Scarifications: reconnaître et gérer
Vous voulez en savoir plus sur les scarifications? Vous êtes sur la bonne page! Vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour identifier et savoir réagir face aux scarifications.
Rédacteur « scarifications »:Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), mail: dr.neveux@gmail.com; prendre rendez-vous
Sources: L’hypersensibilité chez l’adulte, Mardaga; Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP), Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, Dunod.
L’essentiel:
- C’est un symptôme grave.
- Ne pas oublier de traiter les complications physiques des scarifications.
- Peut être un symptôme de pathologies graves (troubles anxieux, dépression…).
- Un médecin/psychiatre doit faire le diagnostic et coordonner la prise en charge.
Qu’est-ce que la scarification ? Définition et mécanismes
La scarification désigne l’acte délibéré de s’entailler la peau avec un instrument coupant (lame, rasoir, morceau de verre, etc.), sans intention suicidaire immédiate, mais dans le but de provoquer un saignement et de laisser des traces visibles. Contrairement aux scarifications rituelles ou culturelles, pratiquées dans certains groupes sociaux pour marquer une appartenance ou un passage à l’âge adulte, les scarifications pathologiques relèvent d’un acte d’automutilation et d’expression d’une souffrance psychique profonde. Exemple clinique : Vanessa, 19 ans, étudiante, décrit ses scarifications comme un moyen d’« évacuer quelque chose de mauvais, ce qui me ronge et me détruit ». Elle explique : « Je veux l’expulser, que ça s’arrête. » Ce témoignage illustre la fonction de décharge émotionnelle et de tentative de maîtrise d’une angoisse interne insupportable. Les zones du corps les plus fréquemment touchées sont les bras, les poignets, les cuisses, mais aussi le torse, le visage ou les zones génitales. L’acte est souvent réalisé en secret, dans un contexte de honte et de culpabilité, et peut devenir compulsif, voire addictif. —
Épidémiologie : qui est concerné par les scarifications ?
Les scarifications touchent principalement les adolescents et les jeunes adultes, avec une nette prédominance féminine (environ 70 % des cas). L’âge moyen de début se situe entre 12 et 16 ans, avec un pic de fréquence au moment de la puberté et de l’entrée au collège ou au lycée. Données clés :
– Environ 15 à 20 % des adolescents déclarent avoir déjà pratiqué des automutilations, dont les scarifications sont la forme la plus répandue.
– Les scarifications sont plus fréquentes chez les jeunes présentant des antécédents de traumatismes (abus sexuels, violences, harcèlement), de dépression, ou de troubles anxieux.
– Environ 50 % des adolescents qui se scarifient ont subi des agressions sexuelles dans leur enfance. Exemple clinique : Manon, 17 ans, hospitalisée pour scarifications répétées, révèle lors des entretiens un antécédent d’inceste fraternel à l’âge de 12 ans. Ses scarifications ont débuté peu après, dans un contexte de tristesse et d’isolement social. —
Mécanismes psychologiques et troubles psychiatriques associés
Les scarifications ne sont pas un trouble mental en soi, mais un symptôme révélateur d’une souffrance psychique sous-jacente. Elles s’inscrivent dans une dynamique impulsive, souvent en lien avec une difficulté à réguler les émotions et à symboliser la douleur psychique.
Principaux mécanismes
– Décharge émotionnelle : La douleur physique permet de « faire sortir » une tension psychique insupportable, souvent liée à de la frustration, de la colère, ou un sentiment de vide.
– Réassurance d’existence : Le sang et la douleur rappellent au sujet qu’il est vivant, dans un contexte de dépersonnalisation ou de dissociation.
– Auto-punition : Expression d’une haine de soi, d’une culpabilité, ou d’un sentiment d’indignité.
– Communication non verbale : Appel à l’aide, tentative de faire comprendre à l’entourage une souffrance indicible.
Troubles psychiatriques fréquemment associés
– Trouble borderline (état-limite) : Les scarifications sont un critère diagnostique du trouble borderline, marqué par une instabilité émotionnelle, une peur de l’abandon, et des conduites impulsives. Environ 60 à 80 % des patients borderline s’automutilent.
– Dépression : Les scarifications sont associées à un risque accru de dépression et de tentatives de suicide (55 à 85 % des cas).
– Troubles dissociatifs et PTSD : Les scarifications peuvent survenir dans un contexte de PTSD (trouble de stress post-traumatique), comme tentative de « sortir » d’un état dissociatif ou de retrouver une sensation de réalité.
– Troubles du comportement alimentaire : Anorexie, boulimie, et scarifications sont souvent comorbides, reflétant une même difficulté à gérer les émotions et l’image de soi.
– Trichotillomanie : Comme les scarifications, l’arrachage compulsif de cheveux peut être une réponse à une tension interne ou un moyen de se punir. Exemple clinique : Lucie, 15 ans, présente des scarifications sur les avant-bras et une trichotillomanie (arrachage de cils et de sourcils). Elle décrit ses actes comme un moyen de « se sentir exister » et de « punir son corps » pour des pensées qu’elle juge inacceptables. Le diagnostic retenu est un trouble borderline avec comorbidité dépressive.
Prise en charge thérapeutique : comment aider ?
Evaluation initiale
Comme les scarifications peuvent se produire dans l’évolution de troubles mentaux graves, seul un médecin / psychiatre doit les évaluer afin de chercher le diagnostic dans lequel elles s’inscrivent.
