Souffrance psychique pendant le parcours de PMA: reconnaître et gérer
Vous voulez en savoir plus sur la souffrance psychique pendant le parcours de PMA? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face à la souffrance psychique pendant le parcours de PMA.
Rédacteur: Dr Nicolas Neveux,
Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com
Sources:
Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod;
Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- La souffrance psychique pendant un parcours de PMA est fréquente et peut se manifester par des troubles anxieux, dépressifs, ou un épuisement émotionnel.
- Un médecin ou un psychiatre doit évaluer la situation et coordonner la prise en charge.
- La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et l’accompagnement psychologique spécialisé sont recommandés en première intention.
- Le soutien du couple, des proches et des groupes de parole est essentiel pour traverser cette épreuve.
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La souffrance psychique pendant le parcours de PMA : un enjeu de santé publique
La procréation médicalement assistée (PMA) est un parcours médical et émotionnel complexe, souvent semé d’embûches pour les couples ou les femmes seules qui souhaitent concevoir un enfant. Si les avancées médicales permettent aujourd’hui de répondre à de nombreuses situations d’infertilité, le coût psychologique de ces traitements reste majeur. En France, près d’un couple sur six consulte pour des troubles de la fertilité, et les parcours de PMA peuvent s’étendre sur plusieurs années, avec des taux de réussite variables selon l’âge, la cause de l’infertilité et les techniques utilisées. La souffrance psychique pendant un parcours de PMA est aujourd’hui reconnue comme un véritable enjeu de santé publique. Les études récentes montrent que les personnes engagées dans une PMA présentent un risque accru de développer des troubles anxieux, dépressifs, ou un épuisement émotionnel, notamment en cas d’échecs répétés ou de traitements prolongés.
Des chiffres alarmants
Selon les dernières données, plus de la moitié des Français déclarent avoir connu un épisode de souffrance psychologique au cours des 12 derniers mois, et les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à consulter pour des soins psychologiques. Dans le contexte spécifique de la PMA, les études révèlent que :
– 60 à 70% des couples en parcours de PMA rapportent des niveaux élevés de stress, d’anxiété ou de symptômes dépressifs.
– L’échec répété des tentatives de FIV ou d’insémination artificielle est un facteur majeur de détresse psychologique, pouvant conduire à des états dépressifs sévères ou à un épuisement émotionnel.
– La pression sociale et familiale, souvent bien intentionnée mais mal adaptée, aggrave le sentiment d’isolement et de culpabilité chez les personnes concernées.
Exemple clinique : le cas de Sophie
Sophie, 34 ans, consulte après trois échecs de FIV. Elle décrit un sentiment d’échec personnel, une perte de confiance en son corps, et une anxiété permanente à l’approche de chaque nouveau cycle. « Je me sens comme une machine, je ne vis plus que pour les rendez-vous, les piqûres, les résultats. Mon couple en souffre aussi, on ne parle plus que de ça. » Son médecin traitant diagnostique un épisode dépressif réactionnel et l’oriente vers un psychiatre et un psychologue spécialisé en PMA. Après quelques séances, Sophie parvient à exprimer sa colère, sa tristesse, et à retrouver un équilibre émotionnel, malgré la poursuite du parcours médical. —
Les étapes du parcours de PMA et leur impact psychologique
Un parcours de PMA se compose de plusieurs étapes, chacune pouvant générer des émotions intenses et des réactions psychologiques spécifiques.
1. L’annonce de l’infertilité et le début du parcours
L’annonce d’un diagnostic d’infertilité est souvent vécue comme un choc. Elle remet en question l’image de soi, la virilité ou la féminité, et le projet de vie du couple. Les réactions initiales peuvent inclure :
– Un deuil : celui de la grossesse naturelle, de l’enfant imaginé, de la parentalité « facile ».
– De la culpabilité : « Pourquoi moi ? Qu’ai-je fait pour mériter ça ? »
– De la colère : envers soi-même, son partenaire, le corps médical, ou même la société.
Exemple clinique : le cas de Thomas et Élodie
Thomas et Élodie, en couple depuis cinq ans, apprennent que l’infertilité est d’origine masculine. Thomas, 36 ans, se sent « diminué », « moins un homme ». Élodie, 32 ans, culpabilise de ne pas pouvoir « le rassurer ». Leur relation se tend, les disputes deviennent fréquentes. Un accompagnement psychologique les aide à exprimer leurs émotions et à se soutenir mutuellement, plutôt que de s’accuser.
2. Les traitements : un marathon émotionnel
Les traitements de PMA (stimulations ovariennes, ponctions, transferts d’embryons, etc.) sont physiquement et psychologiquement éprouvants. Les effets secondaires des hormones, les attentes interminables, les résultats incertains, et la répétition des échecs usent les ressources émotionnelles des patients. Les symptômes fréquents incluent :
– Anxiété généralisée : peur de l’échec, de la douleur, des effets secondaires.
– Dépression : sentiment d’impuissance, perte de plaisir, idées noires.
– Troubles du sommeil et de l’appétit : liés au stress et aux déséquilibres hormonaux.
– Isolement social : difficulté à partager son vécu avec un entourage qui ne comprend pas toujours.
Exemple clinique : le cas de Marie
Marie, 38 ans, en cours de troisième FIV, décrit : « Je ne dors plus, je sursaute au moindre appel de la clinique. J’ai peur de croiser des femmes enceintes dans la rue. Mon mari dit que je ne suis plus la même. » Son psychologue lui propose des techniques de relaxation et une thérapie cognitivo-comportementale pour gérer ses pensées catastrophistes.
