V/ Épisode dépressif caractérisé: Fréquence et importance

L’épisode dépressif caractérisé est une maladie extrêmement fréquente qui doit être diagnostiquée par un médecin/psychiatre. Elle a en effet des conséquences qui peuvent s’avérer graves. L’OMS la situe parmi les premières causes d’invalidité au niveau mondial. Vous trouverez sur cette page les données concernant l’importance de la dépression en santé publique. Cette page fait partie du dossier détaillé sur la dépression, où vous trouverez toutes les informations que vous pouvez souhaiter sur l’épisode dépressif caractérisé.

Rédacteur « Épisode dépressif caractérisé: Fréquence et importance »: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), Membre du Collège National Professionnel de Psychiatrie, mail: dr.neveux@gmail.com
Sources: Manuel de thérapie comportementale et cognitive; Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP) , Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
Épisode dépressif caractérisé

Généralités sur l’épisode dépressif caractérisé d’après les données du Baromètre Santé 2017 (1)

Fréquence de l’épisode dépressif caractérisé au niveau mondial

A l’échelle mondiale, la dépression touche 3.8 % de la population. On considère que 280 millions de personnes souffrent de dépression. Du reste, elle atteint 5 % de la population adulte et 5,7% des plus de 60 ans, selon l’OMS (chiffres de 2019). La dépression est la 4ème cause de décès des 15-29 ans en 2021.
L’OMS estime en 2017 que les troubles dépressifs représentent le 1er facteur de morbidité et d’incapacité sur le plan mondial.
Plus de 10 % des femmes enceintes et des femmes qui viennent d’accoucher souffrent de dépression (Woody,2017). Plus de 700 000 personnes se suicident chaque année dans le monde. Le suicide est la quatrième cause de décès chez les 15-29 ans.

Fréquence de l’épisode dépressif caractérisé en France

En France, on estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie.
En population générale (de 18 à 75 ans), la dépression en France a augmenté entre 2010 et 2017. On constate une augmentation globale de la prévalence de la dépression dans toutes les tranches d’âge de la population française entre 2010 et 2017. Notamment, on observe +4.4% chez les 35-44 ans.
La prévalence de l’Episode Dépressif Caractérisé (EDC) dans l’année est de 9,8%, où les femmes sont 2 fois plus représentées. Cela signifie qu’en ce moment, environ 10% de la population française remplit les critères d’épisode dépressif caractérisé. L’âge où la prévalence est la plus élevée se trouve dans le groupe 18-44 ans. Plus précisément elle est maximale chez l’homme entre 18 et 34 ans et chez la femme entre 35 et 44 ans. L’augmentation est plus marquée chez les femmes et les moins de 44 ans, et tout particulièrement chez les 15-24 ans (DREES, 2020 et 2022).
En 2021, Santé Publique France publie un baromètre établissant que les épisodes dépressifs sont en augmentation de 36% depuis 2017. D’après l’OMS, près d’une personne sur dix avait vécu un EDC au cours des 12 derniers mois.
Fin 2022, la dépression monte à 17% depuis la fin de l’année 2022 (études EpiCov (Inserm-DREES, vague 1, mai 2020), et Coviprev, par Santé publique France.).
En 2014, on estimait que près de 8% des 12-18 ans souffraient de dépression. Le suicide est la deuxième cause de mortalité des 15-24 ans. En 2014, en France, on estimait entre 800 et 1000 décès annuels par suicide chez les 15-24 ans.

En fonction des pathologies associées à l’épisode dépressif caractérisé

La consommation de tabac est associée à un risque plus élevé de développer une dépression (Fluharty et al, 2017).

D’autres exemples

L’alcool: L’étude « Dépression majeure et troubles co-morbides liés à l’utilisation abusive de substances psycho-actives » par Davis, Lori; Uezato, Akihito; Newell, Jason M; Frazier Elizabeth, révèle que près d’un tiers de la population affectée d’une dépression majeure utilise des substances psycho-actives.

La sédentarité aussi, maladies infammatoires, obésité

la diminution du sucre et des graisses dans l’alimentation protège du risque de dépression.

L’inflammation joue un rôle dans moins de 30% des épisodes dépressifs caractérisés

Entre 2005 et 2017 la prévalence globale de la dépression chez l’homme est restée stable, alors que celle de la femme a augmenté. Chez la femme, cette fréquence a augmenté de 2.7% points.

Le risque de récidive de passage à l’acte suicidaire est de 40% selon le baromètre 2017 de santé publique France et la moitié de ces récidives surviennent dans l’année.

En 2017, les épisodes dépressifs caractérisés ont une prévalence dans l’année de 9.8%.

les accidents vasculaires cérébraux, la maladie de Parkinson, les démences, l’insuffisance cardiaque, les troubles endocriniens, les douleurs chroniques, les cancers, et les déficits sensoriels constituent tous des facteurs de risque de dépression.

