Frustration: reconnaître et gérer
Vous voulez en savoir plus sur la frustration? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face à la frustration.
Rédacteur « frustration »: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), mail: dr.neveux@gmail.com; prendre rendez-vous
Sources: L’hypersensibilité chez l’adulte, Mardaga; Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- Peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…).
- Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge.
- La TCC est le traitement indiqué en première intention.
Qu’est-ce que la frustration ? Définition et mécanismes psychologiques
La frustration est une émotion universelle, souvent perçue comme désagréable, qui survient lorsqu’un individu se voit empêché d’atteindre un objectif, de satisfaire un besoin ou de réaliser un désir. Elle peut être déclenchée par des obstacles externes (refus, échecs, contraintes sociales) ou internes (limites personnelles, conflits de valeurs). En psychologie, la frustration est étudiée comme un phénomène central dans la régulation des comportements et des émotions. Elle active des réactions variées, allant de la colère à la résignation, en passant par des stratégies d’adaptation plus ou moins efficaces. D’un point de vue neurobiologique, la frustration active des zones cérébrales impliquées dans la gestion des émotions, comme l’amygdale et le cortex préfrontal. Ces structures jouent un rôle clé dans la modulation de la réponse émotionnelle et dans la capacité à inhiber des impulsions. Lorsqu’un individu est frustré, son système nerveux autonome peut réagir par une augmentation du rythme cardiaque, une tension musculaire, ou une sécrétion accrue de cortisol, l’hormone du stress. Exemple clinique :
Un patient de 35 ans, cadre supérieur, consulte pour des accès de colère incontrôlables au travail. Lors des entretiens, il décrit une frustration intense face à l’incapacité de ses collaborateurs à répondre à ses attentes. Chaque retard ou erreur perçue déclenche chez lui une réaction disproportionnée, avec des cris et des propos blessants. L’analyse révèle une personnalité narcissique, pour laquelle la frustration est vécue comme une attaque personnelle, car elle remet en cause son image de toute-puissance.
Frustration et développement psychologique
Dès l’enfance, la frustration est un moteur essentiel de l’apprentissage. Le célèbre psychanalyste Donald Winnicott a souligné l’importance de la « frustration optimale » : un enfant qui ne rencontre jamais de limites risque de développer une intolérance à la frustration, tandis qu’un enfant trop frustré peut sombrer dans l’inhibition ou l’agressivité. La capacité à tolérer la frustration s’acquiert progressivement, grâce à l’interaction avec l’environnement, notamment à travers le rôle des figures parentales. Exemple clinique :
Une jeune femme de 22 ans, étudiante en médecine, présente des épisodes de pleurs et d’auto-dévalorisation à chaque échec, même mineur. Elle rapporte avoir été surprotégée par des parents qui anticipaient ses moindres désirs. En thérapie, on découvre une personnalité dépendante, avec une peur panique de l’abandon et une difficulté à gérer l’incertitude. Sa frustration face à l’échec est si intense qu’elle évite toute situation compétitive, limitant ainsi ses opportunités de progression.
Frustration et santé mentale
La frustration chronique peut devenir pathologique lorsqu’elle est mal régulée. Elle est souvent associée à des troubles psychiques tels que la dépression, les troubles anxieux, ou certains troubles de la personnalité borderline, où l’intolérance à la frustration se manifeste par des comportements impulsifs ou auto-destructeurs. Par ailleurs, la frustration non exprimée peut alimenter des ruminations mentales, c’est-à-dire des pensées répétitives et intrusives qui aggravent la souffrance psychique.
Les causes et facteurs de la frustration
Les sources de frustration sont multiples et varient selon les individus, leur histoire et leur contexte socio-culturel. On distingue généralement trois grandes catégories de causes :
Causes externes
Elles incluent les obstacles concrets (manque de ressources, échecs, injustices) et les interactions sociales (conflits, rejet, manque de reconnaissance). Dans un monde où les attentes sont souvent survalorisées (réseaux sociaux, pression professionnelle), les occasions de frustration se multiplient. Exemple clinique :
Un homme de 40 ans, en reconversion professionnelle, vit une frustration intense face à la difficulté de trouver un emploi correspondant à ses aspirations. Il rumine sans cesse sur l’injustice de sa situation, ce qui l’empêche de se concentrer sur des solutions concrètes. Son discours révèle une tendance aux idées obsédantes, centrée sur l’idée qu’il « mérite mieux ».
Causes internes
Certains traits de personnalité ou schémas de pensée rendent plus vulnérable à la frustration. Par exemple, les personnes présentant une psychorigidité ont du mal à s’adapter aux changements et vivent toute modification de leurs habitudes comme une agression. De même, l’hypersensibilité peut amplifier la réaction émotionnelle face à des frustrations mineures. Exemple clinique :
Une patiente de 50 ans, enseignante, consulte pour un épuisement professionnel. Elle décrit une frustration permanente face au manque de discipline de ses élèves, qu’elle interprète comme un manque de respect. Son perfectionnisme et sa rigidité cognitive l’empêchent de trouver des stratégies d’adaptation flexibles.
Causes relationnelles
Les relations interpersonnelles sont un terreau fertile pour la frustration, notamment dans les dynamiques de couple ou familiales. La jalousie, par exemple, est souvent une réponse à la frustration de ne pas obtenir l’attention ou l’affection souhaitée. Exemple clinique :
Un couple en thérapie révèle que la frustration du mari, liée au temps que sa femme consacre à son travail, se transforme en jalousie maladive. Il contrôle ses déplacements et ses échanges téléphoniques, créant un cercle vicieux de méfiance et de conflits.
