Le Trouble de dépersonnalisation/déréalisation: reconnaître et gérer
Vous voulez en savoir plus sur le Trouble de dépersonnalisation/déréalisation? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face au Trouble de dépersonnalisation/déréalisation.
Rédacteur « Trouble de dépersonnalisation/déréalisation »: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com;prendre rendez-vous
Sources:Sources: L’hypersensibilité chez l’adulte, Mardaga.; Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- Peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…).
- Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge.
- La TCC est le traitement indiqué en première intention.
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Qu’est-ce que le Trouble de dépersonnalisation/déréalisation ?
Le Trouble de dépersonnalisation/déréalisation (TDD) est un trouble dissociatif caractérisé par des expériences persistantes ou récurrentes de détachement de soi-même (dépersonnalisation) et/ou de son environnement (déréalisation). Ces symptômes ne sont pas dus à une autre affection médicale ou psychiatrique, ni à l’effet d’une substance, et entraînent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants de la vie quotidienne. La dépersonnalisation se manifeste par un sentiment d’irréalité ou de détachement vis-à-vis de ses propres pensées, émotions, sensations corporelles ou actions. Les personnes atteintes décrivent souvent l’impression d’être un observateur extérieur de leur propre vie, comme si elles regardaient un film dont elles seraient le personnage principal. Par exemple, un patient peut dire : « Je me vois marcher, parler, mais je n’ai pas l’impression que c’est moi. C’est comme si j’étais un robot. ». La déréalisation, quant à elle, correspond à une perception altérée de l’environnement, qui semble irréel, lointain, flou ou déformé. Les objets, les personnes ou les lieux peuvent paraître sans vie, comme dans un rêve ou derrière un voile. Un patient peut ainsi témoigner : « Tout autour de moi semble faux, comme un décor de cinéma. Les visages de mes proches me paraissent déformés, sans expression. ». Ces deux phénomènes peuvent survenir ensemble ou séparément, et leur intensité varie d’un individu à l’autre. Contrairement à d’autres troubles psychiatriques, la personne conserve une conscience intacte de la réalité : elle sait que ses perceptions sont anormales, ce qui peut générer une anxiété supplémentaire. —
Épidémiologie : qui est concerné ?
Le Trouble de dépersonnalisation/déréalisation touche environ 1 à 2 % de la population générale, sans différence significative entre hommes et femmes. Il débute le plus souvent à l’adolescence ou chez le jeune adulte, avec un âge moyen d’apparition autour de 16 ans. Seuls 5 % des cas commencent après 25 ans, et le trouble débute rarement après 40 ans. Chez l’enfant et l’adolescent, les symptômes de dépersonnalisation/déréalisation sont fréquents, mais souvent transitoires et liés à des périodes de stress intense (examens, conflits familiaux, harcèlement). Cependant, lorsque ces symptômes persistent et s’aggravent, ils peuvent indiquer un trouble sous-jacent nécessitant une prise en charge spécialisée. Par exemple, un adolescent de 15 ans, après un épisode de harcèlement scolaire, peut développer une déréalisation persistante, percevant son lycée comme un « monde irréel et hostile », avec une altération durable de sa concentration et de ses résultats scolaires. À l’âge adulte, le TDD est souvent associé à d’autres troubles psychiatriques, notamment les troubles anxieux, la dépression, le trouble bipolaire, ou le trouble de stress post-traumatique. Environ 30 à 66 % des personnes exposées à un événement traumatique (accident, agression, catastrophe) rapportent des épisodes de dépersonnalisation/déréalisation dans les jours ou semaines qui suivent. —
Causes et facteurs de risque
Les causes exactes du Trouble de dépersonnalisation/déréalisation ne sont pas encore totalement élucidées, mais plusieurs facteurs de risque ont été identifiés : 1. Facteurs psychologiques et traumatiques
– Traumatismes précoces : abus physiques, émotionnels ou sexuels, négligence, violence familiale pendant l’enfance.
– Stress aigu ou chronique : deuil, rupture, pression professionnelle, harcèlement, maladie grave.
– Événements traumatiques : accidents, agressions, catastrophes naturelles, guerre. 2. Facteurs biologiques et neurologiques
– Déséquilibres neurochimiques : anomalies dans les systèmes de la sérotonine, du glutamate ou des opioïdes endogènes.
– Altérations cérébrales : certaines études en neuro-imagerie suggèrent une implication du cortex préfrontal, de l’amygdale et du cortex pariétal dans la genèse des symptômes. 3. Facteurs environnementaux et comportementaux
– Consommation de substances : cannabis, kétamine, hallucinogènes, alcool, benzodiazépines (surtout en cas de sevrage).
