Drunkorexia: connaître et soigner
Vous voulez en savoir plus sur la drunkorexia? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face à la drunkorexia.
Rédacteur « »: Dr Nicolas Neveux,
Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en
Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com
Sources:
Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod;
Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- Peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…)
- Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge
- La TCC est le traitement indiqué en première intention
Qu’est-ce que la Drunkorexia ? Définition et mécanismes
La drunkorexia, aussi appelée alcoolorexie, désigne un comportement à risque associant une restriction alimentaire volontaire (jeûne, sauts de repas, régimes extrêmes) à une consommation excessive d’alcool, généralement dans un contexte de binge drinking (consommation rapide et massive d’alcool). Ce terme, apparu dans la littérature scientifique au début des années 2010, décrit une stratégie utilisée principalement par les jeunes adultes et les étudiants pour compenser les calories apportées par l’alcool ou pour augmenter plus rapidement les effets de l’ivresse (à jeun, l’alcoolémie monte plus vite):refs[8-0,3,4].
Exemple clinique : Sophie, 22 ans, étudiante en droit, saute systématiquement le dîner avant ses soirées étudiantes. Elle explique : « Si je ne mange pas, je peux boire plus sans culpabiliser pour les calories, et je sens l’effet de l’alcool plus vite. » Ce comportement, qu’elle a adopté depuis le début de ses études, s’accompagne d’une perte de poids, mais aussi de malaises à répétition et d’une anxiété croissante les lendemains de soirée.
Mécanismes physiologiques et psychologiques
Sur le plan physiologique, la restriction alimentaire avant la consommation d’alcool accélère l’absorption de l’éthanol dans le sang, ce qui augmente les risques d’ivresse aiguë, de coma éthylique et de dépendance. Par ailleurs, l’alcool, riche en calories « vides » (7 kcal/g), est souvent perçu comme un « ennemi » par les personnes soucieuses de leur poids, ce qui renforce les comportements restrictifs:refs[10-1,8].
Sur le plan psychologique, la Drunkorexia est souvent associée à :
– Une distorsion de l’image corporelle (peur de grossir, quête de minceur)
– Des troubles anxieux ou dépressifs (l’alcool servant d’auto-médication)
– Une recherche de contrôle (compenser les excès alimentaires ou alcooliques par des restrictions)
– Une influence des réseaux sociaux (valorisation de la minceur et de la fête):refs[12-1,34].
Exemple clinique : Thomas, 20 ans, sportif de haut niveau, avoue : « Je bois pour oublier le stress des compétitions, mais je ne mange rien avant pour ne pas prendre de poids. » Son entraîneur a remarqué une baisse de ses performances et des signes de dépression.
Épidémiologie : qui est touché par la Drunkorexia ?
Les études récentes montrent que la Drunkorexia concerne principalement les jeunes adultes (18-30 ans), avec une prévalence particulièrement élevée chez les étudiants. En France, une enquête menée en 2024 auprès de 3 600 étudiants de l’Université de Caen Normandie révèle que 41,6 % des étudiants consommateurs d’alcool présentent des comportements de Drunkorexia:refs[14-0,13,50].
Populations à risque
– Les femmes : elles sont plus touchées que les hommes, en raison de la pression sociale sur la minceur et de la peur de grossir. Une étude australienne rapporte que 79,1 % des étudiantes interrogées ont déjà adopté des comportements de Drunkorexia:refs[16-1].
– Les étudiants : le contexte festif, la recherche d’intégration sociale et le stress académique favorisent ces comportements.
– Les sportifs : certains athlètes utilisent la restriction alimentaire et l’alcool comme moyen de gestion du poids ou de détente après l’effort:refs[18-1,8].
Exemple clinique : Emma, 19 ans, étudiante en médecine, explique : « En période d’examens, je bois pour décompresser, mais je ne mange rien de la journée pour ne pas prendre un gramme. » Elle présente des signes de fatigue chronique et des troubles de la concentration.
Symptômes et signes cliniques : comment reconnaître la Drunkorexia ?
La drunkorexia se manifeste par une combinaison de troubles du comportement alimentaire (TCA) et de troubles de l’usage d’alcool (TUAL). Les signes d’alerte incluent :
Signes comportementaux
– Restriction alimentaire avant ou pendant les épisodes de consommation d’alcool (jeûne, sauts de repas, régimes extrêmes).
– Binge drinking régulier (consommation de 5 verres ou plus en 2 heures).
– Préoccupation excessive pour le poids, les calories, l’image corporelle.
– Utilisation de l’alcool comme moyen de gestion du stress ou des émotions:refs[20-1,3,8].
Signes physiques et psychologiques
– Perte de poids rapide ou fluctuations importantes de poids.
– Fatigue, vertiges, malaises (liés à l’hypoglycémie et à la déshydratation).
– Troubles de l’humeur : irritabilité, anxiété, dépression.
– Troubles cognitifs : difficultés de concentration, mémoire altérée:refs[22-2,22].
Exemple clinique : Lucas, 25 ans, cadre dans une startup, avoue : « Je ne mange rien le midi si je sais que je vais boire le soir. Ça m’aide à tenir le coup au travail, mais je me sens de plus en plus épuisé. » Il présente des signes de dépression et des troubles du sommeil.
Causes et facteurs de risque
La Drunkorexia est un phénomène multifactoriel, influencé par des facteurs individuels, environnementaux et socioculturels.
Facteurs individuels
– Antécédents de TCA (anorexie, boulimie, hyperphagie).
– Troubles anxieux ou dépressifs (l’alcool est utilisé comme automédication).
