Les parasomnies: reconnaître et gérer

Vous voulez en savoir plus sur les parasomnies? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face aux parasomnies.

Rédacteur: Dr Nicolas Neveux,
Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en
Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com

L’essentiel:

  • Peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…)
  • Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge
  • La TCC est le traitement indiqué en première intention

Qu’est-ce qu’une parasomnie ? Définition et mécanismes

Les parasomnies désignent un ensemble de troubles du sommeil caractérisés par la survenue de comportements, d’émotions ou de phénomènes psychiques indésirables pendant le sommeil, à l’endormissement ou au réveil. Ces épisodes, souvent spectaculaires, peuvent être moteurs (mouvements, déambulation), verbaux (paroles, cris) ou sensoriels (hallucinations, sensations étranges). Contrairement à une idée reçue, les parasomnies ne sont pas de simples « mauvais rêves ». Elles résultent d’un dysfonctionnement des mécanismes de régulation veille-sommeil, entraînant une dissociation entre l’éveil de certaines zones cérébrales et le maintien du sommeil dans d’autres. Par exemple, lors d’un épisode de somnambulisme, le cerveau est partiellement éveillé (permettant la marche), mais la conscience et la mémoire sont éteintes, expliquant l’amnésie de l’épisode au réveil. Mécanismes physiopathologiques
Les parasomnies surviennent principalement lors de deux phases du sommeil :
– Le sommeil lent profond (SLP, stades N3) : c’est le cas du somnambulisme, des terreurs nocturnes et des éveils confusionnels. Ces parasomnies sont liées à une activation brutale et incomplète du cerveau, souvent en première partie de nuit.
– Le sommeil paradoxal (SP, ou REM) : on y observe les cauchemars, les paralysies du sommeil et les troubles du comportement en sommeil paradoxal (TCSP). Ces derniers sont associés à une perte de l’atonie musculaire normale pendant le SP, permettant des mouvements parfois violents. Exemple clinique : Un homme de 35 ans, sans antécédent psychiatrique, consulte pour des épisodes de cris et de gestes brusques pendant son sommeil, au cours desquels il frappe sa compagne. La polysomnographie révèle un trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP), lié à une absence d’atonie musculaire pendant le SP. Ce trouble est souvent associé à des maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson, mais peut aussi survenir de manière isolée. —

Épidémiologie : qui est touché par les parasomnies ?

Chez l’enfant et l’adolescent
Les parasomnies sont très fréquentes chez l’enfant, avec une prévalence estimée entre 15 et 40 % pour le somnambulisme entre 7 et 12 ans. Les terreurs nocturnes et les éveils confusionnels touchent surtout les 3-8 ans, avec une tendance à la régression spontanée à l’adolescence. – Facteurs de risque : antécédents familiaux (60 à 80 % des cas de somnambulisme ont une composante génétique), manque de sommeil, stress, fièvre, prise de certains médicaments.
– Exemple clinique : Une fillette de 5 ans présente des terreurs nocturnes trois fois par semaine, avec cris, agitation et impossibilité de la réconforter. L’interrogatoire révèle un coucher tardif et un sommeil insuffisant. La simple régularisation des horaires de sommeil réduit la fréquence des épisodes. Chez l’adulte
Les parasomnies persistent à l’âge adulte dans environ 25 % des cas, avec une prédominance masculine pour les troubles du comportement en sommeil paradoxal. Elles peuvent être déclenchées ou aggravées par :
– Le stress, l’anxiété, la dépression.
– La prise d’alcool, de caféine ou de substances psychoactives.
– Des maladies neurologiques (Parkinson, Alzheimer) ou des troubles respiratoires du sommeil (apnées). Exemple clinique : Un homme de 50 ans, souffrant de dépression traitée par antidépresseurs, développe des épisodes de somnambulisme avec consommation nocturne de nourriture (trouble de l’alimentation nocturne). L’arrêt du traitement et une prise en charge psychothérapeutique permettent une amélioration significative. —

