Kleptomanie: reconnaître et prendre en charge

Vous voulez en savoir plus sur kleptomanie? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face à la kleptomanie.

Rédacteur: Dr Nicolas Neveux,
Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en
Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com

Sources:
Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod;

Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.

L’essentiel:

• La kleptomanie est un trouble du contrôle des impulsions, distinct du vol habituel ou de la délinquance.
• Elle peut être un symptôme de pathologies associées (troubles anxieux, dépression, troubles bipolaires…).
• Un médecin ou un psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge.
• La Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) est le traitement indiqué en première intention.

Qu’est-ce que la kleptomanie ? Définition et critères diagnostiques

La kleptomanie est un trouble mental caractérisé par l’incapacité récurrente à résister à l’impulsion de voler des objets, généralement sans valeur marchande ou utilité personnelle. Contrairement au vol classique, motivé par un besoin ou un gain, la kleptomanie est avant tout un acte compulsif, souvent suivi d’un sentiment de culpabilité, de honte ou de soulagement.

Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), la kleptomanie se définit par les critères suivants :

• Échec répété à résister à l’impulsion de voler des objets non nécessaires à un usage personnel ou pour leur valeur monétaire.
• Sensation croissante de tension juste avant de commettre le vol.
• Plaisir, gratification ou soulagement au moment du vol.
• Le vol n’est pas commis par colère, vengeance, ou en réponse à un délire ou une hallucination.
• Le trouble n’est pas mieux expliqué par un autre trouble mental (trouble des conduites, épisode maniaque, etc.).

Exemple clinique :
Madame L., 34 ans, consulte pour des vols répétés dans des magasins. Elle décrit une tension insupportable avant de voler, souvent des petits objets (stylos, échantillons de parfum), qu’elle ne garde pas. Après le vol, elle ressent un soulagement immédiat, rapidement remplacé par une honte intense. Elle n’a aucun besoin matériel et n’a jamais été arrêtée, mais vit dans la peur d’être découverte.

Kleptomanie : causes et mécanismes psychologiques

Les causes exactes de la kleptomanie restent mal comprises, mais plusieurs facteurs semblent impliqués :

Facteurs biologiques

Des études suggèrent un dysfonctionnement des circuits cérébraux impliqués dans la régulation des impulsions, notamment ceux utilisant la sérotonine et la dopamine. Ces neurotransmetteurs jouent un rôle clé dans la gestion des émotions et des comportements compulsifs.

Facteurs psychologiques

La kleptomanie est souvent associée à des troubles de l’humeur (dépression, anxiété) ou à des traumatismes passés. Certains patients décrivent le vol comme une façon de soulager une tension interne ou de combler un vide affectif.

Facteurs environnementaux

Un environnement stressant, des pressions sociales ou familiales peuvent aggraver les symptômes. Cependant, la kleptomanie n’est pas un simple comportement appris, mais bien un trouble mental à part entière.

Exemple clinique :
Monsieur T., 42 ans, a commencé à voler à l’adolescence, après le divorce de ses parents. Il décrit ces actes comme une « échappatoire » à son angoisse. Aujourd’hui, malgré une vie stable, il ne parvient pas à arrêter, même s’il sait que ces vols n’ont aucun sens.

Symptômes et signes d’alerte de la kleptomanie

Les symptômes de la kleptomanie peuvent varier d’une personne à l’autre, mais certains signes doivent alerter :

• Vol d’objets sans valeur ou utilité.
• Sensation de perte de contrôle avant le vol.
• Soulagement ou excitation pendant l’acte.
• Culpabilité, honte ou peur après le vol.
• Accumulation d’objets volés, souvent cachés ou jetés.

À ne pas confondre avec :

• Le vol habituel (délinquance, besoin matériel).
• Les troubles des conduites chez l’enfant ou l’adolescent.
• Les épisodes de vol lors d’un épisode maniaque (trouble bipolaire).

Exemple clinique :
Sophie, 28 ans, vole régulièrement des vêtements dans les boutiques. Elle ne les porte jamais et les range dans un placard. Elle explique que le simple fait de les toucher en magasin déclenche une envie irrésistible de les prendre, malgré sa honte.

Diagnostic et prise en charge de la kleptomanie

Le diagnostic de la kleptomanie repose sur un entretien clinique approfondi, souvent mené par un psychiatre ou un psychologue. Il n’existe pas de test biologique spécifique, mais le professionnel évaluera :

• Les antécédents de vols compulsifs.
• La présence de troubles associés (dépression, anxiété, addictions).
• L’impact sur la vie quotidienne (relations, travail, estime de soi).

Traitements possibles

Thérapies psychologiques

La Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) est la plus recommandée. Elle aide le patient à identifier les déclencheurs, à gérer les impulsions et à modifier les pensées dysfonctionnelles.

Médicaments

Dans certains cas, des antidépresseurs (ISRS) ou des stabilisateurs d’humeur peuvent être prescrits, surtout s’il existe des troubles associés.

Approches complémentaires

La thérapie de groupe ou les programmes de gestion du stress peuvent être utiles en complément.

Exemple clinique :
Julien, 30 ans, a suivi une TCC après avoir été arrêté pour vol. Grâce à des techniques de relaxation et de restructuration cognitive, il a appris à reconnaître les situations à risque et à utiliser des stratégies alternatives pour gérer son anxiété.

Kleptomanie et société : préjugés et réalités

La kleptomanie est souvent mal comprise, confondue avec de la délinquance ou de la malhonnêteté. Pourtant, il s’agit d’un trouble mental nécessitant une prise en charge adaptée. Les personnes kleptomanes souffrent souvent en silence, par peur du jugement ou des conséquences légales.

Que faire si un proche est concerné ?

• Éviter les jugements ou les accusations.
• Encourager la consultation d’un professionnel.
• Soutenir sans minimiser la gravité du trouble.

Épidémiologie chez l’enfant et l’adolescent

La kleptomanie est rare chez l’enfant, mais peut survenir à l’adolescence, souvent associée à d’autres troubles (anxiété, dépression, TDAH). Une prise en charge précoce est essentielle pour éviter une aggravation à l’âge adulte.

Exemple clinique :
Léa, 15 ans, vole des petits objets à l’école depuis un an. Ses parents ont d’abord cru à des « bêtises », mais une consultation a révélé une anxiété sociale sévère, pour laquelle une TCC a été proposée.

Kleptomanie et troubles associés

La kleptomanie est fréquemment associée à d’autres troubles psychiatriques :

• Troubles de l’humeur (dépression, trouble bipolaire).
• Troubles anxieux (TOC, anxiété généralisée).
• Addictions (alcool, drogues, jeux).
• Troubles de la personnalité (borderline, histrionique).

Pourquoi ces associations ?

Ces troubles partagent souvent des mécanismes communs (dysrégulation émotionnelle, impulsivité). Une évaluation globale est donc indispensable.

Kleptomanie : comment aider un proche ?

Si un proche souffre de kleptomanie :

• Ne pas banaliser ni dramatiser.
• Encourager à consulter un professionnel.
• Éviter les confrontations agressives.
• Soutenir dans la recherche de solutions.

Venir au cabinet

Dr Neveux Nicolas, 9 rue Troyon,
Paris; tél: 0609727094

• Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
• RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
• Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).

Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.