Réagir face à la psychorigidité de l’interlocuteur
Vous voulez savoir plus comment réagir face à la psychorigidité de l’interlocuteur? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir vous positionner face à la psychorigidité.
Rédacteur: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com
Sources: L’hypersensibilité chez l’adulte, Mardaga.; Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- Peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…)
- Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge
- La TCC est le traitement indiqué en première intention
Comprendre la psychorigidité : un défi relationnel quotidien
La psychorigidité se manifeste par une incapacité à adapter son point de vue, ses comportements ou ses émotions face à des situations nouvelles ou des arguments contradictoires. Elle peut survenir dans divers contextes : familial, professionnel, amical. Contrairement à une simple obstination, la psychorigidité est souvent ancrée dans des schémas cognitifs rigides, parfois liés à des troubles psychologiques sous-jacents comme l’anxiété, la dépression, ou encore le trouble bipolaire.
Vous pouvez en découvrir davantage sur la psychorigidité sur la page dédiée.
Exemple clinique :
Madame L., 45 ans, consulte pour des conflits répétés avec son conjoint. Elle insiste pour que les tâches ménagères soient réalisées selon un ordre précis, sans tolérer aucune déviation. Toute tentative de discussion se solde par une escalade verbale. Son conjoint, épuisé, évite désormais tout échange sur le sujet, ce qui renforce son sentiment d’incompréhension et d’isolement.
Principe essentiel
Face à la rigidité de l’interlocuteur, il faut s’aligner et montrer qu’on sait résister. En effet, si l’interlocuteur réalise que vous cédez, cela veut dire qu’il est récompensé de sa rigidité. Il n’a donc aucune raison de s’assouplir.
Il convient donc de montrer que vous aussi pouvez être opiniâtre à tenir votre position. Comprenant que vous ne serez pas malléable à volonté, la personne psychorigide sera donc obligée d’accepter la négociation, donc de s’assouplir. Et à ce moment-là vous pourrez montrer que vous êtes capable de souplesse.
Outils issus de la Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC)
La TCC propose des stratégies pour gérer les interactions avec des personnes psychorigides, en se concentrant sur les comportements observables et les pensées automatiques.
1. La restructuration cognitive
Identifiez et remettez en question les pensées automatiques qui surgissent face à la psychorigidité (« Il ne changera jamais », « C’est impossible de lui parler »). Remplacez-les par des pensées plus réalistes et adaptatives (« Je peux choisir ma réaction », « Je peux essayer une autre approche »). Exemple clinique :
Julien, 28 ans, évite les repas familiaux car son père critique systématiquement ses choix de vie. En TCC, il apprend à identifier sa pensée automatique « Il me déteste » et à la remplacer par « Il exprime ses craintes à sa manière, mais cela ne définit pas notre relation ».
2. La désescalade émotionnelle
Face à une personne psychorigide, les émotions peuvent s’emballer. La TCC enseigne des techniques de régulation émotionnelle, comme la respiration diaphragmatique ou la pause réflexive, pour éviter les réactions impulsives. Exemple clinique :
Lors d’une dispute avec son frère, qui refuse de reconnaître ses torts, Clara utilise la technique du « time-out » : elle annonce calmement qu’elle a besoin de 10 minutes pour réfléchir avant de reprendre la discussion. Cela lui permet de revenir avec un esprit plus clair et une attitude plus constructive.
Approches issues de la Thérapie Interpersonnelle (TIP)
La TIP met l’accent sur les relations interpersonnelles et les rôles sociaux. Elle propose des stratégies pour améliorer la communication et réduire les conflits liés à la psychorigidité.
1. L’analyse des rôles relationnels
Identifiez les rôles que vous et votre interlocuteur jouez dans la relation (ex. : sauveur/victime, critique/soumis). En prenant conscience de ces dynamiques, vous pouvez choisir de sortir de ces schémas rigides. Exemple clinique :
Paul, 50 ans, réalise en TIP qu’il adopte systématiquement un rôle de « sauveur » avec sa sœur, qui se comporte en « victime ». Il décide de ne plus lui proposer de solutions toutes faites, mais de l’encourager à trouver ses propres réponses, ce qui modifie progressivement leur dynamique.
