Terrible nouveauté du vingtième et unième siècle, le sentiment d’isolement est l’un des plus grands fléaux des pays occidentaux. Il sévit notamment dans les grandes villes comme Paris. La souffrance qu’il crée ne tient pas tant à ses conséquences directes, mais à cause du mal-être qu’il engendre.

Bibliothérapie

Nous vous proposons quelques références « grand public » pour approfondir vos connaissances sur « l’isolement ».

1. interview par  Dorothée Louessard: https://www.doctissimo.fr/psychologie/developpement-personnel/taciturne-definition-causes-et-solutions/e9effe_ar.html
2. interview par Maëlys Ponge, sujet sur la clinophilie

Définition

L’isolement social consiste en “un état de manque complet ou presque complet de contact entre un individu et la société. Il diffère de la solitude, qui reflète un manque temporaire et involontaire de contact avec d’autres humains dans le monde.”^[1]

^[1] Cornwell EY, Waite LJ. Social disconnectedness, perceived isolation, and health among older adults. J Health Soc Behav. 2009 Mar;50(1):31-48. doi: 10.1177/002214650905000103. PMID: 19413133; PMCID: PMC2756979.

Différents types d’isolement

L’isolement est une calamité à laquelle la réponse doit être globale: sociale, familiale et psychique. Nous allons tenter de suggérer une réponse en rapport avec le contexte psychique.

Même si l’isolement est multifactoriel, il est possible d’intervenir pour aider les personnes qui souffrent d’isolement. Plusieurs cas peuvent se distinguer.

– Les personnes qui présentent une timidité majeure dans toutes les situations de la vie, et qui ont du mal à se faire des amis ou aller avec les autres. Il s’agit en termes TIP d’un déficit interpersonnel quantitatif.

– Les personnes qui peuvent avoir une vie sociale globalement normale, mais qui éprouvent des difficultés uniquement dans un contexte particulier: par exemple, dans le cadre professionnel, ou dans les relations sentimentales. Il s’agit en termes TIP d’un déficit interpersonnel qualitatif.

– Les personnes qui se sont éloignées de toute cellule familiale, et qui aimeraient améliorer cette situation.

Notre conseil est de ne pas sous-estimer l’impact psychologique de l’isolement. A terme, il peut s’avérer très délétère… il semble en effet que l’homme ne soit pas conçu pour vivre seul… Les conséquences peuvent être importante: dépression, baisse d’estime ou de confiance en soi, phobie sociale, repli sur soi.

A l’extrême on observe l’hikikomori où les individus s’enferment chez eux, cloîtrés chez eux voire dans leur chambre, pendant des mois voire des années. La prévalence en est principalement masculine.

Les causes de l’isolement

Les causes les plus fréquentes de l’isolement sont la dépression (qui peut donc être cause ou conséquence de l’isolement (Nezlek & al., 2000)), la phobie sociale (qui peut donc être cause ou conséquence de l’isolement) et l’angoisse de performance.

Par ailleurs, l’isolement complique fréquemment une peur de l’engagement, peur de l’abandon ou un trouble de personnalité.

Dans certains cas, l’isolement est une réaction de l’individu pour faire face à une situation difficile. C’est par exemple ce qui s’observe dans l’isolement consécutif à un traumatisme ou un abus sexuel.

Par ailleurs, l’isolement peut aussi être dû à des difficultés interpersonnelles engendrées par une pathologie psychiatrique. De ce fait, cette dernière rend la situation compliquée pour l’entourage, qui se détourne peu à peu de la personne. On pense ainsi au trouble bipolaire et aux addictions.

Dans d’autres cas, comme dans les troubles de personnalité (dépendante, antisociale, borderline ou état-limite), le comportement du patient est trop insupportable et les gens refusent d’avoir des liens prolongés.

Mais très souvent, l’isolement ne résulte pas d’un problème particulier, mais est la conséquence d’une sommes d’habitudes, de craintes légères, de principes éducatifs mais aussi de pression sociale qui aboutissent à l’isolement social. Un travail de développement personnel est alors nécessaire, apte à remettre progressivement en cause les schémas qui ont conduit à cette situation.

Fréquence de l’isolement et facteurs de risque

Beutel [1] évalue le sentiment de solitude sur une population de 15000 personnes montrant qu’il est plus fréquent chez :

• les femmes,
• les personnes qui n’ont pas de partenaire,
• celles et ceux qui vivent seuls et sans enfants.

[1] Beutel et al. (2017) Loneliness in the general population: prevalence, determinants and relations to mental health. BMC Psychiatry 17:97

Ce sentiment de solitude est associé dans cette étude avec davantage de dépression, d’anxiété généralisée, d’idées suicidaires, une consommation de tabac plus élevée et davantage de consultations médicales.

Reconnaître l’existence de l’isolement

Selon l’OMS, “Les liens sociaux de grande qualité sont essentiels à notre santé mentale et physique et à notre bien-être.”^[2].

