Chantage affectif: le reconnaître et s’y opposer
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Rédacteur : Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), mail: dr.neveux@gmail.com
Sources:Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- Le CHANTAGE AFFECTIF peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…).
- Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge.
- La TCC est le traitement indiqué en première intention.
Qu’est-ce que le chantage affectif ? Définition et mécanismes
Sophie, 32 ans, consulte pour un état dépressif. Elle explique que son conjoint lui dit régulièrement : « Si tu m’aimais vraiment, tu quitterais ton travail pour t’occuper de moi. » Chaque fois qu’elle évoque une promotion ou un projet professionnel, il menace de « ne plus être heureux » ou de « se sentir abandonné ». Sophie se sent coupable et finit par renoncer à ses ambitions, malgré un profond mal-être.Le chantage affectif repose sur plusieurs leviers psychologiques :
- La peur de l’abandon : « Si tu ne fais pas ça, je te quitte. »
- La culpabilisation : « Après tout ce que j’ai fait pour toi… »
- La minimisation des besoins de l’autre : « Tu es égoïste de penser à toi. »
- La victimisation : « Tu me fais souffrir. »
Ces stratégies, souvent inconscientes chez l’auteur, peuvent avoir des conséquences graves sur la santé mentale de la victime : anxiété, dépression, perte d’estime de soi, voire syndrome de stress post-traumatique dans les cas les plus sévères.
Les différents types de chantage affectif
1. Le chantage affectif dans le couple
Dans les relations amoureuses, le chantage affectif est particulièrement fréquent et destructeur. Il peut se manifester par des menaces de rupture, des reproches constants, ou l’utilisation de la sexualité comme moyen de pression.
Exemple clinique :
Marc, 40 ans, consulte pour des crises d’angoisse. Il explique que sa compagne lui dit souvent : « Si tu m’aimais, tu me donnerais un enfant. » Chaque fois qu’il évoque ses réticences, elle pleure, l’accuse de ne pas l’aimer, et menace de le quitter. Marc se sent piégé, incapable de prendre une décision librement.
2. Le chantage affectif familial
Dans les familles, le chantage affectif peut être utilisé par les parents envers leurs enfants (« Si tu ne fais pas ce que je veux, je ne t’aimerai plus »), ou entre frères et sœurs (« Si tu ne me donnes pas ça, je ne te parlerai plus »).
Exemple clinique :
Léa, 25 ans, souffre de troubles anxieux. Elle raconte que sa mère lui dit régulièrement : « Tu es ingrate, après tout ce que j’ai sacrifié pour toi. » Chaque fois que Léa essaie de s’affirmer, sa mère menace de « ne plus la reconnaître comme sa fille ». Léa se sent coupable et incapable de vivre sa vie comme elle l’entend.
3. Le chantage affectif entre amis
Même dans l’amitié, le chantage affectif peut survenir, souvent sous forme de culpabilisation ou de menace de rupture du lien (« Si tu ne fais pas ça pour moi, tu n’es pas un vrai ami »).
4. Le chantage affectif au travail
Dans le milieu professionnel, le chantage affectif peut être utilisé par un supérieur hiérarchique ou un collègue pour obtenir des faveurs, du soutien, ou pour éviter des conflits (« Si tu ne m’aides pas, je ne te soutiendrai plus »).
5. Le chantage affectif chez l’enfant et l’adolescent
Les enfants et les adolescents peuvent aussi recourir au chantage affectif, souvent par imitation des comportements observés chez les adultes, ou par manque de maturité émotionnelle (« Si tu ne m’achètes pas ça, je ne t’aimerai plus »).
Exemple clinique :
Lucas, 10 ans, menace régulièrement sa mère de « ne plus l’aimer » si elle ne lui achète pas ce qu’il veut. La mère, culpabilisée, cède souvent, renforçant ainsi ce comportement.
Les signes pour reconnaître le chantage affectif
1. Sentiment de culpabilité permanent
La victime se sent constamment coupable, comme si elle était responsable du bonheur ou du malheur de l’autre. Elle a l’impression de « ne jamais en faire assez ».
