Politico-anxiété ou anxiété politique
La politico-anxiété, ou anxiété politique, est un phénomène d’inquiétude lié à la situation politique d’un pays ou mondiale. Ce phénomène s’accentue en périodes de crise politique, de conflits, de campagnes électorales ou de changements politiques majeurs. En soi, il ne s’agit pas d’un diagnostic psychiatrique. Par contre, il faut toujours rechercher un diagnostic sous-jacent. Découvrez ici les signes, les mécanismes et la conduite à tenir devant la politico-anxiété.
L’essentiel:
- Un psychiatre doit effectuer l’évaluation initiale, afin de chercher un diagnostic global derrière la politico-anxiété et d’organiser la stratégie thérapeutique.
- Les troubles anxieux se retrouvent très souvent derrière la politico-anxiété.
- La Thérapie Interpersonnelle (TIP) et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) sont à privilégier dans cette situation.
Introduction
La politico-anxiété n’est pas une maladie psychiatrique. Il s’agit d’un thème d’anxiété portant sur la situation politique mondiale ou propre à un pays. Il s’agit donc d’un sujet, objet de crainte de la part de certaines personnes.
Par conséquent, ce concept récent ne bénéficie encore d’aucune définition scientifique rigoureuse et consensuelle.
Contextes favorables à la politico-anxiété
La politico-anxiété étant une variété d’anxiété, les contextes habituels générateurs d’angoisse seront à risque de générer de la politico-anxiété. Tous les contextes de danger, de menace, d’imprévisibilité, d’impuissance, de remise en question des besoins des individus peuvent entrainer la politico-anxiété.
De ce fait, la politico-anxiété présente une grande variabilité inter et intra-individuelle.
Par exemple, un individu présentant une sensibilité de droite, souffrira de politico-anxiété si la gauche risque d’arriver au pouvoir. La réciproque est tout aussi vraie. Ainsi, la politico-anxiété est très sujette aux biais cognitifs des individus.
Citons particulièrement
- Instabilité Politique : crise gouvernementale, coups d’État, révolutions, guerres civiles .
- Élections et Campagnes Électorales : c’est d’autant plus vrai quand les campagnes sont particulièrement polarisées et conflictuelles. L’absence de dialogue entre les parties, le manichéisme aggrave la politico-anxiété dans la mesure où elle aggrave les biais cognitifs des populations.
- Politiques Publiques Controversées : Des décisions ou des réformes gouvernementales affectant les besoins fondamentaux des citoyens présentent une forte probabilité de générer de la politico-anxiété. Le citoyen identifie alors l’État comme un ennemi et se définit comme en conflit avec lui.
- Toute-puissance de l’état: les régimes politiques où l’État est omnipotent favorisent la politico-anxiété. L’Etat est perçu, souvent avec raison, comme une menace. Plus l’Etat étouffe le contre-pouvoir, plus son impunité est grande, plus grande sera la politico-anxiété. Il s’agit bien sûr en priorité des états totalitaires (soviétiques, fascistes) mais aussi des états démocratiques ou sous différentes raisons, la contradiction est interdite sur certains sujets.
- Médias et Réseaux Sociaux : La couverture médiatique sensationnaliste peut amplifier les sentiments d’anxiété. Ainsi, celle-ci a tendance à aggraver les biais cognitifs des populations. Les réseaux sociaux, mal utilisés, peuvent favoriser cet engrènement.
- Crises Économiques : Ces situations menacent les besoins fondamentaux des citoyens.
- Déclassement: les modifications entrainant la perte d’un statut plus favorisé créent de la politico-anxiété. Il peut s’agir de précarisation mais pas uniquement. La perte d’appartenance à un groupe social ou à un groupe de pays puissants, la conscience de l’affaiblissement de la puissance du pays augmente la politico-anxiété.
Symptômes de la politico-anxiété
Ils sont identiques à ceux qu’on observe dans toute situation d’ anxiété (voir sur cette page les signes de l’anxiété). On pourra citer par exemple:
Signes psychiques de l’anxiété
- sentiment d’angoisse / anxiété ou peur
- peur de devenir fou
- difficulté à détourner son attention de l’objet du stress
- idées obsédantes…
Signes comportementaux de l’anxiété
- impulsivité: la personne peut accomplir des actes irréfléchis pour échapper à l’angoisse
- tendance à se disperser, ou éluder les questions
- attention exagérée pour le sujet de l’anxiété politique (voire infobésité)
- comportements agressifs
- comportements régressifs
- posture difficile à stabiliser
Symptômes physiques de l’anxiété
- sensation de boule dans la gorge ou le ventre
- ballonnements abdominaux
Mécanismes de l’anxiété politique
Excès d’attention
L’individu consacre une attention démesurée à ce sujet.
Perception d’un danger
L’anxiété apparaît du fait de la perception d’une menace, d’un danger. Nous insistons sur la notion de perception: cela veut dire qu’il ne s’agit pas forcément d’un danger avéré. Mais quelle que soit la réalité de ce danger, l’anxiété apparaît en fonction de la perception (réelle ou irréelle) de la personne.
