Hypnose et douleur chronique
Vous voulez en savoir plus sur l’utilisation de l’hypnose dans la douleur chronique? Vous êtes sur la bonne page! Rédacteur: Dr Nicolas Neveux,
Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en
Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com Sources:
Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod;
Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- L’hypnose est reconnue scientifiquement pour réduire l’intensité et l’impact de la douleur chronique
- Elle agit sur les mécanismes cérébraux, émotionnels et cognitifs de la perception douloureuse
- L’hypnose s’intègre dans une prise en charge pluridisciplinaire, souvent en complément des traitements médicaux
- L’autohypnose permet aux patients de devenir acteurs de leur mieux-être au quotidien
Qu’est-ce que la douleur chronique et comment l’hypnose peut-elle aider ?
La douleur chronique se définit comme une douleur persistante ou récurrente, évoluant depuis plus de trois mois, et qui ne répond plus à sa fonction initiale d’alerte. Elle devient une maladie à part entière, avec des répercussions physiques, émotionnelles et sociales majeures. Contrairement à la douleur aiguë, qui signale un dommage tissulaire, la douleur chronique s’installe et perturbe la qualité de vie, le sommeil, l’humeur et les relations sociales. Selon l’American Medical Association, elle touche environ un tiers de la population mondiale, et sa prise en charge reste un défi pour les professionnels de santé, notamment en raison de la résistance aux antalgiques classiques et des effets secondaires des médicaments à long terme. Dans ce contexte, l’hypnose émerge comme une approche complémentaire prometteuse, validée par de nombreuses études scientifiques récentes. L’hypnose thérapeutique est un état modifié de conscience, induit par un praticien formé, qui permet au patient de focaliser son attention, de modifier sa perception sensorielle et émotionnelle, et d’accéder à des ressources internes pour mieux gérer sa douleur. Contrairement aux idées reçues, l’hypnose ne consiste pas à « endormir » le patient, mais à l’accompagner dans un état de conscience augmentée, où il reste en contrôle et peut interagir avec le thérapeute.
Exemple clinique : la fibromyalgie
Prenons l’exemple de Madame L., 48 ans, souffrant de fibromyalgie depuis plus de cinq ans. Malgré un traitement médicamenteux bien conduit, elle décrit des douleurs diffuses, une fatigue intense et un sentiment d’impuissance face à sa maladie. Après trois mois de séances d’hypnose, combinant suggestions analgésiques, travail sur les croyances limitantes et autohypnose, Madame L. rapporte une diminution de 40 % de l’intensité de ses douleurs, une meilleure qualité de sommeil et une reprise progressive de ses activités sociales. Cet exemple illustre comment l’hypnose peut briser le cercle vicieux douleur-fatigue-dépression, en agissant à la fois sur la perception sensorielle et sur les dimensions émotionnelles et cognitives de la souffrance.
Les mécanismes scientifiques de l’hypnose sur la douleur chronique
Les avancées en neurosciences ont permis de mieux comprendre comment l’hypnose module la perception de la douleur. Les études en imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle) montrent que l’hypnose agit sur plusieurs niveaux : – Modulation de l’activité cérébrale : L’hypnose réduit l’activation des zones cérébrales impliquées dans la perception de la douleur, comme le cortex somatosensoriel et l’insula, tout en activant des régions associées au contrôle cognitif et à la régulation émotionnelle, comme le cortex cingulaire antérieur et le cortex préfrontal.
– Dissociation sensorielle et émotionnelle : L’hypnose permet de « découpler » la composante sensorielle de la douleur (son intensité) de sa composante affective (la souffrance, l’anxiété), ce qui réduit globalement l’expérience douloureuse.
– Renforcement des mécanismes descendants de contrôle de la douleur : L’hypnose active les voies inhibitrices descendantes, qui modulent les signaux douloureux avant qu’ils n’atteignent le cerveau. Une méta-analyse récente, publiée dans Pain Medicine en 2023, a compilé les résultats de 20 études portant sur plus de 1 500 patients souffrant de douleurs chroniques variées (fibromyalgie, lombalgies, neuropathies). Les résultats montrent une réduction significative de l’intensité de la douleur, avec des effets durables dans le temps, et une amélioration de la qualité de vie, notamment en réduisant l’anxiété et les troubles du sommeil souvent associés.
Exemple clinique : la neuropathie diabétique
Monsieur T., 62 ans, diabétique de type 2, souffre depuis trois ans de neuropathie douloureuse aux deux pieds, résistante aux antidépresseurs tricycliques et aux antiépileptiques. Après six séances d’hypnose axées sur la dissociation sensorielle et la visualisation de confort, il rapporte une diminution de 50 % de ses douleurs, une réduction de sa consommation de paracétamol, et une reprise de la marche quotidienne. Cet exemple montre comment l’hypnose peut être particulièrement utile dans les douleurs neuropathiques, où les traitements médicamenteux sont souvent peu efficaces.
