Le défaitisme: reconnaître et gérer
Vous voulez en savoir plus sur le défaitisme? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face au défaitisme.
Rédacteur: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com
Sources: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- Peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…)
- Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge
- La TCC est le traitement indiqué en première intention
Qu’est-ce que le défaitisme ? Définition et mécanismes psychologiques
Le défaitisme se définit comme l’attitude d’une personne qui anticipe systématiquement l’échec ou la défaite, sans même engager le combat ou tenter une action. Contrairement au pessimisme, qui consiste à voir le verre à moitié vide, le défaitisme implique une renonciation active : la personne est convaincue que toute tentative est vaine, et ce, avant même d’avoir évalué objectivement ses chances de réussite. Cette attitude peut s’observer dans divers contextes : personnel, professionnel, scolaire, ou même thérapeutique. Sur le plan psychologique, le défaitisme est souvent lié à un sentiment d’impuissance appris (ou « résignation acquise »), concept développé par le psychologue Martin Seligman. Ce mécanisme survient lorsque, après des échecs répétés, l’individu intériorise la croyance qu’il n’a aucun contrôle sur les événements, ce qui le pousse à abandonner toute initiative. Par exemple, un étudiant qui, après plusieurs échecs aux examens, se met à penser « De toute façon, je n’y arriverai jamais » et cesse de réviser, illustre parfaitement ce processus. Exemple clinique : En consultation, une patiente de 35 ans, en arrêt maladie pour burn-out, déclare : « Je ne chercherai plus de travail, je sais que je vais encore me faire licencier. » Malgré des compétences reconnues, elle a intériorisé l’idée que tout nouvel emploi se soldera par un échec, après deux licenciements consécutifs. Ici, le défaitisme agit comme une prophétie auto-réalisatrice, limitant ses actions et renforçant son isolement. —
Défaitisme, pessimisme, résignation acquise : quelles différences ?
Il est crucial de distinguer le défaitisme d’autres attitudes apparentées, mais distinctes sur le plan psychologique : – Pessimisme : Attitude consistant à s’attendre au pire, mais sans nécessairement renoncer à agir. Un pessimiste peut dire « Ça va mal se passer », mais il tente quand même sa chance.
– Résignation acquise : État psychologique résultant d’échecs répétés, où l’individu perd toute motivation à agir, car il croit que ses actions n’ont aucun effet sur le résultat.
– Défaitisme : Allie anticipation de l’échec et abandon précoce de toute tentative. La personne ne se contente pas de douter, elle agit comme si la défaite était déjà consommée. Exemple clinique : Un patient souffrant de dépression majeure explique : « Je ne prends plus mes médicaments, ça ne sert à rien, je ne guérirai jamais. » Ici, le défaitisme se manifeste par l’abandon du traitement, alors même que des preuves existent de son efficacité. Ce comportement aggrave son état et complique la prise en charge thérapeutique. —
Les causes du défaitisme : facteurs psychologiques et sociaux
1. Facteurs psychologiques et traumatismes
Le défaitisme trouve souvent son origine dans des expériences traumatisantes ou des échecs répétés, surtout s’ils surviennent tôt dans la vie. Les personnes ayant subi des humiliations, des abus, ou des rejets peuvent développer une vision du monde où l’échec est perçu comme inévitable. Par exemple, un enfant régulièrement critiqué par ses parents peut intérioriser l’idée qu’il est « nul » et généraliser cette croyance à tous les domaines de sa vie adulte.
2. Facteurs sociaux et économiques
Les études récentes montrent que les inégalités sociales et la précarité économique favorisent l’émergence d’attitudes défaitistes. Les personnes en situation de pauvreté ou de chômage chronique sont plus exposées à la dépression et à l’anxiété, deux troubles souvent associés au défaitisme. Une enquête de la DREES souligne que les personnes aux revenus les plus bas ont 1,44 fois plus de risques de développer une dépression que les plus aisées. Exemple clinique : Un ouvrier de 50 ans, licencié après 20 ans dans la même entreprise, déclare : « À mon âge, personne ne voudra de moi. » Malgré des offres d’emploi adaptées, il refuse de postuler, convaincu que ses efforts seront inutiles. Ce cas illustre comment la précarité peut ancrer un sentiment d’impuissance et de défaitisme. —
Défaitisme et santé mentale : un cercle vicieux
Le défaitisme n’est pas seulement une attitude : il peut être le symptôme ou le facteur aggravant de troubles psychiatriques, notamment la dépression et les troubles anxieux.
