Dépression et Covid / Coronavirus
Vous êtes sur la page « Dépression et Covid » du dossier détaillé sur la dépression. Vous pouvez aussi trouver des informations sur les signes, les formes cliniques et les modèles TIP et TCC.
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L’essentiel:
- Avant de parcourir cet article, nous vous recommandons la lecture du dossier sur la dépression
- La vague de dépressions qui s’annonce promet d’être d’une ampleur inédite.
- Le contexte de la pandémie implique des spécificités dans les mécanismes à l’origine de la dépression.
- Le médecin, idéalement psychiatre, pose le diagnostic afin d’organiser la stratégie thérapeutique.
- Le traitement de la dépression peut être psychothérapique, médicamenteux (antidépresseurs) ou inclure d’autres abords.
- La Thérapie Interpersonnelle (TIP) et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) ont prouvé leur efficacité pour soigner la dépression.
- D’autres traitements (compléments alimentaires, luminothérapie etc…) peuvent être utilisés au cas par cas.
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Pandémie et dépression
Le contexte d’une pandémie est connu pour augmenter l’incidence des épisodes dépressifs caractérisés.
En Chine, une étude a montré que dans les suites de la pandémie, la prévalence de l’épisode dépressif caractérisé s’élevait à 20,1 %.
Il faut garder à l’esprit que la dépression est susceptible de toucher tout le monde, et pas uniquement les personnes ayant des antécédents psychiatriques. Par ailleurs, la dépression peut survenir de façon différée dans le temps, ce qui signifie que la survenue de nouvelles dépressions risque de perdurer pendant des mois voire des années après la pandémie.
Par exemple, en Chine, suite au SRAS, la prévalence de la dépression à 30 mois était de 15.6% chez les personnes qui avaient été en danger de contamination.
Les facteurs de risque de dépression post-Covid
- les soignants, par traumatisme vicariant
- les personnes ayant des compensations obsessionnelles : ils sont actuellement dans l’agir pour éviter les émotions négatives qui les rattraperont à un moment
- antécédents psychiatriques
Entre fin septembre et début novembre 2020, la fréquence des épisodes dépressifs caractérisés est passée de 10,9% à 20,9% dans la population générale ( bulletin Santé publique France).
D’un point de vue épidémiologique en France, l’EDC est en augmentation de 2,5 points de du fait de la crise du Covid, estimée alors à 13,5% des personnes âgées de plus de 15 ans en mai 2020 (DREES, 2021)
Une étude publiée dans « The Lancet Public Health ». montre que:
- chez les patients non hospitalisés, la prévalence à 16 mois de la dépression (20,2 % contre 11,3 %) et des troubles du sommeil (29,4 % contre 23,8 %) était plus élevée chez les patients Covid+ que chez les témoins, (20,2 % contre 11,3 %).
- la prévalence à 16 mois des symptômes dépressifs et anxieux chez les patients qui ont dû être alités pendant > 1 semaine pour Covid, est 50 à 60 % plus élevée chez les témoins. Le surcroît de prévalence s’élève à 26 % pour les troubles du sommeil.
Signes plus fréquents
Dans la dépression post-Covid, les troubles du sommeil (50,8% vs 48,7% en 2019), l’anhédonie (39,7% vs 32,4%) ainsi que les troubles de la concentration (23,7% vs 19,2%) se rencontrent plus fréquemment.
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Psychopathologie de la dépression du Covid
Le Covid entraîne plusieurs stress psychiques pour le patient :
- pression liée à la pandémie elle-même
- stress lié aux mesures sanitaires
- stress lié aux conséquences de la pandémie et des mesures sanitaires
Stress lié à la pandémie elle-même
Vous pouvez consulter cet article détaillé pour mieux comprendre les conséquences psychiques de la pandémie.
Menace
La pandémie rappelle à la caducité de la vie. Le patient se sent vulnérable : sa vie est en jeu. Cette question vitale est d’autant plus difficile à supporter qu’elle est peu présente dans les sociétés occidentales, chez qui la maladie, la souffrance et la mort sont la plupart du temps éloignées de nos préoccupations quotidiennes. Désormais la crainte de développer une forme grave de Covid ou d’en garder des symptômes long terme (Covid long) devient très présente.
Ensuite, le patient se retrouve plongé dans une société aux repères complètement désorganisés. Facteur aggravant, la pandémie est survenue de façon très brutale, subite. Il en va par exemple du confinement en France : les premières mesures de restrictions aux libertés ont été annoncées quelques jours à peine avant le confinement total. La marge d’adaptation a donc été singulièrement réduite. Or on sait que l’imprévisibilité est un facteur majeur de dépression. Le fait que la pandémie survienne d’une façon si subite contraint l’individu à mobiliser des ressources de résilience dans des conditions défavorables.