^[2] World Health Organization. (s. d.). Social isolation and loneliness. Consulté le 19 octobre 2023, à l’adresse https://www.who.int/teams/social-determinants-of-health/demographic-change-and-healthy-ageing/social-isolation-and-loneliness

Isolement chez l’adulte

L’isolement peut se détecter par:

1. une solitude marquée, une tendance à être taciturne
2. un évitement des situations sociales, de façon généralisée ou dans certains cas de figure uniquement.
3. une tristesse liée à cette solitude…
4. … ou au contraire un déni total de la situation, avec parfois une tendance à la rationalisation
5. timidité
6. hypersensibilité en situation sociale
7. vécu honteux de la situation
8. tendance à se réfugier dans le monde virtuelle (addiction aux jeux vidéos par exemple). Une stratégie dysfonctionnelle consiste à utiliser les réseaux sociaux pour concilier la distance nécessaire à leur sentiment de sécurité et leur besoin de proximité (Nitzburg & Farber, 2013)
9. désir de rester chez soi voire au lit (clinophilie)

En France, l’isolement constitue un critère d’évaluation du degré d’urgence suicidaire.

Généralement l’isolement à tendance à créer un cercle vicieux. Le patient rentre moins en contact avec les autres. Du coup, il désapprend à créer et entretenir des relations. Et par voie de conséquence, il devient de moins en moins compétent à maintenir des relations de qualité.

Isolement chez l’enfant

Pour les parents, il est donc très important de savoir repérer, chez l’enfant, les premiers signes qui trahissent ces difficultés:

• difficultés scolaires
• refus scolaire
• phobie scolaire

• manque de confiance en soi
• tristesse, renfermement de l’enfant
• hyperactivité
• comportements transgressifs, opposition à l’adulte
• addiction aux jeux vidéos

Complications

Il arrive que l’isolement soit détecté par ses conséquences:

• dépression
• addictions
• addiction au portable
• actes auto-agressifs (notamment scarifications chez l’adolescent)
• ostracisme

La mortalité (toutes causes confondues) est inversement proportionnelle à la qualité et la quantité des liens sociaux^[2].

L’isolement social est un facteur de risque de beaucoup de pathologies dont la maladie d’Alzheimer, ainsi que des troubles psychiatriques^[3].

^[2] Julianne Holt-Lunstad. Social relationships and mortality risk : a meta-analytic review.

^[3] Bzdok, D., & Dunbar, R. (2020). The Neurobiology of social distance. Trends in Cognitive Sciences, 24(9), 717‑733. https://doi.org/10.1016/j.tics.2020.05.016

Traitement de l’isolement

Le traitement doit avant out privilégier la pathologie psy si une pathologie est retrouvée comme étant la cause de l’isolement. Si l’isolement social est un révélateur d’un problème psy nécessitant un traitement spécifique (trouble bipolaire, dépression…), la prise en charge de l’isolement social passera nécessairement par le traitement de ce problème psy sous-jacente. De même, il sera essentiel de prendre en charge les complications éventuelles (dépression, addiction à l’alcool…).

Le traitement de l’isolement lui-même est principalement psychothérapique.

L’aide en thérapie consiste alors à identifier les mécanismes qui ont entraîné l’isolement social et la souffrance qui l’accompagnent, à mettre en exergue les difficultés concrètes (situation sociale, etc…) tout en tenant compte des souhaits de la personne.

Globalement, des psychothérapies très efficaces sont les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et les thérapies interpersonnelles. Les thérapies interpersonnelles (TIP) sont la thérapie de choix dans cette indication puisqu’elles consacrent un axe spécifique de travail à l’isolement.

Traitement de l’isolement par la TIP

L’isolement est modélisé en TIP comme la conséquence de dysfonctionnements interpersonnels: difficultés à aller vers autrui, incapacité technique ou manque de motivation à le faire, non-conscience des bénéfices que l’interaction à l’autre peut apporter, difficulté à entretenir et développer les liens interpersonnels.

Le travail du psy TIP consiste à identifier ces dysfonctionnements et aider le patient à en prendre conscience. Puis par des exercices en séance ou entre les séances, il va aider le patient à surmonter ces difficultés.

Les techniques visent à apprendre au patient à se mettre en situation sociale, briser la glace, créer la discussion, développer le lien.

Pour plus d’information, nous vous conseillons de vous reporter au site très complet de l’IFTIP (Institut de Formation en Thérapies Interpersonnelles), association loi 1901 : https://www.iftip.fr qui fait référence dans le domaine.

Traitement de l’isolement par la TCC

La TCC permet de traiter l’isolement en ciblant les croyances erronées que nourrit le patient sur lui même, les autres, ou la façon de rentrer en contact avec l’autre. Ces patients ont souvent des préjugés sur les relations humaines, qui les angoissent, ou les amènent à éviter les relations interpersonnelles.

Venir au cabinet à Paris

9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094

• En métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre)
• En RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…)
• En bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois)

Fait à Paris 17 par un psychiatre et un psychologue

Photo by JJ Jordan et pan xiaozhen

Bibliographie

Nitzburg, G. C., & Farber, B. A. (2013). Putting up emotional (Facebook) walls? Attachment status and emerging adults’ experiences of social networking sites. Journal of Clinical Psychology, 69(11), 1183‑1190. https://doi.org/10.1002/jclp.22045