II/ Dépression : quelles sont les formes cliniques ?

La dépression peut revêtir de nombreuses formes cliniques que vous découvrirez sur cette page. Cet article fait partie de notre grand dossier détaillé sur la dépression. Pour en savoir plus sur la dépression, vous pouvez vous rendre sur la page d’accueil, qui vous aiguillera vers les différentes autres sections: critères diagnostiques, modèles, traitement

Rédacteur: Dr Nicolas Neveux, Psychiatre à Paris, formé en Thérapie Cognitive et Comportementale (AFTCC) et en Thérapie Interpersonnelle (IFTIP), mail: dr.neveux@gmail.com
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Sources: Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle (TIP) , Dunod; Prendre en charge la dépression avec la thérapie interpersonnelle, ; Manuel de thérapie comportementale et cognitive, Dunod

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L’essentiel:

dépression tcc tip

La dépression est une maladie multi facette, qui peut présenter différentes formes cliniques spécifiques. Elles sont importantes à connaître pour ne pas retarder le traitement. Nous les présentons ci-dessous de manière détaillée. Vous trouverez ici le dossier détaillé sur la dépression, et ici le traitement de la dépression. Entre parenthèses, vous trouverez les noms médicaux des symptômes évoqués. Cliquez sur la forme clinique qui vous intéresse:

A/ Dépression « classique »

B/ Dépression mélancolique ou mélancolie

C/ Dépression délirante

D/ Dépression hostile

E/ Dépression prolixe

F/ Dépression pseudo-démentielle

G/ Dépression chez l’enfant

H/ Dépression chez l’adolescent

I/ Dépression masquée

J/ Dépression cataméniale

K/ Dépression anxieuse

L/ Dépression mixte

M/ Dépression à début tardif

N/ Dépression existentielle et solastalgie

 

A/ Dépression « classique »

1/ symptômes liés à l’humeur

  • tristesse
  • perte d’envie (aboulie)
  • difficulté à quitter son lit (clinophilie)
  • angoisse, anxiété
  • autodévalorisation
  • impression de ne pas pouvoir s’en sortir
  • conviction que la situation ne va pas s’améliorer
  • idées noires voire suicidaires (constituant une urgence thérapeutique)
  • perte de goût pour tout ce qui créait du plaisir auparavant (anhédonie)
  • pessimisme
  • Impression de ne pas pouvoir s’en sortir (péjoration de l’avenir)
  • parfois absence de ressenti, indifférence, impression d’être éteint
  • intolérance à la frustration

2/ Symptômes liés au fonctionnement psychomoteur

  • difficulté à faire les choses les plus simples (apragmatisme)
  • ralentissement psychomoteur
  • ralentissement de la pensée (bradypsychie)
  • débit verbal ralenti (bradyphémie)

3/ Symptômes corporels

  • insomnie d’endormissement, réveils nocturnes ou au contraire hypersomnie
  • troubles sexuels (éjaculation précoce chez 25,4 % des hommes déprimés, baisse de la libido, frigidité, dysfonction érectile, impuissance)
  • anorexie ou hyperphagie

4/ Symptômes liés à la vie de relation

B/ Dépression mélancolique ou mélancolie

Attention! utilisé ici, le mot « mélancolie » est un faux ami. Dans le langage courant il s’agit d’un sentiment proche du vague à l’âme. En psychiatrie et en psychologie, c’est une dépression très grave, avec des symptômes profonds et intense, se surajoutant aux autres symptômes:

C/ Dépression délirante

Dans ce cas, la dépression prend de telles proportions que la personne déprimée commence à avoir des idées délirantes (négatives bien entendu). Il peut s’agir de la conviction délirante d’être morte, d’avoir des organes qui ne fonctionnent pas etc…

Quand ces symptômes de négation d’organes sont présents, il s’agit de ce qu’on appelle un syndrome de Cottard.

Cette dépression très rare se voit surtout chez les personnes ayant déjà eu des antécédents délirants ou ayant consommé des toxiques( cannabis, LSD…)

D/ Dépression hostile

Dans la dépression hostile, la personne présente une agressivité, une irritabilité qui remplace la tristesse. D’ailleurs, elle ne se plaint généralement pas d’être triste, mais devient très caractérielle, revendicative, voire quérulente. Généralement, le ralentissement psychomoteur et la bradyphémie sont absents. Il peut y avoir des troubles du comportements inhabituels chez l’individu avec des moments d’emportements, des bagarres, des grossièretés ou des écarts langagiers.

Généralement, le patient ne se reconnaît pas dépressif et c’est l’entourage qui s’alerte.

Le risque, pour ces patients, est généralement de se couper de tout leur entourage (isolement) ou de se réfugier dans une addiction.

E/ Dépression prolixe

Cette forme de dépression présente, contrairement à la forme classique, une tendance du patient à parler sans s’arrêter (logorrhée), avec peu d’émotions spontanément exprimées. Toutefois, cette hyper verbalisation a principalement pour fonction d’éviter au patient d’affronter ses émotions, comme une sorte de fuite en avant. Généralement, quand il s’arrête, les émotions, et en particulier la tristesse, réapparaissent.

F/ Dépression pseudo-démentielle

Se voit exclusivement chez la personne âgée.

Le ralentissement psychomoteur donne l’illusion d’un affaiblissement des facultés intellectuelles mimant une démence. La tristesse est peu exprimée, ce qui est aussi fréquent du fait des habitudes culturelles des personnes de grand âge, peu habituées et encouragées à exprimer leurs émotions. des troubles du comportements peuvent se voir.

Il est donc essentiel de penser à une dépression devant tout tableau de démence, ou toute modification de l’état d’une personne âgée, parce que la dépression constitue un diagnostic assez facilement curable contrairement à la plupart des causes de démence.