– Manque de sommeil, fatigue extrême, jeûne prolongé. 4. Facteurs de vulnérabilité individuelle
– Antécédents de troubles anxieux ou dépressifs.
– Personnalité évitante ou borderline.
– Prédisposition génétique (encore à l’étude). Exemple clinique : Une jeune femme de 20 ans, sans antécédent psychiatrique, développe une dépersonnalisation persistante après une agression dans les transports. Elle décrit : « Depuis ce jour, je me sens comme en pilotage automatique. Je vois mes mains bouger, j’entends ma voix, mais je n’ai pas l’impression que c’est moi. » L’évaluation révèle un état de stress post-traumatique associé, nécessitant une prise en charge combinée (TCC et EMDR). —
Symptômes et diagnostic
Symptômes principaux
Les symptômes du Trouble de dépersonnalisation/déréalisation sont variés et souvent difficiles à décrire pour les patients. Voici les manifestations les plus fréquentes : – Dépersonnalisation : – Sentiment d’être détaché de son corps, de ses émotions, de ses pensées. – Impression d’être un observateur extérieur de sa propre vie (« comme dans un rêve »). – Sensation d’être un robot, de ne pas contrôler ses actions. – Altération de la perception du temps (ralenti ou accéléré). – Engourdissement émotionnel, absence de réaction affective. – Déréalisation : – Perception de l’environnement comme irréel, flou, lointain. – Impression que les objets ou les personnes sont déformés, sans vie. – Sensation de vivre dans un « film » ou derrière une vitre. Exemple clinique : Un homme de 35 ans, cadre supérieur, consulte pour des épisodes récurrents où « tout devient gris, comme en noir et blanc. Les voix de mes collègues me semblent lointaines, comme étouffées. Je sais que ce n’est pas réel, mais je ne peux pas m’en sortir. » Ces symptômes, apparus après un burn-out, s’aggravent en période de stress et s’accompagnent d’une anxiété intense.
Diagnostic différentiel
Le diagnostic du TDD repose sur un entretien clinique approfondi, visant à écarter d’autres causes possibles : – Troubles psychiatriques : – Troubles anxieux (attaques de panique, trouble anxieux généralisé). – Dépression (surtout avec symptômes dissociatifs). – Trouble bipolaire (en phase dépressive ou mixte). – Schizophrénie (mais dans la schizophrénie, il y a une perte du contact avec la réalité, ce qui n’est pas le cas dans le TDD). – Causes organiques : – Épilepsie (notamment du lobe temporal). – Migraines, sclérose en plaques, tumeurs cérébrales. – Intoxication ou sevrage à des substances (cannabis, kétamine, benzodiazépines). – Autres troubles dissociatifs : – Trouble dissociatif de l’identité. – Amnésie dissociative. Outils d’évaluation :
– Échelles validées : Cambridge Depersonalization Scale (CDS), Dissociative Experiences Scale (DES).
– Entretiens structurés : SCID-D (Structured Clinical Interview for DSM Dissociative Disorders). —
Comorbidités fréquentes
Le Trouble de dépersonnalisation/déréalisation est rarement isolé. Il est souvent associé à d’autres troubles psychiatriques, ce qui complique le diagnostic et la prise en charge : – Troubles anxieux (70 % des cas) : trouble panique, anxiété généralisée, phobie sociale.
– Dépression (60 % des cas) : épisodes dépressifs majeurs, dysthymie.
– Trouble bipolaire (notamment en phase dépressive ou mixte).
– Trouble de stress post-traumatique (surtout après un traumatisme).
– Troubles de la personnalité (borderline, évitante).
– Addictions (cannabis, alcool, médicaments). Exemple clinique : Une patiente de 28 ans, suivie pour un trouble bipolaire, décrit des épisodes de déréalisation lors de ses phases dépressives : « Quand je suis en dépression, le monde devient flou, comme si j’étais sous l’eau. Je ne reconnais plus les visages, tout me semble faux. » Ces symptômes s’améliorent avec la stabilisation de son humeur sous traitement. —
Prise en charge et traitements
Psychothérapies
La Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) est le traitement de première intention. Elle vise à :
– Psychoéducation : expliquer le mécanisme de la dissociation pour réduire l’anxiété liée aux symptômes.
– Restructuration cognitive : modifier les croyances erronées (« Je deviens fou », « Je vais perdre contact avec la réalité »).
– Techniques de pleine conscience (mindfulness) : ancrage dans le présent pour réduire le sentiment de détachement.
