IX/ Épisode dépressif majeur / caractérisé : préjugés
Vous êtes sur la page « préjugés » du dossier détaillé sur l’épisode dépressif majeur. Vous pouvez aussi trouver des informations sur les signes, les formes cliniques et les traitements de la dépression.
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L’essentiel:
- De nombreux préjugés circulent encore sur l’épisode dépressif majeur. Ces préjugés alimentent la stigmatisation dont les patients souffrent. Pire, cela peut aggraver leur culpabilité ou induire un retard au traitement.
- Le médecin, idéalement psychiatre, pose le diagnostic d’épisode dépressif majeur afin d’organiser la stratégie thérapeutique.
- Le traitement de la dépression peut être psychothérapique, médicamenteux (antidépresseurs) ou inclure d’autres abords.
- La Thérapie Interpersonnelle (TIP) et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) ont prouvé leur efficacité pour soigner l’épisode dépressif majeur.
La dépression est une pathologie qui se traite de mieux en mieux de nos jours. Toutefois, c’est une maladie potentiellement grave si elle n’est pas prise en charge correctement. Malheureusement, nous devons encore déplorer que de nombreux préjugés circulent encore sur l’épisode dépressif majeur. Ces préjugés peuvent entraîner des conséquences potentiellement graves pour les patients. Cette page est là pour tenter de les balayer.
L’épisode dépressif majeur est un manque de volonté: FAUX
Voilà un préjugé parmi les mieux ancré dans la population générale. Il a des conséquences dramatiques puisqu’il amène les gens à s’acharner à résoudre ce qu’ils considèrent comme un manque de volonté alors qu’il s’agit d’une maladie. Évidemment, ils n’y parviennent pas, ce qui aggrave leur sentiment d’impuissance, de nullité et de culpabilité. De ce fait, ils consultent plus tard, et dans un état plus délabré que s’ils avaient consulté plus tôt. La perte de volonté est une conséquence, non une cause de la dépression, il ne faut pas se tromper!
On ne le redira jamais assez: la dépression est une maladie, pas un manque de volonté. Les patients ne décident pas d’être malades, et ne décident pas de guérir ou non. Est-ce qu’on tente de soigner soi-même une fracture?
Ce préjugés est un problème parce qu’il induit un retard thérapeutique.
Attention, la dépression implique des droits, comme le fait d’avoir l’empathie de l’entourage ou un arrêt de travail, mais aussi des devoirs, notamment celui de faire tout ce qu’on peut pour se soigner. Cela veut dire, notamment, suivre à la lettre les prescriptions médicales. Nous parlons bien ici de suivre les prescriptions médicales, et pas les conseils de l’entourage. En effet, les prescriptions médicales, sous l’égide d’un psychiatre, seront pensées pour être accessibles au patient. Elles sont donc faisables en tenant compte de l’affaiblissement cognitif ou de la fragilité du patient.
La dépression ne constitue pas un manque de volonté, mais le psychiatre sollicitera la proactivité du patient pour se rétablir.
Les antidépresseurs sont inefficaces chez les jeunes : FAUX
Les antidépresseurs autorisés fonctionnent bien chez les enfants ou les adolescents. Par contre, beaucoup moins d’antidépresseurs ont l’autorisation de mise sur le marché pour les mineurs (AMM). Beaucoup pensent que ce fait démontre un surcroît de dangerosité. C’est bien sûr une erreur de raisonnement liée à l’ignorance du processus d’attribution de l’AMM. EN effet pour obtenir l’AMM pour les mineurs, le laboratoire doit produire un dossier comprenant des essais cliniques consistants, chez les mineurs présentant un épisode dépressif caractérisé. Or, cette démarche se heurte à plusieurs difficultés:
- L’épisode dépressif majeur n’est pas facile à établir chez les mineurs. De plus, il est rarement isolé. Cela conduit à une certaine difficulté à recruter des participants aux études.
- Les parents sont réticents à donner leur accord légal à inclure leur enfant dans une étude. Cela se comprend naturellement! Par contre, le corollaire logique est qu’il devient difficile de conclure sur l’efficacité du traitement et son innocuité.
- Les laboratoires n’ont pas forcément intérêt à financer ces très coûteuses études dès lors qu’ils ont l’AMM chez les adultes. En conséquence, il ne le font pas!
Ceci explique pourquoi ces traitements, qui peut-être pourraient avoir l’AMM… ne l’ont pas!
Les antidépresseurs font grossir, fatiguent, diminuent la libido… Plutôt FAUX
Ah oui, tout n’est pas toujours tranché en médecine. Indubitablement, beaucoup d’antidépresseurs peuvent entraîner une perte ou un gain de poids (les 2 sont possibles!), une perte ou un gain d’appétit, une fatigue ou une excitation, une perte ou un gain de libido, une perte ou un gain de sommeil.
Pour commencer, l’effet des antidépresseurs peut varier d’un état à son contraire. Il existe une grande variabilité inter et intra individuelle.
Mais surtout, l’erreur que les patients commettent habituellement, c’est d’attribuer ces perturbations à l’antidépresseur et non à la dépression. Sérieusement, quel est le principal responsable de la perte de libido ou de la fatigue chez un patient présentant un épisode dépressif caractérisé? Évidemment la dépression! N’oublions pas que ces symptômes font partie des signes cardinaux de l’épisode dépressif majeur !
Par conséquent, même si on ne peut nier que l’antidépresseur peut favoriser ces symptômes, l’épisode dépressif majeur doit être le premier coupable.
Mais alors d’où vient ce biais d’attribution de la responsabilité?
C’est simple:
- D’abord, c’est vrai que ça peut arriver.
- Ensuite, prenons un exemple simple. Le patient déprimé, recroquevillé au fond de son lit et qui ne voit plus personne… croyez-vous qu’il a de la libido? Généralement non. Par contre, une fois sous traitement et donc en début de résolution de l’épisode dépressif majeur, il est possible qu’il reprenne des contacts humains. C’est là qu’il va avoir besoin de sa libido et prendre conscience de sa perte de libido. Or cette perte de libido était probablement présente avant le traitement, mais sans qu’il en ait besoin, donc sans prise de conscience. Du coup, il va l’attribuer à tort à l’antidépresseur… alors que bien souvent, le début de convalescence lui a permis d’améliorer sa libido par rapport à ce qu’elle était sans traitement.
- Le même schéma vaut pour la prise de poids. En dépression, le patient perd toute activité physique, mange n’importe quoi pour calmer ses émotions désagréables. Mais quand il est en dépression, il s’en aperçoit peu. Par contre, dès qu’il reprend une vie sociale, avec des envies, il prend conscience de la prise de poids et peut l’attribuer à l’antidépresseur plus qu’à l’épisode dépressif majeur.
En conséquence: si de tels effets apparaissent, parlez-en à votre psychiatre pour qu’il effectue les ajustements nécessaires. Souvent, il maintiendra la prescription, voire augmentera la posologie, parce qu’il sait que la guérison de la dépression sera le meilleur moyen d’amender ces symptômes.
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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
Photo de Paola Chaaya
Auteur
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