Impulsivité : comment détecter et soigner une personne impulsive ?
L’impulsivité est un phénomène extrêmement fréquent. Il faut toujours rechercher un diagnostic sous-jacent. Découvrez ici les signes, les mécanismes et la conduite à tenir devant une impulsivité.
L’essentiel:
- Chercher un diagnostic global derrière l’impulsivité.
- La Thérapie Interpersonnelle (TIP) et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) sont à privilégier dans cette situation.
- Le diagnostic doit être posé par un psychiatre afin d’organiser la stratégie thérapeutique.
- L’impulsivité peut entraîner des conséquences graves dans la vie de la personne impulsive.
Plan de la page
Introduction
Le terme d’impulsivité correspond aux difficultés qu’éprouve une personne pour arriver à se contrôler. Ainsi, l’impulsivité débouche régulièrement sur des actes violents ou des colères. Ces comportements peuvent à leur tour engendrer des conséquences indésirables pour leur auteur.
Bien que les hommes soient souvent plus impulsifs que les femmes, il ne faut pas croire que ces dernières en soient systématiquement indemnes. Seulement, cela ne se manifeste pas forcément de la même façon dans la vie de tous les jours.
L’impulsivité est difficile à identifier parce que, généralement, celui qui est impulsif ne s’en rend pas compte, ou trouve systématiquement des raisons pour justifier sa conduite. Notons d’ailleurs que prises une par une, les situations d’impulsivité peuvent réellement avoir une raison valable. Ce qui caractérise l’existence de l’impulsivité, c’est la récurrence préférentielle de cette réaction, au détriment d’autres réactions plus posées.
NB: nous ne traiterons pas ici de l’impulsivité sexuelle. Voir le chapitre qui lui est spécifiquement consacré.
Rubriques conseillées:
- dépression
- anxiété
- impulsivité sexuelle
- douleurs chroniques
I/ Trois cas de figure pour l’impulsivité
- Vous réalisez vous-même que vous êtes quelqu’un d’impulsif, ou vous avez des doutes là-dessus, ou on vous le dit souvent… Dans ce cas, notre conseil est de bien lire la liste qui suit et de voir si ce qui est décrit vous arrive régulièrement ou engendre des conséquences néfastes pour vous.
- Vous connaissez quelqu’un qui souffre de son impulsivité et vous souhaiteriez l’aider… Face à cela, voici notre conseil: après avoir lu cette page, consultez la section « comment aider un proche ». Il faut savoir que la personne impulsive présente généralement un déni de la situation. Elle trouve de multiples explications à ses comportements. Dans tous les cas ne pas vouloir argumenter avec la personne que vous voulez aider, cela ne marche pas.
- C’est votre enfant qui est impulsif. C’est le cas le plus favorable: même si l’enfant n’est pas conscient de ses problèmes, il est encore sous votre responsabilité parentale, donc vous pouvez l’amener à se faire aider sans avoir besoin qu’il soit forcément d’accord!
II/ Quel est le mécanisme de l’impulsivité ?
Dans tous les cas, l’impulsivité décrit une situation où la personne impulsive se laisse guider par l’émotion et non pas par la raison.
Notons par ailleurs que le fait d’avoir de « bonnes raisons valables » pour agir de façon impulsive ne justifie en rien l’impulsivité. Cette »défense » qu’exprime le sujet impulsif est en effet hors sujet. Le débat portant sur les « bonnes raisons valables » concerne la question qui a tort ou raison dans la discussion. Pour autant le fait d’avoir raison n’est jamais en soi une justification d’un comportement impulsif.On distinguera deux cas de figure.
1/ Les personnes impulsives qui sont intolérantes à la frustration
Elles ont beaucoup de mal à accepter une nuisance, même légère, ou simplement à accepter de ne pas obtenir ce dont elles ont envie. De plus, elles sont généralement très exigeantes envers elles-mêmes et les autres, et tolèrent mal une performance en-deça de leurs attentes. Enfin, elles sont souvent très sensibles aux notions de justice, de principe, d’équité, qui peuvent les faire démarrer au quart de tour.
Ces personnes sont tout à fait capables de répondre énergiquement à une situation-problème. Malgré tout, même si elles ne se laissent pas abattre, à la longue cette débauche d’énergie les use psychologiquement.
Dans ce cas de figure, les patients impulsifs cherchent à vidanger leur colère à court terme, mais ne se rendent pas compte des conséquences délétères pour eux à long terme.
