Angoisse ou anxiété de performance : comment la reconnaître et la soigner ?
L’essentiel:
- Chercher un diagnostic global derrière l’anxiété et l’angoisse de performance.
- Le psychiatre pose le diagnostic afin d’organiser la stratégie thérapeutique.
- La Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) et la thérapie interpersonnelle (TIP) sont à privilégier dans cette situation.
Nous consacrons une section spécifique à l’anxiété de performance parce que le contexte dans lequel elle apparaît est particulier.
Il faut distinguer deux situations:
– l’anxiété de performance face à un objectif dont la difficulté est objectivement importante.
– l’anxiété de performance face à un objectif qui est largement à la portée de la personne anxieuse.
Angoisse de performance : comment la détecter ?
On retrouve dans l’anxiété de performance les symptômes habituels de l’anxiété ou l’angoisse:
Symptômes émotionnels et psychiques de l’angoisse de performance
- sentiment d’angoisse / anxiété ou peur
- difficultés à se concentrer, à réfléchir
- trouble de l’attention
- exigence trop élevées
- difficulté à profiter du moment présent
- préoccupation excessive pour les résultats
- tendance à s’attribuer de façon exagérée les échecs et à l’extérieur ou la chance les réussites
- convictions qu’on va rater
- catastrophisation d’un éventuel échec
- peur du ridicule ou des moqueries
- préoccupations injustifiées pour ce que vont penser les observateurs
- aversion aux situations on ne contrôle pas tout
- tendance à vouloir tout contrôler
- tendance à différer, procrastiner
- obsessionnalité
- perfectionnisme
Sensations physiques de l’angoisse de performance
Ils sont la conséquence de l’activation du système nerveux.
- sensation de boule dans la gorge ou le ventre
- besoin impérieux d’uriner
- tremblements
- sueurs
- accélération du rythme cardiaque voire palpitations
- difficulté à respirer, apnée ou encore accélération du rythme respiratoire
- nausées, vomissements, coliques, diarrhées, crampes gastriques
- fourmillements des extrémités
- vertiges, étourdissements
Pensées perturbatrices
- sensation de mort imminente
- peur de devenir fou
- impression de perte de contact avec la réalité (déréalisation)
- troubles caractériels, irritabilité
- idées obsédantes
Cas particuliers
Dans certains cas, l’anxiété de performance porte sur un domaine très circonscrit de la vie de la personne. Par exemple, il peut s’agir de la vie professionnelle ou de la vie amoureuse.
Dans d’autres circonstances, la personne sujette à l’angoisse de performance le vit par procuration. Il s’agit par exemple d’une angoisse de performance que l’on ressent pour ses enfants quand ils passent un examen.
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L’anxiété de performance face à un objectif dont la difficulté est objectivement importante
C’est le cas, par exemple, d’un champion de tennis qui angoisse à l’idée de ne pas gagner son prochain tournoi de tennis, ou qui ne trouve pas la motivation.
Ce cas de figure correspond à une situation où la personne a des attentes et des objectifs se trouvant à la limite de ses compétences. En d’autres termes, il s’agit des situations où la probabilité de réussir au niveau attendu est faible. Dans ce cas, l’apparition d’une anxiété est normale. En effet, l’anxiété a pour fonction de nous avertir que l’on court peut-être un danger. Dans le contexte, il s’agit du danger de ne pas parvenir à atteindre notre objectif. Si la probabilité de réussite est faible, il s’agit donc d’une angoisse de performance adaptée à la situation. Alors, cela veut dire que cette angoisse n’est pas essentiellement pathologique.
Il est possible de généraliser le problème à toute personne qui ne souffre pas de cette anxiété mais qui voudrait simplement augmenter ses performances en rapport avec ses compétences. On se place dans ce cas dans le cadre d’une amélioration de la qualité de vie, en partant d’une situation où la personne a un niveau de performance normal.
Même si l’angoisse n’est pas pathologique, une aide adaptée aidera une personne présentant ce genre d’objectif. Nous vous recommandons en particulier un psychiatre ou un psychologue formé aux techniques de thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou de coaching.
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L’angoisse de performance face à un objectif qui est largement à la portée de la personne anxieuse
Dans ce cas de figure, la personne nourrit une anxiété inadaptée, dont elle souffre.
La notion de performance peut prendre de multiples formes: capacité à demander quelque chose, à dire non, à parler en public… La performance fait référence à toute situation où la personne a besoin d’un résultat concret, dépendant d’elle.
Un exemple typique: la personne qui est très angoissée à l’idée de ne pas réussir à obtenir le permis de conduire, alors qu’à l’entraînement, elle réussit parfaitement. L’anxiété inadaptée génère de la souffrance et peut entraîner l’échec. Certes, ne pas avoir le permis n’est pas grave en soi, mais cela peut compliquer la vie de la personne et surtout cela peut être évité!
Il est donc important de savoir appeler à l’aide avant de subir sur la vie personnelle les conséquences néfastes de cette anxiété.
Un autre cas de figure typique se voit souvent: il s’agit du salarié qui répond à toutes les demandes du travail, en week-end comme le soir ou pendant les vacances. Il ne parvient pas à mettre de barrière aux sollicitations professionnelles parce qu’il est sous le coup d’une angoisse de performance qui l’oblige à se rendre disponible à tout moment. On parle au pire de workaholic.
NB: L’anxiété de performance sexuelle appartient à cette catégorie! La plupart des hommes craignent de ne pas être à la hauteur et en souffrent alors que leur performance est parfaitement normale, et gâchent leur plaisir!
