Neurodropping: reconnaître et soigner

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Rédacteur « neurodropping »: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), mail: dr.neveux@gmail.com; mail; prendre rendez-vous

Sources: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP) , Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod. L’hypersensibilité chez l’adulte, Mardaga.

L’essentiel

  • Le médecin, idéalement psychiatre, pose le diagnostic afin d’organiser la stratégie thérapeutique.
  • Les signes du neurodropping sont très variés.
  • Ne pas oublier de traiter la pathologie ayant motivé la prescription initiale des médicaments.

 

neurodropping benzodiazépine

Présentation et épidémiologie du neurodropping

Le neurodropping, terme émergent dans la littérature psychiatrique, désigne une forme de dysfonction porteuse d’un sevrage neurologique abrupt suite à l’arrêt ou la diminution rapide de substances psychotropes à action cérébrale (par exemple, benzodiazépines, certains antidépresseurs, psychostimulants). Les premières études épidémiologiques en population générale indiquent une prévalence entre 1 % et 3 % chez les patients sous traitement prolongé, principalement à partir de 6 mois consécutifs. D’après les registres cliniques français et européens, le sevrage brutal de benzodiazépines chez les plus de 60 ans représente jusqu’à 60 % des cas identifiés.En milieu hospitalier psychiatrique, une enquête multicentrique menée en 2024 a révélé que près de 5 % des admissions pour agitation ou troubles cognitifs subaigus concernaient un neurodropping mal diagnostiqué. Chez les sujets ayant suivi un sevrage psychostimulant (ex. méthylphénidate), la prévalence semble plus faible, autour de 0,5 %, mais bien réelle. Ainsi, l’incidence annuelle globale est estimée à 10–15 pour 10 000 habitants dans les populations exposées.
Exemple clinique : Mme D., 68 ans, interrompit brutalement une prise quotidienne de diazépam 10 mg après 1 an de prescription. Trois jours plus tard, elle consulte pour insomnie paralysante, tremblements, et troubles mnésiques. Le diagnostic de sevrage neurologique fut posé, correspondant à un neurodropping.

Symptomatologie du neurodropping

Manifestations neurologiques

On observe fréquemment : tremblements fins ou plus marqués, céphalées intenses, vertiges ou instabilité posturale.

Exemple : M. L., 45 ans, après arrêt subit d’un antidépresseur ISRS, ressentit dès J+2 des vertiges permanents, associés à des tremblements de la main droite.

Troubles cognitifs et affectifs

Ils incluent : confusion mentale, troubles de l’attention et de la mémoire, irritabilité, agitation, attaques de panique.

Exemple : Mme F., 32 ans, après diminution rapide de son traitement, développa agitation anxieuse, pertes de mots et incapacité à se concentrer.

Symptômes somatiques et autonomes

Sueurs, palpitations, troubles digestifs, insomnie sévère sont fréquents.

Psychopathologie et mécanismes du neurodropping

Le neurodropping résulte d’un déséquilibre temporaire des systèmes neurochimiques : GABA, sérotonine, noradrénaline. Par exemple, l’arrêt des benzodiazépines entraîne une hyperexcitabilité neuronale par perte d’inhibition GABAergique, tandis que celui des antidépresseurs peut générer un syndrome de sevrage sérotoninergique. Chez les consommateurs de psychostimulants, c’est une chute de l’activation dopaminergique qui domine.

D’un point de vue psychopathologique, la peur du sevrage, les effets de rebond anxieux et les modifications neuroadaptatives alimentent la symptomatologie.

Diagnostics différentiels et comorbidités du neurodropping

Diagnostics différentiels neurologiques

À écarter : encéphalite, syndrome cérébelleux, intoxication aiguë, trouble métabolique.

Diagnostics psychiatriques

À distinguer : trouble anxieux généralisé, trouble panique, rechute dépressive ou décompensation psychotique.

Notamment, les attaques de panique peuvent créer de la confusion.

Comorbidités associées

Souvent présentes : troubles anxieux, consommation d’alcool, migraines, douleurs chroniques, insomnie.

Exemple : M. G., 58 ans, souffrant de migraines et d’un trouble anxieux généralisé, développa un tableau confus après arrêt brutal de benzodiazépines, interprété initialement comme un AVC.

Complications potentielles du neurodropping

En cas de sevrage mal géré : troubles neurocognitifs persistants, crises convulsives, aggravation psychiatrique (dépression sévère, risque suicidaire), rechute médicamenteuse.

Cas clinique : Mme H., 72 ans, après arrêt de clonazépam, fit une crise convulsive à J+4. L’EEG révéla une hyperexcitabilité corticale. Diagnostic : neurodropping.

Stratégies de traitement et prise en charge du neurodropping

Vu l’intrication des symptômes et les pathologies en jeu, seul un médecin, notamment psychiatre peut assurer la prise en charge.

Sevrage progressif

Réduction lente des doses sur plusieurs semaines ou mois. Pour les benzodiazépines, substitution par diazépam est parfois proposée.

Soutien symptomatique

Utilisation de bêta-bloquants, antalgiques, et d’anxiolytiques non addictifs. TCC recommandée pour accompagner les troubles anxieux.

Suivi et accompagnement

Suivi psychologique régulier, thérapies de réhabilitation cognitive si besoin, groupes de soutien. Éventuellement, hospitalisation si symptômes sévères.

Conclusion

Le neurodropping est une complication fréquente mais sous-diagnostiquée du sevrage brutal de psychotropes. Sa reconnaissance permet d’éviter des errances diagnostiques, de prévenir les complications graves et d’accompagner au mieux les patients dans une stratégie de sevrage adaptée. Une approche globale, graduée et empathique est indispensable pour sécuriser ces transitions thérapeutiques.

 

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Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.


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