Pire, comme il est impossible d’évoluer durablement dans la société sans pouvoir tolérer un minimum d’insatisfaction, les gens impulsifs vont alors au devant de beaucoup de déconvenues voire de complications personnelles et professionnelles… Ils ont généralement beaucoup de mal à effectuer des concessions ou à discuter calmement, ce qui peut les handicaper gravement dans les relations sociales. C’est ce qui est le pire avec l’impulsivité, c’est que ceux qui en sont victimes ne se rendent pas compte qu’ils se font du mal voire se détruisent à petit feu, et sont toujours, à terme, victimes de leur tempérament.
2/ Le sujet qui paraît impulsif qui, en fait, accumule, prend sur lui les insatisfactions
Ce processus où le sujet encaisse et souffre peut durer des mois voire des années. Ensuite, par un processus évoquant une cocotte-minute, le seuil de tolérance finit par être atteint. Alors, la personne explose pour des motifs totalement futiles, qui donnent extérieurement l’impression que la personne est impulsive. Généralement, la personne elle-même critique elle-même son geste, voire en conçoit rétrospectivement une importante culpabilité. Puis elle reprend son attitude habituelle, où elle tend à encaisser les frustrations en silence… jusqu’à la prochaine explosion.
Ce type d’impulsivité se voit chez les personnes inhibées, avec un style d’attachement évitant, pour qui la verbalisation des émotions est compliquée. C’est ce qu’on voit chez les personnes réputées calmes mais qui peuvent se mettre dans des colères homériques.
Cercle vicieux de l’impulsivité
Certains facteurs vont aggraver le risque d’actes impulsifs:
- tout ce qui peut entraîner une impossibilité à réfléchir à ce qui se passe et à prendre de la distance:
- surprise
- conviction de la personne de devoir réagir tout de suite (à tort ou à raison), spontanément et du tac au tac
- fatigue
- mauvaise compréhension de la situation
- honte
- atteinte à l’honneur ou l’identité, besoins fondamentaux impactés.
- Il est bien évident que l’état psychique de la personne a une influence sur sa capacité à se contrôler et à accepter les frustrations. La tristesse, la colère ou l’angoisse sont bien sûr des sentiments qui vont favoriser l’impulsivité.
Parmi ceux-ci, il faut aussi mentionner les personnes ayant une grande quantité de colère en eux, voire une certaines misanthropie… mais qui la plupart du temps se contrôlent et n’en montrent rien. En effet, ils se refusent à contrevenir aux normes sociales, la morale ou la bienséance. Par contre, si quelqu’un enfreint les règles à leur encontre, ils sont capables d’exploser contre cette personne. En d’autres termes, il s’agit de personnes qui attendent un prétexte moralement acceptable à leurs yeux pour l’utiliser comme un exutoire à leur colère latente. De l’extérieur, il peut sembler d’agir d’impulsivité alors qu’il s’agit pourtant de personnes faisant beaucoup d’efforts pour se contrôler.
III/ Comment détecter l’impulsivité ?
Certains événements sont évocateurs.
A/ Manifestations classiques de l’impulsivité
Problèmes comportementaux
- Au pire: bagarres, rixes à répétition… Le fait de se battre « pour la bonne cause » ou sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue n’excuse rien. En effet, c’est bien l’impulsivité la vraie cause. La répétition de bagarres « justifiées » évoque souvent une difficulté à se contrôler. D’ailleurs, ces actes sont encore plus évocateurs lorsqu’ils entraînent des conséquences judiciaires. Dans ce cas, cela signifie que même la loi n’est pas capable de réprimer l’impulsivité de la personne.
- Insulte, cris, colères, coups de poing dans les murs… c’est une atténuation partielle de la pulsion de base violente. Il faut toutefois prendre au sérieux les conséquences possibles de ces actes: insulter son patron ou son conjoint dans un moment de colère peut avoir, à juste titre, des conséquences très graves… A titre d’exemple, une équipe du CHU de Dijon, a développé en 2019 un algorithme à partir des données du PMSI (programme de médicalisation des systèmes d’information). Cet algorithme a montré une augmentation de 50 % du nombre d’enfants maltraités physiquement lors du premier confinement, dont on connaît la tendance à favoriser les violences intrafamiliales.