Les protocoles d’hypnose validés pour la douleur chronique
Plusieurs protocoles d’hypnose ont été développés et validés pour la prise en charge de la douleur chronique. Voici les principaux : – L’hypnoanalgésie : Technique spécifique visant à réduire la perception de la douleur par des suggestions directes ou indirectes. Elle est souvent utilisée en complément des traitements médicamenteux, permettant parfois de réduire les doses d’antalgiques.
– L’autohypnose : Apprentissage par le patient de techniques pour induire lui-même un état d’hypnose, afin de gérer ses douleurs au quotidien. Des études montrent que l’autohypnose améliore significativement la qualité de vie et réduit l’anxiété associée à la douleur.
– Les protocoles intégratifs : Combinaison de l’hypnose avec d’autres approches non médicamenteuses (TCC, pleine conscience, EMDR), pour une prise en charge globale de la douleur et de ses répercussions psychologiques.
Exemple clinique : la migraine chronique
Madame D., 35 ans, souffre de migraines chroniques depuis l’adolescence, avec une fréquence de 10 à 12 crises par mois. Après un protocole combinant hypnose et thérapie cognitivo-comportementale (TCC), elle apprend à reconnaître les signes avant-coureurs de ses migraines et à utiliser l’autohypnose pour réduire leur intensité. Après six mois, la fréquence de ses crises diminue de moitié, et leur intensité devient supportable sans recourir systématiquement aux triptans. Cet exemple illustre l’intérêt de l’hypnose dans les céphalées chroniques, où le stress et les tensions musculaires jouent un rôle majeur.
Les limites et précautions de l’hypnose dans la douleur chronique
Bien que l’hypnose soit une approche sûre et bien tolérée, certaines limites et précautions doivent être prises en compte : – Variabilité interindividuelle : Tous les patients ne répondent pas de la même manière à l’hypnose. Environ 10 à 15 % de la population présente une faible suggestibilité hypnotique, ce qui peut limiter l’efficacité de la méthode.
– Nécéssité d’une formation spécifique : La qualité des résultats dépend largement de l’expérience et de la formation du praticien. Il est recommandé de consulter un professionnel formé en hypnose médicale ou clinique, idéalement intégré à une équipe pluridisciplinaire.
– Intégration dans une prise en charge globale : L’hypnose ne doit pas être considérée comme un traitement isolé, mais comme un outil complémentaire aux autres approches (médicaments, kinésithérapie, psychothérapie, etc.).
Exemple clinique : le syndrome douloureux régional complexe (SDRC)
Monsieur R., 50 ans, développe un SDRC après une fracture du poignet. Malgré une prise en charge médicale optimale, il présente des douleurs intenses, un œdème et une raideur articulaire. L’intégration de l’hypnose dans son protocole de rééducation permet de réduire son anxiété face aux mouvements, d’améliorer sa tolérance à la kinésithérapie et de diminuer progressivement l’intensité de ses douleurs. Cet exemple souligne l’importance d’une approche pluridisciplinaire, où l’hypnose facilite l’adhésion aux autres traitements.
Comment se déroule une séance d’hypnose pour la douleur chronique ?
Une séance type d’hypnose pour la douleur chronique se déroule en plusieurs étapes : 1. Entretien préalable : Le thérapeute évalue l’histoire du patient, ses attentes, ses croyances sur la douleur et l’hypnose, et explique le déroulement de la séance.
2. Induction hypnotique : Le praticien guide le patient vers un état de relaxation et de concentration accrue, souvent par des techniques de respiration, de visualisation ou de fixation d’un point.
3. Travail thérapeutique : Des suggestions spécifiques sont proposées pour modifier la perception de la douleur, réduire l’anxiété, ou renforcer le sentiment de contrôle.
4. Retour à l’état ordinaire : Le patient est progressivement ramené à un état de conscience habituel, avec un temps d’échange pour partager son expérience et ajuster les prochaines séances.
Exemple clinique : la lombalgie chronique
Madame B., 55 ans, souffre de lombalgie chronique depuis une hernie discale opérée il y a deux ans. Lors des séances, le thérapeute utilise des métaphores de « fluidité » et de « légèreté » pour aider Madame B. à dissocier la sensation de raideur de la peur du mouvement. Après huit séances, elle reprend le jardinage, une activité qu’elle avait abandonnée par crainte de la douleur. Cet exemple montre comment l’hypnose peut aider à restaurer la confiance en son corps et à rompre le cycle douleur-évitement-désconditionnement.
L’autohypnose : un outil d’autonomie pour les patients
L’autohypnose est une compétence que les patients peuvent acquérir pour gérer leur douleur au quotidien. Elle repose sur l’apprentissage de techniques simples (respiration, visualisation, ancrage) que le patient peut utiliser seul, à domicile ou en situation de crise. Des études récentes montrent que l’autohypnose améliore non seulement la douleur, mais aussi la qualité de vie, en réduisant le sentiment d’impuissance et en renforçant l’estime de soi.
