive : résistance au changement, besoin de prévisibilité.
– Fatigue sociale : épuisement après les interactions, besoin de solitude pour « recharger les batteries ».
– Particularités sensorielles : persistance des hypersensibilités, parfois atténuées avec l’âge. Exemple clinique :
Thomas, 25 ans, ingénieur brillant, a du mal à travailler en équipe. Il interprète les remarques de ses collègues comme des critiques personnelles et s’isole pour éviter les conflits. Il porte toujours les mêmes vêtements pour éviter les irritations cutanées. —
Diagnostic et outils d’évaluation
Le diagnostic du syndrome d’Asperger repose sur une évaluation multidisciplinaire, incluant :
– Un entretien clinique approfondi (histoire développementale, difficultés actuelles)
– Des tests standardisés : ADOS-2 (Autism Diagnostic Observation Schedule) et ADI-R (Autism Diagnostic Interview-Revised)
– Une observation des comportements sociaux, communicationnels et sensoriels Diagnostic différentiel :
Il est crucial d’écarter d’autres troubles pouvant mimer le syndrome d’Asperger, comme :
– Le TDAH (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité)
– L’anxiété sociale
– La schizophrénie ou les troubles de la personnalité schizoïde
– Le haut potentiel intellectuel sans TSA. Exemple clinique :
Julien, 14 ans, est adressé pour un bilan car il présente des difficultés scolaires et un isolement. Initialement suspecté de TDAH, l’évaluation révèle en réalité un syndrome d’Asperger : ses difficultés sont liées à une incompréhension des attentes sociales et à une hypersensibilité au bruit en classe. —
Épidémiologie : prévalence et données récentes
En France, la prévalence du syndrome d’Asperger est estimée entre 0,3 et 0,7% de la population générale, soit environ 200 000 à 450 000 personnes concernées. Les garçons sont diagnostiqués 4 fois plus souvent que les filles, en partie à cause de biais diagnostiques (les filles développent davantage de stratégies de compensation). À l’échelle mondiale, on estime que 31 millions de personnes présentent un syndrome d’Asperger, diagnostiquées ou non. —
Prise en charge et accompagnement
Il n’existe pas de « guérison » au sens médical, mais un accompagnement adapté permet d’améliorer la qualité de vie et l’autonomie. Les approches recommandées incluent :
Thérapies et interventions
– Thérapie interpersonnelle: cette idéale pour aider les personnes ayant un syndrome d’Asperger à comprendre les relations interpersonnelles. Grâce à la TIP, les patients comprennent les ressorts des relations, et développent leurs capacité à comprendre les émotions, actions et intentions des autres. Cela leur permet de s’insérer dans une société dont les rouages leur échappe en grande partie du fait de leur manque de théorie de l’esprit.
– Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) : pour travailler sur les compétences sociales, la gestion des émotions et l’anxiété.
– Thérapies d’habiletés sociales : en groupe ou individuellement, pour apprendre à décoder les interactions.
– Aménagements scolaires et professionnels : temps de pause, espaces calmes, adaptations sensorielles.
– Outils numériques : applications et réalité virtuelle pour s’entraîner en situation contrôlée.
Stratégies au quotidien
– Routines structurées : pour réduire l’anxiété liée à l’imprévu.
– Environnement sensoriel adapté : limitation des stimuli stressants (bruit, lumière).
– Soutien familial et groupes de parole : pour partager les expériences et les solutions. Exemple clinique :
Sophie, 30 ans, diagnostiquée tardivement, a bénéficié d’un coaching en compétences sociales et d’aménagements au travail (bureau isolé, horaires flexibles). Elle a ainsi pu conserver son emploi et réduire son épuisement social. —
Vie quotidienne et témoignages
Vivre avec un syndrome d’Asperger implique des défis, mais aussi des forces uniques : rigueur, attention aux détails, loyauté, créativité. De nombreux adultes Asperger témoignent d’une vie épanouie, à condition d’être entourés et compris. Témoignage :
« Après mon diagnostic à 40 ans, j’ai enfin compris pourquoi j’avais toujours eu l’impression d’être ‘à côté’. Aujourd’hui, je travaille dans l’informatique, un domaine où mes compétences analytiques sont valorisées. J’ai appris à gérer mon énergie sociale et à m’entourer de personnes bienveillantes. » — Marc, développeur logiciel. —
Conclusion : vers une meilleure inclusion
Le syndrome d’Asperger, bien que complexe, n’est pas une fatalité. Grâce à un diagnostic précoce, une prise en charge adaptée et une société plus inclusive, les personnes concernées peuvent s’épanouir et contribuer pleinement à la collectivité. Vous suspectez un syndrome d’Asperger chez vous ou un proche ?
Consultez un professionnel de santé (psychiatre, pédopsychiatre, centre expert en TSA) pour une évaluation spécialisée. —
Venir au cabinet
Dr Neveux Nicolas, 9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094
- Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
Auteur
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