- Tendance au passage à l’acte excessif dans les situations émotionnellement chargées (anxiété, tristesse, colère…)
- Parfois tentative de suicide. Les tentatives de suicides impulsives surviennent souvent dans un contexte d’angoisse ou de désespoir important.
- Pouvoir être submergé par la colère au point de perdre le contrôle de ses actes
- Tendance à ne pas passer à autre chose lorsque la personne a ressenti de la colère.
- Bris d’objets
Perturbations cognitives ou émotionnelles
- Prises de décision irréfléchie.
- Esprit de vengeance à tout prix, même pour une nuisance minime.
- Disproportion de la réaction par rapport à une nuisance minime.
- Achats inconsidérés, compulsifs
- Difficulté à oublier la cause de la colère: même lorsque la personne impulsive a réussi à se contenir, elle pense encore à l’objet de sa colère, et cela l’amène à ruminer bien plus longtemps que pour la plupart des gens.
- Tendance au délitement des relations sociales, éloignement. Ceci est dû au fait que l’entourage perd peu à peu patience face aux éclats de la personne impulsive. Au fur et à mesure, la personne perçoit une hostilité latente, dont elle a du mal à identifier l’origine, et qui augmente encore sa tension interpersonnelle. L’impulsivité peut même entraîner un isolement social.
- Insensibilité aux arguments rationnels et aux raisonnements.
B/ Questions à se poser par rapport à l’impulsivité
Nous savons qu’il est extrêmement difficile de faire entendre à quelqu’un qu’il est impulsif. Nous espérons que ce site vous aidera si vous êtes en difficulté avec quelqu’un de votre entourage. Le mieux est de l’engager à consulter un psychiatre ou un psychologue… mais nous savons parfaitement que ce n’est pas facile…
Il est généralement plus simple de détecter l’impulsivité chez l’autre, tandis qu’on a du mal à la reconnaître chez soi-même. En effet, l’impulsivité est souvent corrélée à un certain degré de déni. Par conséquent on observe, du moins au début, une tendance à la rationalisation, à la justification.
Pour reconnaître l’impulsivité, nous vous conseillons de vous poser un certain nombre de questions simples:
- Ai-je souvent l’impression que les gens ont peur de moi?
- Est-ce qu’il arrive régulièrement que je remporte un débat d’idée, non sur mes arguments mais par suite de mon comportement?
- M’arrive-t-il d’utiliser un ton plus agressif que je ne le voudrais?
- M’arrive-t-il d’utiliser des mots plus agressifs que je ne le voudrais?
- Puis-je facilement être irrespectueux, voire insultant?
- Arrive-t-il régulièrement que je bouillonne intérieurement?
- Est-t-il régulièrement arrivé que je me batte, ou que je menace?
- Est-ce qu’il arrive régulièrement que les gens soient plus agressifs envers moi qu’envers les autres? (en fait c’est par réponse à mon agressivité que je ne perçois pas)
- Suis-je amené à regretter souvent des actes ou des paroles?
- Ai-je régulièrement cassé des objets?
- Sous le coup de l’émotion, est-ce que j’ai tendance à agir immédiatement, ou je réfléchis toujours avant d’agir?
- Est-ce que l’émotion est suffisamment supportable pour que j’attende qu’elle retombe ou ai-je besoin d’agir pur qu’elle sorte tout de suite?
IV/ Conséquences de l’impulsivité
– Tout d’abord, les conséquences directes: risque de rappel à la loi en cas d’infraction, de bagarre. Conséquences financières en cas de bris d’objets. Enfin, les conséquences relationnelles: avec l’employeur, le voisinage, mais surtout le conjoint qui, à la longue, finit par ne plus pouvoir supporter les écarts de conduite de la personne impulsive.
– Par ailleurs, certaines personnes impulsives peuvent se blesser en déchargeant leur colère en tapant dans un mur par exemple. Dans ce cas, le risque est de se fracturer une main ou un doigt.
– Ensuite, les conséquences à long terme. En effet, les personnes impulsives se font du mal à elle-même parce qu’elles vivent l’environnement comme terriblement hostile. A terme, cela entraîne dépressions, addictions et désinsertion sociale.
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V/ Causes de l’impulsivité
Beaucoup de situations d’impulsivité sont dues à une impulsivité simple, isolée, inhérente au caractère de l’individu.
