Trouble de personnalité borderline (ou état-limite)

Vous voulez en savoir plus sur le trouble de personnalité borderline (ou état-limite)? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face au trouble de personnalité borderline (ou état-limite).

Rédacteur: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), mail: dr.neveux@gmail.com ; prendre rendez-vous

Sources: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod. L’hypersensibilité chez l’adulte, Mardaga

L’essentiel:

  • Peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…)
  • Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge
  • La TCC est le traitement indiqué en première intention

Qu’est-ce que le trouble de personnalité borderline (ou état-limite) ?

Le trouble de personnalité borderline (TPB), aussi appelé trouble de la personnalité émotionnellement labile ou état-limite, est un trouble mental complexe caractérisé par une instabilité marquée des émotions, des relations interpersonnelles, de l’image de soi et des comportements. Ce trouble, reconnu par le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), touche environ 1,6 % à 2 % de la population générale, avec une prédominance féminine (environ 75 % des cas diagnostiqués):refs[6-0,25,26].

Les personnes atteintes de TPB vivent souvent des émotions intenses et changeantes, passant rapidement de la joie à la colère, de l’euphorie à la détresse, parfois sans raison apparente pour leur entourage. Cette labilité émotionnelle s’accompagne d’une peur profonde de l’abandon, d’une impulsivité marquée (dépenses excessives, conduites à risque, abus de substances, etc.) et d’une image de soi fluctuante, pouvant aller jusqu’à des épisodes de dissociation ou de sentiment de vide interiorisé:refs[8-2,4,44].

Exemple clinique :
Sophie, 28 ans, consulte pour des crises de colère incontrôlables et des automutilations. Elle décrit des relations amoureuses « passionnées mais destructrices », où elle idéalise son partenaire avant de le dévaloriser brutalement après une dispute. Elle rapporte aussi des épisodes de « trou noir » où elle ne se reconnaît plus dans le miroir, et une peur panique d’être abandonnée, la poussant à des gestes désespérés (menaces de suicide, scarifications).

Critères diagnostiques du trouble borderline selon le DSM-5

Pour établir le diagnostic de trouble de personnalité borderline, le DSM-5 exige la présence d’au moins 5 des 9 critères suivants, persistants et envahissants:refs[10-0,2,7] :

| Critère | Description | Exemple clinique |
|———|————-|——————|
| Peur de l’abandon | Réactions extrêmes (colère, angoisse, automutilation) face à une séparation réelle ou imaginée. | Léa, 22 ans, appelle son ami 50 fois en une heure après qu’il ait annulé un rendez-vous, persuadée qu’il va la quitter. |
| Relations instables | Alternance entre idéalisation et dévalorisation des proches (« clivage »). | Thomas passe du « tu es l’amour de ma vie » au « tu es un monstre » en 24h après un désaccord. |
| Perturbation de l’identité | Image de soi floue, objectifs changeants, sentiment de vide. | Clara, 30 ans, change de métier, de style vestimentaire et de convictions politiques tous les 6 mois. |
| Impulsivité | Comportements à risque (sexuels, financiers, toxicomanie, conduite dangereuse). | Marc, 25 ans, dépense 5 000 € en une nuit après une rupture, sans pouvoir s’arrêter. |
| Comportements suicidaires | Tentatives de suicide, automutilations, menaces répétées. | Julie, 19 ans, se scarifie chaque fois qu’elle se sent « invisible » ou rejetée. |
| Instabilité affective | Sautes d’humeur intenses et rapides (quelques heures à quelques jours). | Paul passe du rire aux larmes en 10 minutes après un commentaire anodin. |
| Sentiment de vide | Impression de ne pas exister, besoin constant de stimulation. | Élodie décrit un « trou » dans la poitrine, qu’elle tente de combler par des relations ou des achats compulsifs. |
| Colère inappropriée | Accès de rage difficiles à contrôler, souvent suivis de honte. | Alex casse une porte après que sa collègue ait critiqué son travail. |
| Idées paranoïaques | Méfiance transitoire en situation de stress (ex. : peur d’être trahi). | Après une dispute, Emma est convaincue que son mari la trompe, sans preuve. |

Ces critères illustrent la complexité du TPB, où chaque individu présente une combinaison unique de symptômes, souvent aggravés par des comorbidités (dépression, troubles anxieux, addictions):refs[12-26,42].

Épidémiologie : qui est touché par le trouble borderline ?

Prévalence et répartition

Le trouble borderline concerne 1 à 2 % de la population générale, mais sa prévalence atteint 10 % en soins psychiatriques ambulatoires et 15 à 25 % en milieu hospitalier:refs[14-0,16,23]. En France, on estime que 2,5 % de la population active présente des traits borderline, avec une surreprésentation féminine (3 femmes pour 1 homme):refs[16-23,26].

Facteurs de risque

Les causes du TPB sont multifactorielles :
Génétiques : Le risque est 6 fois plus élevé si un proche parent est atteint:refs[18-20].
Environnementaux : Plus de 50 % des patients rapportent des antécédents de maltraitance physique, sexuelle ou psychologique dans l’enfance:refs[20-21,24].
Neurobiologiques : Dysfonctionnements des circuits de régulation émotionnelle (amygdale, cortex préfrontal) et déséquilibres chimiques (sérotonine, dopamine):refs[22-10,18].