Exemple clinique : l’arthrose du genou
Monsieur P., 70 ans, souffre d’arthrose sévère des genoux. Après avoir appris l’autohypnose, il utilise quotidiennement une technique de visualisation où il imagine ses articulations baignées dans une « huile réparatrice ». Il rapporte une diminution de 30 % de ses douleurs et une réduction de sa consommation d’anti-inflammatoires. Cet exemple illustre comment l’autohypnose peut être un outil précieux pour les douleurs liées à l’arthrose, en complément des traitements conventionnels.
L’hypnose et la douleur chronique : ce que disent les sociétés savantes
Les sociétés savantes et les recommandations internationales reconnaissent de plus en plus l’intérêt de l’hypnose dans la prise en charge de la douleur chronique. Par exemple : – La Haute Autorité de Santé (HAS) en France souligne l’intérêt des thérapies non médicamenteuses, dont l’hypnose, dans la prise en charge de la douleur chronique, notamment pour réduire la consommation de médicaments et améliorer la qualité de vie.
– L’American Psychological Association (APA) recommande l’hypnose comme traitement complémentaire de la douleur chronique, en raison de son efficacité démontrée et de son innocuité.
– Les congrès internationaux, comme celui organisé en 2024 par l’Institut Français d’Hypnose, mettent en avant les protocoles innovants et les résultats cliniques encourageants, tout en soulignant la nécessité de standardiser les pratiques et de former davantage de professionnels.
Conclusion : l’hypnose, une alliée dans la gestion de la douleur chronique
L’hypnose s’impose aujourd’hui comme une approche complémentaire majeure dans la prise en charge de la douleur chronique. Validée par de nombreuses études scientifiques, elle offre une alternative ou un complément aux traitements médicamenteux, en agissant sur les mécanismes cérébraux, émotionnels et cognitifs de la douleur. Que ce soit pour la fibromyalgie, les neuropathies, les migraines ou les lombalgies, l’hypnose permet de réduire l’intensité de la douleur, d’améliorer la qualité de vie et de restaurer un sentiment de contrôle chez les patients. Pour les professionnels de santé, l’intégration de l’hypnose dans leur pratique nécessite une formation spécifique et une approche pluridisciplinaire. Pour les patients, elle représente une opportunité de devenir acteurs de leur mieux-être, notamment grâce à l’autohypnose. Si vous souffrez de douleur chronique, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à un thérapeute formé en hypnose. Cette approche, douce et sans effet secondaire, pourrait vous aider à retrouver un meilleur équilibre de vie.
Venir au cabinet
Dr Neveux Nicolas, 9 rue Troyon,
Paris; tél: 0609727094
- Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
- RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
- Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).
« ` Références scientifiques citées :
– [0] Efficacité de l’hypnothérapie pour la douleur selon la science, 2024
– [1] L’hypnose clinique dans le traitement de la douleur chronique, OPQ, 2025
– [7] Apport de l’hypnose dans la douleur chronique, ScienceDirect, 2016
– [8] L’autohypnose peut améliorer la qualité de vie des gens qui ont des douleurs chroniques, UdeM, 2024
– [9] Bénéfices de l’autohypnose chez des patientes fibromyalgiques, Institut Français d’Hypnose, 2013
– [10] Mécanismes cérébraux de l’hypnose, Institut Français d’Hypnose, 2013
– [11] Bases neurophysiologiques de l’hypnose, H. Musellec et F. Bernard
– [13] Douleur et hypnose, Cairn.info, 2018
– [15] Hypnose, douleurs et kinésithérapie, ScienceDirect, 2015
– [17] L’efficacité de l’hypnose dans le traitement des douleurs chroniques, LACT, 2024
– [18] Traiter la douleur chronique du patient par l’hypnose, Walter Learning, 2025
– [20] Hypnose pour le traitement de la douleur chronique Paris, Orgadia, 2025
– [22] Traitement de la fibromyalgie par hypnose et TCC, Orgadia, 2025
– [23] Hypnose médicale et douleur chronique en médecine générale, Dr François Charrier
– [24] Prendre en charge la douleur chronique, Dunod, 2018
– [25] Hypnoanalgésie et hypnosédation, Cairn.info, 2022
– [27] Traiter la douleur chronique du patient par l’hypnose, Walter Learning, 2025
– [30] 13 INTERVENTIONS EN HYPNOSE & DOULEUR CHRONIQUE, Congrès 2024
– [32] Hypnose pour le traitement de la douleur chronique Paris, Orgadia, 2025
– [35] Hypno-antalgie® Un protocole spécifique en gestion de la douleur chronique, 2019
– [37] 14 INTERVENTIONS EN HYPNOSE & MÉDECINE PHYSIQUE, Congrès 2024 —
Besoin d’approfondir un point particulier ou d’avoir des exemples supplémentaires ? N’hésitez pas à me le demander !
Auteur
Mail: dr.neveux@gmail.com (à privilégier+++)
Tél: 0609727094 (laisser un message)
Au cabinet: 9 rue Troyon 75017 Paris
NB: Pas de consultation par mail ou téléphone. Les messages ne sont pas consultés hors jours et heures ouvrables. En cas d’urgence, contacter le SAMU (15)




