TCC et Covid long ou Syndrome Prolongé ou affection post-Covid

Le Covid long est une pathologie fréquente. En effet, le Covid long toucherait 30 % des patients adultes ayant été positifs au Covid. Cette page vous expliquera sa symptomatologie et comment la traiter.

Rédacteur « TCC et Covid long »: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), Membre du Collège National Professionnel de Psychiatrie, mail: dr.neveux@gmail.com
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Sources:  Les troubles somatiques fonctionnels au cours des symptômes prolongés de la Covid19, HAS; Manuel de thérapie comportementale et cognitive, Dunod

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L’essentiel:

covid long ou syndrome prolongé: comment le soigner par la tcc (thérapie cognitive et comportementale)

Introduction

Le Covid long ou syndrome prolongé est la persistance de symptômes à distance de l’épisode aigu, est appelée « Covid long » ou « affection post-Covid ». Toutefois, la définition du Covid long ne bénéficie pas encore d’un consensus scientifique.

Cet article se concentre sur le traitement des troubles somatiques fonctionnels et troubles psychiques du Covid long par la TCC (Thérapie Cognitive et Comportementale).

Pour en savoir davantage sur la fréquence et les symptômes de cette pathologie, vous pouvez consulter la page consacrée au Covid long.

 

Modélisation du Covid long en TCC

On retrouve dans cette maladie des mécanismes psychopathologiques existant dans plusieurs autres pathologies. On pense notamment au trouble anxiété généralisée (TAG), au TOC, à la phobie ou au Trouble Stress Post-Traumatique, par exemple.

Le patient présentant un Covid long présentent:

  1. des conduites d’évitement. Il tente d’éviter les activités ou les facteurs qu’ils identifient (à tort ou à raison) comme déclenchant ou aggravant les symptômes.
  2. aversion à l’incertitude. Elle se traduit par une quête d’information et d’avis médicaux dysproportionnée mais parfaitement compréhensible vu le contexte.
  3. hypervigilance. Le patient focalise toute son attention sur le fonctionnement des organes concernés par les symptômes ou sur les facteurs déclenchants ou aggravants.
  4. schémas cognitifs entretenant ces conduites d’évitement et cette hypervigilance attentionnelle.
  5. doute obsessionnel. Le patient vit dans la crainte permanente d’avoir une complication grave ou mettant en jeu le pronostic vital.

 

TCC de l’évitement dans le Covid long

Le patient identifie des facteurs à qui il attribue le risque d’aggraver ses symptômes. Il peut avoir raison, ou être dans l’erreur, peu importe. Ce qui compte, ce sont ses représentations. En effet comme il est persuadé de la responsabilité de ces facteurs, il cherche à les éviter. Une anxiété anticipatoire apparaît, dissuadant le patient de se mettre dans des situations identifiées comme déclencheurs.

Le cercle vicieux de l’évitement se modélise ainsi:

covid long ou syndrome prolongé modélisé en TCC : comment fonctionne le cercle vicieux de l évitement?

Les facteurs que le patient identifie comme aggravant sont par exemple:

  • activité physique
  • travail
  • sorties
  • contacts sociaux…

Le psychiatre ou le psychologue TCC cible ces facteurs aggravants afin d’amener le patient à s’exposer au risque.

Approche cognitive

Le thérapeute TCC amène le patient à :

  • identifier les facteurs déclenchant et ceux qui ne le sont pas.
  • remettre en cause sa conviction lorsqu’il est persuadé à tort de la responsabilité de facteurs déclenchant.
  • critiquer sa tendance à exagérer la gravité de ses symptômes si nécessaire.
  • refuser l’évitement. On aide le patient à envisager que les symptômes ne se déclencheront pas systématiquement et que cela vaut le coup de tenter.
  • réaliser que les mesures prises pour éviter les symptômes ont plus de préjudices sur sa vie que les symptômes eux-mêmes.

Les outils habituels de restructuration cognitive, de questionnement socratique etc… sont à privilégier.

Approche comportementale

Une fois le volet cognitif bien avancé, le patient est prêt à prendre le risque de s’exposer aux facteurs déclenchants, malgré l’angoisse anticipatoire. Le principe est alors d’amener le patient à vivre ces situations à risque de déclencher des symptômes, mais de les vivre pendant une durée suffisamment longue pour que le patient ait le temps d’observer l’extinction de l’angoisse. Afin de faciliter l’exposition, le thérapeute proposera en premier lieu l’exposition à des situations que le patient identifie à tort comme des facteurs déclenchant. Ensuite, il lui propose de s’exposer aux situations réellement responsables de symptômes.

covid long ou syndrome prolongé: guérison de l évitement par TCC

TCC de l’aversion à l’incertitude du Covid long

Mécanisme TCC

Dans le Covid long, l’aversion à l’incertitude est très développée. En effet, les patients ne supporte pas l’épée de Damoclès qui planent sur eux. Cette réaction est parfaitement compréhensible et doit susciter de l’empathie.