Exemple clinique :
Lucie, 35 ans, diagnostiquée borderline, révèle lors de sa thérapie des souvenirs d’abus sexuel subis entre 5 et 12 ans. Elle associe ses crises de dissociation à ces traumatismes, et son incapacité à faire confiance aux hommes.

Impact du trouble borderline sur la vie quotidienne

Relations interpersonnelles

Les personnes borderline vivent des relations intenses mais chaotiques, marquées par la peur de l’abandon et des conflits récurrents. Leur besoin de réassurance est constant, mais leurs réactions impulsives (colère, reproches, menaces) finissent par éloigner leur entourage:refs[24-40,41,42].

Exemple clinique :
Après une dispute, Caroline envoie 200 SMS à son partenaire, alterne entre supplications et insultes, puis tente de se suicider pour « lui montrer à quel point il l’a blessée ». Le lendemain, elle minimise l’incident et exige qu’il « oublie tout ».

Vie professionnelle et scolaire

L’instabilité émotionnelle et les difficultés de concentration perturbent souvent les études ou le travail. Les absences répétées, les conflits avec les collègues ou supérieurs, et l’impulsivité (démission soudaine, projets inaboutis) sont fréquents:refs[26-45,46].

Exemple clinique :
David, 29 ans, quitte son emploi après une remarque de son manager, qu’il interprète comme une « humiliation ». Il reste sans travail pendant 6 mois, incapable de postuler par peur du rejet.

Santé physique et mentale

Le TPB s’accompagne souvent de comorbidités :
– Dépression (60 % des cas)
– Troubles anxieux (50 %)
– Addictions (40 %)
– Troubles du comportement alimentaire (30 %)
– Risque suicidaire élevé (10 % de décès par suicide):refs[28-26,42].

Prise en charge et traitements du trouble borderline

Psychothérapies recommandées

La psychothérapie est le traitement de référence. Plusieurs approches ont prouvé leur efficacité :
Thérapie Comportementale Dialectique (TCD) : Développée par Marsha Linehan, elle combine régulation émotionnelle, tolérance à la détresse, efficacité interpersonnelle et pleine conscience. Des études montrent une réduction significative des automutilations et des hospitalisations:refs[30-30,34].
Thérapie Centrée sur les Schémas : Travaille sur les croyances profondes (ex. : « Je suis abandonnable ») issues de l’enfance:refs[32-39].
Thérapie Basée sur la Mentalisation (TBM) : Aide à mieux comprendre ses propres états mentaux et ceux des autres:refs[34-33].

Exemple clinique :
Après 18 mois de TCD, Amélie, 32 ans, a appris à identifier ses déclencheurs émotionnels et à utiliser des techniques de respiration pour éviter les crises. Elle n’a plus eu recours aux scarifications depuis 6 mois.

Rôle des médicaments

Aucun traitement médicamenteux ne guérit le TPB, mais certains peuvent atténuer des symptômes cibles (antidépresseurs pour la dépression, antipsychotiques pour l’impulsivité):refs[36-10,35]. Leur usage doit être ponctuel et supervisé.

Prise en charge globale

Une approche multidisciplinaire (psychiatre, psychologue, associations de proches) est souvent nécessaire. La psychoéducation (comprendre son trouble) et le soutien aux aidants sont cruciaux:refs[38-12,47].

Évolution et pronostic

Avec une prise en charge adaptée, 85 % des patients voient leurs symptômes s’atténuer après 10 ans. Les facteurs de bon pronostic incluent :
– Un diagnostic précoce
– L’absence de comorbidités sévères
– Un bon soutien social
– L’engagement dans la thérapie:refs[40-26].

Exemple clinique :
À 40 ans, Sophie (diagnostiquée à 20 ans) a stabilisé ses relations et son emploi grâce à une TCD et un suivi psychiatrique régulier. Elle décrit son parcours comme « un apprentissage quotidien de la patience envers moi-même ».

Comment aider un proche borderline ?

S’informer sur le trouble pour comprendre ses mécanismes.
Écouter sans juger, valider ses émotions (« Je vois que tu souffres »).
Poser des limites claires pour éviter l’épuisement.
Encourager la consultation et soutenir l’engagement thérapeutique.
Prendre soin de soi : les associations comme Connexions Familiales offrent un soutien précieux:refs[42-47].

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  • Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
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Bibliographie

 

American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.). https://doi.org/10.1176/appi.books.9780890425596

Bellino S, et al. Adaptation of interpersonal psychotherapy to borderline personality disorder: a comparison of combined therapy and single pharmacotherapy. Can J Psychiatry. 2010 Feb;55(2):74-81. doi: 10.1177/070674371005500203. PMID: 20181302.

Bozzatello P, et al. Combined therapy with interpersonal psychotherapy adapted for borderline personality disorder: A two-years follow-up. Psychiatry Res. 2016 Jun 30;240:151-156. doi: 10.1016/j.psychres.2016.04.014. Epub 2016 Apr 13. PMID: 27107668.

Euler, Sebastian, et al. Trouble de la personnalité borderline : recommandations de traitement pour la Société suisse de psychiatrie et psychothérapie (SSPP).L’information psychiatrique, vol. 96, no. 1, 2020, pp. 35-43.

Gunderson, John G., et al. Borderline personality disorder. Nature Reviews Disease Primers, vol 4, 2018. doi:10.1038/nrdp.2018.29

Stoffers JM, et al. Psychological therapies for people with borderline personality disorder. Cochrane Database of Systematic Reviews 2012, Issue 8. DOI:10.1002/14651858.CD005652.pub2



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