– Gestion du stress et des émotions : apprentissage de stratégies pour faire face aux déclencheurs. D’autres approches peuvent être proposées :
– Thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) : pour apprendre à vivre avec les symptômes sans les combattre.
– EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) : en cas de traumatisme sous-jacent.
– Thérapie interpersonnelle : pour travailler sur les relations et les conflits interpersonnels. Exemple clinique : Un étudiant de 20 ans, souffrant de dépersonnalisation depuis un an après un épisode de harcèlement, bénéficie d’une TCC centrée sur la gestion de l’anxiété et la pleine conscience. Après 12 séances, il rapporte une diminution de 70 % de la fréquence de ses symptômes et une meilleure capacité à se concentrer sur ses études.
Traitements médicamenteux
Aucun médicament n’est spécifiquement approuvé pour le TDD, mais certains peuvent être utiles en cas de comorbidités :
– Antidépresseurs (ISRS, IRSN) : pour traiter une dépression ou un trouble anxieux associé.
– Lamotrigine (stabilisateur de l’humeur) : en cas de trouble bipolaire ou d’instabilité émotionnelle.
– Anxiolytiques (à utiliser avec prudence, car ils peuvent aggraver la dissociation). Exemple clinique : Une femme de 45 ans, souffrant de dépersonnalisation chronique et de dépression, voit ses symptômes s’améliorer sous sertraline (antidépresseur ISRS) et thérapie cognitivo-comportementale.
Hygiène de vie et stratégies d’auto-gestion
– Sommeil régulier : éviter les nuits blanches, qui aggravent la dissociation.
– Réduction du stress : yoga, méditation, exercice physique.
– Éviction des substances : cannabis, alcool, drogues récréatives.
– Journal des symptômes : identifier les déclencheurs et les moments d’amélioration. —
Pronostic et évolution
Le pronostic du Trouble de dépersonnalisation/déréalisation est variable :
– Formes transitoires : liées à un stress aigu, elles disparaissent souvent spontanément en quelques heures ou jours.
– Formes chroniques : peuvent persister des mois ou des années, surtout en l’absence de traitement. Environ 30 % des patients voient leurs symptômes s’atténuer avec le temps, même sans intervention. Facteurs de bon pronostic :
– Début précoce de la prise en charge.
– Absence de comorbidités psychiatriques sévères.
– Bonne alliance thérapeutique.
– Engagement dans les stratégies d’auto-gestion. Exemple clinique : Un homme de 30 ans, suivi pour un TDD depuis 5 ans, voit ses symptômes s’atténuer progressivement grâce à une combinaison de TCC, de méditation et d’un arrêt du cannabis. Il reprend une activité professionnelle à temps plein après deux ans de thérapie. —
Quand consulter ?
Il est recommandé de consulter un psychiatre ou un psychologue spécialisé si :
– Les symptômes persistent plus de quelques jours.
– Ils entraînent une souffrance importante ou une altération du fonctionnement.
– Ils s’accompagnent d’autres troubles (anxiété, dépression, idées suicidaires).
– Ils surviennent après un traumatisme ou une prise de substance. Ne pas hésiter à demander de l’aide : le Trouble de dépersonnalisation/déréalisation, bien que méconnu, se soigne. Une prise en charge précoce et adaptée permet souvent une amélioration significative de la qualité de vie. —
Venir au cabinet à Paris
Dr Neveux Nicolas, psychiatre TCC et TIP, 9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094
- Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
- RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
- Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).
— Références et ressources utiles
– Troubles anxieux : comment les reconnaître ?
– Dépression : symptômes et prise en charge
– Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) à Paris
– Trouble bipolaire : symptômes et traitement — En résumé, le Trouble de dépersonnalisation/déréalisation est un trouble dissociatif fréquent, souvent méconnu, mais qui peut être pris en charge efficacement. Une approche combinant psychothérapie, hygiène de vie et, si nécessaire, médicaments, permet à de nombreuses personnes de retrouver une vie normale. Si vous ou un proche êtes concerné, n’hésitez pas à consulter un professionnel pour une évaluation et un accompagnement adaptés. Vous reconnaissez ces symptômes ? Parlez-en à votre médecin ou à un psychiatre pour une évaluation personnalisée.
Auteur
Mail: dr.neveux@gmail.com (à privilégier+++)
Tél: 0609727094 (laisser un message)
Au cabinet: 9 rue Troyon 75017 Paris
NB: Pas de consultation par mail ou téléphone. Les messages ne sont pas consultés hors jours et heures ouvrables. En cas d’urgence, contacter le SAMU (15)




