Addiction et dépendance (alcool, drogues, comportements…)
L’essentiel:
- Chercher un diagnostic psy derrière l’addiction: des comorbidités sont fréquentes.
- La Thérapie Interpersonnelle (TIP) et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) sont à privilégier dans les addictions.
- Le suivi par un psychiatre (médecin) est indispensable.
- Nécessité d’une évaluation par un médecin généraliste en raison des risques de complications physiques dues aux addictions.
- La présence d’une addiction doit toujours faire soupçonner la possibilité d’autres addictions (polyconsommation).
L’alcool, le cannabis, la cocaïne, l’ibogaïne, l’héroïne, le tabac… mais aussi le jeu ou l’addiction à internet… Tous ont en commun la capacité de transformer une vie bien rangée en cauchemar.
Sur cette page, vous trouverez mes informations générales sur les addictions et la dépendance. Pour les articles consacrés à chaque type d’addiction, cliquez sur le lien pour voir la page détaillée.
Pages détaillées sur certains domaines:
- Pokemon GO® est-ce une addiction?
- Candy Crush Saga®
- addiction au portable
- addiction à l’alcool
Introduction
Les addictions sont des maladies qui détruisent à petit feu, insidieusement.
L’alcool, par exemple. On ne consulte jamais au début: même quand on boit tous les jours des quantités importantes, on ne cherche pas d’aide. C’est uniquement lorsque des conséquences graves apparaissent que la personne en détresse se tourne vers les soins. Mais souvent, le mal est fait: perte d’emploi, surendettement, problèmes familiaux, cirrhose… Il est des conséquences qu’on ne peut pas facilement rattraper. Pas besoin de drogues dures. Cette descente aux enfers est possible pour toutes les formes de dépendances.
Nous savons qu’une fois installée depuis longtemps, il est très difficile de se débarrasser d’une dépendance. Cette section a pour but de vous aider à détecter chez vous, ou dans votre entourage, les premiers signes de dépendance, pour s’y attaquer avant qu’elle s’installe.
Addiction : fréquence (prévalence) des troubles mentaux en fonction du type d’addiction
La présence d’autres maladies psy est très fréquente en cas d’addiction. Ainsi, on peut retrouver des troubles mentaux (de façon non-exhaustive) tels que troubles anxieux, trouble bipolaire, schizophrénie, etc… (1).
Il est donc essentiel de chercher derrière toute addiction une autre pathologie psy et de la prendre en charge si nécessaire. En effet, cette pathologie peut être cause, conséquence, ou simplement associée à l’addiction.
En 2019, le coût social du tabac s’élève à 156 milliards d’euro. Celui de l’alcool est de 102 milliards d’euros. Pour les drogues illicites, cela monte à 7,7 milliards d’euros.
Addiction : les différents types
On peut diviser les addictions en (liste non exhaustive):
Addiction à un produit
- cocaïne
- héroïne
- cannabis
- addiction à l’alcool
- tabac
- LSD
- MDMA
- amphétamines
Addictions comportementales:
- jeu pathologique, pathologic gambling
- nomophobie, addiction au portable
- dépendance au jeux vidéos (Pokemon GO® Candy Crush Saga®)
- dépendance à internet
- addiction au travail (workaholic)
- addiction sexuelle, dont chemsex (usage de produits psychotropes pendant une activité sexuelle)
Dépendance et addiction : quels mécanismes neurobiologiques ?
Toutes les substances entraînent un effet immédiat sur les perceptions, l’humeur et/ou le comportement. Bien sûr, cet effet existe à un degré variable en fonction de la substance. De par cet effet, toutes ces substances exposent à un risque de dépendance plus ou moins rapide et plus ou moins sévère.
Voici quelques éléments très simples sur le fonctionnement neurobiologique de l’addiction.
Les neurones dopaminergiques sont répartis en deux principaux groupes situés à la jonction du diencéphale et du mésencéphale : le système nigrostrial (impliqué dans la maladie de Parkinson) et le système mésocorticolimbique. C’est ce dernier qui nous intéresse dans le cadre du circuit de récompense.
Le système de récompense(2) est activé par les neurones dopaminergiques. Les corps cellulaires des neurones du système mésocorticolimbique sont situés dans l’aire tegmentale ventrale entre les deux substances noires. Ils projettent vers l’ensemble du système limbique : noyau accumbens, tubercules olfactifs, amygdale, septum, hippocampe, cortex frontal. Ce système est impliqué dans les addictions à toutes les substances.
Dans l’addiction, les patients addicts présentent des neurones ayant une plus grande sensibilité que la moyenne aux substances. C’est ce qui explique la facilité d’installation de la dépendance et la difficulté à s’en débarrasser.
Comme on le voit, l’addiction n’est pas un manque de la volonté, mais repose sur des bases neurobiologiques solides.
Addiction : quels signes doivent alerter ?
Quel que soit le « type » d’addiction ou de dépendance, les comportements qui doivent alerter sont les mêmes. Ces conséquences dommageables sont physiques, psychiques ou sociales professionnelles et familiales.
Comportements addictifs
- Consommation d’alcool chez des enfants ou des adolescents jeunes.
- Besoin d’augmenter les doses ou le temps consacré à l’addiction pour se sentir bien. Par exemple, besoin d’augmenter les doses d’alcool pour rester calme, ou de jouer aux jeux de hasard en prenant plus de risque pour ressentir à nouveau de l’excitation. Cela traduit l’existence d’une accoutumance.
- Difficulté à tolérer durablement l’absence de l’addiction. Par exemple, ne pas pouvoir rester une semaine sans accéder à internet (autre que pour des raisons valables), ou sans boire.
- Le comportement addictif dépasse souvent en durée ou en quantité ce à quoi la personne s’attendait: elle fume plus qu’elle le pensait, elle joue plus longtemps et plus gros qu’elle avait prévu.
