L’immobilisme: reconnaître et gérer
Vous voulez en savoir plus sur immobilisme ? Vous êtes sur la bonne page ! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face à l’immobilisme.
Rédacteur : Dr Nicolas Neveux,
Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en
Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com
Sources:
Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod;
Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- L’immobilisme peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression, schizophrénie, etc.)
- Un médecin ou un psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge
- La Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) est le traitement indiqué en première intention
- L’immobilisme peut aussi être une réaction adaptative passagère, mais nécessite toujours une évaluation.
Qu’est-ce que l’immobilisme ? Définition et manifestations
L’immobilisme désigne un état de blocage physique ou psychique, caractérisé par une incapacité à initier ou à poursuivre des actions, des mouvements ou des décisions. Il peut se manifester de manière ponctuelle, en réaction à un stress intense, ou de façon chronique, dans le cadre de troubles psychiatriques ou neurologiques. Contrairement à la simple procrastination ou à la paresse, l’immobilisme est souvent vécu comme une souffrance, une impossibilité de passer à l’action malgré la volonté de le faire.
Sur le plan clinique, l’immobilisme peut prendre plusieurs formes :
- Immobilisme moteur : incapacité à bouger, à se lever, à effectuer des gestes du quotidien (ex. : rester alité pendant des heures, ne pas parvenir à quitter son domicile).
- Immobilisme décisionnel : impossibilité de prendre des décisions, même simples (ex. : ne pas choisir entre deux options, reporter indéfiniment une tâche).
- Immobilisme émotionnel : sentiment d’engourdissement affectif, absence de réaction face à des événements normalement émouvants.
Exemple clinique : Mme L., 42 ans, consulte pour une incapacité à se rendre à son travail depuis trois semaines. Elle décrit une sensation de « paralysie » dès qu’elle pense à sortir de chez elle, accompagnée de palpitations et de sueurs. Elle reste assise sur son canapé, incapable de se préparer, malgré la peur de perdre son emploi. Cet immobilisme s’est installé progressivement après un conflit avec sa hiérarchie. L’évaluation révèle un épisode dépressif majeur avec anxiété généralisée.
Les causes de l’immobilisme : du stress à la pathologie
Les origines de l’immobilisme sont multiples et souvent intriquées. On distingue généralement :
- Les causes psychologiques : dépression, troubles anxieux (phobies, TOC, anxiété généralisée), syndrome de stress post-traumatique, schizophrénie.
- Les causes neurologiques : maladie de Parkinson, sclérose en plaques, lésions cérébrales (AVC, traumatismes crâniens).
- Les causes environnementales : stress chronique, harcèlement, isolement social, burnout.
- Les causes iatrogènes : effets secondaires de médicaments (antidépresseurs, neuroleptiques, benzodiazépines).
Exemple clinique : M. T., 58 ans, ancien cadre, présente un immobilisme progressif depuis six mois. Il passe ses journées assis dans un fauteuil, sans initiative, ne répondant que par monosyllabes. Son épouse rapporte qu’il a subi un AVC léger il y a un an, mais qu’aucun suivi n’a été mis en place. L’examen révèle une apathie marquée, associée à une dépression post-AVC et à une possible démence vasculaire débutante.
Immobilisme et dépression : un lien étroit
La dépression est la cause la plus fréquente d’immobilisme chronique. Dans ce contexte, l’immobilisme est souvent associé à :
- Une perte d’intérêt pour les activités habituelles (anhédonie).
- Une fatigue intense, même pour des efforts minimes.
- Des pensées négatives récurrentes (« À quoi bon ? », « Je n’y arriverai jamais »).
- Des troubles du sommeil et de l’appétit.
Exemple clinique : Adrien, 19 ans, étudiant, ne quitte plus sa chambre depuis deux mois. Il a abandonné ses cours, ne répond plus aux messages de ses amis, et reste au lit toute la journée. Ses parents rapportent qu’il a subi un échec aux examens, suivi d’une rupture amoureuse. L’évaluation met en évidence un épisode dépressif sévère avec idées suicidaires passives.
Immobilisme chez l’enfant et l’adolescent : particularités
Chez l’enfant et l’adolescent, l’immobilisme peut se manifester différemment :
- Refus scolaire anxieux : incapacité à se rendre à l’école, souvent accompagnée de symptômes somatiques (maux de ventre, maux de tête).
- Mutisme sélectif : impossibilité de parler dans certains contextes (ex. : à l’école), tout en parlant normalement à la maison.