Les manifestations de la frustration : symptômes et comportements
La frustration peut se manifester de manière directe (colère, agressivité) ou indirecte (passivité, évitement). Voici les principales expressions :
Réactions émotionnelles
– Colère, irritabilité
– Tristesse, sentiment d’impuissance
– Anxiété, agitation
– Culpabilité ou honte
Réactions comportementales
– Comportements impulsifs (achats compulsifs, conduites à risque)
– Isolement social
– Procrastination
– Addictions (alcool, drogues, jeux)
Réactions cognitives
– Ruminations mentales
– Pensées catastrophistes
– Difficulté de concentration Exemple clinique :
Un adolescent de 16 ans, en échec scolaire, exprime sa frustration par des crises de rage et des fugues. Son discours est marqué par des idées obsédantes du type « tout est contre moi », « je n’y arriverai jamais ». L’évaluation révèle un trouble dépressif sous-jacent, nécessitant une prise en charge globale.
Frustration et troubles psychiques : quand consulter ?
La frustration devient préoccupante lorsqu’elle perturbe significativement la vie quotidienne, les relations ou la santé mentale. Voici les signes qui doivent alerter : – Incapacité à gérer les émotions de manière adaptée
– Comportements auto-destructeurs (scarifications, conduites à risque)
– Isolement social prolongé
– Symptômes dépressifs ou anxieux persistants Exemple clinique :
Une femme de 28 ans, diagnostiquée avec un trouble de la personnalité borderline, présente des épisodes de frustration intolérable, suivis de crises de boulimie et d’automutilation. La prise en charge combine thérapie dialectique et traitement médicamenteux pour stabiliser son humeur.
Diagnostic différentiel
Il est essentiel de distinguer la frustration normale de celle qui s’inscrit dans un trouble psychique. Un bilan par un psychiatre ou un psychologue permet d’identifier d’éventuels troubles associés (dépression, troubles anxieux, troubles de la personnalité) et d’orienter vers le traitement adapté.
Comment gérer la frustration ? Stratégies et traitements
La gestion de la frustration repose sur une approche multidimensionnelle, combinant psychothérapie, stratégies comportementales et, si nécessaire, traitement médicamenteux.
Thérapies recommandées
– Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) : Elle aide à identifier et modifier les pensées dysfonctionnelles liées à la frustration, et à développer des compétences d’adaptation.
– Thérapie Interpersonnelle (TIP) : Utile pour travailler sur les relations et les attentes sociales.
– Thérapies de pleine conscience : Elles apprennent à accueillir les émotions sans réagir de manière impulsive. Exemple clinique :
Un homme de 55 ans, en burnout, apprend en TCC à reconnaître les signes précoces de sa frustration et à utiliser des techniques de respiration pour éviter les explosions de colère. Il travaille également sur sa psychorigidité, en acceptant progressivement l’imperfection.
Stratégies au quotidien
– Pratiquer la communication non violente
– Développer la flexibilité cognitive
– S’engager dans des activités de détente (sport, méditation)
– Limiter l’exposition aux sources de frustration évitables
Rôle de l’entourage
L’entourage peut jouer un rôle clé en offrant un soutien bienveillant, sans minimiser ni amplifier la frustration de la personne. Encourager l’expression des émotions et proposer une écoute active sont des attitudes aidantes.
Prévenir la frustration : éducation et résilience
La prévention passe par l’apprentissage précoce de la tolérance à la frustration, notamment chez l’enfant. Voici quelques pistes : – Encourager l’autonomie et la persévérance
– Valoriser l’effort plutôt que le résultat
– Apprendre à gérer les échecs comme des opportunités d’apprentissage Exemple clinique :
Des ateliers en milieu scolaire, basés sur la pleine conscience, montrent une réduction significative des comportements agressifs liés à la frustration chez les enfants de 8 à 12 ans.
Frustration et société : enjeux contemporains
Dans une société où l’immédiateté et la satisfaction des désirs sont souvent valorisées, la frustration est parfois perçue comme une faiblesse. Pourtant, elle est un moteur de créativité et de dépassement de soi. Apprendre à la gérer est un enjeu majeur pour la santé mentale collective.
Frustration et réseaux sociaux
Les réseaux sociaux, en exposant constamment à des vies « idéales », peuvent nourrir un sentiment de frustration chronique. Il est important de développer un regard critique sur ces représentations et de cultiver la gratitude pour ce que l’on a.
Frustration et travail
Le monde professionnel est une source majeure de frustration, notamment avec l’augmentation des exigences et la précarisation des emplois. Les entreprises ont tout intérêt à former leurs managers à la gestion des conflits et à la reconnaissance des efforts.
Conclusion : la frustration, une émotion à apprivoiser
La frustration, bien que désagréable, est une émotion normale et nécessaire. Elle nous pousse à nous dépasser, à innover et à nous adapter. Cependant, lorsqu’elle devient ingérable, elle peut signaler un déséquilibre psychique nécessitant une prise en charge spécialisée. Reconnaître ses propres limites, accepter l’imperfection et chercher de l’aide lorsque c’est nécessaire sont des étapes clés pour transformer la frustration en moteur de croissance personnelle.
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