Les différents types de parasomnies : symptômes et exemples cliniques

Parasomnies du sommeil lent profond (SLP)
| Type | Symptômes | Exemple clinique |
|———————|————————————————————————–|———————————————————————————|
| Somnambulisme | Déambulation, gestes automatiques, yeux ouverts mais regard vide | Un adolescent de 14 ans ouvre la porte d’entrée et sort dans la rue en pyjama |
| Terreurs nocturnes | Cris, agitation intense, tachycardie, pas de souvenir au réveil | Un enfant de 4 ans hurle, se débat, et ne reconnaît pas ses parents |
| Éveils confusionnels| Confusion, lenteur, difficulté à s’éveiller complètement | Un adulte de 30 ans se lève en état de confusion, parle de manière incohérente| Parasomnies du sommeil paradoxal (SP)
| Type | Symptômes | Exemple clinique |
|————————————-|————————————————————————–|———————————————————————————|
| Cauchemars | Rêves effrayants, souvenir vif au réveil | Une femme de 25 ans se réveille en sursaut après un rêve de poursuite |
| Trouble du comportement en SP (TCSP)| Mouvements violents, cris, coups, souvenir partiel ou nul | Un homme de 60 ans frappe sa femme pendant son sommeil, sans s’en souvenir |
| Paralysie du sommeil | Incapacité à bouger ou parler à l’endormissement ou au réveil | Un étudiant de 20 ans ressent une pression sur la poitrine et ne peut pas crier | Autres parasomnies
– Somniloquie : parler en dormant, très fréquent (50 % des enfants).
– Bruxisme : grincement des dents, lié au stress ou à des troubles de l’occlusion.
– Troubles alimentaires nocturnes : consommation compulsive de nourriture pendant le sommeil. —

Diagnostic et diagnostic différentiel

Le diagnostic des parasomnies repose avant tout sur l’interrogatoire clinique (du patient et de son entourage) et la recherche de signes évocateurs. Une polysomnographie (enregistrement du sommeil en laboratoire) peut être utile en cas de doute diagnostique ou de comportements violents. Diagnostics différentiels à écarter
– Épilepsie nocturne (notamment épilepsie frontale nocturne) : crises stéréotypées, brèves, avec mouvements complexes.
– Troubles dissociatifs nocturnes : liés à un traumatisme psychologique, avec souvenir partiel.
– Apnées du sommeil : ronflements, pauses respiratoires, réveils en sursaut. Exemple clinique : Une femme de 40 ans consulte pour des épisodes de cris et de mouvements brusques pendant la nuit. La polysomnographie révèle des apnées sévères, responsables de micro-éveils avec agitation. Le traitement par pression positive continue (PPC) fait disparaître les symptômes. —

Prise en charge et traitements

La prise en charge dépend du type de parasomnie, de sa fréquence et de son retentissement sur la qualité de vie. Mesures générales
– Hygiène du sommeil : horaires réguliers, environnement calme, éviter les écrans avant le coucher.
– Sécurisation de l’environnement : verrouillage des portes et fenêtres en cas de somnambulisme.
– Gestion du stress et de l’anxiété : thérapies cognitivo-comportementales (TCC), relaxation. Traitements spécifiques
– Benzodiazépines (clonazépam) : efficaces pour les troubles du comportement en SP et certaines parasomnies du SLP, mais à utiliser avec prudence en raison du risque de dépendance.
– Antidépresseurs (en cas de dépression ou d’anxiété associée).
– Thérapies comportementales : techniques de réveil programmé pour le somnambulisme, gestion des cauchemars par imagerie mentale. Exemple clinique : Un enfant de 8 ans, souffrant de terreurs nocturnes trois fois par semaine, bénéficie d’un réveil programmé 30 minutes avant l’heure habituelle des épisodes. La fréquence des crises diminue de 80 % en un mois. —

Parasomnies et santé mentale : un lien à ne pas négliger

Les parasomnies, surtout lorsqu’elles sont fréquentes ou sévères, peuvent être associées à des troubles psychiatriques :
– Anxiété et dépression : le manque de sommeil réparateur aggrave les symptômes dépressifs et anxieux.
– Troubles du comportement : irritabilité, difficultés de concentration, baisse des performances scolaires ou professionnelles. Exemple clinique : Une adolescente de 16 ans, souffrant de somnambulisme et de cauchemars récurrents, développe une phobie scolaire et des idées noires. La prise en charge conjointe par un psychiatre (TCC) et un médecin du sommeil permet une amélioration globale. —

Quand consulter ?

Il est recommandé de consulter un médecin généraliste, un pédiatre ou un spécialiste du sommeil dans les situations suivantes :
– Épisodes fréquents ou violents (risque de blessure).
– Retentissement sur la qualité de vie (fatigue, somnolence diurne, anxiété).
– Association à d’autres troubles (apnées, épilepsie, dépression). —

Conclusion

Les parasomnies sont des troubles du sommeil fréquents, souvent bénins chez l’enfant, mais pouvant persister ou s’aggraver à l’âge adulte. Leur prise en charge repose sur un diagnostic précis, une hygiène de vie adaptée et, si nécessaire, un traitement médicamenteux ou psychothérapeutique. Une consultation spécialisée est indispensable en cas de symptômes sévères ou de retentissement sur la santé mentale.

 

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— Vous avez des questions ou souhaitez une consultation ? N’hésitez pas à me contacter pour une évaluation personnalisée. Quelle est votre expérience avec les parasomnies ? Avez-vous déjà été confronté à ces troubles, pour vous ou un proche ?

Références scientifiques récentes

– Classification internationale des troubles du sommeil (ICSD-3).
– Recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) 2024-2025.
– Études épidémiologiques sur le lien entre parasomnies et santé mentale. —


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