Impuissance
Par ailleurs, la pandémie contraint l’individu à ressentir un sentiment d’impuissance dont on connaît le caractère dépressiogène.
Hypervigilance
Du jour au lendemain, l’individu est confronté à une nécessité d’hypervigilance et de scrutation de ses faits et gestes. La charge mentale s’accroît brutalement. Il lui faut au quotidien :
- adopter des gestes barrières
- respecter un protocole sanitaire de protection
Mais surtout, l’autre devient une menace de tous les instants. En effet, n’importe qui peut le contaminer. L’inconnu devient vecteur… mais les être chers également ! Ainsi, n’importe qui, même les enfants, deviennent une menace. Du coup, l’individu est obligé de se méfier de tout le monde, en permanence.
Cette double contrainte occasionne deux nouveaux facteurs dépressiogènes :
- la méfiance
- le fait d’être soumis à une contrainte permanente
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Stress lié aux mesures sanitaires
Vous pouvez consulter cet article détaillé pour mieux comprendre les conséquences liées au confinement.
Les mesures sanitaires en elle-mêmes sont un stress qui:
- impacte de nombreux besoins fondamentaux chez l’individu notamment la liberté, le plaisir, l’accomplissement, la sécurité…
- bouleverse encore davantage les repères
- prive les patients de soutien interpersonnel
- met les patients dans une situation d’impuissance
- limite la possibilité d’accès aux soins du fait du report des interventions non-urgentes. Les personnes se retrouvent de fait avec des douleurs chroniques ou autres inconforts physiques qui rabotent l’endurance psychique.
- expose à l’ennui
- prive les patients de leur valorisation sociale ou professionnelle habituelle
- les met dans une situation de culpabilisation. En effet, le simple fait de sortir peut devenir une transgression. On ne peut même plus accomplir librement un besoin physiologique essentiel comme la respiration. En effet on doit porter un masque.
- une défiance et une tendance à espionner les pairs apparaît. De l’animosité apparaît entre ceux qui respectent scrupuleusement les règles et les autres. On demande l’éviction de toute personne présentant un symptôme que l’on juge suspect.
- favorise les conflits entre les individus, à bout de nerfs. Ainsi, le moindre différend sur la façon d’interpréter une mesure sanitaire peut occasionner un conflit.
Par ailleurs, les directives sanitaires parfois contradictoires ou incohérentes aggravent la situation.
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Stress lié aux conséquences de la pandémie et des mesures sanitaires
La pandémie et les mesures sanitaires impactent très durement l’économie. Par conséquent, dans la modélisation en thérapie interpersonnelle, cela se traduit au niveau psychique par une insatisfaction des besoins fondamentaux.
- sécurité: l’avenir est incertain. Notamment, la sécurité financière n’est plus assurée.
- accomplissement: les projets doivent être remis en question, différés voire annulés.
- besoins primaires: une crainte apparaît sur la possibilité de satisfaire les besoins tels que logement, alimentation etc…
- liberté: moins de moyens veut dire moins de possibilités.
Ajoutons à cela que ce sont les investissements d’aujourd’hui qui permettent le progrès et la croissance de demain. Cela signifie que l’austérité va durer de nombreux mois. En conséquence, ces besoins fondamentaux vont être durablement impactés, pérennisant les facteurs favorisant l’entretien des dépressions.
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Conduite à tenir devant une dépression liée au Covid
Diagnostic de la dépression liée au Covid
Avant tout il faut poser un diagnostic. En effet, le contexte peut entraîner bien d’autres troubles que la dépression. Ainsi la fréquence des épisodes dépressifs caractérisés n’est pas la seule à avoir augmenté. Un sondage IFOP a montré une augmentation des troubles anxieux par rapport au printemps dernier (+27%, soit une hausse de 7 points ), et des troubles du sommeil (+38%). Il faut donc consulter un médecin / psychiatre pour poser un diagnostic. Vous pouvez trouver ici les conseils pour trouver un bon psy.
La dépression lié au Covid est un épisode dépressif caractérisé classique. Les ressources thérapeutiques sont donc identiques à celles de tout épisode dépressif majeur.
Pour rappel voici les traitements ayant démontré une efficacité dans la dépression. N’oublions pas que le degré d’efficacité n’est pas le même selon les approches. Ainsi, c’est le médecin / psychiatre qui effectuera le choix de la prescription de tel ou tel soin.