1. Défaitisme et dépression
Dans la dépression, le défaitisme se manifeste par une incapacité à envisager un avenir meilleur, une perte d’espoir, et une conviction d’inutilité. Les patients déprimés ont souvent des pensées du type : « Rien ne changera jamais », « Je ne mérite pas d’être heureux ». Ces cognitions négatives renforcent l’inhibition comportementale, caractéristique de la dépression. Exemple clinique : Une patiente dépressive, après l’échec d’un premier antidépresseur, refuse d’essayer un autre traitement : « Ça ne marchera pas, je suis incurable. » Son défaitisme retarde sa guérison et peut conduire à une chronicisation de son trouble.
2. Défaitisme et troubles anxieux
Dans les troubles anxieux, le défaitisme se traduit par une anticipation catastrophique et un évitement des situations perçues comme menaçantes. Par exemple, une personne souffrant d’anxiété sociale peut penser : « Si je vais à cette soirée, je vais me ridiculiser, donc je ne vais pas y aller ». Exemple clinique : Un jeune homme souffrant de phobie sociale refuse de passer son permis de conduire : « Je vais paniquer et échouer, c’est sûr. » Son défaitisme l’empêche de s’engager dans une démarche qui pourrait améliorer son autonomie et sa qualité de vie. —
Impact du défaitisme sur la santé physique et la qualité de vie
Le défaitisme a des répercussions bien au-delà de la sphère psychologique. Des études montrent qu’il est associé à : – Une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires, via le stress chronique et l’adoption de comportements à risque (tabagisme, sédentarité).
– Une diminution de l’espérance de vie, notamment chez les personnes âgées défaitistes, qui négligent leur santé et leur hygiène de vie.
– Une altération des relations sociales, car l’attitude défaitiste peut être perçue comme un manque d’engagement ou de motivation par l’entourage. Exemple clinique : Un patient diabétique, convaincu que son état ne peut que se dégrader, cesse de surveiller sa glycémie et de suivre son régime. Résultat : son diabète se déséquilibre, entraînant des complications évitables. —
Comment lutter contre le défaitisme ? Stratégies thérapeutiques validées
1. Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Les TCC sont le traitement de première intention pour le défaitisme, surtout lorsqu’il est associé à une dépression ou un trouble anxieux. Elles visent à :
– Identifier et restructurer les pensées automatiques négatives (« Je vais échouer » → « Quelles preuves ai-je de cela ? »).
– Encourager l’activation comportementale : agir malgré la peur de l’échec, pour briser le cercle vicieux de l’évitement. Exemple clinique : Un patient en TCC, convaincu qu’il ne trouvera jamais l’amour, est encouragé à s’inscrire sur un site de rencontre et à accepter un premier rendez-vous. L’objectif n’est pas la réussite immédiate, mais de désapprendre l’évitement.
2. Thérapie interpersonnelle (TIP)
La TIP est particulièrement efficace pour les défaitismes liés à des conflits relationnels ou des deuils non résolus. Elle aide à restaurer la confiance en soi et en autrui.
3. Approches médicamenteuses
Dans les cas sévères, notamment en présence de dépression, un traitement antidépresseur (ISRS, IRSN) peut être proposé pour réduire les symptômes et faciliter l’engagement dans une thérapie. —
Prévention et conseils pratiques
– Encourager la résilience : Apprendre à voir les échecs comme des opportunités d’apprentissage, et non comme des preuves d’incompétence.
– Fixer des objectifs réalistes : Diviser les grands projets en étapes petites et atteignables, pour éviter le sentiment d’être submergé.
– S’entourer de soutien : Le défaitisme isole. Parler à un proche ou un professionnel peut aider à relativiser et à trouver des solutions. —
Conclusion : Le défaitisme n’est pas une fatalité
Le défaitisme, s’il peut sembler une attitude inné ou un trait de caractère, est avant tout le résultat d’apprentissages et de croyances qui peuvent être modifiés. Grâce à des thérapies validées et à un accompagnement adapté, il est possible de retrouver confiance en soi et en l’avenir. Si vous ou un proche êtes concerné, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé mentale : le défaitisme se soigne, et la première étape est d’oser croire en la possibilité de changer. —
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