La dépression est comorbide avec de nombreux troubles comme:

  • mésusage d’alcool ou les maladies cardio-vasculaires (Fond et al., 2019)
  • suicide qui a causé le décès de 9 300 personnes dans l’Hexagone en 2016 (DREES, 2020)

D’un point de vue épidémiologique en France, ce trouble est en augmentation de 2,5 points de du fait de la crise du Covid, estimée alors à 13,5% des personnes âgées de plus de 15 ans en mai 2020 (DREES, 2021).

Situation sociale (2) et épisode dépressif caractérisé

Situation conjugale
+ 70% après veuvage et + 80% après divorce.

plus de 50% des Femmes victimes de violences conjugales présentent des symptômes de dépression (Lebas & al., 2002 ; Daligand 2008) et 29 % ont fait au moins une tentative de suicide (Lebas & al. 2002).

Age

Entre 15 % et 30 % des patients de plus de 65 ans consultant en médecine générale présentent un état dépressif (Limosin 2015).

20 % des patients âgés hospitalisés admis dans établissements gériatriques souffrent de dépression. Chez ces patients, la prévalence de la dépression est trois fois plus élevée que dans la population générale (Frémont 2004),

Malgré cela, la fréquence des états dépressifs des sujets âgés est sous-évaluée puisque 15 à 50 % d’entre eux seulement seraient détectés.

Enfin, le risque suicidaire s’élève à 9,5% chez les moins de 65 ans, à 7,9% chez les 65-74 ans pour augmenter jusqu’à 14,2% chez les 75 ans et plus.

L’activité
Chômage/personne au foyer = 2 fois plus d’EDC,
Chez les chômeurs, on observe un fréquence de +5% entre 2010 et 2017. Par ailleurs, le risque suicidaire est 2 fois plus élevé chez les chômeurs que chez les personnes actives.
Autres inactifs (« invalidité, congés longue durée ») = 3,4 fois plus d’EDC.
le chômage majore les risques de développer une dépression (Zuelke et al., 2018). Il impacte les besoins psychosociaux comme le sentiment d’efficacité personnelle et le besoin d’estime à travers le statut social (Pohlan, 2019)
 
Le niveau de revenu
– 20% pour les revenus élevés (facteur protecteur).
Le niveau d’études n’était pas associé significativement à une fréquence plus ou moins importante de dépression.
Des facteurs spécifiques ont été identifiés par sexe :
  • Chez l’homme, le fait de vivre seul + 40%.
  • Chez la femme, célibataire +40% ; étudiante + 30%.

Violences conjugales

Les victimes ont trois à cinq fois plus de risque de développer un EDC. 60% des femmes présentant une dépression sévère rapportent des violences conjugales (Dutton et al., 2006)

L’identité de genre et l’orientation sexuelle.

IV/ Médicaments liés à l’épisode dépressif caractérisé

Il existe un lien entre la prise de pilules contraceptives et l’EDC (3), croissant avec le dosage en œstrogènes de la pilule.

Venir au cabinet à Paris

9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094

  • Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
  • RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
  • Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).

Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.

Bibliographie

(1) Santé Publique France, 2018, BEH

(2) Ross et al., 2018, Jour Sex Res

(3) Skovlund et al., 2016, JAMA Psychiatr

Fond, G., Lancon, C., Auquier, P., & Boyer, L. (2019). Prévalence de la dépression majeure en France en population générale et en populations spécifiques de 2000 à 2018 : Une revue systématique de la littérature. La Presse Médicale, 48(4), 365‑375. https://doi.org/10.1016/j.lpm.2018.12.004

DREES. (2021). Confinement du printemps 2020 : Une hausse des syndrome dépressifs, surtout chez les 15-24 ans. (No 1185; p. 8). Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.

DREES. (2022). Santé mentale : une amélioration chez les jeunes en juillet 2021 par rapport à 2020 mais des inégalités sociales persistantes – Rapport 2022 – DREES

Woody CA, Ferrari AJ, Siskind DJ, Whiteford HA, Harris MG. A systematic review and meta-regression of the prevalence and incidence of perinatal depression. J Affect Disord. 2017;219:86–92

Zuelke, A. E., Luck, T., Schroeter, M. L., Witte, A. V., Hinz, A., Engel, C., Enzenbach, C., Zachariae, S., Loeffler, M., Thiery, J., Villringer, A., & Riedel-Heller, S. G. (2018). The association between unemployment and depression–Results from the population-based LIFE-adult-study. Journal of Affective Disorders, 235, 399‑406. https://doi.org/10.1016/j.jad.2018.04.073

Pohlan, L. (2019). Unemployment and social exclusion. Journal of Economic Behavior & Organization, 164, 273‑299. https://doi.org/10.1016/j.jebo.2019.06.006

Limosin, F., Manetti, A., René, A. & Schuster, J.-P. (2015). Dépression du sujet âgé : données épidémiologiques, aspects cliniques et approches thérapeutiques spécifiques. NPG.

Frémont, P. (2004). Aspects cliniques de la dépression du sujet âgé. PsycholNeuroPsychiatr Vieillissement.