Acouphènes: reconnaître et gérer

Vous voulez en savoir plus sur acouphènes? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face aux acouphènes.

Rédacteur: Dr Nicolas Neveux,
Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en
Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com

Sources:
Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod;

Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle
, Dunod.

L’essentiel:

  • Les acouphènes sont des perceptions sonores en l’absence de source externe.
  • Ils peuvent être le symptôme de pathologies sous-jacentes (troubles anxieux, dépression, lésions auditives…).
  • Un médecin ou un psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge.
  • La Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) est le traitement indiqué en première intention pour les acouphènes chroniques.

Qu’est-ce qu’un acouphène ? Définition et mécanismes

Les acouphènes se définissent comme la perception d’un son (bourdonnement, sifflement, cliquetis, etc.) en l’absence de toute source sonore externe. Ce phénomène, souvent décrit comme un « bruit fantôme », peut survenir dans une ou les deux oreilles, ou encore être perçu comme provenant de l’intérieur de la tête. Les acouphènes ne sont pas une maladie en soi, mais un symptôme pouvant refléter une diversité de causes, allant de lésions auditives à des troubles psychologiques.

Mécanismes physiologiques

Sur le plan physiologique, les acouphènes résultent généralement d’une activité neuronale anormale au niveau des voies auditives. Plusieurs hypothèses coexistent :
• L’hypothèse de la déafférentation : une perte de cellules ciliées dans l’oreille interne (cochlée) entraîne une hyperactivité des neurones du système auditif central, qui « compensent » en générant des signaux sonores fantômes.
• L’hypothèse de la plasticité cérébrale : le cerveau, privé de certains stimuli auditifs, réorganise ses circuits neuronaux, ce qui peut aboutir à la perception d’acouphènes.
• L’hypothèse du filtre attentionnel défaillant : le cerveau, en situation de stress ou d’anxiété, peut amplifier des signaux sonores normalement ignorés.
Exemple clinique : M. L., 52 ans, ancien musicien, consulte pour des sifflements aigus dans l’oreille gauche depuis 6 mois. L’audiogramme révèle une perte auditive dans les aigus, compatible avec une exposition prolongée à des niveaux sonores élevés. L’IRM exclut une cause tumorale. Le patient décrit une aggravation des acouphènes en période de stress, illustrant l’interaction entre facteurs physiologiques et psychologiques.
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Épidémiologie : qui est touché par les acouphènes ?

Les acouphènes sont un phénomène fréquent : on estime qu’environ 10 à 15% de la population mondiale en souffre à un moment de sa vie, avec une prévalence augmentant avec l’âge. En France, près de 16 millions de personnes déclarent avoir déjà ressenti des acouphènes, et environ 4 millions en souffrent de manière chronique.
Facteurs de risque
• Âge : la prévalence augmente après 50 ans, en lien avec la presbyacousie (perte auditive liée à l’âge).
• Exposition au bruit : les travailleurs exposés à des niveaux sonores élevés (BTP, musique, armée) sont plus à risque.
• Antécédents médicaux : otites chroniques, traumatismes crâniens, maladies cardiovasculaires, diabète.
• Facteurs psychologiques : stress, anxiété, dépression, troubles du sommeil.
Exemple clinique : Mme T., 35 ans, cadre dans une entreprise bruyante, présente des acouphènes pulsatiles depuis 3 mois. L’examen révèle une hypertension artérielle non traitée. La prise en charge combinée (antihypertenseurs + TCC) permet une réduction significative de ses symptômes.
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Les différentes formes d’acouphènes

On distingue généralement deux grandes catégories d’acouphènes :
1. Acouphènes subjectifs
Ce sont les plus fréquents (95% des cas). Seul le patient perçoit le bruit, qui peut prendre diverses formes :
• Sifflements (aigus, continus)
• Bourdonnements (graves, intermittents)
• Clics, craquements, pulsations
Exemple clinique : M. R., 68 ans, retraité, décrit un bourdonnement grave dans les deux oreilles, surtout la nuit. L’audiogramme montre une presbyacousie bilatérale. La TCC, associée à une prothèse auditive, améliore sa qualité de vie.
2. Acouphènes objectifs
Plus rares (5% des cas), ils sont audibles par l’examinateur à l’aide d’un stéthoscope. Ils sont souvent liés à des causes vasculaires ou musculaires :
• Acouphènes pulsatiles (synchrones avec le pouls)
• Acouphènes musculaires (clics, crépitements)
Exemple clinique : Mme D., 45 ans, présente un acouphène pulsatile droit. L’IRM révèle une malformation vasculaire (fistule durale). La prise en charge neurochirurgicale fait disparaître le symptôme.
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Causes et diagnostics différentiels

