Phobie des souris: reconnaître et gérer

Vous voulez en savoir plus sur la phobie des souris? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face à la phobie des souris.

Rédacteur: Dr Nicolas Neveux,
Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP),
mail: dr.neveux@gmail.com

Sources: Dr Jean Cottraux, Les thérapies comportementales et cognitives,


Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod;
Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.

L’essentiel:

  • Peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…)
  • Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge
  • La TCC est le traitement indiqué en première intention

Qu’est-ce que la phobie des souris ? Définition et critères diagnostiques

La phobie des souris, appelée musophobie, est une peur intense, irrationnelle et persistante des souris, rats et autres rongeurs. Elle fait partie des phobies spécifiques, ou zoophobies, et est reconnue comme un trouble anxieux par les classifications internationales (DSM-5 et CIM-11) lorsque cette peur devient invalidante et perturbe significativement la vie quotidienne. Contrairement à une simple aversion ou à une peur passagère, la musophobie se caractérise par une réaction disproportionnée, incontrôlable, et souvent accompagnée de symptômes physiques et psychologiques intenses. La personne phobique reconnaît généralement le caractère excessif de sa réaction, mais ne parvient pas à la maîtriser. Exemple clinique :
Madame L., 34 ans, consulte pour une peur panique des souris. Elle évite de descendre à la cave de sa maison, où elle garde son vélo, de peur d’y croiser une souris. Elle a abandonné le vélo, pourtant essentiel pour ses trajets quotidiens. À la vue d’une souris dans un film, elle détourne immédiatement les yeux et ressent des palpitations, une transpiration excessive et une sensation d’étouffement. —

Les symptômes de la phobie des souris : physiques et psychologiques

La musophobie se manifeste par une série de symptômes, à la fois physiques et psychologiques, qui surviennent dès que la personne est confrontée (ou anticipe d’être confrontée) à une souris ou à un environnement susceptible d’en contenir.

Symptômes physiques

– Accélération du rythme cardiaque (tachycardie)
– Transpiration excessive, sueurs froides
– Tremblements, secousses musculaires
– Difficultés respiratoires, sensation d’oppression ou d’étouffement
– Nausées, vertiges, confusion
– Crises de larmes, paralysie temporaire

Symptômes psychologiques et comportementaux

– Anticipation anxieuse des situations redoutées (ex. : éviter les parcs, les caves, les greniers)
– Comportements d’évitement (refus de s’asseoir sur certains bancs, de marcher dans l’herbe, de visiter des lieux anciens)
– Rituels de vérification (inspecter les placards, les buissons, les recoins)
– Cauchemars, pensées intrusives, obsession de la présence de rongeurs
– Sentiment de honte ou de culpabilité face à l’irrationnalité de la peur Exemple clinique :
Monsieur T., 42 ans, ne peut plus dormir depuis qu’il a entendu des bruits de grattement dans les murs de sa maison. Il vérifie chaque soir les recoins de sa chambre, dort avec des écouteurs pour ne pas entendre les bruits, et a développé des TOC de lavage de mains par peur des maladies transmises par les souris. —

Origines et causes de la phobie des souris

Les causes de la musophobie sont multifactorielles, combinant des éléments psychologiques, biologiques, culturels et environnementaux.

Facteurs psychologiques et environnementaux

Conditionnement et apprentissage : Une expérience traumatisante (morsure, surprise, crise de panique en présence d’une souris) peut ancrer une peur durable.
Transmission familiale : Si un parent ou un proche exprime une peur intense des rongeurs, l’enfant peut intérioriser cette réaction.
Symbolique inconsciente : Les souris, associées à l’obscurité, à la saleté, aux maladies (peste, leptospirose), ou à des forces archaïques de la psyché, peuvent incarner des angoisses plus profondes (peur de l’inconnu, de la mort, de la perte de contrôle).