On remarque dont que cette perception est sujette aux biais cognitifs et aux erreurs de jugement. Ainsi, tout ce qui favorise ces biais cognitifs dans le sens du catastrophisme aggrave la perception de ce danger. Du reste, plus la situation menace des besoins fondamentaux de l’individu, plus l’anxiété politique surviendra. Quand les besoins touchés sont la sécurité, l’accomplissement, l’identité, l’appartenance, ou la liberté (au sens que leur donne la thérapie interpersonnelle), on peut être sur qu’on décuple l’anxiété politique.
Impuissance
Le fait de se trouver dans une situation sur laquelle il n’est pas possible d’agir crée de l’anxiété politique. Ses causes étant généralement systémiques, les individus ont généralement une perception justifiée d’impuissance à modifier le cours des choses.
Enfermement
Dans le contexte politique, les individus ont tendance à aller chercher les informations qui corroborent leurs craintes et leur façon de voir les choses. En effet, il est rare qu’ils fassent la démarche de chercher de façon impartiale les informations auprès de sources ayant des opinions qu’ils savent différer radicalement des leurs. Ils vont donc se confronter à un biais d’échantillonnage des informations.
Agressivité
Plus se développe la bipolarisation de la pensée, plus les positions manichéennes, en gentil / méchant se répandent. Malheureusement, les nuances disparaissent. On attaque le camp adverse et le camp adverse attaque. Par conséquent, on se sent en légitime défense, ce qui entraîne une surenchère dans les attaques. De plus, le fait d’être attaqué aggrave le sentiment de danger.
Par conséquent, les discussions sur le fond laissent de plus la place à des attaques personnelles, ad hominem. Ceci contribue à renforcer l’impression que notre besoin d’identité / estime est bafoué.
Psychorigidité
Une difficulté particulière entraîne cette psychorigidité. Selon le vieil adage « la fin justifie les moyens », chaque position politique se croit autorisée à user de moyens critiquables, qu’on justifie en considérant qu’on est dans notre bon droit. En d’autres termes, on considère que notre intention louable nous débarrasse du respect des règles habituelles d’un débat. Mais c’est faux. Tout d’abord, l’intention n’est louable que selon le système de valeur de l’individu. Ensuite, quelle que soit l’intention, elle ne dispense jamais de respecter certaines règles de débat.
Imprévisibilité
La situation génère de l’anxiété politique parce qu’elle n’est pas prévisible. De ce fait, cela crée un contexte insécure. En effet, même une situation dangereuse peut être vécue avec moins d’angoisse si elle est prédictible. Donc, on peut s’y préparer. Mais si ce n’est pas le cas, cela augmente la politico-anxiété.
Absence de prise en considération des besoins par l’adversaire
Tous ces phénomènes induisent que chaque partie ne prend plus en considération les besoins de la partie adverse. Il n’y a plus de le souci de se dire que si l’autre pense différemment, on doit en tenir compte. En effet, la conscience que la victoire de la partie adverse accroît l’anxiété politique. On a l’impression qu’on joue le tout pour le tout. Ceci rajoute une forte angoisse, et donc on finit par être prêt à tout pour triompher.
Déception
Une grande déception peut apparaître quand un individu se rend compte que des gens de son entourage partage une vision politique en totale opposition à la leur. Elle survient aussi lorsque l’entourage ne résout pas le dilemme de la même façon que lui. Cela engendre de la déception et aussi du mépris. Le danger principal est l’apparition de conflits, contribuant à insécuriser les relations avec l’entourage.
Quelle attitude adopter?
Avant tout
Si l’anxiété politique génère trop de souffrance, il convient de consulter un médecin / psychiatre. Le but est alors de déterminer s’il n’existe pas un trouble anxieux à traiter.
Si ce n’est pas le cas, il convient d’adopter des mesures simples et efficaces. Elles découlent logiquement des mécanismes identifiés ci-dessus.
Gestion de la Politico-Anxiété
- Limiter la recherche d’information sur les sujets politiques. Cela permet ainsi de réduire l’excès d’attention consacré à ce sujet.
- Lutter contre les biais: quêter des informations sur des médias de toutes orientations. Le mieux: s’astreindre à une équité parfaite: lire autant d’articles de chaque bord.
- Bienveillance: s’interdire toute attaque personnelle. Condamner ceux qui s’y livrent, quelle que soit leur opinion. Refuser que l’intention supérieure le justifie.
- Comprendre: Toujours chercher à comprendre les besoins de l’autre partie.
- Flexibilité mentale: reconnaître que les positions et les besoins de l’autre ne sont pas inférieurs aux nôtres.
- Chercher du Soutien émotionnel et informationnel : Parler de ses inquiétudes avec ses proches de confiance. Pas de tabou, cela aggrave la politico-anxiété. Par contre, le cadre doit être clairement posé, notamment pour ce qui est du calme dans les débats.
Si la souffrance est importante
Dans ce cas, un abord psychothérapique propre aux syndromes anxio-dépressifs s’impose.
Ainsi, nous privilégierons les psychothérapies basées sur des preuves scientifiques: thérapie interpersonnelle pour la gestion du changement (transition de rôle) et les thérapies cognitives et comportementales pour la gestion des biais cognitifs.
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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
Photo de Marco Oriolesi, Pete Linforth
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