3. L’échec et l’arrêt du parcours
L’échec répété ou la décision d’arrêter la PMA est souvent vécu comme un deuil. Les émotions peuvent être intenses : tristesse, colère, sentiment d’injustice, vide existentiel. Certaines personnes décrivent une « crise identitaire » : « Qui suis-je si je ne deviens pas parent ? ».
Exemple clinique : le cas de Claire
Claire, 40 ans, arrête son parcours après cinq FIV infructueuses. Elle tombe dans une dépression sévère, avec des idées suicidaires. « Je ne vois plus l’intérêt de continuer à vivre si je ne peux pas avoir d’enfant. » Une prise en charge psychiatrique urgente, associant antidépresseurs et thérapie, lui permet de retrouver progressivement un sens à sa vie, en explorant d’autres projets (adoption, engagement associatif). —
Les troubles psychiques associés à la PMA : reconnaissance et prise en charge
1. Troubles anxieux et dépressifs : des symptômes à ne pas négliger
Les troubles anxieux et dépressifs sont les pathologies psychiques les plus fréquentes chez les personnes en parcours de PMA. Ils se manifestent par :
– Anxiété : crises de panique, anticipations catastrophiques, évitement des situations liées à la PMA.
– Dépression : tristesse persistante, perte d’intérêt, fatigue, sentiment de désespoir, idées suicidaires.
Exemple clinique : le cas de Luc
Luc, 42 ans, consulte pour des crises d’angoisse avant chaque transfert d’embryon. Il décrit une peur paralysante de l’échec, des sueurs, des palpitations. Son psychiatre diagnostique un trouble anxieux généralisé et propose une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) associée à un traitement médicamenteux temporaire.
2. L’épuisement émotionnel et le burn-out parental
Le parcours de PMA peut mener à un épuisement émotionnel, similaire à un burn-out. Les signes incluent :
– Fatigue chronique : physique et mentale.
– Cynisme : désengagement, sentiment d’inutilité des traitements.
– Diminution de l’efficacité : difficultés à se concentrer, à prendre des décisions.
Exemple clinique : le cas de Sarah
Sarah, 35 ans, après quatre ans de PMA, dit : « Je n’en peux plus. Je passe mes journées à pleurer, je n’ai plus d’énergie pour rien. » Son médecin évoque un syndrome d’épuisement et lui propose un arrêt de travail et un suivi psychologique intensif.
3. L’impact sur le couple et la sexualité
La PMA met à rude épreuve la relation de couple. Les tensions peuvent survenir autour :
– De la répartition des rôles : qui « porte » le plus le projet ?
– De la sexualité : rapports programmés, perte de désir, sentiment de performance.
– De la communication : non-dits, reproches, sentiment d’incompréhension.
Exemple clinique : le cas de Julien et Amélie
Julien et Amélie, en couple depuis huit ans, consultent pour des conflits répétés liés à leur parcours de PMA. Amélie reproche à Julien de « ne pas assez s’impliquer », Julien se sent « exclu » des décisions médicales. Leur thérapeute les aide à restaurer le dialogue et à redéfinir leurs attentes mutuelles. —
Prise en charge et accompagnement : quelles solutions ?
1. Le rôle du médecin et du psychiatre
Un médecin généraliste ou un psychiatre doit évaluer systématiquement la souffrance psychique des patients en PMA. Les outils utilisés incluent :
– Entretiens cliniques : évaluation des symptômes, du retentissement sur la vie quotidienne.
– Échelles validées : PHQ-9 (dépression), GAD-7 (anxiété).
– Coordination avec les équipes de PMA : pour adapter le parcours médical à l’état psychologique.
2. Les thérapies recommandées
– Thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : pour gérer l’anxiété, les pensées négatives, et restaurer l’estime de soi.
– Thérapie interpersonnelle (TIP) : pour travailler sur les relations, les deuils, les transitions de vie.
– Groupes de parole : pour rompre l’isolement et partager des expériences similaires.
– Médecines complémentaires : sophrologie, acupuncture, pour mieux vivre le stress physique et émotionnel.
3. Le soutien social et associatif
Les associations (comme MAIA, COLLECTIF BAMP) offrent écoute, informations, et groupes de soutien. Les proches (famille, amis) jouent un rôle clé, à condition d’être informés et empathiques.
Exemple clinique : le cas de Léa
Léa, 33 ans, trouve un soutien précieux dans un groupe de parole pour femmes en PMA. « Pour la première fois, je me sens comprise. Ça m’a sauvée. » Elle combine ce soutien avec des séances de TCC pour gérer son anxiété. —
Conclusion : vers une prise en charge globale
La souffrance psychique pendant un parcours de PMA est une réalité fréquente, mais trop souvent minimisée. Une prise en charge précoce, pluridisciplinaire (médecin, psychiatre, psychologue, associations), et personnalisée est essentielle pour préserver la santé mentale des patients et des couples. Si vous ou un proche traversez cette épreuve, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à consulter un spécialiste. Vous n’êtes pas seul(e). —
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— Références scientifiques et ressources utiles :
– [Haute Autorité de Santé – Recommandations PMA 2025](https://www.has-sante.fr)
– [IVI France – Soutien psychologique en PMA](https://ivi-fertilite.fr/blog/le-soutien-psychologique-lors-dun-parcours-de-pma-est-essentiel/)
– [Psychologue.net – Accompagnement PMA](https://www.psychologue.net/articles/laccompagnement-psychologique-lors-du-parcours-pma)
– [Slate – Témoignages de femmes en PMA](https://www.slate.fr/story/239706/arret-fin-parcours-pma-procreation-medicalement-assistee-temoignage-femmes-couple-desir-enfant) —
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