Mécanismes de l’angoisse de performance
Le patient présentant une angoisse de performance peut avoir peur de plusieurs choses:
- l’échec en lui-même.
- les conséquences de l’échec.
- les efforts nécessaires pour atteindre le niveau suffisant pour que la performance visée soit atteignable. La perspective de ces efforts découragent d’emblée.
- souvent aussi les moqueries et les quolibets qui pourraient accompagner l’échec.
- l’incapacité du patient à compenser émotionnellement un échec dans un domaine par ses vécus agréables dans d’autres domaines de sa vie.
1/ L’échec en lui-même
Certaines personnes ne supportent pas l’échec pour l’échec, indépendamment de ses conséquences. Ce mécanisme est d’autant plus vrai lorsque les patients investissent trop dans la tâche. Cela se voit par exemple quand le patient y met un besoin d’identité ou d’estime.
Ces personnes présentent alors une importante participation affective même si la tâche est sans importance.
2/ Les conséquences de l’échec
Lorsque les conséquences directes de l’échec peuvent être dangereuses, le patient montre fréquemment une angoisse de performance.
On observe que les patients ont une forte tendance à exagérer la gravité des conséquences de leur échec. Du reste, la chose la plus crainte est souvent le ressenti émotionnel désagréable et pas toujours une conséquence factuelle.
3/ Les efforts à fournir
Il arrive que le patient soit conscient que la tâche est à la limite de ses compétences. L’anxiété de performance apparaît de ce fait comme un avertissement que l’échec doit être pris en considération.
4/ Moqueries et quolibets
Dans ce cas, ce sont les conséquences indirectes qui représentent les danger pour le patient. Dans ce cas de figure, les dimensions sociale et narcissique prédominent.
5/ Incapacité à compenser émotionnellement un échec
C’est le principe de « tous les œufs dans le même panier ». Pour qu’un individu soit équilibré, il est important que les différents secteurs de sa vie soient équilibrés. Naturellement, au cours de la vie, il peut y avoir des échecs dans un secteur. Quand la personne est stable, un échec dans un secteur donné est émotionnellement compensé par la conscience que les autres secteurs sont satisfaisants. Mais lorsque le patient a investi tous ses besoins dans un nombre réduit de secteur de la vie, alors la peur de l’échec dans ce secteur peut devenir très importante.
Par exemple, on peut citer le cas du jeune adulte qui dit: « si je rate mon concours, je rate ma vie »
6/ Implications pour la prise en charge
Le travail psychothérapique vise alors à:
- aider le patient à mesurer les conséquences réelles de l’échec.
- s’assurer que les objectifs sont rationnels et atteignables.
- apprendre à gérer l’échec et rebondit.
- accepter les efforts à consentir pour obtenir la réussite.
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Troubles associés à chercher derrière l’angoisse de performance
- Trouble panique
- Trouble anxiété généralisé
- Phobies
- Trouble obsessionnel compulsif (TOC)
- Burnout
- Syndrome de stress post-traumatique (PTSD)
- Etat de stress aigu
- Dépression
- Troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, binge eating)
- Troubles de personnalité (état-limite ou borderline, obsessionnelle…)
Anxiété de performance : comment la guérir ?
La prise en charge comprend principalement une psychothérapie, parfois complétée par des groupes thérapeutiques.
La psychothérapie se base sur les thérapies cognitivo-comportementales. Vous pouvez consulter cette page pour tout savoir du traitement de l’anxiété de performance par la TCC.
Psychothérapie TCC
Pour résumer, le psychologue ou le psychiatre TCC cherchent à identifier les schémas de performance sous-jacents et les cognitions dysfonctionnelles qui amènent le patient à être trop exigent vis-à-vis de lui-même.
Naturellement, le degré d’exigence sera à apprécier en fonction de la situation. Mais s’il s’agit bien d’une angoisse de performance pathologique, on retrouvera des schémas d’exigence. Dans ce cadre, la personne présentant une anxiété de performance sera paralysée par la crainte de ne pas bien faire les choses. Du coup, elle aura tendance à vouloir un degré de perfection:
- soit trop élevé
- soit inutile par rapport à la situation.
Le patient fixe son seuil d’exigence en ne tenant pas compte du principe de réalité.
Dans cette démarche, le travail en restructuration cognitive, questionnement socratique, lui permettra de soigner son angoisse de performance.
L’amélioration de la performance passe par la répétition de la tâche. Elle est facilitée si on parvient à connecter l’effort à une émotion positive, ou à une motivation pour un bénéfice futur.
Par exemple, on retrouve classiquement une tendance à s’attribuer de façon exagérée les échecs et à l’extérieur ou la chance les réussites. Le psy TCC va aider le patient à corriger cette façon de voir les choses qui a tendance à lui mettre trop de pression.
Influence de l’entourage
L’angoisse de performance se voit d’autant plus fréquemment que l’entourage met une pression de performance. Par exemple, si un enfant vit dans un entourage pour lequel les mathématiques sont la matière la plus importante, il va y mettre des attentes très importantes. Plus les attentes sont importantes, plus le risque de souffrir est élevé en cas d’échec.
Le travail passe dans ce cas par:
- soit l’intervention directe auprès de l’entourage. Le but consiste alors à modifier le discours et la pression exercés par l’entourage. Cet abord se montre d’autant plus indispensable que le patient est jeune (enfant).
- soit en aidant le patient à remettre en cause les dogmes imposés par l’environnement.
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9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094
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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue TCC.
Auteur
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