2. Peur de décevoir ou de perdre l’autre
La victime a peur que l’autre se mette en colère, la quitte, ou lui retire son affection si elle ne cède pas à ses demandes.
3. Difficulté à dire non
La victime a du mal à poser des limites, par peur des conséquences émotionnelles ou relationnelles.
4. Sentiment d’être piégé(e)
La victime a l’impression de ne pas avoir le choix, comme si elle était « obligée » de faire ce que l’autre attend d’elle.
5. Fatigue émotionnelle et épuisement
La victime se sent vidée, anxieuse, voire dépressive, à force de toujours devoir « gérer » les émotions de l’autre.
6. Isolement progressif
La victime s’éloigne de ses proches, par peur de les « décevoir » ou parce que l’auteur du chantage l’isole pour mieux la contrôler.
Exemple clinique :
Julie, 28 ans, consulte pour un burn-out. Elle explique que son petit ami lui reproche constamment de « ne pas assez l’aimer » quand elle passe du temps avec ses amis. Elle a fini par s’isoler, par peur de le « blesser ». Aujourd’hui, elle se sent seule et épuisée.
Les conséquences du chantage affectif sur la santé mentale
1. Troubles anxieux
La victime vit dans un état de stress permanent, craignant constamment de « mal faire » ou de décevoir l’autre. Cela peut mener à des crises d’angoisse, des troubles paniques, ou un trouble anxieux généralisé.
2. Dépression
Le sentiment d’impuissance, de culpabilité et d’épuisement peut conduire à un épisode dépressif caractérisé (tristesse persistante, perte d’intérêt, idées noires…).
3. Perte d’estime de soi
La victime finit par douter d’elle-même, de ses choix, et de sa valeur personnelle. Elle peut développer un sentiment d’incompétence ou d’indignité.
4. Troubles du comportement alimentaire
Certaines victimes compensent leur mal-être par des troubles alimentaires (anorexie, boulimie, hyperphagie).
5. Dépendance affective
La victime peut devenir dépendante de l’approbation de l’autre, incapable de prendre des décisions par elle-même.
6. Syndrome de stress post-traumatique (SSPT)
Dans les cas les plus graves, notamment si le chantage affectif s’accompagne d’autres formes de violence (psychologique, physique), la victime peut développer un SSPT.
Exemple clinique :
Thomas, 35 ans, consulte pour une dépression sévère. Il explique que son ex-compagne le menaçait régulièrement de se suicider s’il la quittait. Aujourd’hui, même après la rupture, il souffre de cauchemars, de flashbacks, et d’une peur panique de s’engager dans une nouvelle relation.
Pourquoi certaines personnes recourent-elles au chantage affectif ?
1. Peur de l’abandon
Certaines personnes, par peur d’être abandonnées, utilisent le chantage affectif pour « retenir » l’autre, sans toujours en avoir conscience.
2. Manque de confiance en soi
Une personne qui doute de sa valeur peut chercher à contrôler l’autre pour se rassurer.
3. Troubles de la personnalité
Certains troubles de la personnalité (borderline, narcissique, histrionique) peuvent favoriser l’utilisation de stratégies manipulatoires, dont le chantage affectif.
4. Apprentissage familial
Si une personne a grandi dans un environnement où le chantage affectif était la norme, elle peut reproduire ce schéma sans s’en rendre compte.
5. Difficulté à gérer ses émotions
Certaines personnes, incapables de gérer leur frustration ou leur colère, utilisent le chantage affectif comme exutoire.
Exemple clinique :
Élodie, 45 ans, utilise régulièrement le chantage affectif avec ses enfants. Elle menace de « ne plus les aimer » s’ils ne lui obéissent pas. En thérapie, elle réalise qu’elle reproduit le comportement de sa propre mère, qui agissait de même avec elle.
Comment réagir face au chantage affectif ?
