Comment expliquer le coronavirus à un enfant ?
Comment expliquer à un enfant la pandémie de Covid? Beaucoup d’entre nous doivent être actuellement confrontés à problème.
Lorsque l’on s’adresse à des enfants, il y a 3 difficultés centrales:
- éviter de leur dire des choses trop violentes
- éviter de leur donner l’illusion d’un monde irréel, édulcoré
- adapter son langage au niveau de compréhension des enfants.
Les suggestions qui suivent s’entendent pour des enfants n’ayant pas connu une forme grave de la maladie et n’ayant pas perdu un proche. Si l’enfant est dans l’un de ces cas, il est essentiel de consulter un pédopsychiatre ou un psychiatre selon l’âge.
Dans tous les cas, pour en savoir plus sur les autres conséquences psychiques de la situation, consultez ces pages :
- conséquences psychiques de la pandémie à coronavirus
- conséquences psychiques du confinement
- comment supporter le confinement
I/ Expliquer la situation à un enfant
1/ Pas de commentaire trop angoissant
Il est essentiel de se rappeler que le psychisme d’un enfant n’est pas en mesure d’assimiler et de digérer les mêmes choses que nous, car leur maturité n’est pas la même. Ils ressentent les émotions avec davantage d’intensité, moins de recul, et ne sont capables ni de se distancier, ni de rationaliser. Donc ils sont encore plus vulnérables lorsque nous mêmes sommes dépassés.
Cela veut dire utiliser des mots simples mais suffisamment flous pour que l’enfant ne se représente pas complètement la réalité si elle est trop dure à accepter. Ainsi, il est inutile d’expliquer aux enfants les détails des symptômes de la maladie. Cela n’apporte rien.
2/ Accès à l’information
L’enfant n’est pas en mesure de prendre de la distance par rapport à l’information. De ce fait, c’est le rôle du parent de « digérer » l’information pour lui et de la prodiguer d’une façon entendable.
L’information doit donc venir des parents, exclusivement. Surtout pas des médias.
Ainsi, il est préférable de ne pas le laisser accéder aux images télévisées, car l’enfant ne va pas être en mesure de les comprendre ni de les mettre à distance. Il est bien sûr impossible de les leur épargner complètement. Toutefois, il est possible de limiter les choses en évitant par exemple de laisser tourner les informations en continu en leur présence.
Les parents représentent pour l’enfant une base secure, avec un lien d’attachement fort. Par conséquent, ils accueillent avec plus de sérénité ce que disent les parents. Les parents ont donc le pouvoir de dispenser les informations d’une façon qui les rendent supportables pour l’enfant.
3/ Commentaires spéculatifs
De même les commentaires alarmistes sur l’évolution des choses doivent être faits en dehors de la présence des enfants. C’est déjà un conseil qui est vrai pour les adultes, c’est encore plus vrai pour l’enfant.
En effet, le principal danger pour l’enfant est l’angoisse. Si on lui dépeint tout l’éventail des catastrophes qu’on peut imaginer, cela revient à lui créer un avenir extrêmement sombre donc angoissant.
Par conséquent, les réflexions sur les projections du nombre de morts, conséquences sociales, économiques etc… doivent avoir lieu en dehors de sa présence.
II/ Expliquer à l’enfant c’est éviter l’illusion d’un monde édulcoré
L’enfant perçoit l’inquiétude de ses parents. Nier cette émotion consiste à donner comme message à l’enfant qu’on n’a pas le droit d’avoir des émotions, ou qu’on lui ment. Alors qu’au contraire, c’est un gage de valeur humaine que de ressentir des émotions dans de telles circonstances. L’enfant a besoin de savoir que si ses parents sont inquiets, c’est pour de bonnes raisons. Cela montre que ce ne sont que pour des raisons graves que les parents peuvent être touchés.
Il faut nommer les choses
« Il s’est passé des choses graves »
« Si on nous demande de ne pas sortir c’est pour tenter de résoudre les problèmes au plus vite »
Si l’enfant est en âge de comprendre la notion de mort, on peut lui dire que « il y a des gens qui sont morts donc il faut prendre des précautions »
Coupler les informations anxiogènes avec des solutions
En effet, le but est de ne pas laisser l’enfant avec l’impression d’être dans l’impuissance
« Il y a des problèmes… mais papa et maman sont là pour te protéger »
« En respectant les consignes on est à l’abri »
« Des milliers de médecins, infirmiers, pharmaciens sont en train de sauver les gens malades »
« Le monde entier est en train de chercher à résoudre le problème »
« C’est grave mais tous le monde va se battre pour que ça n’arrive plus »
L’idée est d’éviter de laisser l’enfant dans l’impuissance, et de lui montrer qu’on agit pour réparer les conséquences, et éviter que cela se reproduise. On peut lui expliquer que des milliers de soignants travaillent dans les hôpitaux.