- Les psychothérapies (thérapie interpersonnelle et thérapie cognitive et comportementale)
- Les médicaments
- La stimulation magnétique transcrânienne
- La sismothérapie (électroconvulsivothérapie)
- Dépression: autres approches thérapeutiques (La vitamine D3, l’activité sportive, les probiotiques, oméga 3, luminothérapie…)
Les traitements ci-dessus sont valables dans toute dépression. Par contre, dans la suite, nous développerons quelques adaptations thérapeutiques spécifiques pour la dépression liée au Covid. Le lecteur qui voudrait en savoir plus sur les traitements habituels de la dépression sont invités à se reporter sur l’article consacré aux traitements de la dépression.
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Abords psychothérapiques avec les singularités liées au Covid-19
La Thérapie Interpersonnelle (TIP) et la Thérapie cognitive et Comportementale (TCC) sont fortement conseillées pour traiter la dépression en lien avec le Covid.
Tout d’abord, elles son scientifiquement prouvé leur efficacité pour soigner toute dépression. Ensuite, les spécificités de leur techniques permet d’aborder l’épisode dépressif caractérisé en lien avec le Covid d’une façon idéale.
Thérapie interpersonnelle
Le psychothérapeute TIP abordera la dépression en s’efforçant d’identifier chez le patient les besoins impactés par la dépression. On a vu que ces besoins mis à mal sont nombreux.
Il ne perdra pas de temps à aller chercher dans le passé les causes de la fragilité psychique du patient mais se tournera résolument vers l’ici et le maintenant. Les techniques de brainstorming permettront de trouver des solutions pragmatiques et concrètes aux difficultés rencontrées.
C’est une thérapie brève qui permet une efficacité rapide: il faut compter 12 à 16 séances.
Pour les personnes souhaitant s’y atteler par elles-mêmes, c’est également possible avec un manuel de thérapie interpersonnelle.
La TIP est particulièrement intéressante parce qu’elle vise dans ses axes centraux l’isolement ainsi que le changement de situation (transition de rôle).
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Thérapies cognitivo-comportementales
Le psy TCC abordera l’épisode dépressif caractérisé en mettant au jour les schémas cognitifs dysfonctionnels, notamment ceux de pessimisme. On trouvera également beaucoup de schémas tels que: impuissance, incurabilité, manque de confiance en soi pour faire face à la situation.
Lui non plus ne perdra pas de temps à chercher les causes dans le passé. Par contre, grâce à la restructuration cognitive, il ira chercher les pensées bloquantes et aidera le patient à les contester. De là, débouchent des tâches pragamatiques visant à améliorer dans le concret la vie du patient.
Il s’agit là aussi d’une thérapie brève.
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C/ Autres soutiens au traitement de la dépression liée au Covid
Information face aux médicaments
- Questions/réponses Covid19 et médicaments et Covid19 et médicaments: Site d’information de la Société française de pharmacologie pour vérifier si un médicament présente des risques accrus en cas de symptômes de Covid19.
Mesures préventives
Déjà nous vous conseillons de consulter cet article sur comment supporter le confinement. Il vous donnera de précieux conseils sur les mesures simples à adopter pour prendre soin de soi. Ensuite, il y a:
- Suivre les conseils pratiques de l’OMS pour rester en bonne santé mentale
- En cas de doute: évaluer votre état psychique: Stop blues lancé par l’INSERM
- Le Centre National de Résilience : http://cn2r.fr
- Covid-out.fr : https://www.covidout.fr
Plate-forme d’écoute ou pour trouver de l’aide
- Plate-forme de soutien psychologique 24h/24 et 7j/7 : 0 800 130 000 gérée par le gouvernement.
- Soutien psychologique pour les Etudiants
- SOS Confinement : 0800 19 00 00, tous les jours de 9h à 21h – Appel et service gratuits
- Croix-Rouge Ecoute : 0800 858 858 ou 09 70 28 30 00, tous les jours, de 8h à 20h – Appel et service gratuits
- SOS Amitié : 09 72 39 40 50, tous les jours, 24h/24 – Appel et service gratuits
- Solitud’écoute : 08 00 47 47 88, tous les jours, de 15h à 20h – Appel et service gratuits
- Cellule de soutien psychologique pour les chefs d’entreprise : 0 805 65 50 50, tous les jours de 8h à 20h – Appel et service gratuits
- Suicide Ecoute : 01 45 39 40 00, tous les jours, 24h/24 – Coût d’une communication locale
Vérifier les informations
Les fake news créent de la souffrance psychique due à l’imprévisibilité qu’elles créent.
- Informations officielles la pandémie
- Vérifier si une nouvelle est un hoax (Agence France Presse)
- Conseils et informations scientifiques
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Venir au cabinet à Paris
9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094
- Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
- RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
- Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).
Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
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études EpiCov (Inserm-DREES, vague 1, mai 2020), et de l’étude Coviprev, par Santé publique France.
Photo by Austin Ban
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