En effet, ces patients ont subi une suite de probabilités défavorables: être contaminés par le Covid, et ensuite développer le syndrome prolongé. Quelles que soient les probabilités, le patient ne voit qu’un chose: c’est que cela lui est tomé dessus, à lui! Il en tire une généralisation qui consiste à chercher à s’affranchir de toute probabilité défavorable, si minime soit-elle. Après tout, qui pensait qu’on vivrait une telle pandémie en janvier 2020? quelle en était la probabilité évaluée à ce moment-là?

Qui plus est, cette recherche de réponses est alimentée par la défaillance (normale) des scientifiques et de la médecine. On ne peut que reconnaître, avec modestie, que la science ne connaît pas encore tout du Covid, et encore moins du Covid long. C’est normal, puisque cette maladie émergente est très récente, mais ce n’est pas rassurant. Ce que veut le patient, ce sont des réponses fermes et sûres. En conséquence, soumis à des discours alarmistes et contradictoires, il est logique qu’il multiplie les recherches d’informations.

covid long ou syndrome prolongé: cercle vicieux de l'aversion au risque TCC

Approche cognitive

Le thérapeute aide le patient à sortir de ce schéma inatteignable de risque égal à 0.

Il l’aide à réaliser que:

  • les données étant encore parcellaires, il est inutile de multiplier les efforts actuellement.
  • ses efforts et son hyper vigilance sur ce sujet lui fait encore plus de mal que ses symptômes.
  • sa vie peut être de qualité, malgré le risque non nul.
  • son état s’améliore s’il focalise son attention sur d’autres sujets.

Les outils les plus utiles sont la restructuration cognitive, le raisonnement par l’absurde.

covid long ou syndrome prolongé guérison de l'aversion au risque TCC

TCC de l’hypervigilance dans le Covid long

Dans le Covid long, les symptômes génèrent indubitablement de la souffrance. Toutefois, ils ne sont pas les seuls à générer cette souffrance.

Prenons l’exemple d’un patient qui présente un essoufflement séquellaire au Covid. Il sait que cela va apparaître dans la journée. Il va bien sûr souffrir au moment où l’essoufflement apparaîtra. Mais surtout, il va souffrir dès le lever par l’hypervigilance  dans laquelle il va passer sa matinée. D’où viendra cette souffrance? C’est simple, il va passer toute cette matinée à guetter l’arrivée des symptômes. Il va rester dans cette attente, scannant son corps à la recherche des l’apparition des symptômes focalisant dessus toute son attention.

Le psychologue ou psychiatre TCC va aider le patient à focaliser son attention sur des sujets autres que les symptômes ou leur apparition, grâce à des exercices attentionnels dédiés.

Traitement TCC des schémas cognitifs rencontrés dans le Covid long

Les schémas cognitifs et les distorsions cognitives sont classiques.

  • Schéma de pessimisme. « Je ne m’en sortirai jamais », « je ne guérirai pas », « mes symptômes vont s’aggraver »
  • Schéma de maîtrise. « Il faut que je sois sûr », « je ne peux pas vivre si je ne me débarrasse pas de tous les symptômes ».
  • Exigences élevées. « Je veux tout faire pour ne plus avoir les symptômes ».

Ces schémas cognitifs sont un obstacle, que le thérapeute TCC lève par restructuration cognitive.

 

Traitement TCC pour activer la résilience face au Covid long

D’emblée, le psychiatre TCC reconnaît que l’on ne peut pas être sûr de l’évolution des symptômes. Tout d’abord, parce que personne n’a actuellement assez de recul pour affirmer l’histoire naturelle du Covid long. Ensuite, parce qu’il existe une grande variabilité inter-individuelle. Enfin, parce que personne ne peut garantir le succès d’un traitement, et la TCC ne fait pas exception à la règle.

Par contre, le psychiatre TCC aura quatrebuts:

  • amener le patient à prendre acte de la situation.
  • développer des mesures adaptatives pour aménager la vie en tenant compte des symptômes, mais sans réduire le champ des possibles.
  • aider le patient à être proactif pour chercher à maintenir sa qualité de vie et son activité. Refuser la déploration passive.
  • aider le patient à changer de but. Abandonner l’objectif de faire disparaître tout symptôme et le remplacer par l’objectif de mener une vie plaisante en tenant compte des contraintes.

Exemple d’un homme essoufflé qui jouait au tennis avant la maladie. Spontanément, il aura tendance à ne plus joueur au tennis pour éviter les symptômes. Le psy TCC pourra l’amener, par exemple, à jouer même quelques minutes, jusqu’à l’arrivée éventuelle des symptômes, en lui recommandant d’éviter d’être trop exigeant sur ses performances. L’objectif ne devra pas être d’être performant, mais de passer un moment agréable. On discutera aussi le fait de s’autoriser à interrompre la session de tennis en cas d’apparition des symptômes.

 

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9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094

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RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…)

Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois)

Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue

Image par Ursula Schneider