Facteurs biologiques et évolutifs

Mécanisme de défense ancestral : La peur des rongeurs pourrait être un héritage évolutif, les souris et rats ayant longtemps représenté un danger réel (transmission de maladies, dégradation des réserves alimentaires).
Réaction instinctive : Leur mouvement rapide et imprévisible active une réponse de peur automatique, similaire à celle déclenchée par les serpents ou les araignées. Exemple clinique :
Madame R., 28 ans, a développé une musophobie après avoir vu sa mère hurler et monter sur une chaise à la vue d’une souris dans la cuisine, alors qu’elle avait 6 ans. Aujourd’hui, elle évite les films ou documentaires mentionnant les rongeurs, et a abandonné un projet de voyage en Asie par crainte de croiser des rats dans les rues. —

Impact de la phobie des souris sur la vie quotidienne

La musophobie peut avoir des répercussions majeures sur la qualité de vie, limitant les activités sociales, professionnelles et personnelles.

Conséquences sociales et professionnelles

– Évitement de certains lieux (parcs, bâtiments anciens, sous-sols, campagnes)
– Difficultés à voyager ou à participer à des activités en groupe (pique-niques, randonnées)
– Perturbation des relations (moqueries, incompréhension de l’entourage)
– Absentéisme ou baisse de productivité au travail (ex. : refus de se rendre dans un bureau infesté)

Conséquences psychologiques et physiques

– Stress chronique, anxiété généralisée
– Troubles du sommeil (insomnie, réveils nocturnes)
– Développement de TOC (vérifications, rituels de nettoyage)
– Baisse de l’estime de soi, sentiment de honte
– Aggravation possible d’autres troubles anxieux ou dépressifs Exemple clinique :
Monsieur D., 50 ans, a dû refuser une promotion professionnelle car le nouveau poste impliquait de travailler dans un entrepôt où des souris avaient été signalées. Il a développé une dépression réactionnelle et consulte pour la première fois après des années d’évitement. —

Diagnostic de la phobie des souris

Le diagnostic de musophobie repose sur les critères du DSM-5 et de la CIM-11, et doit être posé par un professionnel de santé mentale (psychiatre, psychologue clinicien).

Critères diagnostiques (DSM-5)

– Peur ou anxiété intense, spécifique des souris/rongeurs
– Réaction immédiate (en moins de 6 mois) et systématique à la confrontation
– Évitement actif ou endurance avec souffrance intense
– La peur est disproportionnée par rapport au danger réel
– Durée des symptômes supérieure à 6 mois
– Perturbation significative de la vie sociale, professionnelle ou personnelle

Outils d’évaluation

– Entretien clinique approfondi
– Échelles d’anxiété et de phobie (ex. : Fear Survey Schedule)
– Observation des comportements d’évitement et des rituels Exemple clinique :
Madame K., 30 ans, consulte pour des crises de panique chaque fois qu’elle voit une souris, même à la télévision. Le psychiatre diagnostique une musophobie sévère, avec des scores élevés d’anxiété et des comportements d’évitement invalidants (elle ne sort plus le soir, a arrêté le jardinage). —

Traitements de la phobie des souris : quelles solutions ?

La prise en charge de la musophobie repose principalement sur les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), reconnues comme le traitement de première intention.

Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)

Psychoéducation : Explication des mécanismes de la phobie et de l’anxiété.
Exposition progressive : Confrontation graduelle à l’objet phobogène (images, vidéos, puis présence réelle), en commençant par les situations les moins anxiogènes.
Restructuration cognitive : Travail sur les pensées catastrophiques et les croyances irrationnelles.
Techniques de relaxation : Respiration, méditation, gestion du stress.
Thérapie par réalité virtuelle : Utilisation de simulations pour une exposition contrôlée. Exemple clinique :
Madame L. a suivi une TCC sur 12 séances. Elle a commencé par regarder des photos de souris, puis des vidéos, avant de visiter une animalerie avec son thérapeute. Aujourd’hui, elle peut descendre à la cave sans paniquer, et a repris le vélo.