- Désir de limiter son addiction, mais les efforts dans ce sens sont infructueux.
- Consommation massive d’alcool (binge-drinking).
- La personne consacre beaucoup de temps, d’énergie ou de ressource à rendre disponible l’addiction.
- Persistance dans l’addiction bien qu’elle soit consciente que l’addiction lui est nocive.
- Le déni: la personne addict ne reconnaît pas son addiction.
Conséquences néfastes
- La personne consacre de plus en plus de temps à son addiction, au détriment d’autres activités. Par exemple, elle se met à jouer aux jeux de hasard à la place de partir en vacances ou de travailler. Pour les addictions comportementales, il faut toujours s’alarmer au-delà de 2h/j.
- Les habitudes addictives changent. Par exemple, pour l’alcool, une personne qui buvait uniquement avec des amis se met à boire même toute seule.
- Des conséquences néfastes , même peu graves peuvent apparaître. Par exemple, ne pas pouvoir partir en vacances parce que beaucoup d’argent s’est envolé dans le comportement addictif. Ne pas attendre que les conséquences deviennent graves pour réagir!! Le plus souvent, on observe des conséquences sur le travail
- Changement d’humeur ou de personnalité: nervosité, irritabilité, agressivité… surtout si l’addiction n’a pas été satisfaite.
- Besoin de l’addiction pour se sentir bien. Par exemple, besoin de boire de l’alcool dès le réveil pour se sentir bien (même à faible dose), ou de consommer de la cocaïne pour se sentir performant.
- Fléchissement de la performance professionnelle ou scolaire, même si l’assiduité est conservée. Par exemple, s’alarmer quand un enfant voit ses résultats scolaires chuter tandis qu’il consomme du cannabis.
- Modification de l’équilibre émotionnel.
- Troubles médicaux.
Addiction : quoi faire pour la soigner ?
Si un ou plusieurs de ces éléments sont présents: pas d’hésitation, il faut l’aide d’un psy. Vous ne perdrez rien, tandis que vous éviterez peut-être une terrible succession d’ennuis bien plus graves.
Comme on le voit, la prise en charge doit être globale et souvent pluri-disciplinaire. Il est souhaitable qu’elle soit organisée par un psychiatre. En effet, cela permettra une intervention tant sur le domaine psychologique que sur les complications physiques de l’addiction. En conséquence, une évaluation somatique est indispensable en cas d’addiction.
Voici par exemple la stratégie de prise en charge dans le cas d’une addiction à l’alcool
Le meilleur conseil qu’on puisse formuler, c’est d’arrêter ces substances. Pour vous aider dans cet arrêt, il est impératif de vous faire aider par un médecin, psychiatre et avec des connaissances en addictologie dans l’idéal. L’arrêt d’une substance ne se fait pas à la légère et nécessite une surveillance médicale ainsi qu’un bilan de l’état physique afin de dépister d’éventuelles complications.
Le début de la prise en charge psy se fera toujours par un entretien motivationnel. Théorisé par Prochaska et DiClemente, l’entretien motivationnel a pour but de favoriser le développement de la motivation chez le patient. En effet, il est établi que ce paramètre est le meilleur facteur pronostic du traitement de l’addiction. Par un questionnement systématique, le psychiatre va tenter de favoriser l’émergence de la motivation à la réduction de l’addiction chez le patient.
Une fois la motivation présente, le patient sera disposé à faire le travail notamment psychothérapique, qui l’amènera à renoncer à sa consommation.
Prise en charge psychothérapique de l’addiction
La Thérapie Interpersonnelle (TIP) et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) sont à privilégier dans les addictions. La psychothérapie intervient après l’entretien motivationnel.
Leur principe sera le même: identifier les facteurs précipitant la consommation.
- quel problème l’addiction résout-elle?
- quels inconvénients l’arrêt de l’addiction / dépendance entraîne-t-elle?
- comment résoudre mieux les problèmes par un autre moyen que l’addiction?
- comment déconnecter l’envie de consommer l’action de consommer? En effet, de nombreux patients addicts décrivent une sorte d’automatisme entre l’envie de consommer et le passage à l’acte. Lorsque c’est intense au point d’être irrépressible, on peut parler de craving. Le travail psychothérapique va avoir pour but de redonner du libre arbitre au patient de telle sorte que l’envie ne soit plus le déterminant principal du passage à l’acte de consommation.
- identifier les facteurs aggravant la consommation, ou à l’inverse, protecteurs, notamment dans l’entourage interpersonnel du patient.
Cette démarche implique naturellement un travail psychothérapique donc des efforts de la part du patient addict. Par conséquent, la motivation à l’arrêt ou la réduction de la consommation est un préalable indispensable.
Notre conseil: ne pas tenter de s’en sortir tout seul, car la répétition des échecs entament la résolution à s’en sortir, la confiance en soi, et fait perdre un temps précieux pendant lequel les conséquences néfastes peuvent s’installer.
Si vous observez une addiction chez un proche, vous pouvez consulter la page consacrée à « comment aider un proche? »
Bibliographie
N. Neveux, TIP et addiction, French Journal of Psychiatry, Volume 1, Supplement, 2018, Page S120, ISSN 2590-2415, https://doi.org/10.1016/S2590-2415(19)30325-3.
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- Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
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Bibliographie
(1) Mueser KT, Noordsy DL, Drake RE, Fox Lindy. Integrated treatment for dual disorders: a guide to effective practice. New York: The Guilford Press, 2003.
(2) de Stoppeleire C. Addiction et Psychiatrie, étude d’une comorbidité: revue de la littérature et études cliniques: La Méditerranée, 2002.
Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue addictologue.
Auteur
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