Grève des transports : quelles conséquences psychiques sur les usagers ?
Après ces quelques 6 semaines de grève dans les transports, il est intéressant de se demander quel impact elle a pu avoir sur le bien-être psychique des Français. Nous ne commenterons bien sûr rien qui soit en rapport avec des questions politiques.
I/ Qui a pu être impacté psychiquement par la grève ?
En tout premier lieu, il y a les usagers des transports. Ensuite, il y a les conséquences psychiques indirectes de la grève. Il s’agit de la répercussion sur les personnes qui ne voyagent pas forcément, mais qui sont tributaires de ceux qui utilisent les transports.
II/ Conséquences psychiques sur les usagers des transports
Allongement du temps de transport
La grève a eu pour conséquence directe de rendre très difficile les trajets notamment professionnels.
L’allongement des temps de transport a soumis les usagers a un stress psychique. Beaucoup ont dû se lever plus tôt et rentrer plus tard. Ce stress a pu créer fatigue, angoisse.
Naturellement, les individus en situation de stress ont tendance à être plus irritables, voire impulsifs. L’impatience a pu générer des difficultés à cohabiter avec les autres voyageurs, créant un sentiment d’insécurité physique.
Inconfort
La foule dans les transports, ou les embouteillages, a créé une autre forme de stress. Les trajets habituellement confortables sont devenus épuisants.
Imprévisibilité
L’incertitude régnant sur les transports a créé de l’imprévisibilité:
- Y aura-t-il un train demain?
- Et s’il y en a un, parviendrai-je à monter dedans?
Cette imprévisibilité due à la grève et ses conséquences psychiques entraînent un vécu d’insecurité.
Durée du mouvement
La chronicisation du mouvement sur 6 semaines a pu créer de la colère et du dégoût chez les usagers.
Effets psychiques
Il s’agit d’une pression au sens du stress d’Hans Selye. Pour les personnes fragilisées, cette période a pu entraîner des symptômes de burnout voire en être un facteur déclenchant (pas unique bien sûr).
On a pu observer:
- fatigue
- anxiété, angoisse
- résignation
- colère
- impulsivité
- dégoût
III/ Mécanismes adaptatifs psychiques face à la grève
Cette situation étant un stress, elle a nécessité des stratégies adaptatives (coping).
Certains ont dû changer de mode de transport, privilégiant voiture ou vélo par exemple. Ce changement d’habitude, couplé au fait de ne pas forcément être à l’aise avec ce mode de transport alternatif, peut créer de l’anxiété. On est face à l’imprévu: nouveau trajet pour éviter les bouchons, on ressort le vieux vélo de la cave. Du coup, on se sent facilement en danger. Pas facile de faire du vélo en ville quand on n’en a pas l’habitude! Pas facile de conduire dans les embouteillages quand on ne prend le volant qu’à la campagne!
D’autres ont pu réduire leur présence au travail, posant congés voire se retrouvant en chômage technique. Pour eux, la période de grève a pu être synonyme de réduction temporaire de la charge de travail. Par contre, le danger est le coup de bélier, c’est à dire le retour en charge brutal dès la fin de la grève. La masse de travail à rattraper générera chez ces personnes le stress à ce moment-là.
Par contre, on soulignera la faculté d’adaptation dont beaucoup d’usagers ont réussi à faire preuve. Covoiturage, trottinette, vélo… beaucoup de gens ont pu trouver une alternative correcte aux transports.
IV/ Conséquences psychiques de la grève pour les personnes qui n’utilisent pas quotidiennement les transports
L’idée est la suivante: même les personnes qui n’ont pas eu à emprunter les transports ont pu voir augmenter leur charge mentale.
Il peut s’agir tout d’abord de toutes les personnes qui ont vu leur activité professionnelle impactée par la grève. L’incertitude pesant sur leur outil de travail a créé du stress, et potentiellement une situation d’angoisse. Vais-je perdre des clients? Vais-je risquer la faillite? Ces pensées automatiques peuvent être fondées ou alarmistes, mais de toute façon sont anxiogènes.
Ensuite les enfants, ou conjoints ont pu souffrir de la situation. En effet, le temps passé dans les transports a augmenté au détriment de la vie familiale. De plus, le stress créé a pu mettre les membres de la famille dans un état émotionnel de tension, rendant plus fréquentes les altercations, les crises voire l’impulsivité physique. Dans le cas d’une famille solide, les conséquences sont négligeables. Mais dans le cas d’une famille ou d’un couple préalablement fragilisés, divers dysfonctionnements ont pu apparaître:
- incapacité à mettre en place des aménagements solidaires dans le couple pour faire face à cette situation exceptionnelle
- difficulté à absorber les écarts émotionnels générés par le stress de la situation.
V/ Conséquences de la grève sur les personnes ayant un trouble psychique préexistant.
Naturellement, certaines pathologies compliquent la situation pour certaines personnes vulnérables. Il s’agit par exemple de la plupart des troubles anxieux.
Par exemple, les personnes ayant un trouble panique avec la peur d’étouffer, ou les personnes agoraphobes ont vu leurs symptômes décupler dans ces circonstances.
D’autres, présentant des TOCs ou une phobie de contamination, ont pu être mis en grande difficulté du fait de la promiscuité imposée par les circonstances.
VI/ Quelques astuces pour se prémunir contre les conséquences psychiques de la grève
Bien sûr, aucune de ces astuces ne suffira à compenser le problème central. Mais certaines permettront de faire passer la pilule, en fonction de votre situation.
Que vous soyez impacté directement ou par effet domino, un maître mot: dialoguer.
Discutez les écueils avec votre interlocuteur pour arriver à la solution la plus acceptable pour tout le monde. Ne cherchez pas à vous voiler la face ou à improviser au dernier moment. Ce serait pire parce que vous tenteriez de réfléchir dans l’urgence et vous risqueriez de paniquer.
Partez du principe que vous ne pourrez pas éviter tout changement. La stratégie est donc de réfléchir aux changements temporaires qui vous seront les plus acceptables.
- Avec votre employeur. Anticipez les situations, ouvrez-vous sur vos difficultés pour voir quels aménagements sont possibles. L’idée est de préserver vos intérêts et les siens. N’oubliez pas que l’employeur n’a aucun intérêt à vous pousser à bout jusqu’à l’arrêt de travail. Il est donc généralement possible de trouver des aménagements (horaires plus souples, télétravail…). Bien sûr, à vous aussi de jouer le jeu!
- Avec votre famille. La grève a des conséquences logistiques prévisibles. Comment être là à la sortie de l’école? de la crèche ?
- Cherchez des personnes ressources: famille, voisin, amis… Les situations de crise sont des occasions de s’adapter en resserrant les liens. Il y a très certainement autour de vous n voisin, un parent d’élève, un ami confronté aux mêmes contingences que vous. Souvent, il y a moyen de trouver une solution qui vous soulagerait tous les deux. Alterner les trajets à l’école ou aux activités, covoiturage…
- L’émotion va déborder! ASi vous sentez que vous êtes émotionnellement épuisé, ne le dissimulez pas à vos proches! Au contraire, expliquez-le en avertissant que vous risquez de vous conduire de manière impulsive. Prenez la position basse: excusez-vous d’avance en demandant l’indulgence en cas d’écart. L’entourage sera moins susceptible si vous annoncez la couleur à l’avance.
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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
Image par Tobias Rehbein et Clker-Free-Vector-Images
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