Les acouphènes peuvent avoir des origines variées, nécessitant un bilan complet.
Causes fréquentes
• Perte auditive (presbyacousie, traumatisme sonore)
• Cire dans le conduit auditif
• Maladies de l’oreille interne (maladie de Ménière, otospongiose)
• Troubles vasculaires (hypertension, athérosclérose)
• Médicaments ototoxiques (certains antibiotiques, chimiothérapies, aspirine à haute dose)
• Troubles de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM)
• Troubles anxieux

 

Diagnostics différentiels
• Hallucinations auditives (dans le cadre de troubles psychiatriques)
• Illusions auditives (liées à des bruits environnementaux mal interprétés)
• Acouphènes fonctionnels (sans lésion organique détectable)
Exemple clinique : M. K., 40 ans, présente des acouphènes aigus après un concert. L’audiogramme montre une baisse auditive transitoire. Le repos sonore et une corticothérapie courte permettent une récupération complète.
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Impact des acouphènes sur la qualité de vie

Les acouphènes, surtout lorsqu’ils sont chroniques, peuvent avoir un retentissement majeur :
• Troubles du sommeil (difficulté d’endormissement, réveils nocturnes)
• Anxiété, dépression (liées à la persistance du symptôme)
• Difficultés de concentration (impact sur le travail, la vie sociale)
• Isolement social (évitement des situations bruyantes ou silencieuses)
Exemple clinique : Mme S., 50 ans, enseignante, développe une dépression réactionnelle après 2 ans d’acouphènes invalidants. La prise en charge combinée (antidépresseurs + TCC) permet une amélioration progressive de son état.
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Prise en charge et traitements des acouphènes

Il n’existe pas de traitement « miracle » des acouphènes, mais une prise en charge globale permet souvent une amélioration significative.
1. Bilan initial
• Examen ORL complet (otoscopie, audiogramme)
• Imagerie (IRM, scanner si suspicion de cause centrale)
• Bilan cardiovasculaire (tension artérielle, bilan sanguin)
2. Traitements spécifiques
• Traitement de la cause (ex : extraction de bouchon de cérumen, correction d’une hypertension)
• Prothèses auditives (en cas de perte auditive associée)
• Thérapies sonores (masquage des acouphènes par des bruits blancs)
• Médicaments (vasodilatateurs, anxiolytiques, antidépresseurs en cas de comorbidité)
3. Thérapies non médicamenteuses
• Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) : méthode de référence pour les acouphènes chroniques, visant à réduire l’impact émotionnel et à modifier les croyances dysfonctionnelles.
• Thérapie d’habituation (TRT) : combine éducation, thérapie sonore et accompagnement psychologique.
• Sophrologie, hypnose, méditation : pour la gestion du stress et de l’anxiété.
Exemple clinique : M. P., 55 ans, cadre stressé, suit une TCC pour ses acouphènes. Après 12 séances, il rapporte une diminution de 70% de la gêne fonctionnelle, malgré la persistance du symptôme.
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Prévention des acouphènes

La prévention repose sur :
• La protection auditive (bouchons, casques anti-bruit en milieu bruyant)
• La limitation de l’exposition aux sons forts (concerts, écouteurs à volume élevé)
• La gestion du stress et de l’anxiété (sport, relaxation, sommeil de qualité)
• Le suivi médical régulier (dépistage de l’hypertension, du diabète)
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Acouphènes et enfants : particularités

Chez l’enfant, les acouphènes sont moins fréquents mais peuvent survenir, notamment après une otite ou un traumatisme sonore. Leur évaluation est plus complexe, car l’enfant a souvent du mal à décrire ses symptômes.
Exemple clinique : Léo, 10 ans, se plaint de « bruits dans l’oreille » après un feu d’artifice. L’examen ORL est normal, mais une TCC adaptée à l’enfant (jeux, dessins) permet de réduire son anxiété liée aux acouphènes.
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Recherche et innovations thérapeutiques

La recherche avance sur plusieurs fronts :
• Stimulation magnétique transcrânienne (rTMS) : pour moduler l’activité cérébrale anormale.
• Thérapie génique : ciblant la régénération des cellules ciliées.
• Neuromodulation : via des implants ou des dispositifs externes.
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Conclusion : vivre avec des acouphènes

Les acouphènes, bien que souvent bénins, peuvent altérer la qualité de vie. Une prise en charge précoce et multidisciplinaire (ORL, psychiatre, psychologue) est essentielle. Les avancées thérapeutiques, notamment en TCC et en neuromodulation, offrent aujourd’hui des solutions efficaces pour la majorité des patients.
N’hésitez pas à consulter un professionnel de santé si vous présentez des acouphènes persistants.
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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.


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