2. La clarification des attentes
Exprimez clairement vos attentes et vos limites, sans agressivité ni passivité. Par exemple, dire « J’aimerais que nous puissions discuter de ce sujet sans nous interrompre » plutôt que « Tu ne me laisses jamais parler ». Exemple clinique :
Lors d’un conflit avec un collègue rigide, Emma utilise cette technique : « Je comprends ton point de vue, et j’aimerais que nous trouvions une solution qui convienne à nous deux. Pour cela, j’ai besoin que tu m’écoutes jusqu’au bout ». Son collègue, surpris par cette approche directe mais respectueuse, accepte de l’écouter.
Stratégies inspirées de la communication non violente (CNV)
La communication non violente, développée par Marshall Rosenberg, offre des outils précieux pour désamorcer les tensions liées à la psychorigidité. L’objectif n’est pas de convaincre, mais de rétablir un dialogue respectueux.
1. L’écoute active et la reformulation
Plutôt que de répondre par des arguments logiques, privilégiez l’écoute active. Reformulez les propos de votre interlocuteur pour montrer que vous avez compris son point de vue, même si vous ne le partagez pas. Cela réduit la sensation d’être attaqué et peut ouvrir la porte à un échange plus constructif. Exemple clinique :
Monsieur T., cadre supérieur, s’oppose systématiquement aux idées de ses collaborateurs lors des réunions. Un jour, une collègue utilise la reformulation : « Si je comprends bien, tu crains que cette nouvelle méthode ne ralentisse la productivité, c’est bien ça ? » Cette approche permet à Monsieur T. de se sentir entendu et d’exprimer ses craintes plus sereinement.
2. L’utilisation des messages « Je »
Les messages « Je » permettent d’exprimer vos besoins et émotions sans accuser l’autre. Par exemple, dire « Je me sens frustré quand mes suggestions ne sont pas prises en compte » plutôt que « Tu ne m’écoutes jamais ». Exemple clinique :
Sophie, 30 ans, utilise cette technique avec sa mère, qui refuse catégoriquement qu’elle change de carrière. Au lieu de dire « Tu ne me soutiens pas », elle formule : « Je me sens découragée quand je sens que mes choix ne sont pas respectés ». Sa mère, moins sur la défensive, accepte finalement d’en discuter.
Cas particuliers : psychorigidité et troubles psychiatriques
La psychorigidité peut être un symptôme de troubles psychiatriques comme le trouble bipolaire, les troubles anxieux, ou encore les troubles de la personnalité. Dans ces cas, une prise en charge spécialisée est indispensable. Exemple clinique :
Monsieur R., diagnostiqué trouble bipolaire, présente des épisodes de psychorigidité extrême lors de ses phases maniaques. Sa famille apprend, avec l’aide d’un psychiatre, à ne pas entrer en confrontation directe, mais à utiliser des techniques de validation émotionnelle (« Je vois que ce sujet est très important pour toi ») pour désamorcer les tensions.
Quand consulter un professionnel ?
Si la psychorigidité persiste et impacte significativement la qualité de vie ou les relations, il est recommandé de consulter un psychiatre ou un psychologue formé à la TCC ou à la TIP. Ces thérapies permettent de travailler sur les schémas cognitifs et les dynamiques relationnelles à l’origine de la rigidité.
Conclusion : agir avec bienveillance et stratégie
Réagir face à la psychorigidité d’un interlocuteur demande de la patience, de l’empathie et des outils adaptés. En combinant les principes de la communication non violente, les stratégies de la TCC et les approches de la TIP, il est possible de transformer des interactions tendues en échanges constructifs. L’objectif n’est pas de changer l’autre, mais d’adapter sa propre communication pour préserver la relation et son bien-être.
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