G/ Dépression : état dépressif chez l’enfant

Chez les enfants en bas âge, le diagnostic de dépression doit être prudent et réservé aux pédopsychiatres tant la clinique du jeune âge est spécifique, et les symptômes multiformes. Souvent la tristesse est absente, ou tout du moins non exprimée par l’enfant. La présentation peut être très spécifique, avec un seul symptôme cardinal qui cristallise toute l’attention des adultes, mais en fait est dû à la dépression. Citons par exemple:

  • refus alimentaire, anorexie
  • incontinence urinaire ou fécale (encoprésie)
  • refus scolaire
  • baisse de résultats scolaires
  • troubles du comportement, opposition
  • cassure de la courbe de poids et de taille
  • désintérêt des amis ou des activités affectionnées jusque là
  • mutisme
  • refus de jouer

Le traitement de la dépression de l’enfant est spécifique. Il nécessite généralement l’implication des parents, et cherchera à éviter les médicaments. Les psychothérapies privilégiées dans ce cas de figure sont: la thérapie systémique / familiale ou la thérapie interpersonnelle.

Chez le nourrisson, on parle de dépression anaclitique, qui survient quand il est durablement séparée de la figure maternelle.

H/ Dépression : état dépressif chez l’adolescent

Chez les adolescents, le diagnostic de dépression est aussi complexe car la tristesse n’est pas forcément présente. Les symptômes peuvent être:

Le traitement de la dépression de l’adolescent est spécifique. Il nécessite généralement l’implication des parents, et cherchera à éviter les médicaments. Les psychothérapies privilégiées dans ce cas de figure sont: la thérapie systémique / familiale, la thérapie cognitive et comportementale (TCC) ou la thérapie interpersonnelle (TIP).

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I/ Dépression masquée

Dans la dépression masquée, la personne n’a apparemment pas de ressenti de tristesse, qui en fait est refoulée. Généralement, il y a par contre un retentissement sur le sommeil, la libido, un ralentissement psychomoteur, qui vont amener la personne à consulter.

Elle est très commune chez les patients âgés. Ceux-ci ont au premier plan des plaintes somatiques comme des lombalgies, de la constipation, des palpitations, une dyspnée, des vertiges, etc… Symptômes très fréquents à cet âge.

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J/ Dépression cataméniale

Cette dépression se distingue non pas par ses symptômes mais par sa périodicité. En effet, elle décrit la survenue d’une dépression pendant les règles ou pendant la période pré-menstruelle chez les femmes. Elle est due à la chute hormonale et peut produire des symptômes authentiquement dépressifs.

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K/ Dépression anxieuse

Cette dépression se caractérise par ses caractéristiques anxieuses au premier plan, qui peuvent égarer le diagnostic, mimant parfois un authentique trouble anxieux. Mais ne creusant, le psychiatre peut mettre en évidence une tristesse fondamentale très forte.

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L/ Dépression mixte

Ce trouble, récemment introduit par le DSM 5, est une forme particulière d’état mixte. En effet, il comprend des éléments hypomaniaques au cours d’un état dépressif. Voici quelques exemples de symptômes hypomaniaques:

  • agitation psychique
  • irritabilité
  • impulsivité
  • volubilité
  • familiarité
  • distractibilité

La dépression mixte est fréquente, chez les patients unipolaires ou bipolaires. La fréquence est estimée entre:

  • 8 à 40 % des dépressions identifiées comme unipolaires
  • 40 à 75 % des dépressions bipolaires (1-3)

Les recommandations pour le traitement des dépressions mixtes(4) proposent des traitements médicamenteux notamment les antipsychotiques atypiques et les stabilisateurs de l’humeur.

M/ Dépression vasculaire à début tardif

Cette forme d’épisode dépressif caractérisé touche principalement les personnes âgées ayant souffert d’un AVC. Elle est due à des perturbations du réseau neuronal striato-pallido-thalamo-cortical. Ce concept a été proposé par Alexopoulos (Alexopoulos GS, et al, 2003).

 

N/ Dépression existentielle et solastalgie

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Certaines dépressions portent sur l’évolution systémique et environnementale. La souffrance a un thème holistique pas uniquement en rapport avec la vie du sujet. Ainsi, les thèmes retrouvés concernent l’humanité, la vie sur Terre, la géopolitique, l’écologie… Elle peut aussi être liée à l’éco-anxiété.

 

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  • En métro: Station Charles de Gaulle Etoile (ligne 6 depuis Paris 7-14-15-16; ligne 2 depuis Paris 17; ligne 1 depuis Paris 1-2-8, Neuilly sur Seine, La Défense, Nanterre).
  • En RER: Station Charles de Gaulle Etoile (RER A depuis La Défense, Nanterre, Paris 8, Paris 1-4-11, Rueil, Maisons Laffitte, Le Vésinet etc…).
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Fait à Paris par un psychiatre  TIP avec le concours d’un psychologue psychanalyste.

Dépression : bibliographie sur l’état dépressif

  1. Benazzi F, Akiskal H.S. Delineating bipolar II mixed states in the Ravenna–San Diego collaborative study: the relative prevalence and diagnostic significance of hypomanic features during major depressive episodes J Affect Disord 2001 ;67 (1–3) : 115-122
  1. Benazzi F. Depressive mixed state frequency: age/gender effects Psychiatry Clin Neurosci 2002;56(5):537-543
  1. Maj M, Pirozzi R, Magliano L, et al. Agitated depression in bipolar I disorder: prevalence, phenomenology, and outcome Am J Psychiatry 2003 ;  160 (12) : 2134-2140
  1. Stahl SMMorrissette DAFaedda G, et al. Guidelines for the recognition and management of mixed depression. CNS Spectr.2017 Apr; 22(2):203-219.