- Comportements d’évitement : refus de participer à des activités sociales ou sportives par peur de l’échec ou du jugement.
Exemple clinique : Léa, 12 ans, ne parvient plus à entrer dans sa classe depuis le début de l’année scolaire. Elle reste prostrée dans le bureau de l’infirmière, pleurant et refusant de bouger. L’anamnèse révèle un harcèlement scolaire subrepticement installé depuis plusieurs mois. Le diagnostic retenu est un trouble anxieux avec phobie scolaire.
Immobilisme et troubles du spectre autistique
Chez les enfants autistes, l’immobilisme peut être lié à :
- Une surcharge sensorielle (bruit, lumière).
- Des difficultés de transition entre deux activités.
- Un besoin de routine et de prévisibilité.
Exemple clinique : Thomas, 8 ans, diagnostiqué TSA, se fige systématiquement lors des changements d’activité à l’école. Il reste assis, les mains sur les oreilles, incapable de suivre les consignes. Une adaptation de son environnement (emploi du temps visuel, temps de transition) permet une amélioration significative.
Diagnostic de l’immobilisme : quand consulter ?
L’immobilisme doit toujours faire l’objet d’une évaluation médicale ou psychiatrique, surtout s’il :
- Dure depuis plus de deux semaines.
- S’accompagne d’autres symptômes (tristesse, anxiété, idées noires, troubles du sommeil).
- Entraîne une désocialisation ou une incapacité à assurer les tâches quotidiennes.
Le diagnostic repose sur :
- Un entretien clinique approfondi.
- Des échelles d’évaluation (ex. : échelle de dépression de Hamilton, échelle d’anxiété de Spielberger).
- Un bilan somatique pour éliminer une cause organique (prise de sang, imagerie cérébrale si nécessaire).
Exemple clinique : Mme R., 35 ans, consulte pour un immobilisme apparu après un accouchement difficile. Elle décrit une fatigue extrême, une incapacité à s’occuper de son bébé, et des pleurs fréquents. Le diagnostic retenu est une dépression du post-partum, nécessitant une prise en charge urgente en TCC et un soutien médicamenteux.
Prise en charge de l’immobilisme : solutions et traitements
La prise en charge dépend de la cause identifiée. Elle peut associer :
- Thérapies psychologiques : TCC (thérapie cognitive et comportementale), thérapie interpersonnelle, EMDR (pour les traumatismes).
- Traitements médicamenteux : antidépresseurs (ISRS), anxiolytiques (ponctuellement), neuroleptiques (en cas de psychose).
- Approches sociales : réinsertion progressive, soutien familial, groupes de parole.
- Rééducation : kinésithérapie, ergothérapie (en cas de cause neurologique).
Exemple clinique : M. D., 45 ans, en arrêt maladie pour burnout, présente un immobilisme décisionnel total. Il est incapable de choisir entre deux options, même simples (ex. : « Que vais-je manger ce soir ? »). Une TCC centrée sur la restructuration cognitive et l’exposition progressive aux décisions lui permet de retrouver une autonomie en trois mois.
Rôle de l’entourage
L’entourage joue un rôle clé dans la prise en charge :
- Éviter les jugements (« Fais un effort ! », « C’est dans ta tête »).
- Encourager sans forcer, proposer un soutien concret (ex. : accompagner à un rendez-vous).
- Se former sur la pathologie (ex. : comprendre la dépression, les troubles anxieux).
Exemple clinique : La famille de Sophie, 22 ans, dépressive, a d’abord minimisé son immobilisme (« Elle est juste paresseuse »). Après une psychoéducation sur la dépression, ils ont adapté leur attitude : propositions d’activités simples, encouragement sans pression, et accompagnement aux séances de TCC. Sophie a pu sortir de son isolement en deux mois.
Prévenir l’immobilisme : conseils pratiques
Certaines stratégies peuvent aider à prévenir l’installation d’un immobilisme :
- Gestion du stress : techniques de relaxation, méditation, activité physique régulière.
- Hygiène de vie : sommeil régulier, alimentation équilibrée, limitation des écrans.
- Réseau social : entretenir des liens, éviter l’isolement.
- Objectifs réalistes : se fixer des buts atteignables, célébrer les petites victoires.
Exemple clinique : Julien, 30 ans, en télétravail, a développé un immobilisme progressif lié à l’absence de routine. Avec son thérapeute, il a mis en place un emploi du temps structuré (heures fixes de travail, pauses actives, sorties quotidiennes), ce qui a permis de rompre le cercle vicieux de la procrastination et de l’isolement.
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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
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