Traitements médicamenteux

Anxiolytiques : Pour soulager les symptômes aigus (ex. : benzodiazépines, à utiliser ponctuellement).
Antidépresseurs : ISRS (ex. : sertraline, paroxétine) en cas de trouble anxieux associé ou de dépression.
Important : Les médicaments ne guérissent pas la phobie, mais peuvent faciliter l’engagement dans une thérapie. Exemple clinique :
Monsieur T. a bénéficié d’un traitement par sertraline pendant 6 mois, en complément d’une TCC. Cela lui a permis de réduire ses rituels de vérification et de mieux tolérer les séances d’exposition.

Autres approches thérapeutiques

Hypnothérapie : Travail sur l’inconscient pour désensibiliser la réaction phobique. Efficacité non démontrée.
EMDR : Si la phobie est liée à un traumatisme spécifique. Mais les protocoles reviennent à de la TCC quand aucun traumatisme n’est présent.
Thérapies alternatives (Sophrologie, kinésiologie, acupuncture) : Aucune efficacité démontrée, on ne peut donc pas les recommmander.

 

Conseils pratiques pour vivre avec la phobie des souris

En attendant une prise en charge spécialisée, voici quelques stratégies pour mieux gérer la musophobie au quotidien : – Éviter les comportements de renforcement : Limiter les rituels de vérification et les évitements excessifs.
S’informer : Comprendre que les souris ne sont pas agressives et que le risque de morsure est très faible.
Demander de l’aide : Impliquer son entourage pour gérer les situations anxiogènes (ex. : vérifier un placard).
Pratiquer la relaxation : Techniques de respiration, méditation, yoga pour réduire l’anxiété.
Consulter un professionnel : Ne pas attendre que la phobie s’aggrave ou s’étende à d’autres animaux. —

Épidémiologie : qui est touché par la phobie des souris ?

La musophobie touche aussi bien les enfants que les adultes, avec une légère prédominance féminine. Elle peut apparaître dès l’enfance (souvent entre 3 et 10 ans) et persister à l’âge adulte si elle n’est pas prise en charge. – Chez l’enfant : Souvent liée à des peurs normales du développement, mais peut devenir pathologique si elle entrave la scolarité ou les activités sociales.
Chez l’adulte : Peut réapparaître ou s’aggraver en période de stress, de dépression ou de changements majeurs (déménagement, grossesse). Exemple clinique :
Lucas, 8 ans, refuse d’aller à l’école depuis qu’un camarade a apporté une souris en classe. Ses parents consultent un pédopsychiatre, qui diagnostique une musophobie réactionnelle et propose une prise en charge adaptée. —

Venir au cabinet

Dr Neveux Nicolas, 9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094

  • Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
  • RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
  • Bus: Station Charles de Gaulle Etoile (lignes 22-30-52 depuis Paris 75016; ligne 92 depuis Paris 75007, 75014, 75015; lignes 30-31-92-93 depuis Paris 75017; ligne 73 depuis Neuilly sur Seine; lignes 22-52-73 depuis Paris 8; ligne 92 depuis Levallois).

Conclusion
La phobie des souris, ou musophobie, est un trouble anxieux fréquent mais souvent méconnu, qui peut avoir un impact majeur sur la vie quotidienne. Heureusement, des solutions existent : les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) offrent des résultats probants, et un accompagnement adapté permet de retrouver une qualité de vie satisfaisante. Si vous ou un proche êtes concerné, n’hésitez pas à consulter un professionnel pour une prise en charge personnalisée.

Références et lectures complémentaires :
– DSM-5, CIM-11 : critères diagnostiques des phobies spécifiques
Comment soigner une phobie avec les TCC, Dunod

Vous reconnaissez-vous dans ces symptômes ? Souhaitez-vous en savoir plus sur les solutions adaptées à votre situation ? N’hésitez pas à partager votre expérience ou à poser vos questions.


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