Traitement des scarifications
Comme l’indique le Dr Nicolas Neveux, psychiatre à Paris: « Les scarifications ne sont pas à prendre à la légère. Il faut premièrement prendre en charge les scarifications elles-mêmes car elle peuvent avoir causé des lésions physiques. Ensuite, il faut traiter le diagnostic sous-jacent. »
La prise en charge des scarifications repose sur une approche globale, combinant évaluation médicale, soutien psychologique, et thérapies spécialisées.
L’objectif n’est pas seulement de faire cesser les scarifications, mais de comprendre et traiter la souffrance sous-jacente. Étapes clés :
1. Évaluation initiale : Recherche de troubles psychiatriques (dépression, trouble borderline, PTSD, etc.), d’antécédents traumatiques, et d’un risque suicidaire.
2. Prise en charge somatique : Soins des plaies, prévention des infections, évaluation de la gravité des blessures.
3. Thérapies recommandées : – Thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : Travail sur la régulation émotionnelle, la gestion de l’impulsivité, et la recherche de stratégies alternatives pour faire face à la détresse. – Thérapie dialectique (TCD) : Spécifiquement indiquée pour le trouble borderline, elle combine TCC et techniques de pleine conscience. – Thérapies psychodynamiques : Exploration des conflits inconscients, des traumatismes, et des mécanismes de défense. – Approches corporelles : Enveloppements thérapeutiques, art-thérapie, pour restaurer le lien corps-psyché.
4. Soutien familial : Impliquer les parents sans jugement, favoriser la communication, et orienter vers des groupes de parole si nécessaire. Exemple clinique : Thomas, 18 ans, scarifie ses cuisses depuis l’âge de 14 ans. Après une tentative de suicide, il est pris en charge en TCC et en TCD. Le travail thérapeutique porte sur l’identification de ses déclencheurs (sentiment d’isolement, frustration scolaire) et l’apprentissage de techniques de relaxation et de gestion des émotions. Après 18 mois, les scarifications ont cessé, et Thomas a retrouvé une scolarité stable. —
Que faire en tant que proche ? Conseils pratiques
Découvrir que son enfant, son ami, ou son partenaire se scarifie est souvent source d’angoisse et d’incompréhension. Voici quelques pistes pour réagir de manière constructive :
– Ne pas minimiser ni dramatiser : Éviter les réactions de panique ou de colère, qui risquent d’aggraver la honte et l’isolement.
– Ouvrir le dialogue : Exprimer son inquiétude avec bienveillance, sans jugement. Par exemple : « Je vois que tu souffres, et je suis là pour t’écouter. ».
– Encourager la consultation : Proposer un rendez-vous avec un médecin, un psychologue, ou un psychiatre, sans forcer.
– Ne pas exiger l’arrêt immédiat : La priorité est de comprendre la souffrance, pas de supprimer le symptôme.
– Soutenir sans s’épuiser : Les proches peuvent aussi avoir besoin d’aide (groupes de parole, thérapie familiale). Exemple clinique : Les parents de Léa, 16 ans, découvrent ses scarifications sur les bras. Après un premier moment de choc, ils consultent un pédopsychiatre. Léa est orientée vers une TCC et un groupe de parole pour adolescents. Ses parents participent à des ateliers sur la gestion de l’angoisse et de la communication non violente, ce qui améliore le climat familial. —
Prévention et ressources utiles
La prévention des scarifications passe par :
– L’éducation émotionnelle : Apprendre aux enfants et adolescents à identifier et exprimer leurs émotions dès le plus jeune âge.
– La déstigmatisation de la santé mentale : Parler ouvertement des difficultés psychologiques, sans tabou.
– La formation des professionnels : Enseignants, infirmières scolaires, médecins généralistes doivent être sensibilisés aux signes d’alerte. Ressources en ligne :
– Fil Santé Jeunes : www.filsantejeunes.com
– Association Phobie Scolaire : www.phobiescolaire.fr
– Lignes d’écoute : 0800 235 236 (Fil Santé Jeunes), 3114 (Numéro national de prévention du suicide) —
Conclusion : un symptôme à prendre au sérieux
Les scarifications ne sont ni un caprice, ni une mode, mais l’expression d’une souffrance psychique profonde, souvent liée à des troubles psychiatriques sévères (trouble borderline, dépression, PTSD, etc.). Elles nécessitent une prise en charge adaptée, centrée sur la compréhension de la détresse sous-jacente et l’accompagnement vers des stratégies de régulation émotionnelle plus saines. Si vous ou un proche êtes concerné, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé mentale. Les scarifications peuvent être surmontées, et une vie apaisée est possible avec un accompagnement adapté. —
Venir au cabinet à Paris
Dr Neveux Nicolas, psychiatre TCC et TIP, 9 rue Troyon, Paris; tél: 0609727094
- Métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
- RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
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— Références scientifiques et cliniques :
– Le Breton D. (2006). Scarifications adolescentes. Enfances & Psy, 32(3), 45-57.
– Favazza AR. (1998). Bodies under siege: Self-mutilation, non suicidal self-injury, and body modification in culture and psychiatry. JHU Press.
– Nock MK. (2012). Non-suicidal self-injury: Diagnosis and classification. Psychiatry Research, 196(1), 42-47.
– American Psychiatric Association. (2013). DSM-5. APA. —
Auteur
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