Mais on retrouve souvent, de façon sous-jacente, comme mécanisme causal:
- hypersensibilité simple, isolée, très fréquente
- éléments caractériels, très fréquents aussi
- troubles anxieux
- troubles de l’humeur (troubles bipolaires, dépression…)
- prise de toxique (drogues, addictions…)
- … ou au contraire sevrage d’une addiction, notamment au tabac ou à la cocaïne, l’héroïne etc…
- Pathologies physiques (intoxication, infections…)
- La fatigue
- Le dégoût, le ras-le-bol: perte de l’envie de faire des efforts.
- Intolérance à la frustration
- Troubles de personnalité (obsessionnel, psychopathique, état-limite…)
- Trouble hyperactivité, chez l’enfant ou l’adulte (TDAH)
- Faim
- Trouble explosif intermittent (TEI): moments d’impulsivité et d’agressivité sans autre explication
VI/ Que faire quand on est impulsif ?
Bien sûr, il convient en premier temps de faire le diagnostic général, s’il y a lieu, de la cause de l’impulsivité. Un aspect important consiste alors à traiter la cause de l’impulsivité. Il faut donc établir un diagnostic et pour cela le recours à un psychiatre est alors indispensable. Nous vous recommandons de bien identifier les différences entre psychiatre ou psychologue)
Ensuite, il sera essentiel de déterminer ce que traduit cette impulsivité. S’agit-il de la traduction d’un malaise caché? d’une souffrance muette? de faire payer des insatisfactions passées? Seule une thérapie pourra permettre de le définir et de prendre en charge l’impulsivité.
En effet, l’impulsivité est généralement corrélée à une difficulté de gestion émotionnelle. Il convient alors de pencher pour une thérapie qui va permettre d’apprendre à gérer les émotions.
Dans cette démarche, les TCC les TIP sont les thérapies de choix dans ce genre de contexte.
A/ Thérapie cognitive et comportementale (TCC)
Les psys TCC permettront d’aider la personne à comprendre les enjeux qu’elle met derrière ses comportements impulsifs et d’apprendre à les gérer différemment. Ainsi, la TCC s’attaque aux pensées dysfonctionnelles existant derrière l’impulsivité (volet cognitif) et propose au patient impulsif de modifier son comportement. La TCC permet ainsi au patient de rationaliser son comportement et son vécu, de prendre de la distance et de passer à autre chose en critiquant les pensées qui l’assaillent dans ces moments de colère.
B/ Thérapie interpersonnelle (TIP)
Les psys TIP prennent en charge la dimension inter personnelle quasi systématique qui existe dans les problèmes d’impulsivité. Notamment, l’impulsivité apparaît pour vidanger le trop-plein émotionnel éprouvé par le patient dans des situations où la relation à l’autre crée de la colère. Ces situations mettent en jeu des besoins chez le patient, qui nécessitent d’être reconnus pour être mieux gérés. C’est là l’essentiel du travail TIP.
Pour en savoir plus, nous vous conseillons de lire: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP) , Dunod.
Beaucoup de situations d’impulsivité sont liées à la difficulté du patient à prêter à l’interlocuteur sa véritable intention. En effet, les gens impulsifs ont tendance à personnaliser les choses, vivre ce qui est dit comme une attaque ou se méprendre sur les intentions de l’autre. La TIP va alors aider le patient impulsif à se mettre à la place de l’autre, identifier correctement ses intentions et ses émotions. De plus, la TIP va également permettre de prendre en considération et de traiter les conséquences sociales de l’impulsivité.
C/ Autres approches psychothérapiques
L’EMDR peut être utilisée avec profit pour décharger le trop-plein d’énergie et de colère que ressent la personne.
La mindfulness / pleine conscience peut aussi permettre un abord utile dans la digestion de l’émotion.
Il s’agit cependant plus de soutien adjuvant que d’une psychothérapie à part entière.
D/ Questions à poser ou se poser en cas d’impulsivité
Si vous vous sentez impulsif, ou que vous souhaitez quelqu’un qui commence à « monter », voici quelques principes qui peuvent vous aider.
Tout d’abord, ne pas accepter la mauvaise communication impulsive. Vous pourrez reprendre cela immédiatement ou à distance, mais il faudra le reprendre.
Ensuite, certaines questions sont très bénéfiques:
- Quel est l’état émotionnel sur le moment?
- Que pensez-vous sur le moment?
- Qu’est-ce qui vous fait le plus souffrir?
- Quelle intention, quel but est-ce que je suis en train de poursuivre en étant impulsif?
- Comment m’aider ou aider l’autre?
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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
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