1. Prendre conscience de la manipulation
La première étape est de reconnaître que l’on est victime de chantage affectif. Cela peut être difficile, car la victime a souvent intériorisé la culpabilité.
2. Poser des limites claires
Apprendre à dire non, sans justifier ni culpabiliser, est essentiel. Par exemple : « Je comprends que tu sois en colère, mais je ne peux pas faire ça. »
3. Se détacher émotionnellement
Prendre du recul par rapport aux réactions de l’autre, et comprendre que ses émotions ne sont pas de sa responsabilité.
4. Chercher du soutien
Parler à des proches de confiance, ou consulter un psychologue/psychiatre, peut aider à sortir de l’isolement et à retrouver une vision objective de la situation.
5. Travailler sur son estime de soi
Retrouver confiance en soi, et apprendre à s’affirmer sans crainte du jugement ou du rejet.
6. Envisager une thérapie
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et les thérapies interpersonnelles (TIP) sont particulièrement efficaces pour traiter les conséquences du chantage affectif.
Exemple clinique :
Camille, 30 ans, a consulté après des années de chantage affectif de la part de son mari. Grâce à une TCC, elle a appris à poser des limites, à gérer sa culpabilité, et à reconstruire son estime de soi. Aujourd’hui, elle a quitté la relation et retrouve peu à peu sa liberté.
Comment aider un proche victime de chantage affectif ?
1. Écouter sans juger
Lui offrir un espace bienveillant pour qu’il puisse exprimer ce qu’il vit, sans minimiser ni dramatiser.
2. Lui faire prendre conscience de la manipulation
L’aider à identifier les mécanismes du chantage affectif, sans l’accuser ou lui dire « ce qu’il doit faire ».
3. L’encourager à poser des limites
Le soutenir dans ses tentatives de s’affirmer, et l’aider à préparer ses réponses face aux pressions.
4. Lui proposer un accompagnement professionnel
Suggérer une consultation chez un psychologue ou un psychiatre, sans forcer.
5. Respecter son rythme
Chaque personne a son propre cheminement. Il est important de ne pas précipitation les choses.
Exemple clinique :
La sœur de Clara a remarqué que cette dernière s’isolait et semblait épuisée. En discutant avec elle, elle a compris que Clara subissait un chantage affectif de la part de son conjoint. Elle l’a encouragée à consulter, et l’a accompagnée dans ses démarches. Aujourd’hui, Clara suit une thérapie et commence à se reconstruire.
Épidémiologie chez l’enfant et l’adolescent
Léo, 12 ans, menace régulièrement ses parents de « ne plus les aimer » s’ils ne lui achètent pas ce qu’il veut. Ses parents, culpabilisés, cèdent souvent. En consultation, ils réalisent qu’ils renforcent ainsi ce comportement, et décident de poser des limites claires, avec l’aide d’un pédopsychiatre.Chez l’adolescent, le chantage affectif peut aussi être un signe de détresse psychologique (dépression, anxiété, troubles du comportement), et doit être pris au sérieux.
Prise en charge et traitements
1. Pour la victime
- Thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : pour travailler sur les schémas de pensée, la gestion des émotions, et l’affirmation de soi.
- Thérapie interpersonnelle (TIP) : pour améliorer la communication et les relations.
- Thérapie de groupe : pour briser l’isolement et partager son expérience.
- Traitement médicamenteux : si nécessaire (antidépresseurs, anxiolytiques), prescrit par un psychiatre.
2. Pour l’auteur du chantage affectif
Si l’auteur est conscient de son comportement et souhaite changer, une thérapie peut l’aider à comprendre les origines de ses mécanismes de défense.
Venir au cabinet
Dr Neveux Nicolas, 9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094
- Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
- RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
- Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).
Fait à Paris 16 par un psychiatre et un psychologue.
Auteur
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Au cabinet: 9 rue Troyon 75017 Paris
NB: Pas de consultation par mail ou téléphone. Les messages ne sont pas consultés hors jours et heures ouvrables. En cas d’urgence, contacter le SAMU (15)