On essaiera de lui donner des espoirs fondés
Par exemple:
- L’immense majorité des malades ont un forme sans danger
- La majorité des gens hospitalisés guérissent
- En respectant le confinement, ni lui, ni papa, ni maman ne sont en danger
- Il y aura une fin dans quelques semaines
Enfant, il est essentiel de lui rappeler des repères essentiels: qu’on l’aime, qu’on est là pour le protéger, qu’il peut avoir confiance en nous, que ces valeurs n’ont pas été touchées par cette crise.
III/ Expliquer en fonction de la compréhension de l’enfant
Il faut tenir compte de l’âge et de la maturité de vos enfants. Le langage et la réflexion sont un un secours dont les adultes disposent pour mettre à distance les émotions, mais les enfants les ont moins naturellement.
L’emphase ne sert à rien. Les mots compliqués comme horreur, épouvante, indicible, drame… ne sont pas compris par les enfants en bas âge.
De même, votre enfant va probablement chercher à comprendre pourquoi on impose des mesures (confinement, pas d’école etc…). Le fait que vous les respectiez aussi va le rassurer: ce n’est pas lui tout seul, c’est tout le monde qui fait les choses.
Il est toujours souhaitable de tenter une explication quel que soit l’âge de l’enfant car l’enfant va immanquablement s’interroger sur le pourquoi. Le degré de profondeur de la réponse sera aménagé à l’âge.
Même si les réponses vous sembles simplistes, factices ou tronquées, ce qui compte n’est pas l’exactitude, car c’est déjà extrêmement complexe à appréhender pour un adulte, alors pour un enfant… le but c’est qu’il puisse avoir un début de réponse pour ne pas se retrouve isolé avec un lancinant « pourquoi? »
IV/ Accueillir la parole de l’enfant
Par rapport au coronavirus / covid
Après les explications, il faut accueillir les pleurs, les sanglots, et consoler l’enfant. Il faut répondre aux questions éventuelles qu’il se posera pour essayer de le sortir de l’émotion et lui permettre une rationalisation partielle.
Parfois, il faut accepter que l’enfant n’ait pas forcément de réaction immédiate, et respecter le temps qu’il va peut-être mettre à digérer l’information.
Dans un second temps, quelques heures, quelques jours plus tard, il est souhaitable de l’aider à verbaliser ce qu’il a pu ressentir ou penser. Pour cela, il suffit de lui poser quelques questions anodines:
- Comment te sens-tu?
- As-tu des questions?
- Penses-tu à ce qu’on avait dit?
- Est-ce que ça te fait peur?
Parfois, on cherche des signes indirects: « Dors-tu bien? »
Si les mots ne viennent pas, il est aussi possible de l’aider en lui demandant de dessiner, et de nous montrer ses dessins.
Le maître mot: rassurer l’enfant. Ne jamais le laisser seul dans son angoisse ou sa tristesse.
Par rapport au confinement
Le confinement perturbe l’enfant dans ses habitudes. Les conseils pour gérer le confinement au mieux sont toujours d’actualité!
De ce fait, il est essentiel de s’enquérir auprès de lui des éléments qui peuvent le mettre en difficulté par rapport au confinement.
- que ressent-il?
- supporte-t-il l’enfermement?
- comment accepte-t-il d’être coupé de ses amis?
- la vie en promiscuité avec la famille lui pèse-t-elle?
- a-t-il des besoins?
- voit-il des façons d’améliorer les choses?
V/ Expliquer à l’enfant pour préparer l’après coronavirus
Pour cela, il convient de préparer l’enfant à la levée du confinement, et au contact avec des enfants qui peut-être auront perdu des proches.
Déconfinement
Malgré les inconvénients du confinement, l’enfant aura aussi trouvé des avantages à la situation. Pas d’école, des parents plus présents, souvent plus d’accès aux écrans…
Par conséquent, il est essentiel de lui verbaliser dès maintenant que la situation est exceptionnelle, et provisoire. On lui précisera aussi que dès la levée du confinement tout retournera à l’état antérieur.
Il est capital de maintenir un rythme proche de la vie normale, notamment en termes de veille / sommeil et d’habitudes.
Relation avec les camarades
Certains camarades auront peut-être perdu des proches.
Par conséquent, il est important de demander à l’enfant d’être gentil et attentif aux autres. De consoler le camarade au besoin. Mais surtout, dire à l’enfant que vous êtes là pour l’aider et que s’il apprend qu’un camarade a perdu un proche, il faut qu’il vienne nous en parler tout de suite pour que nous l’aidions à faire face.
Surveillance
Il convient bien sûr de rester aux aguets dans les semaines qui viennent: un enfant qui va avoir une chute des résultats scolaires, qui va se renfermer ou refuser des se livrer à des activités sont autant de signes qui doivent faire penser que l’enfant a du mal à gérer les choses. Il y a alors matière à rediscuter avec l’enfant, en montrant que l’on est là, et attentif à lui.
Venir au cabinet à Paris
9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094
- Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
- RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
- Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).
Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
Auteur
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