Addiction au portable et nomophobie : la reconnaître et la soigner
L’addiction au portable: de quoi s’agit-il? Découvrez sur cette page comment la reconnaître et la traiter.
L’essentiel:
- Chercher un diagnostic psy derrière l’addiction: des comorbidités sont fréquentes
- La Thérapie Interpersonnelle (TIP) et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) sont à privilégier dans l’addiction au portable
- Le diagnostic et le suivi par un psychiatre (médecin) est indispensable
Une nouvelle forme d’addiction attire l’attention du monde de la psy depuis quelques temps, il s’agit de la dépendance au portable.
Références grand public
Nous vous proposons quelques références « grand public » pour approfondir vos connaissances sur l’addiction au portable.
- interview par Julien Rapegno, pour le magazine La Montagne, sujet sur l’addiction au smartphone. https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/notre-cher-smartphone-prend-peu-de-place-dans-la-poche-mais-parfois-enormement-dans-notre-vie_14082101/
- interview par NADEGE CARTIER pour Bien-Être & Santé, sujet sur : « la nomophobie ». Paru dans l’édition papier de juillet 2022.
- interview par Alexandre Duyck, sujet sur les adultes trop dépendants aux réseaux sociaux. https://www.marieclaire.fr/addiction-aux-reseaux-sociaux,1421632.asp
Qu’est-ce que l’addiction au portable?
La définition de cette dépendance n’est pas encore unanimement admise. Est-ce un diagnostic? Un symptôme? L’objet de la présente page n’est pas de trancher cette question. Nous dirons simplement que, selon les cas (voir plus bas) la dépendance au portable peut être soit un diagnostic, soit un symptôme d’un trouble plus large, mais que dans tous les cas, elle se définit par un usage tel qu’elle entraîne des répercussions négatives ou une souffrance dans la vie. C’est la définition que nous prendrons dans cette page, sans prétendre qu’elle soit universelle.
Quels situations sont à individualiser?
- La personne dépendante à son portable pour son portable, qui aborde l’utilisation de l’objet comme une drogue, avec une excitation quand elle l’utilise, une situation de manque quand elle en est privée. C’est la forme la plus proche de la définition traditionnelle de l’addiction.
- La personne en quête d’identité, pour qui le portable est un symbole et un moyen d’appartenance à un groupe social. Se voit très fréquemment chez les adolescents.
- L’infobésité: situations ou les personnes sont accros non pas au téléphone lui-même, mais aux informations qu’il lui permet d’obtenir en permanence. La dépendance n’est en fait pas au portable, mais à la permanence de l’information.
- L’individu qui présente une addiction aux réseaux sociaux. Dans ce contexte il y a très souvent une problématique de dysfonctionnement interpersonnel. Il cherche souvent à se valoriser ou mettre en avant sa vie, ou à l’inverse regarde la vie des autres en se comparant et en se dévalorisant.
Lien entre addiction au portable et autres pathologies psy
- Les personnes utilisant le portable avec excès, sans pouvoir en décrocher, pour des raisons apparemment rationnelles. il s’agit par exemples du cadre dynamique qui reste joignable par son travail en vacances et à la maison. Un néologisme correspond: celui de workaholic. L’addiction au portable est dans ce cas un symptôme entrant dans un cadre plus large comme une anxiété de performance par exemple.
- La phobie sociale: il ne s’agit pas d’une addiction au portable: en fait ce dernier permet d’éviter une confrontation ou une discussion en face à face.
- Les troubles anxieux: là non plus il ne s’agit pas d’une addiction. Le portable sert d’objet de réassurance dans les situations où la personne n’est pas rassurée (métro, grands magasins etc…). Cela se voit par exemple dans les troubles paniques et les troubles anxieux généralisés.
- Portables vecteur d’addiction aux jeux sur internet. L’addiction n’est pas une addiction au portable mais plus exactement une addiction à internet.
Comme on le voit, de nombreux diagnostics peuvent se confondre avec l’addiction au portable, ou englober l’addiction au portable dans un diagnostic plus large. Il est préférable de consulter un psy, psychiatre de préférence, qui pourra réaliser le diagnostic et la marche à suivre.
Conséquences de l’addiction au portable
Un point essentiel: l’immédiateté.
On assiste à une toute puissance du portable vécu comme capable de solutionner toute situation (grâce à lui on trouve sans anticiper tout plan, adresse, info etc…).
Le portable permet de diminuer la nécessité d’anticiper, d’analyser mémoriser par soi-même : on n’a plus besoin d’anticiper un trajet, il suffit de demander au portable. Mais du coup on observe une réduction cognitive, une augmentation de notre perte d’autonomie face à la technologie.
Particularité du portable : avec les alertes automatiques, il n’y a même pas d’effort à faire pour obtenir l’info. C’est le portable qui fait cet effort de venir au devant de l’utilisateur. De même avec les alertes sur actualités ou pub ciblées. Inconvénient, l’utilisateur perd son propre libre arbitre et s’expose à ce que les infos soient tronquées et biaisées.
Enfin, même si le portable bien utilisé est un facteur de renforcement du lien social, il peut favoriser les comportements antisociaux, en particulier lorsque l’utilisateur consacre l’essentiel de son attention au smartphone, au détriment des personnes avec qui il est en présence. Ce type de comportement se nomme le phubbing.
Les répercussions portent à la fois sur la cellule familiale (parents moins disponibles pour leurs enfants) que sur la vie de couple (rapports sexuels moins fréquents car remplacés par le portable).
Les complications les plus fréquentes sont l’isolement puis la dépression.
Traitement de l’addiction au portable
La prise en charge doit commencer par le psychiatre, qui posera le diagnostic psychiatrique. La suite de la prise en charge sera le traitement d’un éventuel trouble psy associé, et la psychothérapie.
Les psychothérapies utiles sont la thérapie interpersonnelle (TIP) et la thérapie cognitivo comportementale (TCC).
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Fait à Paris par un psychiatre et un psychologue.
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