– Faible estime de soi et recherche de validation sociale:refs[24-34,35].
Facteurs environnementaux
– Pression sociale (normes de minceur, culture de la fête étudiante).
– Accès facile à l’alcool (soirées étudiantes, happy hours).
– Influence des réseaux sociaux (valorisation de la minceur et de la consommation d’alcool):refs[26-1,38].
Facteurs socioculturels
– Culte de la performance (être mince ET sociable).
– Banalisation du binge drinking chez les jeunes.
– Manque d’éducation sur les risques liés à l’alcool et aux TCA:refs[28-62,67].
Exemple clinique : Chloé, 21 ans, influenceuse fitness, poste régulièrement des photos d’elle en tenue de sport avec des verres d’alcool en légende : « On peut tout avoir ! » Elle avoue en consultation : « Je ne mange rien avant de sortir, mais je bois pour me détendre. »
Conséquences physiques et psychologiques
La drunkorexia expose à des risques majeurs pour la santé, à court et à long terme.
Conséquences physiques
– Carences nutritionnelles (manque de vitamines B1, B9, B12, magnésium), pouvant entraîner des neuropathies, des anémies, ou un syndrome de Korsakoff (troubles de la mémoire irréversibles):refs[30-22,28].
– Troubles hépatiques (stéatose, hépatite alcoolique, cirrhose).
– Troubles cardiovasculaires (arythmies, hypertension).
– Troubles digestifs (gastrites, reflux, ulcères).
– Affaiblissement du système immunitaire et risque accru d’infections:refs[32-14,15].
Conséquences psychologiques
– Dépression et anxiété (liées à la culpabilité, à la perte de contrôle).
– Addiction à l’alcool (dépendance physique et psychologique).
– Isolement social (honte, mensonges sur les habitudes alimentaires et alcooliques).
– Risque suicidaire (surtout en cas de comorbidité dépressive):refs[34-34,35].
Exemple clinique : Julien, 28 ans, cadre commercial, a développé une dépendance à l’alcool après des années de Drunkorexia. Il présente aujourd’hui une cirrhose débutante et des épisodes dépressifs sévères : « Je ne contrôle plus rien, ni mon poids, ni ma consommation. »
Prise en charge et traitements
La prise en charge de la drunkorexia doit être multidisciplinaire, associant un suivi médical, nutritionnel et psychologique.
Diagnostic
Le diagnostic repose sur :
– Un entretien clinique approfondi (habitudes alimentaires, consommation d’alcool, antécédents psychiatriques).
– Des bilans biologiques (marqueurs de carences, fonction hépatique, marqueurs de consommation d’alcool comme les gamma-GT ou la CDT):refs[36-21,25].
– Des échelles d’évaluation (CEBRACS pour la Drunkorexia, tests de dépression et d’anxiété):refs[38-31].
Traitements recommandés
– Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) : elles permettent de travailler sur les croyances erronées (« boire sans manger fait moins grossir »), les stratégies d’évitement, et la gestion du stress. Les TCC sont reconnues comme le traitement de première intention pour les TCA et les addictions:refs[40-51,52,56].
– Thérapies motivationnelles : pour aider le patient à prendre conscience des risques et à s’engager dans le changement.
– Suivi nutritionnel : rééquilibrage alimentaire, prévention des carences.
– Traitements médicamenteux : en cas de dépression ou d’anxiété associée (antidépresseurs), ou pour réduire la consommation d’alcool (baclofène, naltrexone, sémaglutide):refs[42-21,5].
– Groupes de parole : pour briser l’isolement et partager des stratégies de coping:refs[44-53,60].
Exemple clinique : Après un épisode de coma éthylique, Léa, 23 ans, a accepté une prise en charge en TCC. « J’ai compris que je ne contrôlais plus rien. Aujourd’hui, je mange équilibré et je bois avec modération. »
Rôle des proches
Les proches (famille, amis) jouent un rôle clé dans la détection précoce et l’accompagnement vers les soins. Il est important de :
– Écouter sans juger (éviter les critiques sur le poids ou la consommation).
– Encourager la consultation (médecin généraliste, psychiatre, addictologue).
– S’informer sur les ressources disponibles (associations, lignes d’écoute):refs[46-61,62].
Prévention et sensibilisation
La prévention de la drunkorexia passe par :
– L’éducation : informer les jeunes sur les risques liés à l’association restriction alimentaire/alcool (campagnes en milieu scolaire, universitaires).
– La promotion d’un rapport sain à l’alimentation et à l’alcool (ateliers nutrition, gestion du stress).
– La formation des professionnels de santé (médecins, infirmiers, psychologues) au repérage précoce.
– La régulation de la publicité pour l’alcool et les régimes extrêmes sur les réseaux sociaux.
Exemple d’action : En 2025, plusieurs universités françaises ont mis en place des ateliers « Alimentation et fête responsable », avec une réduction de 20 % des comportements de drunkorexia chez les étudiants participants.
Conclusion : un enjeu de santé publique
La Drunkorexia est un phénomène en expansion, notamment chez les jeunes, et représente un défis majeur de santé publique. Son dépistage précoce et sa prise en charge adaptée sont essentiels pour éviter des complications graves (dépendance, dépression, troubles nutritionnels).
Si vous ou un proche êtes concerné, consultez un professionnel de santé : médecin généraliste, psychiatre, addictologue ou nutritionniste. Des solutions existent, et une prise en charge précoce améliore significativement le pronostic.
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Dr Neveux Nicolas, 9 rue Troyon,
Paris; tél: 0609727094
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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
Auteur
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